Par Ronald Bailey
« Tout le monde veut plus d’argent ! », déclare l’animateur de télévision Jimmy Fallon dans la publicité pour la carte bancaire de Capital One. À part le bébé tout mignon qui jette des cheerios à Fallon quand il lui offre 50% de remboursement supplémentaire. Peut-être que le bébé de la publicité pour Capital One est un adepte du paradoxe d’Easterlin et rejette l’offre d’argent supplémentaire parce qu’il croit que davantage d’argent n’achète pas davantage de bonheur.
Dans son article de référence écrit en 1974, « La croissance économique améliore-t-elle le sort de l’homme ? Quelques preuves empiriques », l’économiste Richard Easterlin nota que même si les revenus dans différents pays avaient augmenté, ce n’était pas le cas du bien-être et de la satisfaction rapportés dans les sondages. Autrement dit, davantage d’argent ne rendait pas les gens plus heureux. Ces quarante dernières années, le paradoxe d’Easterlin a plus ou moins été une sagesse populaire.
Alors pourquoi davantage de biscuits n’engendrent-ils pas davantage de plaisir ? Des chercheurs ont fait valoir que ce sont les revenus relatifs qui importent vraiment pour la satisfaction globale d’une personne. L’implication est que si les statuts socio-économiques relatifs n’évoluent pas alors même que tout le monde s’enrichit, alors le bonheur moyen dans le pays n’augmente pas. Avoir une longueur d’avance sur ses voisins rend une personne plus heureuse, mais s’enrichir au même rythme qu’eux, non. D’autres chercheurs ont indiqué que la hausse des revenus force les gens à une recherche hédoniste incessante. L’assertion est que lorsque les revenus des gens augmentent leur bonheur augmente à court terme ; mais une fois qu’ils s’habituent à leurs nouvelles richesses et que leurs aspirations grandissent leur niveau de bonheur retombe au niveau précédant cette augmentation.
En observant les comparaisons faites dans plusieurs pays entre revenus et bonheur, Richard Layard, professeur à la London School of Economics, a conclu qu’« au-delà de $15 000 par tête, des revenus moyens plus élevés ne sont pas la garantie d’un plus grand bonheur. » Tout cela fait que promouvoir la croissance économique est inutile : quand tout le monde devient plus riche, personne ne devient plus heureux. En outre, Layard fait valoir que la concurrence des revenus entre vous-même et les Dupont induit une externalité négative, parce que le succès des Dupont réduit vos revenus relatifs, vous rendant moins heureux. Le romancier Gore Vidal a résumé ce constat dans cette boutade : « Chaque fois qu’un ami réussit, je meurs un peu. » Si le paradoxe d’Easterlin est réel, le bébé de la publicité pour Capital One a raison de refuser plus d’argent, puisqu’il ne lui apportera probablement pas plus de bonheur.
Au cours des dernières années, toutefois, de nouvelles recherches ont mis en doute le paradoxe d’Easterlin. Peut-être que davantage d’argent rend effectivement les gens plus heureux. Les analyses effectuées par Daniel Sacks, Betsey Stevenson et Justin Wolfers de l’Université de Pennsylvanie sont particulièrement intéressantes. Dans leur étude mise à jour en 2010, « Bien-être subjectif, revenus, développement économique et croissance », les trois chercheurs comparent les données de sondages sur le bien-être subjectif venant de 140 pays avec les revenus et les taux de croissance économique de ces mêmes pays. Les chercheurs constatent que, dans chaque pays, les plus riches sont plus heureux que les plus pauvres, les gens dans les pays plus riches sont plus heureux que les gens dans les pays pauvres, et au fil du temps une croissance économique accrue entraîne une augmentation du bonheur. « Ces résultats suggèrent que le taux de bien-être subjectif va de pair avec les conditions de vie matérielles », concluent-ils.
Fait intéressant, les chercheurs constatent qu’« une augmentation de revenus de 20% a le même impact sur le bien-être quel que soit le niveau initial de revenus : passer de $500 à $600 de revenus par an génère le même impact sur le bien-être que de passer de $50 000 à $60 000 par an. » Évidemment, cela signifie qu’à des niveaux plus élevés de revenus, il faut plus d’argent pour acheter un petit supplément de bonheur, mais les trois chercheurs ne constatent aucun seuil au-delà duquel davantage d’argent n’achèterait pas davantage de bonheur – certainement pas le seuil de Layard de $15 000 par habitant.
À quel point les gens qui vivent dans les pays riches sont-ils plus heureux, en moyenne, que ceux qui vivent dans les pays pauvres ? Sur une échelle de satisfaction de 0 à 10 points, Stevenson a noté que les personnes dans les pays pauvres indiquent en moyenne 3 points de satisfaction, les pays à revenu intermédiaire sont autour de 5 à 6 points, et les citoyens des pays riches indiquent des niveaux de bonheur entre 7 et 8 points. Pour ce que ça vaut, la Base de données mondiale du bonheur indique que les États-Unis ont une moyenne de 7,4 points sur l’échelle de bonheur. Si les pays riches sont des endroits plus heureux, cela suggère fortement qu’ils ont obtenu ce résultat via la croissance économique.
Depuis 1970, le produit mondial brut a plus que quintuplé, passant (en dollars constants de 2005) de $11 trillions à $57 trillions aujourd’hui. Dans le même temps la population mondiale a augmenté de 3700 à 7000 millions, ce qui signifie que le revenu annuel moyen par habitant de la planète a augmenté, passant d’environ $3 000 à plus de $8 000. En tenant compte des tendances de l’ensemble des données d’enquêtes de bien-être, les chercheurs trouvent qu’« au cours des dernières décennies, le monde est devenu plus heureux, et presque tous les gains sont attribuables à l’augmentation du PIB (produit intérieur brut ). »
Il y a une valeur aberrante dans les données sur les tendances recueillies par Stevenson et Wolfers : les États-Unis. En moyenne les revenus par habitant ont augmenté, passant de près de $20 000 en 1972 à $42 000 aujourd’hui, le bonheur moyen américain n’a guère bougé. D’autre part, selon les données de l’Enquête sociale générale, en 1972 86% des américains ont affirmé qu’ils étaient soit heureux soit très heureux. Le chiffre était de 89% en 2006.
Ce que Stevenson et Wolfers ont remarqué, c’est que les différences de niveaux de bonheur s’atténuaient dans certains groupes démographiques. « Les deux tiers de l’écart de bonheur noirs-blancs a été érodé, et l’écart de bonheur entre les hommes et les femmes a complètement disparu », notent-ils. La différence entre les hommes et les femmes a visiblement diminué parce que les femmes américaines sont devenues un peu moins heureuses que les hommes au fil du temps. Et des gens ayant un niveau d’études universitaires sont devenus plus heureux alors que les Américains ayant tout au plus un diplôme d’études secondaires sont devenus moins heureux. Les chercheurs émettent la supposition que les Américains ont été perturbés par « une foule de changements économiques, sociaux et juridiques » qui ont compensé l’augmentation du bonheur américain à laquelle on pourrait normalement s’attendre avec des revenus plus élevés.
Il n’empêche que les derniers résultats de la recherche sur le bonheur semblent justifier la sagesse de l’observation ironique de la romancière Gertrude Stein : « celui qui a dit que l’argent ne peut pas acheter le bonheur ne savait pas où faire ses emplettes. »
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Un article de la revue Reason – Traduit de l’anglais par Laure Lancelle Sanvito pour Contrepoints.
In Gold you trust ! Le billet vert ou le billet bleu représentent surtout l’inflation. Les taxes, un Etat géant, un gouffre béant. Il est là l’aspirateur de bonheur. On doit faire bac+5, on doit payer 50% de taxes, travailler 6 mois pour l’Etat, quoi, il y en a qui rale. Vous ne connaissez pas votre chance. La démocratie vous aime, vous protège et vous pique vos thunes. Venez, votez, et goutez au vrai plaisir de vous faire enfiler 2 fois avec votre consentement.
L’auteur semble savoir certaines choses sur l’argent.
Mais pour le bonheur (qu’il confond avec « bien-être »)… il le définit par la croissance économique.
Si ça n’est pas une tautologie qu’est-ce?
Le titre de l’étude cite bien-être et développement économique, mais justement pour mettre en évidence le lien entre les deux, pas pour définir l’un à partir de l’autre. Les sujets testés évaluent eux-même leur satisfaction, à aucun moment la croissance économique ne rentre en compte dans ce classement… en dehors de ce que les gens eux-même en tiennent compte pour leur propre bonheur.
Le bonheur consiste d’abord à créer un certain confort matériel pour soi-même et ses proches, ce niveau minimum étant à la base de la recherche de l’autre versant du bonheur, spirituel cette fois. On ne philosophe jamais aussi bien que le ventre plein. Et pour ceux que la démarche tente, l’ascétisme, tout à fait respectable au demeurant, ne vaut que s’il est volontaire. Ou alors il faudrait montrer que les prisonniers affamés, enfermés dans les camps de leurs maîtres monstrueux, seraient les plus heureux des hommes et que leur sort serait une norme sociale enviable.
Ici, on note que le fondement du bonheur, pour son versant matériel, consiste non pas à avoir de l’argent mais à le gagner, en créant des richesses par ses efforts personnels, en assumant le risque de la vie, autrement dit en devenant adulte, et non en prenant les richesses produites par d’autres, en parasitant autrui. Les pays collectivistes où les parasites, irresponsables réduits à l’infantilisation permanente, sont trop nombreux, sont également les pays les plus insatisfaits, ceux où les tentatives de suicides sont les plus nombreuses, où la consommation de psychotropes est la plus élevée…
Le lien entre bonheur et richesse matérielle est intimement lié à l’action individuelle, bref à la liberté, et certainement pas à l’égalité matérielle. Au contraire, cette dernière est le fermement de l’éternelle insatisfaction, le venin qui lentement ronge la société de l’intérieur. La collectivisation empêche la réalisation du bien commun, à savoir la recherche individuelle du bonheur. C’est pourquoi tout collectivisme (socialisme) comporte en lui-même les germes de son autodestruction.
Si l’argent ne fait pas le bonheur … il y contribue fortement !
Plus d’argent ne rend peut-être pas heureux. Moins d’argent rend certainement moins heureux.
S’ils n’aiment pas l’argent et que ça ne les rend pas heureux, tous ces gugus peuvent m’envoyer la moitié de celui qu’ils ont. Et pas la peine de me remercier, c’est par pur altruisme que je propose ça.
La misère est moins pénible au soleil… (Aznavoche)
Le bonheur peut, je pense, s’analyser de manière comparable à la pyramide de maslow (considérer le bonheur comme la satisfaction de besoins)
2 approches possibles pour expliquer un bonheur moindre qu’attendu dans un contexte de confort économique:
la première repose sur les 2 niveaux bas
des éléments de confort seraient, une fois l’habitude prise, assimilés à des besoins physiologiques. Donc recul, même minime, voire toute stagnation du niveau économique, représente une « insécurité ».
Cela correspond au besoin d’un enrichissement dans l’absolu, sans référence extérieure, mais constant et perenne.
La première sur les 2 niveaux hauts, que représentent le besoin de reconnaissance sociale et d’accomplissement personnel, qui correspond au besoin d’un enrichissement « relatif ».
La réussite n’en est une que si elle est du à celui à qui elle échoit. Si elle concerne « tout le monde », c’est qu’elle ne dépends d’aucun mérite d’aucune forme.
Dans une société social-décadente, la pérennité de tout enrichissement est inexistante, d’une part, et la redistribution généralisée entraine qu’il est nécessaire de s’enrichir beaucoup pour obtenir une progression relative significative.
Appliquée à la situation d’un ménage Français de l’upper middle class:
il subit:
l’effet (supposé économiquement positif) de son cursus professionnel, d’une part (enrichissement absolu)
l’effet des hausses d’impôts et de coût de la vie (enrichissement négatif absolu)
mais aussi
le moindre effet des mêmes hausses sur la Lower middle class et les « plus pauvres » (enrichissement relatif négatif)
La hausse des transferts au profit des mêmes (enrichissement relatif négatif)
Conclusion: le système social Français ne permet un enrichissement relatif positif à un ménage aisé que dans des circonstances économique extrêmement positive (quand l’employeur peut se permettre de compenser l’ensemble des facteurs négatifs)
Dans toutes les autres circonstances, les ménages aisés connaissent une baisse de leur niveau de vie relatif (c’est l’objectif affiché du socialisme). en période de crise, la baisse concerne le niveau absolu et le niveau relatif (une crise dans un système neutre entrainerait une baisse du niveau absolu, sans toucher le niveau relatif).
Le socialisme atteindrait donc pleinement son objectif ?
C’est sans compter l’effet de la perte de bonheur relative de ceux là sur les classes de moindre niveau de revenu: pourquoi se donner le mal de grimper cette échelle si on y gagne pas en « bonheur ».
avec pour conséquence une perte de l’espoir d’une amélioration, communicative du bas vers le haut de cette échelle.
Le malheur, c’est quand on n’a pas de toit, le ventre vide, qu’on ne peut se soigner ni envoyer ses enfants à l’école … mais on rit néanmoins plus sur les décharges d’Afrique et d’Asie que dans les chaumières françaises …
Ne pas se prendre la tête, ne pas regarder dans l’assiette de son voisin, et faire ce qu’il faut, c’est ça le bonheur.
Courir après des gadgets, des fringues de luxe, des « signes extérieurs » est avant tout un signe de déficit de personnalité et de frustrations.
Le bonheur est une qualité intime, personnelle, et qui n’a rien à voir avec les moyens.
ouai, enfin, des (très) nombreuses (grosses) boites font leur fortune la dessus, Apple en tête.
comment tu pais devenirs riche?
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Il y a une valeur aberrante dans les données sur les tendances recueillies par Stevenson et Wolfers : les États-Unis. En moyenne les revenus par habitant ont augmenté, passant de près de $20 000 en 1972 à $42 000 aujourd’hui,
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en moyenne, oui, en médian, non. les riches étant devenus plus riche, le gain de bien être n’a pas été déterminant par rapport au reste de la population qui, elle, n’est pas devenue plus riche.