Les mille jours d’Allende

La chronologie du gouvernement de l'Unité populaire dirigé par le président chilien Salvador Allende, du 4 novembre 1970 au 11 septembre 1973.
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Allende et ses ministres en 1970 - Source : Biblioteca del Congreso Nacional de Chile via WikimediaCommons (CC BY-SA 3.0

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Les mille jours d’Allende

Publié le 11 septembre 2013
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Chronique du gouvernement d’Unité Populaire, du 4 novembre 1970 au 11 septembre 1973.

AllendeMinistros
Allende et ses ministres en 1970 – Source : Biblioteca del Congreso Nacional de Chile via WikimediaCommons (CC BY-SA 3.0)

 

1970

4 septembre : Salvador Allende (Unité populaire) remporte l’élection présidentielle avec une majorité simple (36,6%) ; il devance de moins de 40.000 votes Jorge Alessandri du Parti National (35,3%) et Radomiro Tomic de la Démocratie Chrétienne (28,1%).

24 octobre : après avoir signé un Statut de garanties constitutionnelles et s’être engagé à n’entreprendre des réformes structurelles que par la voie législative, Allende est désigné comme président par le congrès par 153 votes contre 35.

4 novembre : Allende constitue son premier gouvernement d’Unité populaire, composé de quatre socialistes, trois communistes, trois radicaux, un membre du MAPU, deux sociaux-démocrates et deux indépendants.

8 novembre : le ministre de l’Économie Pedro Vuskovic annonce un programme contre l’inflation ; le lendemain, le gouvernement d’Allende décide d’activer un plan économique sur 14 mois (les « 40 mesures » du programme de l’Unité populaire) : étatisation des secteurs « clés » de l’économie, nationalisation complète des mines de cuivre, accélération de la réforme agraire, gel des prix, augmentation des salaires grâce à l’émission monétaire, modification de la constitution et création d’une assemblée populaire unique.

12 novembre : le ministre des Affaires étrangères Clodomiro Almeyda renoue les relations diplomatiques avec Cuba.

13 novembre : Allende gracie les militants du Mouvement de la Gauche Révolutionnaire (MIR) ainsi que d’autres membres de groupes d’extrême-gauche qui avaient été emprisonnés pour faits de terrorisme sous le gouvernement précédent ; le MIR quitte la clandestinité.

novembre : le gouvernement d’Unité populaire commence à acheter d’importantes quantités d’actions bancaires ; en mai 1971 l’État contrôlera dix banques de cette manière.

2 décembre : début des expropriations d’entreprises sur base du décret-loi 520 de 1932, tombé en désuétude ; la première entreprise expropriée est la Fábrica Textil Bellavista ; d’autres entreprises textiles sont visées également ainsi que des entreprises du secteur sidérurgique et métallurgique ; entre novembre 1970 et fin 1972 le gouvernement d’Allende prend le contrôle de 193 entreprises et réquisitionne 125 autres ; l’aire de « propriété sociale » représentera 23% du PIB.

21 décembre : Allende signe le projet de réforme constitutionnelle qui doit permettre la nationalisation du cuivre.

1971

7 janvier : établissement de relations diplomatiques avec la Chine populaire.

23 janvier : le projet de loi créant des tribunaux populaires « de voisinage » est envoyé au parlement.

12 février : nationalisation de la maison d’édition Zig-Zag.

février-mars : début des occupations illégales de propriétés agricoles, essentiellement dans le sud du pays ; un petit agriculteur, Rolando Matus, qui défendait sa propriété est la première victime mortelle de ces occupations violentes.

mars : le gouvernement d’Unité populaire consacre 2% du budget pour lancer une politique de travaux publics.

4 avril : aux élections municipales les partis membres de l’Unité populaire (parti socialiste, parti communiste, parti radical et parti social-démocrate) obtiennent 741 conseillers sur 1.653 avec 48,6% des voix.

7 avril : établissement de relations diplomatiques avec la RDA.

18 avril : le MIR dénonce le « réformisme » du gouvernement d’Allende.

mai : des problèmes commencent à très sérieusement se faire sentir dans la distribution de produits alimentaires et de première nécessité.

18 mai : le ministre de l’Agriculture annonce l’expropriation de plus de mille grandes propriétés agricoles ; de janvier 1971 à juin 1972 plus de 5 millions d’hectares sont expropriées ; à la fin de cette période, il ne restera plus que 200 propriétés de plus de 80 hectares.

8 juin : un commando du groupe terroriste d’extrême-gauche Avant-garde armée du peuple assassine Edmundo Pérez Zujovic, ancien ministre de l’Intérieur du précédent gouvernement démocrate-chrétien d’Eduardo Frei.

6 juillet : le gouvernement étatise tout le commerce du cuivre ; la nationalisation de l’industrie minière du cuivre sera approuvée par l’ensemble des parlementaires à l’exception de ceux du Parti national qui s’abstiennent ; le Contrôleur général de la République Héctor Humeres déclare illégales plusieurs réquisitions d’entreprises par le gouvernement.

18 juillet : le démocrate-chrétien Oscar Marín remporte une élection partielle pour le siège de député de Valparaiso face au candidat socialiste Hernán del Canto.

21 juillet : l’opposition fait approuver au parlement un projet d’accord demandant au gouvernement d’Unité populaire de cesser d’acheter des actions bancaires et de passer par la voie législative pour appliquer sa politique bancaire.

12 août : le gouvernement ordonne l’arrestation de 14 responsables de la plus grande mine de cuivre du Chili, Chuquicamata, en grève depuis deux semaines.

13 août : le gouvernement des États-Unis suspend tout crédit public en faveur du Chili.

24 août : Allende commence une tournée qui le conduira en Équateur, en Colombie et au Pérou, José Tohá assume la vice-présidence.

septembre : l’inflation atteint les 17%.

15 septembre : le gouvernement d’Unité populaire bloque un projet de loi approuvé par le parlement qui autorisait les chaînes de télévision de l’Université catholique (Canal 13 à Santiago et Canal 4 à Valparaiso) et de l’Université du Chili (Canal 9) à émettre sur tout le territoire national.

fin septembre : la Banque centrale indique que 57,2% des banques sont passées sous contrôle de l’État.

19 octobre : Allende envoie au parlement son premier projet de loi relatif aux aires de propriété (sociale, mixte et privée) ; l’opposition parlementaire réplique le 20 avec le projet de loi Hamilton-Fuentealba visant notamment à supprimer le décret-loi 520 sur lequel se basait le gouvernement d’Unité populaire pour prendre le contrôle d’entreprises et à obliger le gouvernement à passer par le parlement pour procéder à des nationalisations.

21 octobre 1971 : Pablo Neruda l’ambassadeur du Chili à Paris reçoit le Prix Nobel de littérature.

2e semaine de novembre : le gouvernement d’Unité populaire donne ordre d’acheter les actions de la Compagnie manufacturière de Papiers et de Cartons, entreprise clé car seule productrice de papier pour les journaux ; l’opération suscite la plus vive réaction de la part des journaux et des partis d’opposition qui dénoncent une attaque contre la liberté de la presse.

10 novembre : arrivée de Fidel Castro au Chili qui effectue ainsi son premier voyage dans un pays latino-américain ; il y restera jusqu’au 4 décembre ; en privé, Castro fait part de son scepticisme face à la voie choisie par le gouvernement d’Unité populaire ; Allende envoie au parlement un projet de loi de révision constitutionnelle visant à supprimer le bicaméralisme au profit d’une assemblée populaire.

mi-novembre : affrontements entre étudiants de l’Unité populaire et du MIR et ceux de l’opposition qui occupent l’Université du Chili en soutien au recteur démocrate-chrétien Edgardo Boeninger.

1er décembre : suite aux problèmes d’approvisionnement l’opposition organise une manifestation massive de femmes (« la marche des casseroles vides »).

9 décembre : suspension de la convertibilité de la monnaie chilienne, l’escudo, et contrôle strict des échanges monétaires.

décembre : la Démocratie chrétienne lance une motion de censure contre le ministre de l’Intérieur José Tohá ; avec l’appui du Parti national la motion est approuvée le 22 janvier 1972 ; Allende garde Tohá dans son gouvernement en lui donnant le portefeuille de la Défense ; l’approvisionnement en pièce de rechanges devient de plus en plus difficile, avec des incidences notables sur les moyens de transports ; pour toute l’année on compte 1.758 grèves dans le secteur agricole et 1.278 prises de possessions de terres illégales ; les agriculteurs s’organisent pour faire front à l’activisme révolutionnaire mené par le MIR.

1972

1ère semaine de janvier : la Cour suprême annule la réquisition par l’État de l’entreprise textile Yarur.

17 janvier : élections partielles visant à pourvoir deux sièges de sénateurs (O’Higgins et Colchaga) et un siège de député (Linares) ; l’opposition à l’Unité populaire obtient un triomphe complet.

20 janvier : le gouvernement présente sa démission à Allende.

3 février : suite à l’effondrement des réserves de devises, le gouvernement d’Unité populaire suspend le service de la dette publique et entreprend à Paris des négociations avec les principaux créanciers de l’État chilien afin de rééchelonner la dette souveraine chilienne (la seconde plus grande au monde par habitant) ; les créanciers n’accordent au gouvernement chilien qu’un stand by permettant quelques facilités en cas d’urgences spéciales.

19 février : le congrès approuve par un vote en séance plénière la réforme constitutionnelle qui soumet à des lois spéciales tout transfert d’entreprises vers les aires économiques sociale ou mixte (projet de loi Hamilton-Fuentealba) ; le congrès approuve dans la foulée des dispositions transitoires qui annulent toutes les expropriations effectuées après le 14 octobre 1971 ; deux jours plus tard, le gouvernement d’Allende oppose son veto à cette réforme, créant ainsi un conflit institutionnel qui durera jusqu’à la fin du gouvernement d’Unité populaire ; l’opposition ne cessera de réclamer un plébiscite pour régler cette question.

11 mars : plusieurs caisses d’armes et de munitions transportées dans un appareil de la Cubana de Aviación sont interceptées à l’aéroport de la capitale par la douane chilienne ; après intervention du ministre de l’Intérieur l’arsenal est finalement emporté vers la résidence présidentielle sous la supervision du directeur de la police judiciaire, Eduardo Paredes, qui accompagnait ces caisses depuis Cuba.

1ère semaine d’avril : création par le gouvernement des Juntes d’Approvisionnement et de Prix destinées à contrôler la distribution des marchandises au niveau des quartiers.

6 avril : les deux ministres membres du Parti de la gauche radicale présentent leur démission à Allende ; ce parti qui avait refusé son soutien au veto présidentiel à la réforme des aires économiques approuvée par le parlement se retire du gouvernement et de l’Unité populaire et s’alliera en 1973 aux partis de l’opposition au sein de la Confédération pour la Démocratie.

12 avril : une « Marche de la démocratie » organisée par l’opposition réunit 200.000 personnes.

24 avril : le gouvernement d’Allende arrive à refinancer la dette souveraine chilienne pour une période de trois ans.

juin : l’URSS ouvre une ligne de crédit de 237 millions de dollars en faveur du gouvernement chilien et s’engage à lui acheter cuivre et produits manufacturés ; l’ensemble des prêts obtenus par le gouvernement d’Allende auprès des pays socialistes atteindra les 386 millions de dollars ; avec les crédits obtenus des pays occidentaux, le montant total se montera à 600 millions de dollars.

5 juillet : le Parti national présente une motion de censure contre le ministre de l’Intérieur Hernán del Canto ; la motion est approuvée par la chambre ce même jour et par le sénat le 17 ; le ministre est destitué et Allende le nomme Secrétaire général du gouvernement ; le sénat rejette les vetos du gouvernement Allende à l’encontre du projet de loi Hamilton-Fuentealba ; l’opposition réclame à nouveau un plébiscite sur la question ; la Démocratie chrétienne rompt les discussions avec le gouvernement d’Unité populaire.

22 juillet : élections législatives partielles dans la province de Coquimbo ; la candidate communiste Amanda Altamirano remporte le siège à pourvoir.

28 juillet : à l’initiative de la direction régionale du MAPU (parti membre de l’Unité populaire), appuyée par les directions locales du MIR, de la Gauche chrétienne, du parti socialiste et du parti radical, est constituée provisoirement dans la ville de Concepción une « Assemblée du Peuple », présentée comme une « alternative révolutionnaire » au gouvernement d’Unité populaire et à la légalité institutionnelle « bourgeoise » ; à partir de ce moment est posée concrètement la question du « double pouvoir », question qui atteindra une dimension nationale à partir du mois d’octobre.

3 août : l’opposition parlementaire, qui voit s’unir chaque fois plus la Démocratie chrétienne et le Parti national, publie une déclaration rendant responsable Allende de la destruction du système institutionnel, accusant la gauche de viser la fin de l’État de droit tout en se servant de celui-ci pour y arriver, ainsi que des actions du MIR et d’autres groupes d’extrême-gauche.

début août : un groupe de dix guérilleros argentins parvient à s’échapper de la prison de Rawson en Argentine en détournant un avion sur l’aéroport de Trelew, avec lequel ils débarquent dans la capitale chilienne ; le gouvernement d’Allende les autorise à repartir vers Cuba.

2ème semaine d’août : Carlos Matus, nouveau ministre de l’Économie en remplacement de Pedro Vuskovic, annonce des réajustements des prix d’articles de première nécessité, spécialement alimentaires ; ces augmentations de prix destinées à financer les « propriétés d’aire sociale » oscillent entre 30% et 200% ; parallèlement à ces augmentations de prix, la pénurie de farine et de pain s’accentue.

3ème semaine d’août : les commerçants, suivant le mot d’ordre de la Démocratie chrétienne, ferment leurs magasins pendant 24 heures dans tout le Chili ; le gouvernement d’Allende déclare l’État d’urgence dans la province de Santiago et fait ouvrir par la force certains commerces, provoquant ainsi des affrontements violents.

septembre : mouvement des étudiants du secondaire, appuyé par la Démocratie chrétienne, réclamant la démission du ministre de l’Éducation.

fin septembre : le ministre de l’Économie annonce un projet de rationnement de la consommation de produits essentiels afin de lutter contre le marché noir ; l’opposition parlementaire, qui y voit une tentative du gouvernement de contrôler la population via la distribution des aliments, bloque le projet.

début octobre : Jorge Fontaine, président de la Confédération de la production et du commerce demande à toutes les organisations d’opposition, partis, associations, syndicats, etc. de constituer un front unique contre « la marée totalitaire » ; l’Unité populaire se constitue officiellement en parti fédéré ; l’opposition fait de même sous la bannière de la Confédération de la Démocratie.

9 octobre : début d’une grève générale illimitée de la Confédération des propriétaires de camions, dirigé par León Vilarín, motivée par la tentative du gouvernement d’Allende d’étatiser le transport dans tout le pays, à partir d’un plan pilote dans la province d’Aisén (le gouvernement déclarera que le pouvoir de l’activité du transport est trop important pour rester entre les mains du privé) ; le jour suivant, le gouvernement fait arrêter les principaux dirigeants des camionneurs ; trois jours plus tard, les camionneurs grévistes sont rejoints par la Confédération du commerce de détail et de la petite industrie, la Fédération des taxistes, la Confédération de la production et du commerce et la Confédération nationale unique de la petite industrie et de l’artisanat ; le gouvernement déclare zones d’urgence treize des principales provinces du pays et commence les réquisitions de camions ; Allende déclare que ces réquisitions seront définitives ; 70% des commerces ferment leurs portes et le gouvernement d’Unité populaire fait arrêter certains de leurs dirigeants ; la deuxième semaine d’octobre, une grande partie des étudiants du secondaire rejoignent la grève, de même que les professeurs de l’Université du Chili, les médecins et les étudiants des universités catholiques ; parallèlement, les ouvriers municipaux de Santiago arrêtent de ramasser les ordures.

15 octobre : généralisation des « cordons industriels » et des « commandos communaux » ; occupation massive d’entreprises et ouverture par la force de commerces par les Juntes d’approvisionnement.

17 octobre : l’état d’urgence est déclaré dans la capitale.

3ème semaine d’octobre : les conducteurs d’autobus de la capitale se mettent en grève à leur tour ; le gouvernement d’Allende déclare la fermeture définitive de plusieurs radios ; la Cour d’appel de Santiago et le Contrôleur général de la République déclarent ces mesures illégales et lancent une procédure contre le fonctionnaire responsable, Hernán del Canto, Secrétaire général du Gouvernement ; l’ensemble des grévistes fait circuler et remet au gouvernement d’Allende un document (« Pliego de Chile ») où, en sept chapitres, ils exposent leurs revendications : fin des sanctions gouvernementales, droit à l’information et liberté d’expression, respect de la constitution et des lois, participation des associations professionnelles à la planification économique, contrôle des armes et désarmement des groupe extrémistes, expulsion des étrangers extrémistes qui interviennent dans la politique nationale, dérogation des restrictions qui limitent la liberté de mouvement des Chiliens, fin des contrôles politiques et économiques, des Juntes d’approvisionnement et des Comités d’autodéfense de la Révolution, etc. ; le texte est signé par la Confédération nationales des propriétaires de camions du Chili, la Chambre centrale de commerce du Chili, la Confédération nationale unique de la petite industrie et de l’artisanat, la Confédération nationale des établissements et coopératives de réforme agraire, la Confédération nationale des petits agriculteurs du Chili, la Confédération nationale des travailleurs agricoles des provinces agraires unies, la société Fabril, le Conseil provincial bancaire du Chili, la Chambre chilienne de la construction, la direction unie des écoles professionnelles en conflit, le Front national des professionnels, la Fédération des étudiants de l’Université catholique du Chili, la Confédération nationale des chauffeurs de taxis du Chili et la Fédération de l’enseignement particulier.

24 octobre : l’opposition politique réunie, la Confédération de la Démocratie, appelle à un « jour de silence », largement suivi ; le gouvernement d’Allende fait état des pertes économiques : 200 millions de dollars, avec une perte fiscale de 6 milliards d’escudos ; la pénurie au quotidien prend des tournures dramatiques.

dernière semaine d’octobre : l’opposition parlementaire présente une motion de censure contre les ministres Jaime Suárez (Intérieur), Carlos Matus (Économie), Jacques Chonchol (Agriculture) et Aníbal Palma (Éducation) ; le 31 octobre l’ensemble du gouvernement d’Unité populaire démissionne.

2 novembre : afin de mettre un terme à la crise politique, Allende fait entrer dans son nouveau gouvernement trois militaires ; Carlos Prats, général en chef, devient vice-président et prend le portefeuille de l’Intérieur, le contre-amiral Ismael Huerta, celui des Travaux publics et le général de la brigade aérienne Claudio Sepúlveda, celui des Mines.

5 novembre : considérant que l’arrivée des militaires au gouvernement leur donnait des garanties suffisantes quant au suivi de leurs revendications, les grévistes d’octobre mettent fin à leurs actions.

mi-novembre : le gouvernement d’Allende donne les chiffres de l’inflation des 12 derniers mois, 130,2%.

1ère semaine de décembre : Allende commence une tournée diplomatique qui le conduira à l’ONU, au Mexique, en URSS et à Cuba.

28 décembre : la Chambre des députés adopte une motion de censure contre Orlando Millas et le suspend de son poste de ministre du Budget ; Allende le nomme ministre de l’Économie.

fin 1972 : le ministre de l’Économie estime que près d’un tiers des camions géants de Chuquicamata, 30% des autobus privés, 21% de tous les taxis et 33% des bus publics sont à l’arrêt par manque de pneus ou de pièces de rechange.

1973

2ème semaine de janvier : le ministre Flores annonce la création du Secrétariat national de la distribution qui devra se charger du contrôle total de la distribution sur base de contrats exclusifs des entreprises avec l’État ; les Comités de surveillance, apparus lors de la grève d’octobre, devront poursuivre leur travail de contrôle des entreprises ; parallèlement, devront cesser les échanges directs de produits et matières premières entre les entreprises ; un recensement des besoins des familles devra être réalisé et les organisations proches de l’Unité populaire devront assumer des fonctions de contrôle et de lutte contre le marché noir et la spéculation ; établissement d’un « panier populaire de la ménagère » composé d’une trentaine de produits de base, remis par les Juntes d’approvisionnement ; l’opposition condamne ce projet de rationnement, le comparant au système totalitaire mis en place dans les pays soviétiques et dénonce une tentative de la part de l’Unité populaire de contrôler politiquement la population par l’estomac.

19 janvier : le contre-amiral Ismael Huerta démissionne de son poste de ministre des Travaux publics, il est remplacé par le contre-amiral Daniel Arellano.

22 janvier : création du Secrétariat national de distribution et de commercialisation dirigé par le général Alberto Bachelet.

dernière semaine de janvier : les mesures annoncées par le ministre Fernando Flores – rationnement par système de cartes et « panier populaire de la ménagère » – commencent à être appliquées, mais de manière très partielle et incomplète.

février : l’inflation sur 12 mois atteint les 180%.

2ème semaine de février : grave conflit entre l’Université catholique de Santiago et le gouvernement d’Allende suite au projet d’extension à tout le territoire national du canal de télévision de l’université malgré le refus d’octroi de licence, refus considéré comme une tentative de limitation anticonstitutionnelle de la liberté d’expression.

3ème semaine de février : des membres du MIR appellent les soldats d’un régiment à se soulever contre leurs officiers.

22 février : publication d’un projet de réforme de l’enseignement (École nationale unifiée) qui provoque de fortes réactions de l’opposition en incluant dans ses objectifs « la préparation de l’Homme nouveau de la société socialiste ».

début mars : le président de la Cour suprême se joint aux accusations de l’opposition en déclarant illégales les procédures d’expropriation du gouvernement d’Unité populaire basées sur des décrets d’urgence.

4 mars : l’opposition au gouvernement d’Allende remporte les élections législatives avec 55,6% des suffrages (87 députés et 30 sénateurs) contre 44,1% pour l’Unité populaire (63 députés et 20 sénateurs) ; l’opposition rate de peu la majorité des deux tiers à la chambre (qui lui aurait permis de passer outre les vetos présidentiels) et au sénat (qui lui aurait permis de destituer le président) ; un rapport réalisé par des professeurs de la faculté de droit de l’Université catholique et présenté le 18 juillet fera état de fraudes électorales de la part du gouvernement.

7 mars : scission du MAPU, parti membre de l’Unité populaire.

3ème semaine de mars : le Contrôleur général de la République déclare illégale l’expropriation de la fabrique de ciment Bío-Bío décrétée par le ministre de l’Économie Orlando Millas.

22 mars : démission du gouvernement dirigé par le général Prats ; cinq jours plus tard, Allende constitue un gouvernement purement civil.

2ème semaine d’avril : le cardinal de Santiago demande au gouvernement d’Allende de postposer d’un an l’application de la réforme de l’enseignement afin de permettre un plus large débat sur la question.

12 avril : la Cour suprême dénonce auprès d’Allende la conduite de l’intendant de Santiago qui se refuse à faire appliquer les décisions de justices concernant des entreprises occupées.

17 avril : grève à El Teniente, la plus grande mine souterraine de cuivre au monde ; elle durera deux mois.

10 mai : motion de censure contre le ministre de l’Économie ; il est démis de sa charge le 20.

2ème semaine de mai : la Société nationale de l’agriculture appelle ses membres à résister par tous les moyens aux occupations illégales de leurs terres ; Allende décide de promulguer une partie des articles de son projet de réforme constitutionnelle des aires économiques ; l’opposition exige toujours la tenue d’un plébiscite sur cette question.

26 mai : face aux continuels refus de l’administration de faire appliquer des décision de justice, la Cour suprême s’adresse à nouveau à Allende pour dénoncer l’intromission de l’exécutif dans le judiciaire et pointer une rupture de l’ordre judiciaire ; Allende répondra le 12 juin en déclarant que le gouvernement ne pouvait faire appliquer les décisions de justice « de manière indiscriminée » et qu’il revenait à l’exécutif de juger de l’opportunité ou non de leur application ; le 25 juin, la Cour suprême répliquera en dénonçant l’arbitraire politique du gouvernement d’Unité populaire qui réduisait à néant les droits des justiciables.

29 mai : le Tribunal constitutionnel se déclare incompétent pour régler le conflit institutionnel qui oppose le gouvernement d’Allende et le parlement au sujet de la réforme des aires économiques.

31 mai : Osvaldo Dorticós, président de Cuba, visite le Chili.

5 juin : les envois de cuivre à l’étranger sont suspendus suite aux grèves des mineurs.

8 juin : le président de la Cour Suprême, Enrique Manzano, envoie une lettre au président de la Chambre des députés accusant le ministre de l’Intérieur de ne pas faire appliquer par la force publique certaines décisions de justice.

2ème semaine de juin : le congrès, malgré l’opposition des parlementaires de l’Unité populaire, ratifie un projet de réforme constitutionnelle visant à remettre aux paysans, de manière individuelle, les titres de propriété sur la terre.

20 juin : médecins, professeurs et étudiants se mettent en grève.

21 juin : le gouvernement d’Allende ordonne la fermeture pour six jours du journal El Mercurio, accusé d’inciter à la subversion ; le lendemain, un recours devant les tribunaux invalide cette décision.

29 juin : le régiment de blindés n°2, sous le commandement du colonel Roberto Souper, se mutine, pénètre dans le centre de Santiago et assiège le palais présidentiel ainsi que le ministère de la Défense (le Tanquetazo) ; l’armée reste fidèle au gouvernement (« doctrine Schneider ») et écrase la rébellion, qui cause la mort d’une vingtaine de personnes ; le jour suivant, le gouvernement d’Allende fait fermer sept radios d’opposition qui n’avait pas respecté le silence radio ordonné lors de la mutinerie.

2 juillet : la Chambre des Députés rejette le projet de loi du gouvernement ordonnant l’état de siège, le Sénat fait de même le jour suivant ; le Contrôleur général de la République rejette le décret du gouvernement relatif à la promulgation partielle de la réforme constitutionnelle des aires économiques.

3 juillet : l’opposition parlementaire lance une motion de censure contre le ministre de la Justice, Gerardo Espinosa, pour son rôle dans le blocage du canal de télévision de l’Université catholique.

5 juillet : le nouveau gouvernement d’Allende prête serment ; ce dernier annonce immédiatement un plan économique d’urgence.

8 juillet : l’ancien président Eduardo Frei, au nom de toute l’opposition, accuse le gouvernement d’Allende de favoriser la création de milices ouvrières, particulièrement dans les « cordons industriels ».

9 juillet : le parti communiste commence sa campagne « Non à la guerre civile ».

11 juillet : Patricio Aylwyn, secrétaire général de la Démocratie chrétienne, met fin au dialogue avec le gouvernement d’Allende.

mi-juillet : le gouvernement d’Allende annonce les chiffres de l’inflation, 282% sur base annuelle ; les forces armées procèdent à des perquisitions dans différentes zones du pays à la recherche d’armes, les efforts se concentrent sur les lieux de travail.

25 juillet : les camionneurs commencent une nouvelle grève ; le jour suivant, le capitaine de vaisseau Arturo Arraya, aide de camp naval d’Allende, est assassiné ; du 27 juillet au 3 août, on comptera 180 attentats terroristes ; durant toute la période du gouvernement d’Unité populaire, on dénombrera plus d’une centaine de morts consécutifs aux violences politiques ; la Démocratie chrétienne accepte de renouer les contacts avec le gouvernement d’Unité populaire.

31 juillet : Santiago Rafael Rodríguez, vice-Premier ministre cubain, arrive à Santiago et fait plusieurs déclarations sur la situation du gouvernement et de la gauche.

3 août : la Démocratie chrétienne met fin aux conversations avec l’Unité populaire sans être arrivé à un accord ; le même jour, commence une grève dans le secteur des transports ; une motion de censure est présentée contre le ministre de l’Intérieur rendu responsable de l’action de la police contre les transporteurs en grève.

7 août : le général Prats, commandant en chef de l’armée, présente une accusation pour infraction à la loi de sécurité intérieure de l’État à l’encontre du MIR et du député socialiste Palestro ; le même jour, la marine annonce avoir pris connaissance d’actions subversives en son sein ; le lendemain, 23 marins sont mis aux arrêts.

9 août : un nouveau cabinet, de « sécurité nationale », prête serment ; le général Carlos Prats devient ministre de la Défense, le commandant en chef de la marine Raúl Montero, ministre du Budget, le commandant des forces aériennes Ruiz Danyau, ministres des Travaux publics et le général des Carabiniers José María Sepúlveda, ministre des Terres et de la Colonisation.

21 août : des épouses d’officiers manifestent contre le général Prats : il démissionne de son poste de commandant en chef de l’armée ; le 23, il est remplacé par Augusto Pinochet ;

23 août : la Chambre des députés approuve, par 81 voix contre 47, un projet d’accord présenté la veille accusant le gouvernement d’Allende d’avoir violé la légalité, de viser à s’emparer de la totalité du pouvoir afin d’instaurer un système totalitaire, en opposition absolue avec la constitution chilienne ; dans cet accord, les parlementaires chiliens demandent au président de la République, mais aussi aux forces armées et aux carabiniers de mettre fin aux agissements illégaux du gouvernement d’Unité populaire qui mettent en péril l’ordre constitutionnel et légal du pays ; ce même jour, la marine de guerre déclare avoir des preuves de tentatives d’infiltration dans ses rangs de la part de responsables du MIR, du PS et du MAPU et demande la levée de leur immunité parlementaire ;

24 août : Allende dénonce dans une lettre publique l’accord du parlement du 23, y voyant une incitation au coup d’État et accuse l’opposition de vouloir le destituer sans accusation constitutionnelle formelle.

27 août : les commerçants entrent en grève.

septembre : l’inflation atteint 606%, le plus haut taux jamais atteint dans toute l’histoire du Chili.

4 septembre : la Démocratie chrétienne annonce une motion de censure contre tous les ministres qui auraient posés des actes contraires à l’accord du parlement du 24 août.

5 septembre : 200.000 femmes manifestent dans la capitale contre le gouvernement d’Unité populaire.

6 septembre : le gouvernement d’Allende annonce que les réserves de farine ne peuvent couvrir que quelques jours.

9 septembre : Carlos Altamirano, secrétaire général du parti socialiste, demande de se préparer à l’affrontement avec tous les moyens possibles.

10 septembre : dans la nuit, Allende envisage de faire un discours dans lequel il annoncerait l’organisation d’un plébiscite sur la réforme des aires économique réclamé depuis près de deux ans par l’opposition.

11 septembre : un coup d’État militaire renverse le gouvernement d’Allende et donne le pouvoir à une junte composée par le commandant en chef de l’armée, Augusto Pinochet, celui des forces aériennes, Gustavo Leigh, l’amiral José Toribio Merino et le général des Carabiniers, César Leonidas Mendoza ; Salvador Allende, assiégé dans le palais présidentiel de la Moneda, se suicide.

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Des leçons utiles et passionnantes, pour y voir plus clair sur quelques-unes des grandes questions économiques contemporaines.

Douze ans après ses 8 leçons d’histoire économique, Jean-Marc Daniel nous propose 10 nouvelles leçons. Toujours avec l’idée qui lui est chère que les événements qui se produisent paraissent souvent inédits, exceptionnels, voire particulièrement dramatiques, à ceux qui les vivent. Ces derniers omettant toutefois que, dans nombre de situations, les leçons du passé auraient p... Poursuivre la lecture

Les Français ont redécouvert avec surprise, il y a quelques années, l’inflation, qui avait presque disparu depuis une génération. Ils en ont vu les conséquences sur leur pouvoir d’achat, leur épargne ou les taux d’intérêt de leurs emprunts. Certes, presque partout dans le monde, l’inflation a récemment diminué, mais elle n’a pas disparu et peut revenir en cas de dérapage monétaire ou d’une gestion budgétaire trop laxiste. Selon l’OCDE, l’inflation est encore en 2024 (communiqué du 4 septembre) de 5,4% en moyenne, de 6,7% pour le G20 e et de 2... Poursuivre la lecture

Pourquoi le billet d'un dollar dans notre poche a-t-il une valeur ? Selon certains experts, la valeur de l'argent est établie parce que le gouvernement en place le dit. Pour d'autres commentateurs, la valeur de l'argent est due à des conventions sociales.

Article original paru dans Mises Institute.

 

La différence entre l'argent et les autres biens

La demande d'un bien découle de l'avantage perçu. Par exemple, les individus demandent de la nourriture en raison de l'alimentation qu'elle leur procure. En ce qui concern... Poursuivre la lecture

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