Il n’y a maintenant plus aucun doute à avoir : si les administrations françaises semblent accélérer sur le chemin cahoteux du n’importe quoi, et si le gouvernement montre des signes clairs d’hésitation voire de panique sur bien des sujets, rien n’équivaut la totale perte de contrôle qu’on constate sur l’Éducation Nationale. Le désastre prend des proportions bibliques.
La presse en parle peu.
Ce sont les vacances, et la rentrée sera l’occasion, peut-être, de revenir sur le sujet moyennant un ou deux éditos un peu mou, quelques citations de ministres et une déclaration de l’une ou l’autre association de parents d’élèves. Ensuite, on reparlera fournitures, poids des cartables, introduction des nouvelles technologies à l’école et autres marronniers de circonstance.
Pourtant, l’obstination pathologique de quelques-uns, à commencer par Peillon et Vallaud-Belkacem, semble porter ses fruits pourris : l’Éducation Nationale va, dès la rentrée prochaine, introduire de bon gros morceaux d’études du genre sous couvert d’égalitarisme dogmatique.
Contrepoints le notait déjà à la fin de l’année scolaire précédente : grâce au rapport du SNUIPP (du 15 mai 2013), on apprenait en 193 lourdes pages de réflexions théoriques que l’école serait le prochain champ d’expérimentation pour de nombreux professeurs visant à engager leur classe dans la « lutte contre l’homophobie et les stéréotypes du genre ». Depuis mai, de l’eau a coulé, et Le Figaro du 19 août dernier nous apprend que, ce qu’on ne trouvait au départ que dans ce document syndical, on le retrouve globalement dans un rapport de l’Inspection Générale de notre Édulcoration Nationale, remis à Peillon et publié dernièrement.
Il y a de quoi lire, il y a de quoi rire, il y a de quoi frémir, et ce, dès la troisième page, à laquelle le carpet-bombing idéologique commence, avec un avertissement ressemblant furieusement à une excuse plate pour avoir employé le masculin-pluriel des grades et fonctions comme le veulent les règles grammaticales françaises (inégalitaires, pachydermiquement sexistes et gravement genrophobes).
Une fois la page de garde franchie, s’ouvre un vaste Luna Park lumineux, festif, citoyen et bruyant de concepts croustillants, de recommandations étonnantes et d’évidences camouflées dans un sabir méticuleusement dosé pour faire passer une pilule qui, si elle était présentée brutalement, manquerait de faire s’émouvoir quelques parents rétrogrades, ceux-là même qui ont encore, imbéciles conservateurs, la honteuse prétention d’inculquer la lecture, l’écriture et le calcul à leur progéniture. Et ça, des parents qui s’émeuvent, qui alertent la presse, qui bondissent devant les conneries consternantes qu’on tente de faire passer dans le crâne de leurs mômes, on voudrait éviter au maximum. Que voulez-vous : la fuite vers le privé a tendance à se voir, et accroît encore l’écart des heureux rescapés avec la marmaille décérébrée soumises aux bidouilleurs de l’EdNat.
En quelques 109 pages d’une prose rigolote comme un annuaire dont certains paragraphes ont été manifestement confectionnés à la truelle, le rapport (écrit par 6 femmes et 2 hommes seulement, l’égalité, c’est pas maintenant) nous propose un état des lieux de l’égalité Fille / Garçon dans les établissements scolaires. Surprise bouleversante : le constat est sans appel, puisque l’inégalité se niche partout. Le rapport est dès lors – et c’est stupéfiant – très favorable à l’aplanissement égalitariste des sexes qui dépassent.
Poussant sous le tapis et avec brio les enquiquinantes réalités de terrain constatées partout dans le monde (par exemple, les femmes s’obstinent à ne pas faire d’informatique et se bousculent dans le droit, partout dans le monde, c’est vraiment indécent !), l’épaisse littérature de l’Inspection bondit sur l’évidente conclusion : c’est rien que la fotalaculture. Partout dans le monde. Oui oui. Et pour le reste, on a encore cette délicieuse impression de relire ces déjà vieilles études mal boutiquées et pratiquées à l’emporte-pièce par la fine fleur des « sociologues » de l’école française de sociologie, c’est du Français, c’est du Made In France, c’est de la qualité française, etc… Pas de doute, les profs traitent les garçons « de manière préférentielle, tout en étant convaincus d’être parfaitement équitables » (même quand ce sont des femmes, traîtresses !) ; les filles recevraient plus de questions fermées, gnagnagna, et les garçons seraient mieux considérés, gnignigni.
« Quels que soient les injonctions et les efforts, les progrès sont restés modestes »
Et le rapport de constater, tristement, que malgré tous les efforts entrepris depuis tant d’années, les filles ne se bousculent toujours pas dans les filières scientifiques et techniques (zut et rezut). Et s’il en est ainsi, ce n’est pas parce qu’il y aurait, à la base, une tendance naturelle des uns et des autres à s’orienter ainsi, mais c’est évidemment parce que ces efforts n’ont pas été assez fort. Tout ceci nous rappelle des postures similaires, pour d’autres problèmes, avec les mêmes résultats…
À vue de nez, je pense que ce rapport, s’il est vraiment lu, sera chaudement accepté par le corps enseignant français, qui y passe pour une belle bande de gros machos ou de trop mous de l’orientation. C’est très diplomatiquement enrobé, mais c’est exactement ce que ça veut dire.
La racine du mal ? Fastoche. « Les stratégies des élèves sont largement influencées par leur appartenance de genre » Eh oui, que voulez-vous. Kevin est un gros lourd qui refuse de devenir sage-femme. Et Jennifer s’entête à devenir infirmière alors qu’un poste de grutier l’attendait pourtant de façon évidente ! Vraiment, ce monde est désespérant qui ne veut pas s’adapter à l’égalitarisme au cordeau de nos fiers inspecteurs.
Cependant, malgré la déception décelable dans leurs propos, la fine équipe d’inspectrices / sociologues / constructivistes se prend à aligner quelques recommandations qui commencent à partir de la page 84. C’est, véritablement, un feu d’artifice. Chaque paragraphe pourrait faire l’objet d’un billet séparé.
Mais pour se concentrer sur l’essentiel, retenons en substance qu’il faut « qu’au plus tôt dans le parcours scolaire les stéréotypes de genre soient déconstruits et mis à distance ». Ah, qu’elle est belle, la formulation de la frétillante équipe ! On goûtera la déconstruction des stéréotypes de genre, avec la petite clef de 12, le petit tournevis, le marteau en caoutchouc, couic couic, c’est mignon. On déconstruit les enfants, parce que « détruire les stéréotypes », c’est trop violent (la violence ne passera pas par nous : le tabassage se fera avec des battes de baseball, certes, mais recouvertes de mousse). Et puis, une fois tout ceci détruit déconstruit, on va « mettre à distance ». C’est-à -dire éloigner, ostraciser le méchant stéréotype de genre qui fait tant de mal à la société ! Regardez comme la société allait mal il y a dix, vingt ou trente ans ! Regardez les progrès déjà visibles, les vagues bouillonnantes de bisous baveux qui s’accumulent maintenant qu’on s’attaque à ce vrai problème à l’école ! C’était donc indispensable !
Autre recommandation : en plus de la multitude d’impératifs pédagogiques déjà présents, d’une avalanche de matières toutes plus indispensables les unes que les autres en plus des matières qu’une époque arriérée qualifiait bêtement de fondamentales, en plus de l’impératif civique, citoyen, festif, démocratique et aplanissant, on aura droit à cette fumisterie supplémentaire. En effet, les programmes ont « insuffisamment intégré la question du genre » (on se demande bien pourquoi, tiens !) ; il reste encore trop de lecture, d’écriture et de calcul ! On passe trop de temps sur l’histoire, la géographie et les mathématiques et pas assez à expliquer qu’un homme a le droit de porter une robe bien au-delà de l’Écosse, de se faire appeler Gertrude dès son plus jeune âge et de fréquenter les vestiaires des filles pour d’autres motifs bien plus avouables qu’une concupiscence mal placée.
Chaque page de ce rapport est un monument au constructivisme social le plus débridé, au découpage du sexe des anges en quatre pour mieux justifier de sa propre existence, une véritable ode à l’injection d’argent gratuit des autres dans les mains de gens très clairement dérangés (et bientôt dégenrés) auxquels on aura accordé bien trop d’attention et de pouvoir. À titre d’édification, je vous encourage à lire les pages de l’annexe 4 du rapport (p.94 et suivantes) qui recensent quelques actions locales, prouvant s’il le fallait que ces lubies ne sont plus théoriques, mais clairement mises en pratique, déjà , à l’heure qu’il est.
Dans une école de la République où le niveau dégringole toujours plus vite d’année en année, il n’était vraiment, mais alors vraiment pas utile d’ajouter ces foutaises sociologiques bancales au corpus de savoirs que l’enseignant, déjà débordé, doit faire passer à ses élèves. Mais à voir ce qui est déjà entrepris, l’inertie de la machine est telle qu’il y aura déjà des dégâts.
Et vu le peu de cas que semblent en faire les médias, au mieux muets, au pire délicieusement favorables à la cause, pas de doute : ce pays est foutu.
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Sur le web
A tous ces biens pensants qui ont des théories fumeuses sur l’égalité des genres nous sommes nombreux à souhaiter leurs dire :
Laissez tomber la neige, il y a bien d’autres problèmes à régler.
Oui, mais Golum c’est moi….quand même y’en a d’autres des tarés, pourquoi moi. Bon, c’est vrai, je suis mignon, je bouffe du poisson cru (genre carpe gluante) et j’aime l’or. Pour les bouffons syndiqués de l’éduc nat (toujours le texte des années 1950), qui sont à disposition des syndicats ( 1/3 ne sont pas dans des classes) je n’hésite pas à dire qu’ils ne me méritent même pas. Un gremlins (après avoir mangé) aurait été plus représentatif de ces moins que rien.
Vu le niveau de culture et d’instruction affigent et de plus en plus bas de la population, il faudrait d’abord s’occuper sérieusement de cela!Et mettre en place le chèque éducation!
égalité des sexes, le ministre prendra lui-mème les mesures !
coluche revient !!
Je discute (à distance puisque je réside à Tenerife) souvent avec ma fille qui fait partie d’une caste très particulière d’enseignants puisqu’elle enseigne les mathématiques en math-spé dans un prestigieux lycée parisien dont je tairai le nom. Elle déplore que le niveau des élèves candidats aux grandes écoles d’ingénieurs régresse année après année. Certains d’entre eux sont incapables de s’exprimer par écrit en bon français, au moins un français lisible sans avoir quelques nausées, ce qui n’est pas le cas de journalistes du Figaro ou parfois de Contrepoints, je m’en excuse. Bref, tout ceci pour dire que l’Education Nationale ne remplit plus depuis des décennies son rôle consistant à transmettre le savoir et non à éduquer. L’éducation est du ressort des parents, le savoir des professeurs. Je ne voudrais pas chipoter mais le terme même d’ « éducation nationale » sonne faux. C’est la faute de Jules Ferry, éminent socialiste avant l’heure, qui a confondu éducation et transmission du savoir. L’enseignement de la géographie n’a rien à voir avec l’éducation, de même que l’enseignement des mathématiques, à moins de me tromper. Ces histoires de « genres » ou d’autres produits de la masturbation intellectuelle intense de comités de réflexion de la rue de Grenelle ne changera rien, les parents ont baissé les bras (à quelques rares exceptions près) et préfèrent voir leurs enfants boire des boissons sucrées en regardant la télévision pourvu qu’ils n’aient pas à endurer la douloureuse tâche de la transmission du savoir. La désinformation des livres scolaires (histoire en particulier) est une douce illusion car il y a une multitude de sites sur le web qui remplacent avantageusement les professeurs des collèges. Pour en revenir à ma fille, je lui demandais pourquoi l’EducNat, si coûteuse pour l’Etat, n’optait pas pour un enseignement informatisé au moins en partie dans les collèges. Elle ne sut quoi répondre après avoir insisté sur le fait que ce type d’enseignement existait déjà aux USA. L’Education Nationale est l’archétype du corporatisme qui mine l’ensemble de l’économie française. Il faudra un jour ou l’autre privatiser ce prestataire de service et internet est une excellente occasion pour précipiter cette évolution. Mais je dois rêver les yeux ouverts et vous avez raison cher H16, ce pays est définitivement foutu (voir le dernier billet de mon blog) ! (http://jacqueshenry.wordpress.com/2013/08/25/la-france-ne-peut-pas-etre-la-france-sans-grandeur-c-de-gaulle/ )
Encore ce pauvre Jules Ferry mort il y a plus d’un siècle (et traité de socialiste !) responsable de tout. Comme quoi, il n’y a pas que le niveau en français qui baisse, même chez les lecteurs du Figaro, la culture historique aussi s’en va. Ah, ma bonne dame, tout fout le camp…
J’ai comme un retour de carpe dans l’estomac. Qui a dit: avant c’était mieux. Les brillants ingénieurs savaient de quoi ils parlaient….il se trouve que j’en ai justement 3 sous le coude. Retraités, ils ont toujours une carte de visite sous la main (écrit ingénieur dessus). Je ne veux pas jetter la pierre à ces gens (car ils sont très gentils), ils ont vécu comme des princes. Une maison, une maitresse, une maison de campagne, 3 voitures, vin et cigarres. Enfin il est vrai, à l’époque éducation voulait dire: donne tes doigts. Après, fait ce que tu veux. C’est quoi un ingénieur aujourd’hui ? Un gars, qui jongle avec des missions, une famille, un blogg, 2 ou 3 langues. J’en ai même connu sur un tour numérique avec bac plus 5. Bah, il devait être bête, hein ?! Même avec un niveau qui baisse, je veux bien comparer les compétences d’hier et d’aujourd’hui. Alors le vieux, c’est quoi un ordi ? Un mail. Non pas le fax, le mail. Un putain de téléphone qui sonne, une secrétaire qui me pete les couilles. Merde, ma femme me bip sur mon portable, j’ai encore oublié les gosses à l’école. Ou alors, je fais des études prestigieuses (hum, pour le prix), on m’offre un stage ronflant de gratte papier, puis un grand merci et dégage. Non, j’aime pas le vieux. Car le vieux juge avec son expérience, que sa vision est profondément inflexible et surtout: elle n’est pas en phase avec la réalité. Education, formation, sexe…je crois que tout cela est profondément trop homéopathique par rapport à ce que je pense. Et je sens qu’il y en a qui préfère accuser la jeunesse que les enseignants. Il n’y a pas de mauvais élèves, juste des mauvais profs. Quant à réformer un système des années 50….dans un pays de vieux ou de fonctionnaires sédentaires, c’est un doux rêve. On produit quoi aujourd’hui en France ? Rien. Il est donc logique de produire du cer veau mou, docile qui va ranger des papiers. C’est bien pensé quand même !
Excellent, je me suis bien amusée! De la part de la vieille 🙂