En ce moment, il ne flotte absolument pas un parfum d’agacement en France. La petite pluie fine d’impôts et de taxes qui est tombée à l’orée du mois de Septembre est le nécessaire arrosage étatique qu’il faut pour assurer à la nation une repousse vigoureuse lorsque le printemps reviendra. Certes, cela fait quelques années qu’on attend ce printemps, et la bruine légère ressemble à s’y méprendre à la rupture d’un barrage majeur. Mais baste : moyennant quelques articles de propagande dans Le Monde ou Libération, la Socialie saura calmer tout le monde.
Et c’est ainsi qu’on découvre que le 11 septembre dernier, Louis Maurin, le directeur de l’Observatoire des Inégalités, s’épanchait dans Libération et qu’il a remis ça le 20 septembre dans Le Monde. Pour situer, rappelons que cet Observatoire n’est absolument pas une administration ou une institution officielle de la République mais bien une association loi 1901, et qu’elle est généreusement nourrie de subventions et baignée dans l’onde réjouissante d’une direction composée de sociologues et d’économistes dans la plus pure tradition universitaire française, c’est-à-dire – soyons clairs – socialistes, keynésiens et délicieusement étatistes.
Et que nous dit ce brave thuriféraire de l’impôt joyeux ? Que le ras-le-bol fiscal, il en a ras-le-bol, mes bons amis ! Eh oui : pour lui, tout ceci est un peu du flan (et merci François) ; en fait, l’impôt a salement baissé entre 2000 et 2010 à cause de la drouate, et maintenant, la gauche doit rattraper les phynances publiques, laissées en triste état par les méchants prédécesseurs, en faisant payer les classes modestes et moyennes parce que les aisées avaient échappé au tabassage toute cette longue décennie.
C’est mignon, ne trouvez-vous pas ? Eh oui : pour notre ami Moron Maurin, c’est un peu comme si les 2000 milliards de dette française étaient apparus, pouf, tout seuls à la sortie du quinquennat sarkozien. Et les 40 années de déficits chroniques ne sont pas directement responsables de l’état des choses actuellement. Le fait que la dépense publique a augmenté sans cesse depuis 40 ans n’est pas non plus l’explication principale (39,8% de prélèvements obligatoires en 1979 contre 44,7% en 2012, une belle diminution de -4.9% !).
Et au final, le « ras-le-bol » fiscal dont on entend parler ne serait qu’une opération de communication, voire une intox, habilement mise en place par cette population aisée qui ne veut surtout pas participer au redressement des finances publiques. Délicieux discours jamais entendu : « si vous payez des impôts, c’est pour redresser les phynances du pays, voyons ! » Discours qui n’a jamais permis ni de contenter les payeurs, ni de redresser les phynances en question. Question flan, on est en plein dedans, depuis un moment, même.
Quant à l’intox que notre Maurin pressent, on a du mal à en voir le début d’une : certes, les classes aisées doivent probablement grogner de payer plus d’impôts (qui ne grognerait pas dans cette situation ?) mais c’est surtout la grogne de tous les autres qu’il est difficile de camoufler. Et puis, il est clair que le million (et même un peu plus) de nouveaux contribuables ne peut que fermer sa grande jatte, parce qu’après tout, ce sont de gros aisés qui furent honteusement épargnés pendant les 10 dernières années par la drouate. Non ?
Et pendant que notre sociali-pardon-sociologue tente de nous faire passer ses vessies fiscales pour des lanternes économiques, le gouvernement nous entame un petit air de flutiau sur le thème de la pause fiscale. J’en ai déjà parlé ici même, notant surtout que cette pause semait la confusion au sein du gouvernement… et n’arrivait absolument pas à convaincre les Français : sur dix, sept d’entre eux pensent que le gouvernement n’arrive pas à tenir sa promesse et que les impôts continueront d’augmenter.
Du reste, force est de constater que plus on parle de cette pause, plus la petite bruine fiscale évoquée en introduction se fait violente. C’est une méthode connue : le soulagement des Français sera forcément très perceptible lorsque les impôts auront été montés à un niveau insupportable par petits coups successifs, et que ces coups s’arrêteront. Certes, le niveau ne redescendra pas, mais l’arrêt des coups sera perçu comme une amélioration, tout comme un déficit moins fort que prévu est rapidement considéré par nos amis socialistes (de droite et de gauche) comme une manne exceptionnelle…
Les conséquences de cette bastonnade tous azimuts se font déjà entendre, pour qui veut les écouter (Et Maurin, toi aussi, si tu écoutes, tu entendras autre chose que les classes aisées qui couinent). Ainsi, les agents du fisc commencent à montrer des signes clairs de fatigue et de stress à mesure que se dégrade leur contact avec la populace, déjà passablement énervée de se découvrir si riche alors qu’elle a du mal à joindre les deux bouts. Le syndicat maison déclare ainsi :
« Dans les services, l’inquiétude des agents est chaque année de plus en plus vive car, si les sollicitations des contribuables sont de plus en plus nombreuses, la tension augmente également, confirmée par une hausse du nombre d’incidents et la multiplication des agressions verbales voire physiques »
Soyons francs : j’aurais du mal à prétendre que l’inquiétude et la tension des inspecteurs du fisc ne me réjouit pas, puisqu’elle traduit à la fois la montée palpable de la grogne des moutontribuables et la nervosité des institutions étatiques sur le plan financier. Et on sent que ce n’est que le début … Mais d’un autre côté, il faut bien reconnaître qu’aussi artificiel puisse sembler ce « ras-le-bol fiscal » pour les sociologues/économistes d’opérette payés avec nos impôts, les conséquences commencent déjà à se faire sentir.
Ainsi, comment passer sous silence la grogne des « poussins » ou la placer dans le registre des caprices d’enfants gâtés, alors qu’un récent sondage montrait que les (ex)actions brouillonnes et délétères de la ministre des PME, une certaine Sylvia Pinel, allaient provoquer la disparition de près de 40% d’auto-entrepreneurs et limiter sérieusement l’activité de plus de 46% d’entre eux ?
À cette question s’ajoute celle de savoir comment camoufler la récente montée en puissance des « tondus », ce mouvement composé d’entrepreneurs lassés de se faire racketter par le RSI, ce régime de sécurité sociale spécialement destiné à sucer les cotisations retraites et salariales des indépendants dans la plus parfaite opacité de fonctionnement, de calcul ? Il apparaît en effet que, d’un côté, ce mouvement a réussi à rassembler près de 300.000 entrepreneurs, lassés de servir de vache-à-lait, et qui refusent donc depuis plusieurs semaines de payer toute cotisation au repaire de mafieux désorganisés qui continuent à utiliser les voies judiciaires pour tenter de faire croire à un monopole depuis longtemps révolu. Que penser, en outre, du récent dépôt de marché public de ce même RSI afin de lui fournir des prestations de conseil et de représentation pour des procédures devant la Cour de Cassation et le Conseil d’État ? Comment ne pas s’étonner qu’il n’ait pas déjà ce genre de prestations disponible en interne ? Comment ne pas se demander pourquoi le besoin se fait aussi fortement sentir, si ce n’est, on s’en doute, parce que les contentieux augmentent maintenant de façon exponentielle ?
Comment ne pas voir que cette bastonnade fiscale provoque, au-delà du mécontentement croissant de la population, des effets adverses catastrophiques dans les entreprises et chez les créateurs de richesse ?
Et surtout, comment ne pas comprendre, devant la confusion qui règne au gouvernement (tant sur le plan de la communication que des mesures prises dans les domaines économiques et fiscaux), qu’il est maintenant en mode « panique », où tout est fait pour trouver de l’argent, le plus rapidement possible, pour boucher les trous qui se multiplient ?
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Sur le web
La liste du personnel de cet observatoire des inégalités est pour le coup assez inégal. A part le fondateur de Alternative Eco., il n’y a visiblement pas un seul qui bosse dans le privé. Alors que des gens dépendant entièrement de la fonction publique n’aiment pas qu’on critique la hausse d’impôt est assez savoureux. On ne mord pas la main qui te nourrit.