Rand Paul : « Si vous étiez Assad, vous auriez lancé une attaque chimique ? Non. »

Le sénateur américain Rand Paul réagit sur les préparatifs de guerre contre la Syrie.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Rand Paul (Crédits Gage Skidmore, licence Creative Commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Rand Paul : « Si vous étiez Assad, vous auriez lancé une attaque chimique ? Non. »

Publié le 1 septembre 2013
- A +

Le sénateur américain Rand Paul réagit sur les préparatifs de guerre contre la Syrie.

Une  interview de Matt Welch, depuis Campbellsville, Kentucky, États-Unis.

Le sénateur Rand Paul (Républicain, au Kentucky) n’est pas du tout persuadé que le dictateur syrien Bashar El Assad est coupable d’avoir lancé une attaque chimique contre son propre peuple, ce causus belli étant utilisé pour préparer l’Amérique à encore une nouvelle guerre au Moyen-Orient.

À l’écart d’une rencontre non médiatique de leaders religieux, mercredi après-midi à l’Université de Campbellsville, Kentucky, Paul a cité Pat Buchanan pour exprimer son scepticisme sur les preuves apportées par l’administration Obama à propos de l’attaque chimique. Voici la transcription de notre brève rencontre avec lui.

Reason: À propos de la Syrie, pas mal de gens qui supportent une intervention font le parallèle non pas avec l’Irak mais plutôt avec le Kosovo, dans laquelle on peut envisager un bombardement limité et ainsi en obtenir un résultat favorable. Selon vous, est-ce une analogie appropriée à ce qui arrive actuellement et considérez vous le Kosovo comme une réussite ?

Rand Paul: Eh bien, vous savez, l’élément déclencheur d’une intervention en Syrie semble être l’utilisation d’armes chimiques. J’aurais tendance à penser que la première question à poser est de savoir « qui les a utilisées » ?

Reason: Vous n’êtes pas convaincu par les renseignements fournis jusqu’à présent ?

RP: Apparemment, il semble qu’il y a bien eu utilisation d’armes chimiques, et je pense que tout le monde est d’accord là-dessus — mais quand bien même, j’aimerais des preuves. Cependant, dans un second temps, je voudrais des preuves sur qui a déclenché cette attaque, vous me suivez ? […]

L’autre jour, Pat Buchanan, dans l’un de ses éditos, demandait justement cela en utilisant la phrase latine « cui bono ?« , c’est-à-dire, à qui profite le crime ? Je pense que c’est une question plutôt importante. Or, cet acte n’apporte absolument aucun bénéfice à Assad. Si vous étiez Assad, auriez-vous lancé cette attaque chimique ? Non. — le monde entier est maintenant motivé pour débarquer et l’attaquer. Cela n’a aucun sens d’un point de vue logique. Il n’était pas en position défensive, sur le point de se faire détruire. Je ne vois pas pourquoi il aurait utilisé les armes chimiques.

C’est bel et bien la première question à se poser. La seconde question est de savoir comment nous devons partir en guerre. Allons-nous en guerre via la décision unilatérale et arbitraire d’une personne unique, le président ? Ou entrons-nous en guerre de la façon que nos pères fondateurs ont choisie, c’est-à-dire après un débat public, et un vote du Congrès ? Je crois que la Constitution est claire à ce sujet : on doit en passer par un vote.

Si vous voulez discuter du problème syrien, il y a deux aspects ironiques à dépasser si vous voulez vous impliquer dans cette guerre. La première ironie, c’est que vous allez vous retrouver à supporter des rebelles islamiques contre des chrétiens. Deux millions de chrétiens vivent en Syrie, bien plus que dans n’importe quel autre pays de la région, autre que l’Égypte, et ils sont alliés à Assad. La seconde ironie à gérer est qu’alors, nous serions du même côté qu’Al Qaïda. Je croyais que nous combattions Al Qaïda.

À mon avis, on devrait résoudre ces deux problèmes avant de s’impliquer plus dans cette guerre avec la Syrie.


Sur le web.

Voir les commentaires (19)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (19)
  • Théorie du complot forcément. Mais qu’attendre d’autre de la famille Paul (et Buchanan) ?
    Une méfiance qu’ils n’ont jamais pour Israël soit-dit en passant…

    • Bien sur, vous nous ressortez la théorie du complot…

      Vous devez, quand même, admettre que son raisonnement n’est pas faux…et que la question de savoir si on ne se trompe pas d’adversaire mérite d’être posée…
      Perso je préfère une dictature laïque à une dictature des barbus !!!
      On a vu le résultat dans de nombreux pays voisins ces dernières années…bravo !!!

      • Laïc Assad ? C’est un Islamiste mais allié avec l’Iran et le Hezbollah. Une différence qui le rend anti-impérialiste aux yeux de certain… Alors l’un ou l’autre…

        La rhétorique du « à qui profite le crime ? » est typiquement l’argument des conspirationnistes (et des gauchistes accessoirement) pour masquer l’idéologie derrière leur discours vertueux. En l’occurrence même si les preuves étaient apportées que c’était bien Assad, ces mêmes personnes continueraient à les remettre en question car ça ne rentre pas de le cadre de leur pensée.

        En plus parler d’intervention quand on voit ce qui est prévu : attaquer symboliquement des bâtiments vides et en pas plus de 2 jours… pas de quoi changer l’issue du conflit.

        Tout le monde préfère le statu-quo, comme depuis 2 ans, mais voilà utiliser des armes chimiques ça s’appelle un crime de guerre et ce n’est pas les pays non occidentaux qui s’en inquiéteraient c’est certain. Après on peut toujours décider que c’est pas nos affaires, mais il ne faut pas se chercher de fausses excuses et reprendre cyniquement la propagande de l’un ou de l’autre.

        • « En l’occurrence même si les preuves étaient apportées que c’était bien Assad »

          En attendant, il n’y en a pas.

          En tous cas, le terme « conspirationnisme » me semble être très commode pour dénigrer les critiques des étatistes…

          • Les services secrets français (DGSE) ont la preuve qu’il y a depuis des années un stock massif d’armes chimiques entre les mains de l’armée syrienne.
            D’après vous, c’était pour ne pas s’en servir, un jour ou l’autre ?

          • En Turquie, des djihadistes syriens ont été arrêtés en possession de 2kg de gaz. Ils en avaient pour ne pas l’utiliser eux aussi ?

          • Des conspirations, des complots, il y en a, forcément, dès lors qu’on est prêt à faire la guerre. La vraie question est de savoir qui complote contre qui.

            Quant au fait de posséder des armes chimiques, ça permettrait de condamner à peu près n’importe quel régime. C’est triste à dire, mais c’est banal. Les utiliser, c’est autre chose. La théorie stratégique envisage souvent cette arme sous l’angle de la dissuasion… Par ailleurs, les pays occidentaux sont de grands pourvoyeurs.

            Après, le statu quo… n’est pas forcément la pire option. Que l’usage des armes chimiques soit un crime, certes. Mais l’usage des armes pour faire taire les armes n’est pas une mince affaire. A tout le moins, il convient d’avoir des objectifs et une stratégie.
            Sait-on ce qu’on veut obtenir par cette guerre? Quel régime espère-t-on mettre en place? Quels moyens est-on prêt à y mettre?
            Je doute que nos dirigeants aient des réponses à ces questions. Dans ce cas, il vaut mieux s’abstenir et laisser les Syriens se débrouiller entre eux.

        • Islamiste, la plupart des musulmans considérant les allaouites comme des infidèles, vous n’incitez pas le lecteur à vous prendre fort au sérieux.

        • assad un islamiste ? n’importe quoi !

          le parti BAS et un parti laique, nationaliste, dictatorial ( pas de parti concurent ) , il est vaguement inspiré du kemalisme turc, ce qui démontre bien que l’idéologie d’origine était occidental.

    • @Tom: C’est comme les armes de destruction massive: C’est surment Ron Paul qui est allé les enlver d’Irak avec son vélo entre deux meetings pour la primaire républicaine… Foutu conspirationnistes! Vilain!
      Les crétins va t’en guerre me sidèreront toujours.

  • Imaginons qu’une bombe tombe sur un dépot de munition abritant des armes chimiques… est-ce impensable? Comment établir les responsabilités?

  • D’accord avec cet article.
    L’utilisation de gaz ne fait aucun doute, la seule question qui vaille c’est de savoir qui les a utilisé.
    A part d’être complètement naïf, personne ne doute que ceux qui soutiennent et arment les djihadistes en Syrie depuis de longs mois soient tout à fait capables de leur en avoir fourni (déjà le cas sur Alep) selon l’ASL.
    Alors il me semble de bon sens de se calmer concernant cette lubie d’aller bombarder Damas en guise de « punition » surtout pour les motifs invoqués par Hollande « il ne s’agit pas de renverser Assad… »
    Voilà qui devrait rassurer Poutine, pour les syriens, c’est déjà moins évident ! Mais alors pourquoi le faire ?
    Comment croire que le bombardement de certains sites durant quelques heures pourraient soulager le peuple syrien de quelques manières que ce soit ou aider à mettre un terme à cette guerre civile ?
    Tout cela est grotesque.
    Hollande est un toutou en quête de reconnaissance internationale, des mois qu’il est la risée du monde, aussi est-il prêt à tout pour tenter d’effacer l’image et l’opinion désastreuse qu’ont de lui tous les autres chefs d’état de la planète.
    Quand à Obama, je ne vois pas au nom de quoi, le Moyen-Orient devrait risquer de basculer dans le chaos, parce qu’il parle plus vite qu’il ne réfléchit.
    Les discours c’est bien, décider des lignes rouges aussi, à condition d’être en mesure de pouvoir les faire respecter, ce qui n’est pas le cas concernant la Syrie. Tout le monde le sait. Obama a montré les muscles, jouer avec le feu en mettant en avant son statut de gendarme du monde et voilà le résultat.
    Maintenant soit Obama et son Toutou français tombent la figure et nous évitent une escalade guerrière dont personne ne peut mesurer les contours, soit ces 2 caves sont trop orgueilleux et nous entraineront tous dans un conflit dont les conséquences dépasseront de loin les seuls syriens.
    Attendons la réponse du congrès US, nous verrons bien, même s’il me semble peu probable que, contrairement aux britanniques, le Congrès ose aller contre Obama, je le souhaite mais je n’y crois guère.
    Quand à la France, la droite a demandé un vote du parlement, cela me semble raisonnable, dernier espoir de voir la raison l’emporter à condition bien entendu que le va-t’en guerre en quête de reconnaissance en tienne compte.
    Heureusement que le peuple américain est contre et que cela a fait momentanément reculer Obama, sans ça, les hostilités auraient déjà commencé…. ça fait quand même flipper.

  • Ça dépend de quel Assad on parle. Bashar ne serait pas du genre à faire ça en effet, mais ce n’est pas le cas de son frère Maher qui a poignarder le mari de sa soeur dans le ventre et tirer sur la foule lui-même. Quand on sait qu’il vient de perdre une ou deux jambes lors de l’attentat de 2011 qui coûta la vie à plusieurs haut-gradés et qu’il est surement sous médicament anti-douleur ou en tout cas un immense stress vu la situation, je le vois capable de commettre ce genre chose.

  • il a raison, je sais pas moi ça me paraît tellement logique qu’il n’avait aucun intéret a gazer 1000 personnes à Damas, le risque était bien trop énorme par rapport aux gains potentiels ! Gazer 1000 pers, dont pleins de civils, pour quoi ? Donner un argument à l’OTAN de venir le bombarder ? Ca n’a pas de sens ! Ce qui a du sens en revanche c’est que les islamistes aient utilisé des bombes chimiques pour blâmer Assad et ainsi avoir ce qu’ils veulent: plus d’armes et l’aide militaire de nos armées. Enfin, regardez les reportages, même les reportages totalement impartiaux de nos médias qui présentent les rebelles comme des démocrates nous montrent sous les yeux des gens qui crient Allah Akbar sans cesse, disent combattre pour Allah et la Oumma et font flotter des drapeaux noirs. Nous n’avons rien a faire là-bas. En tout cas on est loin de la ligne rouge, la vraie, celle où Assad exterminerait massivement des régions entières, que ce soit à l’arme chimique ou non.

  • Il serait temps que tous et surtout nos politiciens se rendent compte ou est réellement l’intérêt de nos nations, de notre Europe.
    Les guerres intestines de ces pays ne nous intéressent pas vraiment, sauf pour certains qui vivent de ça.

  • la stratégie de l’internationale occidentale est la même depuis une vingtaine d’années à savoir le choix de donner l’influence sur la partie Afrique nord équatoriale aux sunnites modérés, d’où l’arbitrage en côte d’ivoire et dans le puzzle sahélien.
    le problème avec les musulmans même modérés, voir les attentats et expédition punitives en Turquie, c’est que le seul droit donné aux juifs et aux chrétiens qui ne ne convertissent pas, c’est de mourir en martyr ou de s’exiler.

  • La manipulation n’est pas nouvelle quand il s’agit de vendre des armes.

    Mais iran-irak c’est le même problème et le même renseigment qui donne des informations qui par le passé n’étaient pas correctes. On a de quoi ne plus trop croire dans ce renseignement.

    Alors qui turea le plus de civil ? bazar el Assad ou les impériaux qui veulent de l’action ?

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
4
Sauvegarder cet article

[embed]https://youtu.be/KAKAI0ZXQYU[/embed]

A la tête de la Syrie pendant cinq décennies, le parti Baas est un parti socialiste né dans les années 1940, reprenant les idéaux tiers-mondistes et révolutionnaires. Devenu un moyen de captation des richesses, contrôlant la Syrie par la force, le Baas a été l'instrument de la domination de la famille Assad. ... Poursuivre la lecture

D’après plusieurs observateurs nationaux et internationaux, les actions du président congolais, Félix Tshisekedi, jettent un doute sérieux sur son engagement réel pour le retour à la paix au Nord-Kivu.

Malgré la médiation du facilitateur de l’Union africaine, João Lourenço, président de l’Angola, et celle de la Communauté internationale, le conflit au Nord-Kivu peine à trouver un dénouement. Plusieurs spécialistes et observateurs de la scène politique internationale accusent le président congolais, Félix Tshisekedi, d'entraver le proce... Poursuivre la lecture

Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles