Pourquoi les scientifiques belges s’en prennent-ils à l’huile de palme : réaction du Docteur Guy André Pelouze à l’avis du conseil supérieur de la santé.
Le Conseil Supérieur de la Santé belge (CSS) vient d’émettre un avis recommandant une consommation limitée des aliments contenant de l’huile de palme. Nous avons recueilli les propos de Guy André Pelouze, chirurgien thoracique et cardio-vasculaires.
Peut-on affirmer que l’huile de palme est la cause principale des maladies cardiovasculaires ?
La question de l’huile de palme renvoie à la question de l’impact des régimes alimentaires sur les maladies chez l’homme. C’est une question d’une extraordinaire complexité. Il faut le dire pour éviter toute forme de simplification. Aujourd’hui, il y a peu de certitudes et beaucoup de points d’interrogation.
Pour l’huile de palme, la question essentielle c’est d’une part de quoi on parle, s’agissant d’un produit et non pas d’un fruit directement puisqu’on presse le fruit du palmier pour obtenir l’huile. Est-ce que ce produit est raffiné ou pas ? Et bien évidemment s’agissant d’un corps gras, quelle est sa composition ? Il y a des graisses saturées dans l’huile de palme, et ces graisses saturées ont été accusées de provoquer des maladies cardiovasculaires. Alors on en vient au fond du débat.
Force est de constater que ce n’est pas l’huile de palme, mais bien d’autres facteurs. Quand on veut faire une politique de prévention, il faut s’intéresser aux principaux facteurs et non pas aux facteurs secondaires. Les gens ont des infarctus, des AVC et font de l’artérite, à cause du tabac, de l’excès calorique, de la sédentarité, de l’hypertension, et après des facteurs génétiques et environnementaux. On constate qu’il y a plus de maladies cardiovasculaires dans les villes que dans les campagnes…
Les scientifiques du CSS ne se trompent-ils pas de cible ?
Il faut se concentrer sur les facteurs réels. Ensuite, il y a beaucoup plus simple que de se concentrer sur l’huile de palme. Quel est l’acide gras qui est le plus athérogène aujourd’hui ? Ce sont les acides gras trans et les acides gras trans de l’industrie, pas ceux qui sont fabriqués par les bactéries dans le rumen des vaches, mais ceux qui sont fabriqués par hydrogénation à haute température en présence de nickel des acides gras pour prolonger leur durée de conservation.
Ces acides gras trans on peut aussi en fabriquer dans sa poêle si on fait chauffer les huiles à trop haute température. Pour ces acides gras, très athérogènes, on peut s’occuper de nos pratiques culinaires, de nos pratiques industrielles, de la façon dont on fait la régulation des acides gras dans ce pays. C’est plus pourvoyeur de danger qu’une hypothétique consommation d’acides gras saturés. Contrairement aux acides gras saturés (dont certains ne sont pas athérogènes), dans les acides gras trans issus de l’hydrogénation des huiles par chauffage, il n’y a que des acides gras athérogènes. Quand on prend une margarine contenant des acides gras trans il y a forcément des acides gras athérogènes, et ils le sont très fortement. Dans les acides gras saturés, il existe une disparité des effets, certains sont beaucoup plus athérogènes que d’autres, et donc il faut être prudent quand on condamne tous les acides gras saturés. Le comble de ce rapport c’est qu’il affirme que les réglementations incitent à supprimer les acides gras trans par des acides gras saturés, alors que cette substitution est bénéfique.
Ce n’est pas seulement l’huile de palme qui est concernée, mais toute l’alimentation industrielle.
Si on est au-dessus de 8 % de consommation, il faut se poser la question des acides gras saturés, mais de TOUS les acides gras saturés, pas seulement de l’huile de palme : la viande grasse (viande de la grande consommation), les produits laitiers, et bien sûr les acides gras saturés des huiles végétales.
La problématique est bien celle des produits industriels dans leur ensemble, pas celle de l’huile de palme. L’individu qui consomme beaucoup de produits industriels va ajouter beaucoup d’acides gras saturés dans son alimentation. Celui qui consomme très peu de produits industriels va manger beaucoup moins d’acides gras saturés. Les produits industriels sont souvent source d’un excès calorique. Qu’on ajoute dans ces produits de l’huile de tournesol ou de l’huile de palme, ne va pas changer grand-chose dans la facture calorique.
Ce n’est pas l’huile de palme qui est concernée par ce rapport, ce sont les produits industriels. Il faut en consommer moins. Mais pas d’huile de palme. Si on continue de consommer de l’alimentation industrielle sans huile de palme, le résultat va être le même. On va mettre de l’huile de tournesol. L’huile de tournesol, ce sont des acides linoléiques, des oméga 6, c’est pro-inflamatoire, ça détériore le rapport entre omega 3 et oméga 6 et on va être de nouveau dans un rapport délétère pour la santé.
Vouloir limiter la consommation d’huile de palme risque d’avoir un effet inverse.
En effet, on est en train en faire une médecine médiocre. On est en train de nous dire qu’il ne faut pas consommer plus de 8 % d’acides gras saturés, mais qui fait cet effort ? Personne ne dispose d’un compteur qui lui dit combien il a mangé de grammes d’acides gras saturés. Ensuite, il y a des variations très importantes. Lancer un message de réduction des acides gras saturés pour tout le monde, c’est être assuré de l’échec, car cela va concerner des populations qui n’ont pas les mêmes régimes et les mêmes facteurs de risque.
On peut fournir des informations de qualité aux consommateurs. Dans le Nutella, un produit qui contient plus de 50 % de sucre, on ne peut pas prouver que ce sont les acides gras de l’huile de palme qui sont dangereux, en revanche, on peut aisément prouver que la quantité de sucre astronomique qui présente dans le Nutella est un danger majeur dans un pays où le diabète risque d’augmenter.
En faire une priorité, c’est inverser la hiérarchie des actions et cela relève d’une inefficacité totale, c’est donner de mauvais signaux aux populations qui vont s’attacher aux données constituantes des produits et ne pas s’intéresser aux facteurs essentiels (nombre de calories, faire de l’exercice physique, ne pas fumer et avoir moins de sucre rapide dans son alimentation…). Cela pose la question de pourquoi on le fait.
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A lire aussi : La graisse, ce faux ennemi
Ma grand-mère disait : «il faut varier les poisons.»
J’utilise un gras haram, le saindoux, super gras insaturé.
Le Conseil Supérieur de la Santé belge indique clairement qu’il faut être vigilent sur tous les acides gras saturés. Tous, et huile de palme incluse car elle se retrouve dans beaucoup de produit sans que l’on en soit bien informé. Le CSS n’indique pas dans son avis que l’huile de palme est la cause principale d’ACV. Son avis est en nuance, il est donc très malhonnête de faire des interviews en faisant croire le contraire. Le comité avait parlé des AG trans bien avant et parle aussi du beurre et des produits laitiers dans son avis. L’huile de palme, comme huile végétale est perçue comme « moins grave » que du beurre, or ce n’est pas le cas.
Comme le nutella, la confiture contient 50% de sucre
@Fortec : L’huile de palme est particulièrement visée, ne serait-ce que par le titre du rapport. Et par extension, la presse titre unanimement : « Il faut impérativement limiter la consommation d’huile de palme ».
Au final, que le CSS mette aussi en garde contre les autres sources d’AGS ou non, c’est l’huile de palme qui est visée.
Sinon, avec 40% de nos AGS provenant des produits laitiers, 13% des viandes (hors volailles), le titre de l’étude aurait été fortement différent.
Plus étonnant, le rapport oublie de mentionner que l’huile de palme ne compte que 9% de nos apports d’AGS.
Pour finir, sur tout plan, le beurre est « plus grave » que l’huile de palme.
Très consommé, davantage d’AGS et une mauvaise résistance à la cuisson… C’est incomparable.
Bon Dieu mais il faut lire le rapport avant de dire des âneries pareilles.
« La consommation excessive de certains acides gras saturés peut avoir des effets néfastes pour la santé en augmentant notamment le risque d’accidents cardio- vasculaires. Il s’agit des acides gras saturés dits « athérogènes » (AGS-ath). Il est recommandé de limiter leur consommation.
– L’huile de palme contient plus de 40 % de ces AGS-ath ; cependant elle est utilisée dans de nombreux aliments et préparations.
– Il convient de limiter la consommation de produits riches en huile de palme (par ordredécroissant : pâtisseries et gâteaux, plats préparés, viennoiseries, pizzas, quiches et pâtisseries salées, sandwichs, biscuits sucrés et barres, certaines pâtes à tartiner, margarines, etc).
– La consommation de certaines matières grasses laitières comme le beurre et la crème fraîche doit aussi être limitée en raison de la présence de proportions importantes d’AGS-ath.
– Pour ses apports nutritionnels en graisses, le consommateur doit privilégier des aliments pauvres en AGS-ath et riches en acide oléique et en acides gras polyinsaturés des familles omega-3 et omega-6. »
« Les matières grasses laitières constituent une source importante en AGS de l’alimentation (~40 % des apports en AGS). Toutefois, plus d’1/3 de ces AGS ne rentre pas dans la catégorie des AGS-ath (en raison du contenu élevé des matières grasses laitières en acide stéarique et en acides gras comprenant 10 atomes de carbone ou moins). Parmi les matières grasses laitières, le beurre et les fromages sont les deux principaux pourvoyeurs d’AGS (et dès lors d’AGS-ath) aux adultes. Leurs contributions sont comparables et ensemble, ils couvrent plus de 75 % des apports en AGS fournis par l’ensemble des matières grasses laitières. Cependant, la consommation de lait et de la plupart des fromages ne parait pas augmenter le risque cardiovasculaire (Nestel, 2012), et pourrait même protéger contre des altérations métaboliques liées à la prise de poids (obésité, diabète, hypertension artérielle) et référées sous le terme « syndrome métabolique » (Hostmark and Tomten, 2011). L’absence d’effets négatifs de ces sources d’AGS-ath proviendrait de leur contenu en certains nutriments protecteurs, comme le calcium et la vitamine D (Nestel, 2012). »
http://www.health.belgium.be/internet2Prd/groups/public/@public/@shc/documents/ie2divers/19088464_fr.pdf
Oui, la confiture contient du sucre, et ça se SENT.
Dans le Nutella, je ne sens RIEN. C’est un mélange infect!
J’ai toujours vu les asiatiques et les africains se goinfrer d’huile de palme, et se porter comme des charmes 🙂
Cette campagne qui affole la ménagère est évidemment le fruit d’un lobbying qui gagne d’avantage à vendre d’autres huiles, et invoque n’importe quoi, y compris la protection des singes 🙂
Mais le message est simple, et plus facile que de demander aux gens de renoncer à leur « junk food ».
exactement, comme le tourteau d’ arachide avant elle, l’huile de palme est surtout victime de son origine, de son prix trop bas ainsi que du lobbying des défenseurs des forets vierges.
plutot que de cracher sur l’huile de palme, les gens auraient besoin de coup de pieds dans le cul et d’un bon vélo pour aller au bouleau !!
C’est toujours le même empilement de mensonges…
Le gouvernement dit qu’il ne faut pas consommer de l’huile de palme, mais cela n’a rien à voir avec la santé publique, c’est pour faire plaisir aux écologistes qui ne supportent pas que des pays du Tiers-Monde (l’Indonésie notamment) se sorte de la misère en faisant commerce de cette huile sur des surfaces agricoles prise à des forêt tropicales.
Les notions de santé ne sont que l’habillage permettant de retomber sur ses pieds et de faire avaler l’argument aux gogos. Qui oserait remettre en question une réglementation sur la santé?
Donc
Plus d’huile de palme -> paysans pauvres ruinés -> retour de la forêt -> Oran-Outangs contents et écologistes misanthropes aussi.
(a l’échelle de la Belgique c’est évidemment modeste, mais il faut bien commencer quelque part.)
Bien entendu, personne pour rappeler à ces gens que le palmier à huile est une des plantes les plus productive qui soit ; autrement dit, pour obtenir la même quantité d’huile avec n’importe quelle autre variété végétale, il faudra bien davantage de cultures, et donc de surface cultivable prise sur l’environnement.
En plus d’être opposés au commerce, à l’enrichissement des pauvres, et menteurs sur des questions de santé publique, les écolos ne sont pas capable de se livrer à un raisonnement de base et finalement nuisent même aux causes qu’ils défendent.
Sauf que les méchants zécolo ne demandent pas l’arrêt de sa production mais l’arrêt de déforestation pour sa production. Chose possible.