En partenariat avec l’institut de sondage Opinea, et alors que la rentrée sociale s’annonce chargée avec la réforme des retraites, Contrepoints a voulu connaître la position des Français par rapport au système actuel, tant pour les retraites que pour l’assurance maladie. Et les résultats sont clairs : ils réclament la liberté.
Le sondage, portant sur un échantillon représentatif de 1009 individus, porte sur deux aspects : le système actuel de retraite d’une part, et le système d’assurance maladie d’autre part. Alors que le gouvernement n’a modifié qu’à la marge les systèmes sociaux, dans nos questions, nous avons cherché à savoir si les Français conservent toujours dans le système cette confiance que leur donnent volontiers les politiciens lorsqu’ils en parlent (résultats détaillés ici).
57 % des Français ne font plus confiance au régime de retraite par répartition
Ainsi, concernant la retraite, à la question de savoir s’ils accordent leur confiance au système actuel, fondé sur la répartition et qui impose aux actifs au travail de cotiser pour les retraités actuellement pensionnés, 57 % des sondés expriment leur méfiance : à l’évidence, les récentes mesures annoncées pour tenter de rassurer la population sur la pérennité du système n’ont pas convaincu.
De façon pragmatique, il ressort essentiellement que les Français, si on leur en donne le choix, introduiraient volontiers une part de capitalisation dans le système actuel (comme, du reste, en bénéficient déjà les fonctionnaires au travers de fonds spécialisés comme la PREFON) : 47 % sont en effet favorables à la modification de l’actuelle répartition pour tenir compte de cette possibilité. Plus important encore, ils sont 71 % à se déclarer favorables à la liberté de choix de son propre système de retraite, et 66 % pour la fusion des différents systèmes existants. Cette fusion aurait pourtant été réalisable par un système de retraite par points, mais cette solution a été écartée par le gouvernement. Elle n’était pourtant pas clivante et avait les faveurs des électeurs de gauche (70 %) comme ceux de droite (70 %). Lorsqu’on lui demande, le peuple français est donc assez proche des idéaux de sa devise de liberté (de choix) et d’égalité (de traitement).
Les jeunes Français sont favorables à l’introduction d’une retraite par capitalisation
Si elles devaient choisir entre la retraite par répartition et la retraite par capitalisation, 45 % des personnes interrogées prendraient la première option et 30 % la seconde. On observe que les plus jeunes préfèrent la capitalisation à la répartition et que l’attachement à cette dernière augmente avec l’âge et sans doute les cotisations versées.
63 % des Français souhaitent la fin du monopole de la sécurité sociale
Concernant la sécurité sociale, le constat est là encore très éclairant sur les vraies attentes des Français et le décalage qu’on observe avec ce qui se pratique pourtant actuellement.
Même si 47 % des Français s’estiment satisfaits des remboursements effectués par l’actuelle sécurité sociale, ils sont 50 % à ne pas trouver leur compte dans les prestations offertes par le régime d’assurance que l’État leur impose. Pour un système que, selon nos élus et nos syndicalistes, le monde nous envie et que les Français ont en tendre sympathie, voilà un résultat très mitigé.
On notera en outre que même à 47 %, la satisfaction est en réalité très modérée ; les Français parfaitement contents des remboursements (6 %) sont en réalité près de trois fois moins nombreux que les Français très insatisfaits (17 %) des montants récupérés via l’institution. Autrement dit, si, globalement, la Sécurité sociale ne perd pas encore complètement la face en équilibrant heureux et mécontents, la polarisation des populations ne se fait pas dans le sens qui lui serait le plus favorable, loin s’en faut.
La question suivante, qui porte sur la liberté de choix de son assurance santé, apporte le même constat que pour la retraite : les Français sont décidément attachés à leur autonomie qu’on leur a pourtant consciencieusement retirée.
Ainsi, avec 64 % de Français favorables à cette liberté de choix, il ne fait aucun doute qu’un référendum éclaircissant une fois pour toute la fin du monopole de la Sécurité sociale obtiendrait une majorité de voix en sa faveur, les indécis (8 %) ne pouvant apparemment pas faire basculer l’issue du vote.
Ce désir de liberté se confirme avec les questions suivantes : qu’ils soient eux-mêmes salariés (65 %) ou non (60 %), les Français sont très majoritairement favorables à ce que les salariés puissent choisir leur assurance maladie.
Enfin, le sondage montre que s’ils sont attachés à leur liberté (tant pour la retraite que pour la sécurité sociale) et l’égalité (notamment dans le traitement des pensions), les Français savent encore faire preuve de fraternité puisqu’ils n’ont pas renoncé au principe fondant la CMU (et la CMU Complémentaire), qui, rappelons-le, est une prestation sociale de couverture maladie basée sur l’impôt, et n’est donc pas une assurance santé à proprement parler. Ainsi, 54 % (pour la CMU) et 50 % (pour la CMU-C) semblent être favorables à ces aides sociales.
En revanche, l’AME (l’aide médicale d’État, distribuée aux étrangers en situation irrégulière) recueille une majorité d’opposition de la part des Français, avec 57 % d’entre eux défavorables à cette aide. Les gabegies et détournements massifs dont elle est régulièrement l’objet, ainsi que son gonflement incontrôlé et son coût extrêmement élevé pour la collectivité expliquent sans doute cette opposition.
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Résultats détaillés disponibles ici.
Sondage effectué du mardi 27/08 au lundi 02/09, sur un échantillon représentatif de la population française (des 18-64 ans) en termes de sexe, âge, région et CSP, suivant la méthode des quotas, de 1009 individus. Les pourcentages étant arrondis, la somme peut être légèrement différente de 100. De même, la somme des « Très satisfaits » et des « Plutôt satisfaits » peut différer légèrement du sous-total « Positif ».
Excellent article, qui fait la démonstration que notre doux pays peut trouver des solutions en utilisant le levier du référendum!
Il y a quelques mois, j’avais publié un article (qui avait eu du succès 🙂 ) inventoriant douze référendums « pour réhabiliter la France » :
http://sylvainjutteau.blogspot.fr/2013/01/douze-referendums-pour-rehabiliter-la.html
Contrepoints pourrait le publier, non ?
Bises.
Exactement
Une preuve de plus que la classe mediatico politique Française
1/ ne représente pas de loin les Français
2/ leur laisse croire par son monopole de la parole, que l’avis majoritaire est celui qu’elle clame.
Vivement la démocratie directe.
Voila un sondage qui devrait mettre les choses au clair! Et sans surinterpréter ses résultats, force est de constater que les Français ne sont pas hostiles à des mesures que réclament depuis toujours les libéraux (ces infâmes torturateurs de chatons): la liberté de choisir comment faire face aux aléas de la vie en modulant le risque selon son tempérament.
Si Contrepoints pouvait continuer à « sonder » le désir de liberté de ce pays, le service rendu aux idées libérales serait immense et je suis prêt à verser mon éco (sans pour autant réclamer le tripotage des chiffres, qu’on se le dise).
Le réel, dans toute sa limpidité, voila la clé du problème car, sans contrainte, pas de bénéfice (merci M.Taleb, l’Antifragile).
Comme vous le signalez très bien, c’est une question de moyens, et pour qui souhaite un journalisme plus équilibré, alors cliquer sur le bouton « faites un don » est un pas dans la bonne direction.
http://www.contrepoints.org/faites-un-don/
Je viens de faire, mais est-ce vraiment un pas dans la bonne direction :
il est indiqué « cliquez à gauche ». OK, le bouton est en fait à droite, mais quand même ! 🙂
En soit, vous avez tout à fait raison. Le problème dans un système collectiviste comme celui ci, c’est quand vous vous faites voler 60% du fruit de votre travail, vous n’avez pas forcément envie de donner encore après.
Pas une nouveauté !
Ce sont les politiciens qui sont bornés (et lâches) au contraire de la majorité des Français.
4 commentaires:
1/ Un gouvernement socialiste ne s’avancera hélas pas dans un système de retraite par capitalisation; question de plate-forme électorale.
2/ il faudrait encore savoir dans quoi placer ses cotisations de retraite par capitalisation si un tel système était institué; la confiance dans les banques est en berne; les fonds d’Etat? oui peut-être mais lesquels?; les fonds communs de placement? idem? les devises? le Yuan peut-être…?
3/ si l’on pouvait éviter toute bagarre – mais ne rêvons pas, en France on fera d’abord la grève dans les services publics… – : introduction progressive d’une part de capitalisation dans les cotisations (pe 10%, comme les Suédois l’ont fait il y a x années je crois)
4/ pouvoir réaliser son capital de retraite à tout moment, mais avant la retraite légale due à la retraite par répartition…
entre autres commentaires…
1) Des gouvernements socialistes ont fait, ailleurs dans le monde, d’authentiques réformes libérales. Le problème en France c’est que les socialistes ont un sacré train de retard idéologique.
2) Diversifiez votre panier !
3) Le préalable est bien entendu de retirer toutes les subventions des syndicats, ceux-ci doivent se financer uniquement par les cotisations et les dons. Ensuite de telles réformes doivent être faites après des référundums.
4) Pourquoi l’État devrait-il fixer un âge légal de la retraite !?
1/ oui la France socialiste n’est pas la Suède…
2/ tout à fait d’accord, mais il faut l’aide de bons gestionnaires financiers pour savoir diversifier, beaucoup de gens n’ont aucune expérience; et puis gérer un capital diversifié demande ensuite un bon suivi, de la réactivité,… pas si facile dans la pratique;
3/ essayez de retirer tous les avantages acquis par les syndicats français et les grèves vont se multiplier… evidemment avec une Thatcher à la barre…
4/ dans un système de retraite par répartition, encore majoritaire pendant longtemps même si on introduit progressivement de la capitalisation, il doit exister un âge légal de départ, ou une durée de cotisation minimale pour partir à 100%; c’est une règle systémique, mais non étatique; mais rien n’empêche en fait de décoter sa retraite par répartition en partant avant; mon commentaire visait à ce que cette borne n’oblige en rien chacun quant au moment de réaliser son capital.
Article en rapport : http://www.contrepoints.org/2013/02/02/113399-exclusif-je-quitte-la-secu-episode-1 (enfin, moi je trouve ;-))
Quelle est la taille de l’échantillon et le moyen de test (internet, téléphone…) ?
Tout est dans le fichier dont le lien est donné en fin d’article. La taille de l’échantillon est de 1009 personnes.
Merci h16.
Je m’attendais à lire l’échantillon dans le paragraphe en italique sur la méthode de test et je n’ai pas prêté attention au lien.
Merci à Contrepoints pour le sondage !
Par curiosité, ça revient à combien de réaliser un sondage?
En tout cas, merci de montrer le décalage entre l’offre politique et les attentes d’une partie des français !
Y’a t’il déjà eu un exemple, dans un autre pays, d’un passage de retraite par répartition à un système par capitalisation?
Comment se passe la transition? Est ce applicable au cas français?
@Mixou
Je te conseille donc cet article de Pascal Salin, qui répond, à mon sens, à tes questions : http://ami.du.laissez-faire.eu//_salin3.php5
je l’ai déjà dit plus haut dans mon commentaire: voir le système suédois; qui a été mis sur pied dès 1991!!… on est très en retard en France…
Mais il doit y avoir d’autres exemples.
Oui le Chili a entrepris de passer à une retraite par capitalisation et personne ne regrette plus la vielle lune communiste de la répartition.
Mais évidemment c’était au début des années Pinochet, et cela est inadmissible pour la gauche française.
Curieusement la gauche chilienne, elle, après la fin de la dictature, s’est bien gardé de toucher à la retraite par capitalisation quand elle a retrouvé le pouvoir.
La différence entre idéologie stupide d’un autre siècle et le pragmatisme; ou tout simplement l’honnêteté intellectuelle.
Le sondage en grandeur nature du 6 mai 2012 a donné une majorité de 51,6% des voix, valable pour une durée fixe de 5 ans, à un candidat opposé en tous points à ces thèses. Français, assumez!
Il n’y avait pas de candidat favorable à ces thèses. Dictateurs du choix des candidats, assumez !
Désolé, mais ceci est un faut débat.
Le débat n’est pas entre un système par répartition obligatoire et un autre par capitalisation obligatoire. Le vrai débat est entre un système obligatoire et un autre qui est volontaire, quel qu’il soit.
Je suis contre un modèle de retraite imposé, qu’il soit par capitalisation ou par répartition.
Problème mal posé : la répartition ne pouvant exister qu’en étant obligatoire, souhaiter avoir la liberté de choix revient à souhaiter la suppression de la répartition. La capitalisation n’est pas un « modèle » : c’est toutes les options devenues possibles quand on a mis fin à la spoliation de la répartition forcée.
La répartition peut exister volontairement. Vous avez entendu parler des Sociétés de Secours Mutuel?
Au delà de la viabilité de la retraite par répartition, si les gens y consentent volontairement, c’est leur problème. Vous n’avez pas à vous en mêler.
Je ne suis pas toujours d’accord avec le radicalisme de Cavaignac, mais là, si. Le système par répartition n’est jamais plus qu’à moitié volontaire puisque seuls les cotisants actuels sont d’accord, ceux qui se retrouvent engagés à payer leurs retraites ne sont pas encore en âge d’accepter.
Je ne pense pas être radical, au sens d’un radicalisme politique. Ou alors, il faut convenir que la logique et la vérité sont radicales, ce que je revendique bien volontiers.
Disons que vous êtes rarement en faveur des transitions douces ou des compromis. Sans être moins sympathique pour autant … 🙂
Pas nécessairement. Dans un système volontaire, les cotisants actuels devront accepter la possibilité que personne n’accepterait de cotiser pour eux quand ce sera leur tour de partir à la retraite. En ce sens, rien n’engage les générations futures à cotiser contre leur gré. Dans un tel système, on cotiserait d’abord par solidarité.
Les sociétés de secours mutuel n’ont strictement rien à voir avec la répartition telle qu’elle est organisée. Elles accumulent des fonds pour les redistribuer équitablement entre volontaires dans le besoin. La répartition dépense immédiatement les fonds volés auprès d’individus contraints de participer contre leur volonté. Aucune accumulation dans la répartition : ce qui est spolié est immédiatement détruit.
La répartition est un système de Ponzi. Dans n’importe quel pays civilisé, organiser un système de Ponzi est illégal et vous envoie en prison pour 150 ans.
Je suis absolument favorable aux sociétés de secours mutuel à adhésion volontaire, autrement dit aux assurances, pour remplacer les systèmes collectivisés agissant sous la contrainte, en application de la loi du plus fort.
Ne confondons donc pas la répartition « telle qu’elle organisée », puisque moi aussi je la rejette, et la répartition « telle qu’elle pourrait être », sans coercition.
Si un groupe décide volontairement de cotiser pour verser une retraite à ses membres les plus âgés. Du moment que l’adhésion au groupe est strictement volontaire, je ne vois pas où est le problème.
Les systèmes de Ponzi ne sont pas illégaux (ou du moins, il ne devrait pas l’être), c’est la fraude qui les accompagne qui est illégale. Ça n’a rien à voir.
On peut être d’accord avec votre présentation de la répartition « volontaire ». Pour autant, il est difficile de comprendre comment un individu sain d’esprit pourrait cotiser à un système dans lequel il n’a aucune certitude que de nouveaux contributeurs adhéreront par la suite en nombre suffisant pour le financer, lorsque son tour sera venu de bénéficier du système.
C’est l’expérience humaine qui conduit à juger dolosif n’importe quel système de Ponzi, y compris une hypothétique répartition « privée ». Et aussi la logique et le bon sens : un système qui dépense avant d’avoir accumulé est au mieux un système condamné d’avance, au pire une tromperie, un vol.
Il est essentiel de comprendre qu’une société de secours mutuel n’a rien à voir avec la répartition socialiste telle qu’elle est mise en œuvre aujourd’hui.
c’est pas désespéré donc