Malheureux Français

Les Français sont moins heureux que les autres. Et comment pourraient-ils l’être, alors que le manque de libertés entrave leur recherche du bonheur ?

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Malheureux Français

Publié le 7 septembre 2013
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Les Français souffriraient de nostalgie, d’un manque de bonheur que la conjoncture économique ne suffit pas à expliquer. Pour Claudia Senik, les causes de ce « débonheur » sont à explorer plus profondément ; difficile de comprendre pourquoi les Français, dont les conditions de vie sont en apparence semblables à celles de leurs voisins, sont moins heureux. Difficile de comprendre, si l’origine est culturelle, pourquoi les immigrés présentent les mêmes caractéristiques dès la deuxième génération. Et difficile de comprendre, surtout – ce que ne dit pas l’économiste – pourquoi les Français qui s’exilent sont heureux au point d’arborer un sourire digne d’un président sur une photo que l’AFP retire pour raisons éditoriales.

Si les Français ne sont pas aussi heureux que les autres alors qu’ils ont en apparence le même niveau de richesse et de développement, c’est que le bonheur n’est pas uniquement matériel. Même si certains hommes politiques sont prêts à sacrifier leurs principes pour s’enrichir, la plupart des individus ne sont pas dans ce cas et leur bonheur repose sur l’accomplissement de leurs valeurs.

Le bonheur est l’état de conscience d’un individu qui procède de l’accomplissement de ses valeurs. (Ayn Rand)

Et concrètement, en France, mieux vaut renoncer à ses valeurs si on veut réussir : les vertueux sont sanctionnés et les autres récompensés, les innocents sont punis et les coupables remerciés. La justice n’existe que dans certains cas, c’est-à-dire n’existe pas ; la justice sociale, qui n’a de justice que le nom, tourne en revanche à plein régime et offre aux uns la jouissance de ce que les autres ont produit.

S’il vaut mieux renoncer à ses valeurs, c’est qu’en France, on manque de liberté ; on ne peut pas vraiment faire de choix, et ceux-ci n’ont pas les conséquences qu’ils devraient avoir. Monter une entreprise laisse aujourd’hui peu de temps pour s’occuper réellement de son projet ; la paperasse, le droit du travail, le droit fiscal ont trop de poids.

Ils ont trop de poids, non seulement parce que les hommes politiques manquent du courage nécessaire pour au moins remettre à plat ce que des années d’accumulation et d’empilement ont créé, mais aussi parce qu’on donne au droit un rôle qu’il ne devrait jamais avoir : celui de restreindre la liberté des individus.

Il est sain que la propriété, la sûreté et les libertés individuelles soient garanties et protégées. Mais au-delà de ce cadre, il n’y a aucune légitimité à ce que l’État choisisse pour les individus. L’argument de la « volonté générale » n’a pas de sens ; est-elle par nature supérieure à la volonté individuelle ?

La social-démocratie se fonde sur l’idée qu’il est nécessaire de partager les fruits de la croissance, que la société ne peut être juste que si on y met en place une justice sociale. Justice sociale qui supposerait un coupable et une victime ; la notion même de justice sociale suppose que les créateurs de richesse sont coupables et que les autres sont leurs victimes. Elle explique l’inégalité des conditions par des inégalités de départ entre les individus, aggravées ensuite lors de leur éducation.

Elle se focalise sur des différences matérielles et culturelles à la naissance et dans les premières années de la vie, puis via l’héritage, sans tenir aucun compte de ce que les générations précédentes ont transmis – pas uniquement à leurs enfants. Leurs invention rendent nos vies plus riches, longues et saines, les richesses qu’ils ont créées nous bénéficient directement en rendant les produits plus accessibles, plus fiables, plus performants. Et ce processus incessant bénéficie à tous, pas uniquement à ceux qui prennent part à l’échange.

Quelle que soit sa situation présente, quelle qu’ait pu être sa situation de départ et quels qu’aient pu être les événements de sa vie, il a toujours le choix de raisonner ou non – sans nier ses émotions, mais en cherchant à les comprendre. Il a toujours le choix de chercher les causes de ses difficultés ou d’y remédier, il a toujours le choix de déplorer sa situation ou de chercher à la changer. Que certains aient eu la vie un peu plus dure n’enlève rien à la responsabilité qu’ils ont dans les choix qu’ils font.

Encore faut-il, pour qu’ils puissent s’accomplir et s’épanouir, qu’on leur laisse assez de place pour exprimer leurs préférences et leurs talents. C’est parce qu’on les prive d’une partie significative des fruits de leur travail pour en offrir la jouissance à d’autres ; c’est parce qu’on restreint leur liberté de choix et les prive ainsi de l’espace dont ils ont besoin pour exprimer leur créativité, travailler à leurs projets, poursuivre leurs propres buts et, au premier rang de ceux-ci, leur propre bonheur ; c’est pour cela que les Français ne sont pas heureux. La liberté ne rend pas heureux, mais elle permet de chercher à l’être.

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  • L’etat moribond de la France est essentiellement du aux politiques massives d’assistanat à l’individu (et aux associations) qui est devenue la norme depuis 30 ans.

  • « Doing whant you like is freedom…. liking what you do is happiness ».

  • Les décisions subies, à l’inverse des choix voulus, retirent à un individu le frisson que procure le risque d’éventuelles conséquences négatives issus des dits-choix. On tue ainsi le risque ressentit -pas le risque réel- , mais de façon concomitante on tue du même coup le principal moteur de l’homme, le désir, car le désir ne se ressent que si l’on risque d’échouer.
    A vivre sans liberté on vit donc sans risques ressentis, et à vivre sans risques on meurt d’ennui, voilà le mal des français.
    Le plus pervers est que cette négation obsessive du risque apparent est une négation de la réalité qui laisse les risques réels non résolus, et donc libre de détruire celui qui vit dans la chimère de leur inexistence.A moins que la douleur qu’ils procurent ne réveille de son assoupissement volontaire le malade, et que celui-ci fasse front et se remette dans une posture adulte…qui parie sur quoi pour notre cher pays?

    Au fond le rêve des planistes de tous poils c’est bien de vivre dans une irréalité sans risques qui n’est que la vie intra utérine fantasmée, cette époque bénie où l’on était un objet lové dans maman, cet âge d’or d’avant de devenir un individu obligé de s’assumer.
    Le libéral véritable me semble à l’inverse quelqu’un qui préfère accepter la coupure de la naissance, se propulsant ainsi dans un monde chaotique et dur, mais faisant face au réel, qui est qu’une fois sorti de la grotte, on n’y retourne jamais!

    Au fond le malheur des français est là tout entier: une culture de l’irresponsabilité de l’individu qui répand peu à peu un désir unique, morbide et irréalisable, celui de revenir à la vie foetal. Relire la caverne de Platon c’est relire ce choix fondamental, c’est le to be or not to be de William, et les français semblent tristement lancés à pleine vitesse dans le not to be.

  • Les gens étaient-ils ou sont-ils heureux dans les différentes sociétés socialistes. Il me semble que non, que ce soit en URSS, Cuba, la Corée de nord….
    Pourquoi voulez-vous que l’on ressente du bonheur dans cette société au socialisme rampant. Nous ne serons pas plus heureux que ne sera un gamin à qui on donne tout en ne lui laissant aucune autonomie.

  • « L’argument de la « volonté générale » n’a pas de sens ; est-elle par nature supérieure à la volonté individuelle ?
    Mais surtout, la « volonté générale » est un pur transcendantalisme, car nul n’est en mesure de la définir sans être sousmis aux préjugés qui lui sont propres.
    Là réside le plus fantastique leurre du socialisme: créer une entité totalement fictive et lui accorder une valeur transcendante. Nous sommes de plein pied dans le domaine de la croyance, la réalité est dominée par un au-delà merveilleux.

  • J’ai vraiment beaucoup aimé la photo retirée du catalogue de l’AFP, car « désobligeante » pour celui dont le portrait est tracé.
    C’est là une interprétation toute personnelle de la part de l’AFP: je trouve cette photo, bien au contraire, parfaitement représentative de la réalité psychologique du personnage: les yeux écarquillés parce qu’il n’est même pas capable de voir le bout de son nez et le sourire de ravissement (au sens d’un ravissement religieux) montrant son total retrait de la réalité contingeante: bref, le simple d’esprit.

  • Il y a les japonais qui se suicident après 6 mois sur le sol Français. Les Chinois sont attaqués. La réalité est que le Français est au bout du rouleau, face à l’insécurité fiscale et Etatique qui change les lois suivant le temps et la saison. Pour finir il faut bien dire que notre culture n’arange rien. Il y a un film: vive la France, qui est très con, mais qui est parfait comme illustration….

  • tu m’étonnes …..avec la bande de braillards que l’on nomme dirigeant et qui se succède depuis des lustres avec les résultats que tout un chacun connait , ben y a pas de quoi se réjouir …..vous me direz , on a de la chance , on n’est pas dans un pays en guerre , du moins pas encore , ben justement , parait qu’on est un pays riche , en paix , avec des millions de gens qui ne pensent qu’à travailler ( hum ) , et avec tout le pognon que l’on nous prend , ce pays devrait marcher comme une horloge , et les français , éternels raleurs , devraient péter de joie…..n’est il pas ?

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Xavier Hollandts est professeur associé à la KEDGE Business School. Docteur et HDR en sciences de gestion, il enseigne l’entrepreneuriat et la stratégie. Spécialiste des questions agricoles, il intervient régulièrement sur ces sujets dans les médias. Ses travaux académiques ont notamment été publiés dans Corporate Governance, Journal of Institutional Economics, Managerial and Decision Economics, ou la Revue Économique.

 

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