Une étude empirique montre un lien entre l’expansionnisme monétaire d’une part, et la crise et la montée des inégalités d’autre part.
Par Vladimir Vodarevski.
Les médias ont parlé cette semaine du creusement des inégalités aux États-Unis. Jamais, aussi loin que remontent les statistiques (1917), les 10% les plus aisés n’auraient gagné une part aussi importante des revenus du pays, la moitié, selon Emmanuel Saez.
Les Échos ont publié sur le sujet un article assez correct, mais qui conclut d’une manière totalement illogique. Un graphique fait un parallèle avec le pic de la bulle boursière des années 1920, en 1928, qui avait vu également une augmentation de la part des plus riches dans le revenu des États-Unis. Les Échos soulignent que la politique de création monétaires de la Fed favorise les plus riches. En effet, celle-ci provoque une inflation sur les marchés financiers, notamment la bourse. Or, ce sont les plus riches qui détiennent des titres financiers (quoiqu’il faudrait comptabiliser les fonds de retraite, et j’ignore si Emmanuel Saez a retraité ses chiffres pour en tenir compte). D’où, mécaniquement, une augmentation des gains des plus riches. Le même phénomène s’était produit dans les années 1920.
Ce parallélisme impose une conclusion : la politique de création monétaire favorise les plus riches. Elle creuse les inégalités. Il faut donc cesser ce type de politique.
D’autant que cette politique a d’autres inconvénients. C’est également une politique monétaire accommodante qui a précédé la crise de 1929, comme aujourd’hui, où la politique de croissance par le crédit, c’est-à-dire la création monétaire, a précédé la crise actuelle. Par contre, l’Europe et les États-Unis ont connu une période de croissance régulière après 1945, dans le contexte des accords de Bretton Woods, qui limitaient la possibilité de création monétaire. Ces accords ont été rendus caducs car les États-Unis ne les ont pas respectés, à la fin des années 1960, et, comme par hasard, une crise économique est arrivée.
Une étude empirique montre donc un lien entre l’expansionnisme monétaire d’une part, et la crise et la montée des inégalités d’autre part.
Mais, de manière surprenante, l’article des Échos conclut en changeant complètement de sujet. Il conclut que ce sont les impôts qui peuvent réduire les inégalités ! Un hors sujet complet, puisque le corps de l’article indique que la cause des inégalités est la politique monétaire. Il faut donc cesser la politique monétaire expansionniste. Que viennent faire les impôts là-dedans ?
En fait, l’article des Échos, comme il l’indique, reprend une note publiée par Emmanuel Saez. La marotte de ce dernier, ce sont les impôts, comme son compère Thomas Piketty. Il utilise un raisonnement simple : les inégalités augmentent, ce n’est pas moral, il faut faire jouer l’interventionnisme des politiciens, qui doivent réduire les inégalités en prenant aux plus aisés pour donner aux autres. Sans préciser qui sont « les autres », comme ça tout le monde se sent concerné, car personne ne s’estime aisé. L’explication de l’augmentation des revenus des plus aisés dans l’article arrive comme un cheveu sur la soupe, et casse la rhétorique. Elle ne doit pas figurer dans la note de Saez. Sinon, ce serait curieux. Indiquer la cause mais refuser de la traiter…
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Sur le web.
C’est absolument vrai!Mais c’est sur c’est moins sexy de dire que la politique monétaire des banques centrales est une catastrophe car la stabilité monétaire n’est pas assurée que de dire il faut spolier les « riches qui saignent le peuple a blanc »!Et cela à commencer lorque le standard -or et argent à été aboli!
« La relance monétaire creuse les inégalités »
Logique car ce sont déjà les plus riches qui bénéficient en premier lieu de cette expansion monétaire!
Je préfère la logique qui dit que même sans la relance les plus riches continuent de s’enrichir.
Y a-t-il une accélération du phénomène, c’est pas sûr, mais je problème demeure.
Il n’y a pas de choix entre plusieurs logiques. Il n’y en a qu’une : la relance monétaire fait progresser les marchés financiers, et donc la fortune des plus riches. Sans cette relance, la fortune des plus riches ne progresserait pas autant. C’est sûr. Même si la logique ne plaît pas, elle est incontournable. Il n’y a pas de question de préférence. C’est une question de fait.