Peu de Français savent qu’entre 1920 et 1945, la Syrie fut française. Retour sur quelques événements passés pour mieux comprendre le présent.
Peu de Français savent qu’entre 1920 et 1945, la Syrie fut française. Après le dépeçage de l’empire ottoman par les alliés victorieux, le Proche-Orient fut découpé au cordeau par deux diplomates français et anglais, Sykes et Picot : voici pourquoi, dans cette région, les frontières sont si droites, taillant dans les paysages et les tribus dont on ignorait alors l’existence et les conflits. L’Irak, la Transjordanie et la Palestine allèrent aux Britanniques. La Syrie et le Liban revinrent aux Français. Comme dans toutes les autres colonies, britanniques et françaises, l’armée d’occupation et les administrateurs locaux s’appuyèrent sur les minorités : Maronites au Liban, Alaouites en Syrie.
Les Alaouites, rudes montagnards – à l’instar des Kabyles en Afrique du Nord – fournirent les supplétifs de l’armée française. Ce mandat français ne fut pas paisible : il se construisit des écoles et des hôpitaux, mais les affrontements avec les Arabes sunnites furent constants et brutaux : en 1945, l’armée française bombarda Damas qui réclamait l’indépendance. Les Alaouites – à la manière des Harkis en Algérie – ne voulaient pas de cette indépendance : un certain Ali Suleyman, grand-père du Président actuel, Bachar el-Assad, sous-officier dans l’armée française, écrivit en 1936 une lettre au chef du gouvernement français, Léon Blum, pour que la Syrie reste sous mandat français. En vain. Mais Ali Suleyman y gagna le surnom de el Assad, le lion. Les « collaborateurs » alaouites, sous la direction de Hafaz el-Assad, prirent le pouvoir par les armes en 1966, soutenus par l’autre minorité – les chrétiens – et règnent depuis lors sur la majorité sunnite.
La lettre du grand-père Assad, conservée au ministère français des Affaires étrangères, a été récemment exhibée à l’ONU par le représentant français, Gérard Araud, en réponse à l’ambassadeur – alaouite – de Syrie, qui demandait à la France de ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures syriennes.
Cet arrière-plan historique est bien connu des autorités militaires et diplomatiques françaises qui ont la mémoire longue, de même que par la bourgeoisie alaouite et chrétienne ; celle-ci comprend mal que la France ne soit pas de leur côté et fasse cause commune avec les Américains. Cette élite syrienne aurait peut-être eu l’oreille de Jacques Chirac, grand amateur d’histoire coloniale. Mais François Hollande, forcément du côté de la décolonisation, se doit d’abandonner les Alaouites à leur sort et de ne pas pardonner leur atteinte au Droit international. Hollande, en Syrie, a la mémoire courte, à bon droit.
C’est donc un peu par coïncidence que les Français et les Américains se retrouvent dans le même camp, celui de la décolonisation et du Droit international, à partir d’itinéraires distincts. De même qu’au temps de la guerre d’indépendance américaine, les Français vinrent à la rescousse des Treize colonies, par un mélange d’intérêts bien compris et de grands principes.
Il reste à persuader les opinions publiques dans les deux pays que la défense du Droit international, aussi ténu soit-il, mérite en soi une intervention sans concession.
En Syrie, le choix est entre le Droit et la Barbarie.
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Sur le web.
Malheureusement, il semble que le drame syrien ne laisse le choix qu’entre la barbarie et la barbarie. Ou alors il faudra nous expliquer qu’Al Qaeda est du côté du Droit. Des terroristes patentés dans le camp du bien ? Soupirs…
Il va falloir déployer des trésors insoupçonnés de propagande inventive pour nous faire avaler ça (on peut compter sur France Télévision, la Voix de son maître, entre autres relais de propagande), notamment en direction des militaires français dont les camarades ont été égorgés en Afghanistan par ces mêmes « combattants du Droit ». Combien de temps nos militaires supporteront-ils le mépris des occupants socialistes (du pouvoir) à leur égard ?
Plus prosaïquement, la stratégie US, tout à son objectif général d’encerclement de la Chine, est de placer la région sous l’influence de son allié, l’Arabie Saoudite, pour contrôler la ressource pétrolière, avec accord tacite de non agression d’Israel, quitte à favoriser l’épuration religieuse des dernières minorités chrétiennes de la région, parmi les plus anciennes au monde. Qui parle de Droit ?
La stratégie française paraît plus brouillonne, émotive et, en même temps, viscérale : il s’agit d’une vieille histoire de vengeance recuite à l’égard d’un régime contre lequel la haute administration socialiste est en guerre depuis si longtemps. On se doute que la défaite majeure de l’intervention socialiste au Liban dans les années 80 (immeuble Drakkar, attentats en France, otages…) n’est toujours pas digérée. Le Droit, vraiment ?
La stratégie russe semble plus classique : faire opposition le temps de négocier un avantage par ailleurs. Lequel ? On le saura sans doute lorsque les Russes finiront par laisser faire ou quelques mois après. Le Droit sans doute, encore et toujours.
Alors, les histoires de lutte contre la barbarie, le camp du bien contre le mal, le Droit, et toussa, c’est du pipeau de concours pour gogos crédules afin de justifier la lutte anarchique entre Etats obèses, lutte financée avec nos impôts.
Les alaouites ne lâcheront jamais.
Le rappel historique est intéressant.
mais je ne vois pas sur quel droit peut s’appuyer une intervention.
Mais si ils lâcheront. C’est une vulgaire question démographique.
En 1960, population de 5 millions. Aujourd’hui, 21 à 23 millions.
90 % sont musulmans, et sur ces 90 %… 78 % sont sunnites.
C’est tout. Donc arrêtez de fantasmer le futur.
La Syrie sera -à terme- dirigée par des sunnites, car sa population, qui continue de croître, est massivement sunnites.
Oui, mais près de 80% des Syriens sont pro Bachar (le pourcentage a nettement augmenté quand la population a compris ce qu’on leur promettait en remplacement), et l’armée, composée de plus de 70% de sunnites est solide, il y a très peu de défections, contrairement aux débuts du conflit.
Mais oui bien entendu… Ce sont les méchants français qui sont à l’origine du schisme de l’islam !
Il est consternant de lire un tel tissus -concentré- de sottises crasses.
La géographie des frontières modernes est un facteur aggravant (mais pas dans le cas de la « Syrie »)… le facteur ontologique c’est bien l’éthnie et la religion.
Et ça, les méchants colons anglais et français n’y étaient pour rien.
Ils ont simplement pu en jouer -voire en abuser un peu- avec finesse.
Mais revenons donc aux FONDAMENTAUX, ancestraux, SVP.
-le sunnite hait le chiite, et le chiite hait le sunnite
Ca fait des centaines d’années que ça dure, et ça durera encore des centaines d’années.
C’est tout. Le reste c’est de la littérature pour collégiens.
« C’est tout. Le reste c’est de la littérature pour collégiens. »
L’argument typique du gars qui impose SA vision des choses et refuse toute autre argumentation…
J’ai bien peur que nous ayons ici… un Français…
Il ne s’agit pas de réfuter toute autre argumentation, il s’agit simplement de reconnaître qu’il existe une HIERARCHIE dans les causes.
Comme dans le proverbe chinois, l’imbécile regarde le doigt quand le sage pointe la lune.
A vos babillages repentants, très courts historiquement parlant, je vous oppose l’Histoire avec un H majuscule.
La Syrie où l’Irak pourraient être redécoupées en respectant une stricte homogénéité religieuse… cela ne résoudrait RIEN.
Ils continueraient à se foutre sur la gueule, en permanence, ne serait ce que pour les ressources naturelles.
Donc oui, je persiste et signe : d’un côté il y a le commentaire « automatique » collégien, où il s’agit de répéter ce qu’on lit ou écoute à droite à ou à gauche, et de l’autre, une tentative de prendre de la hauteur.
Les gogos en général détestent l’idée d’invariants, et de hiérarchie. Ca les met mal à l’aise, et les angoisse au vu de leur propre finitude.
Mais c’est un fait.
-Le sunnite hait le chiite, vous n’y pouvez rien
-nous nous battrons toujours pour les ressources
-la volonté de puissance se heurte toujours à des volontés de puissance concurrentes
-la « coopération » n’est pas l’état naturel de l’homme, mais bien la compétition, et plus largement le « pousse toi que je m’y mette ».
Il est donc inutile -au nom des « droits de l’homme » et de la moraline suintante- de critiquer la France, l’Angleterre, les USA pour avoir joué des cartes ethniques et/ou religieuses, afin de pousser leurs intérêts propres.
C’est non seulement du révisionnisme historique, mais en plus un contresens… naturel.
Bien évidemment, l’oléoduc n’aurait rien à voir là dedans.
Vous ne trouvez pas bizarre que, lorsqu’il s’agit de récoloniser le Moyen Orient, Sarkozy et Hollande sont sur la même ligne de départ?
Mais non, voyons… vous avez sans doute raison: en Syrie, le choix est entre le Droit et la Barbarie, les intérêts commerciaux sont tout à fait secondaires.
Puisqu’on parle d’intervention en Syrie, que pensez-vous de ceci?
http://www.zerohedge.com/news/2013-09-04/syrian-war-what-youre-not-being-told
» … la belle colonie … entre 1920 et 1945, la Syrie fut française »
Pas tout à fait. Suite à la Grande Guerre, la France reçut en 1923 le mandat international d’administrer un territoire anciennement ottoman, qui correspond aujourd’hui à la Syrie au Liban, en vue de le faire accéder à l’indépendance au bout de 20 ans. En vue de cet objectif les négociations commencèrent dès 1936, et l’indépendance fut officiellement effective en 1943.
C’est la France qui tint à séparer le Liban du territoire ottoman, alors appelé « Syrie », attribué pour administration sous mandat international, décision qui explique qu’aujourdhui encore la Syrie considère implicitement le Liban comme sien.
Faux, lire « Les derniers rois mages » de Paul Del Perrugia qui fut consul de France au Ruanda.
Rappel historique très intéressant.
Cependant, l’article se termine mal. La tentative de justification d’une intervention est un échec total.