Crash à Hollywood

Certains blockbusters de l’été n’ont pas su trouver leur public. Inquiétude chez les producteurs d’Hollywood. Notamment chez les deux gourous, Lucas et Spielberg.

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Crash à Hollywood

Publié le 24 août 2013
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Certains blockbusters de l’été n’ont pas su trouver leur public. Inquiétude chez les producteurs d’Hollywood. Notamment chez les deux gourous, Lucas et Spielberg.

Par Alexandre C.

L’été est, traditionnellement, l’époque de l’année où la machine cinématographique américaine sort des blockbusters dont seule elle semble détenir le secret. Le cru 2013 s’annonçait d’ailleurs prometteur. Ainsi, depuis quelques semaines, plusieurs grosses productions ont déferlé successivement sur nos écrans, Man of Steel, After Earth, Oblivion, White House Down et The Lone Ranger [1].

Alors, me direz-vous, quel est le point commun entre ces films ? Outre qu’elles réunissent toutes des acteurs connus, ces productions ont rencontré des échecs cinglants auprès du public américain, notamment [2]. À dire vrai, ce n’est pas la première fois que ces films, pour la plupart bourrés d’effets spéciaux, subissent la loi des spectateurs qui fuient les salles où ils sont projetés. Des exemples célèbres parsèment l’histoire du cinéma récent. On peut, par exemple, citer Waterworld [3] avec Kevin Costner, qui fut en son temps le film le plus cher de l’histoire et mit quasiment en faillite son réalisateur.

Non, là ce qui est nouveau, c’est que ce phénomène se produit sur une période de quelques semaines seulement. Et si on ajoute à cela le fait que deux de ces films mettent en scène des acteurs plutôt appréciés du public et qui par le passé ont fait les beaux jours des studios [4], vous arrivez rapidement à la conclusion que l’on s’affole un peu chez les responsables des Majors. Même si ces films arrivent à amasser plusieurs millions de recettes, la plupart du temps, elles ne sont pas suffisantes pour pouvoir envisager de rentabiliser l’investissement, à savoir, produire d’autres films dans l’avenir sans y regarder à deux fois [5]. Et il semblerait que des difficultés de financement se multiplient dans les temps à venir, du moins selon les dires de deux gourous du cinéma : Steven Spielberg et George Lucas.

Mauvais augures

Il y a quelques temps, les deux hommes étaient réunis à l’université de Californie du Sud pour y donner une conférence [6]. C’est dans cette université qu’ils s’étaient rencontrés en 1967. De leur collaboration sont nées des sagas aussi spectaculaires que Star Wars ou Indiana Jones [7], qui au moment de leur sortie ont atteint les sommets du box office, et qui aujourd’hui ont acquis le rang de films cultes.

À l’occasion de cette rencontre, le réalisateur de Lincoln prédisait que des échecs répétés de plusieurs grosses productions – aujourd’hui certains films requièrent des budgets de l’ordre de 250 à 300 millions de dollars [8] – pourraient mettre à mal l’industrie cinématographique américaine. Pour lui, les spectateurs finiront par déserter les salles obscures, lassés par des films dont la seule motivation reste le box-office et non la volonté de divertir.

Et force est de constater que Spielberg semble avoir vu juste. Les films que j’ai cités au début de cet article, ont pratiquement tous été égratignés par la critique sur ce point : la qualité. Les journalistes ont pointé du doigt la faiblesse des scénarios et des dialogues, le piètre jeu de certains acteurs, une mauvaise réalisation, une photographie parkinsonienne… Tous ces éléments, combinés ensemble, donnent à ces réalisations un caractère bâclé et répétitif qui nuisent à leur succès auprès de foules.

L’autre oracle, George Lucas, poursuivait le raisonnement de son camarade en expliquant qu’il voyait, à moyen terme, la réduction du nombre de salles de cinéma et une augmentation des tarifs d’entrée, qui pourraient, selon lui, atteindre le prix de certains spectacles de Broadway. Triste présage pour les cinéphiles.

Adaptation du marché

Le spectateur est donc le juge ultime, celui qui couronne de lauriers ou couvre de honte s’il ne reçoit pas ce qu’il est venu chercher. Dans le cas du cinéma, les individus veulent un divertissement. Mais pas à n’importe quel prix. Or, les tarifs dans les salles sont de plus en plus élevés, pour compenser en partie la modernisation des équipements [9]. De mon point de vue, cette hausse serait acceptable si le résultat était à la hauteur de l’espérance. Or si on prend l’exemple de la 3D, les gens vous diront qu’elle n’apporte pas grand chose au film, que l’on peut très bien s’en passer [10]. L’une des causes de ce désamour provient que la majorité des films ne sont pas tournés en 3D : ils subissent juste une conversion de l’image lors de la post-production. Et cela ne vaut pas que l’on dépense 5 à 10 dollars supplémentaires [11].

Outre cette augmentation des prix, les gens sont de plus en plus séduits par d’autres formes de productions filmées. On voit en effet que certains projets destinés à la diffusion par Internet – on citera la série House of Cards [12] – rencontre un succès de plus en plus important auprès du public. Pour un coût modéré [13], les abonnés peuvent avoir accès à des divertissements de qualité. Acteurs, réalisateurs et scénaristes du monde du cinéma font de plus en plus souvent l’incursion dans le monde télévisuel [14]. La VOD serait donc selon certains la prochaine étape.


Sur le web.

Notes :

  1. Tous ces films ont des budgets excédant les 100 millions de dollars. Man of Steel détient la palme avec 225 millions.
  2. Comme exceptions notables on peut citer Iron Man 3 et Star Trek Into Darkness.
  3. Sorti en 1995, le film avait coûté la bagatelle de 175 millions de dollars de l’époque. Il fallut attendre la sortie en vidéo pour que le film éponge ses dettes.
  4. Pour s’en convaincre, regardons les succès à mettre au profit de Will Smith et Johnny Depp.
  5. Certaines productions prennent du retard faute de financement. Et même pour des gens comme Lucas et Spielberg.
  6. Des extraits de la conférence sont à retrouver dans un article de Rue89 à ce lien.
  7. Oui, Steven Spielberg a participé à Star Wars. Regardez bien les crédits de l’épisode III…
  8. Avatar et l’adaptation de Bilbo the Hobbit par exemple.
  9. 3D et  IMAX ou les deux, IMAX 3D.
  10. Je suis moi-même le premier à aller voir ces films en « normal ».
  11. Tarifs pratiqués en Amérique du Nord. Il n’est par rare de voir une place d’un film en IMAX 3D à près de 20 dollars.
  12. Disponible sur la plate-forme Netflix avant sa diffusion.
  13. 7,99 $ par mois sur le site.
  14. De Julia Roberts à Al Pacino en passant par Kevin Spacey, les plus grands y viennent alors qu’il fut un temps où cela était considéré comme « ringard ».
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  • Faute d’orthographe:

    Tous ses films ont des budgets excédant les 100 millions de dollars. Man of Steel détient la palme avec 225 millions.

    -> tout ces films

    Contrepoints : corrigé, merci.

  • Exemple à méditer par tous les groupes qui réclament plus de moyens pour pouvoir prétendre réussir.

  • La critique de George Lucas est amusante. Il est le pape des effets spéciaux. Les premiers Stars Wars étaient bien mieux que les versions remasterisées et enrichies d’effets spéciaux qu’il a sorties par la suite.

  • Je ne suis pas certain que la qualité baisse.
    Un nombre grandissant de spectateur préfèrent leur propre home-cinéma aux salles publiques chères, bruyantes et contraignantes. A part pour des films légers (humour, etc..), mes semblables me dérangent plus qu’autre chose.
    Voir un bon film sans pouvoir fumer, entendre ses jambes et mettre pause en cas de besoin, quel dommage !
    Sans parler du choix disponible, du prix du billet et des à-côtés (nourriture, transport)…
    Bien des spectateurs ne se déplacent encore qu’en raison de la chronologie des médias imposée par la corporation.
    L’hypothétique baisse de qualité ne me parait donc pas être la première cause des difficulté des majors même si celles-ci réagissent manifestement très mal à l’évolution du mode de consommation de leurs clients.

    • Pour ma part, j’ajouterai également le nombre croissant de petits crétins qui vous gâchent la soirée en hurlant, en se promenant, en fumant, en téléphonant dans les salles.

  • bof , le format cinéma n’a aucun avenir , en 1h30, le spectateur reste frustré lorsqu’il s’agit d’un chef d’œuvre .l’avenir est dans la serie tv , elle seule permet d’aller jusqu’au bout d’un sujet .qui aurait l’idée de mettre des sommes colossales sur une nouvelle alors que pour le même prix on peut avoir un livre et des heures de plaisir

  • Tout le monde à son avis la dessus. Il y a un million de raisons pour ces échecs. Très peu de « raisons » impliquant la réussite commerciale.

    Pour une oeuvre d’Art, la réussite réside bien plus dans la diffusion que dans le succès relatif du Box office. La faillite financière étant néanmoins un obstacle particulièrement douloureux pour les artistes qui parfois n’hésitent pas à donner leurs biens personnels en hypothèque…

    Waterworld était sans doute un des pire navets de l’histoire. Il faudrait nous interesser (comme Tim Burton avec Woods), à la raison pour laquelle il a néanmoins été produit. Etonnant. Et les 4 oscars pour « No country for old men » (budget 25 millions)? Le cinema défie la statistique. Son côté hautement spéculatif fait une grande partie de son charme.

  • ce qui est sûr c’est que ces « blockbusters » (et on ajoutera Wolverine) avaient tous un scénario de merde bourré d’incohérence, construits autour de personnages sans intérêt qu’aucun acteur ne pourrait rendre fascinant. Si Hollywood choisit de quand même dépenser autant sur des daubes pareille, c’est que Hollywood a vraiment un problème. Mais ce n’est pas nouveau : déjà quand Spielberg et Lucas ont pu sortir du lot, c’était face à une prod en crise !

  • Un article intéressant concernant l’écriture chez les scénaristes hollywoodiens:

    http://www.slate.fr/story/75812/recette-blockbuster-pourquoi-tous-films-americains-se-ressemblent

    Pour en revenir à l’article, je trouve que le cinéma a perdu de son essence depuis que l’on a introduit les images de synthèses, la CGI c’est la mort de la créativité.

  • Le cinéma est sur la pente descendante, c’est évident.

    Outre le médiocrité des nouvelles productions américaines, et l’insignifiance couplée à l’ennui mortel de ce qui se fait en France,
    le cinéma n’intéresse plus grand monde.

    Aller au cinéma, c’est payer fort cher son entrée, devoir mettre sa voiture dans un parking, souvent manger dehors avant ou après la séance, devoir respecter un horaire, faire la file, risquer de se trouver mal placé.

    Et comme il n’y a pas plus d’urgence à voir un bon film qu’à lire un bon livre, mieux vaut attendre qu’il sorte en dvd, et le savourer au calme.

    Le seul débouché qui subsiste pour le cinéma, ce sont les droit payés par les télés pour les diffuser.

  • Pacific Rim aussi semble avoir peu marché. Ces films ne sont pas nécessairement mauvais, ils ont seulement trop usé le tapis.
    Il va falloir réinventer le style, comme il doit faire périodiquement.

  • Il faut voir la nullité des films aussi.
    Je trouve ironique que Spielberg et Lucas s’en émeuvent eux qui ont crée le genre blockbuster, en ont bénéficié, et ont fini par en abuser : un dernier opus de Star Wars abrutissant et débile, adapté à un public jeune très jeune de 5 à 6ans.
    De la SF en carton pâte avec effets spéciaux à + de 100M de $ (un nanard avec des effets reste un nanard).
    Une recussée de films à succès, avec plus de cascades et d’explosion, les dialogues et le scénar en moins.
    Une surabondance de films de super(z)héros jusqu’à la nausée car plus c’est la m…, plus on nous en refourgue.
    Une grosse arnaque sur la 3D, pour faire monter le prix des tickets, afin de se faire encore plus de pognon, qd Wall Street dicte sa loi à Hollywood, ça fait des dégâts ! Et tout comme les effets spéciaux, un nanard en 3D reste un nanard juste bcp + cher.
    Un jeu d’acteur totalement néant : un Brad Pitt insipide dans World WarZ, un Matt Damon transparent, …
    Aucune idée originale dans ces films, à l’exemple de World War Z (nième film de zombie mais pas le dernier), un somptueux navet de prétention, dont le seul intérêt réside dans le subconscient certainement non voulu par les auteurs qui n’ont pas ce degré d’intellect car diffusé dans un monde de morts vivants prêt du chaos, où le chacun pour soi est la règle, WWZ est un conditionnement psychologique pour préparer les masses à la prochaine étape de la crise… une 3ème guerre mondiale sous un angle « guerre civile ».

  • Personnellement, je crois fermement que les Majors se sont peu-à-peu transformées en investisseurs, version Wall Street, aux égos démesurés. Certains producteurs ne misant plus sur les réalisateurs en leur faisant confiance, ainsi qu’à leur créativité, mais intervenant dans toutes les étapes de création du film, cassant ainsi tout ce qui fait l’identité d’un réalisateur (vous en connaissez beaucoup, vous, des projets qui réussissent lorsque les clients viennent dire à chaque employé comment il doit faire son travail ?). Rajoutez à cela, l’effet « coût exhorbitant des licences » et vous obtenez les superbes « reboot », « spin-off », « origin », etc… Ils essorent les licences pour en tirer le maximum de jus, quitte à les dénaturer complétement et à en faire un grand n’importe-quoi (voir le futur Batman/Superman, avec Ben Affleck dans le rôle de la « chauve-souris »).

    De plus, je pense que l’on se trouve là, face à un phénomène de peur accentué par ce côté « investisseurs » des Majors, côté exarcerbé par la crise des subprimes. Du coup, une recherche constante de LA recette scénaristique qui marche « à coup sûr » (voir l’excellent article sur http://www.slate.fr, cité plus bas dans les commentaires), et donc on obtient des films qui se ressemblent tous.

    La CGI : c’est la mort de la créativité ? Je ne pense pas que le problème vient de la technologie employée, mais de la façon et des raisons qui poussent les productions à faire appel à ces sociétés (objectif : le moins de coût possible). Il semblerait que ces dernières années un nombre allucinante de sociétés de création dans ce domaine ait vu le jour. Ajoutez à cela des sociétés asiatiques, qui certaines font mieux que celles de la côte ouest, et vous avez là tous les ingrédients réunis pour une guerre totale sur les prix : chacun essai d’être moins chère que le concurrent… Comment se rattrapper et survivre ? Sur la quantité, bien-sûr ! Donc, ils essaient de vendre un maximum de plan aux clients, d’où la masse d’images de synthèses de mauvaise qualité dans chacun de ces blockbuster.

    La 3D ? Excusez-moi, mais : Bullshit ! De nombreux « spécialistes » on mit en évidence la pression imposée par les constructeurs de matériel audiovisuels… Après le Full HD, que pouvaient-ils inventer pour continuer à vendre leurs écrans ?… Et en plus, après la 3D, voilà qu’ils arrivent avec l’UltraHD… Super utile, lorsque l’on sait qu’un être humain normalement constitué, placé à une distance recommandée/raisonnable de sa télévision (c’est-à-dire, à plus de 2m, hein…), n’y verra presqu’aucune différence.

    Nous arrivons à un système de junk/fast-food au cinéma. Où on nous sert toujours la même soupe (burger), mais avec une présentation différente. C’est à nous de bouger et de stopper cette consomation de junk-movie. Oooooh… pas besoin de se « taper » des films d’auteur tchècoslovaque en dialect moldave… mais de chercher le film pop-corn, léger et divertissant qui sorte du lot…

    Y a des indices qui ne trompent pas pour cela. P.ex. : si c’est marqué en bas de l’affiche « EN 3D » et en presqu’aussi gros que le titre : fuyez ! Autres pistes : allez sur des sites comme metacritics, et comparez les notes des utilisateurs avec celles données par des revues/sites spécialisés : trop de différences entre les deux groupes ? Note énorme du côté des spécialistes, mais note médiocre du côté des utilisateurs = bonne compagne marketing, mais film à fuir…

    Voilà, c’était mon coup de gueule perso, et il n’engage que moi.

    PS : désolé pour le manque de sources, mais cela fait 2-3 ans que je consulte de temps à autre des articles parlant de ces sujets. Avec le temps, impossible de les retrouver…

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