Couple franco-allemand ou famille européenne ?

Les Français se prennent à rêver d’un renforcement du couple franco-allemand : la Chancelière au bras de François Hollande après avoir été l’égérie de Nicolas Sarkozy.

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Hollande Merkel (Crédits : Sabine Nourrit/Aleps, tous droits réservés)

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Couple franco-allemand ou famille européenne ?

Publié le 1 octobre 2013
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Les Français se prennent à rêver d’un renforcement du couple franco-allemand : la Chancelière au bras de François Hollande après avoir été l’égérie de Nicolas Sarkozy.

Par Jacques Garello.
Un article de l’aleps.

Je me dois évidemment de commenter les résultats des élections allemandes, qui apportent à la fois des certitudes et font naître des interrogations.

La première certitude c’est que la victoire d’Angela Merkel est celle d’un gouvernement réformateur dans une Allemagne profondément transformée. Ce qui prouve déjà que la réforme ne fait pas fuir les électeurs, bien au contraire elle les satisfait. L’échec de la droite française en 2012 est dû au sentiment qu’elle n’avait rien fait d’important, en dépit de ses promesses et de ses annonces de rupture. Une étude scientifique publiée il y a huit ans par l’économiste Alberto Alesina (Harvard) a pu établir que 85% des gouvernements réformateurs ont été reconduits par les électeurs. Pour gagner des élections, réformez.

En Allemagne, Angela Merkel a poursuivi dans la voie des réformes, ouverte depuis bien longtemps, notamment avec le chancelier (socialiste) Gerhard Schröder. Cette voie est faite essentiellement de réduction drastique du secteur public. Il y a en Allemagne 50 fonctionnaires pour 1.000 Allemands, et 90 en France. Les postes, les chemins de fer, les musées, les hôpitaux, etc. ont été privatisés. Si l’on doit poursuivre la comparaison avec la France, il n’y a pas d’ISF en Allemagne, l’impôt sur les sociétés, actuellement de 26%, sera de 15% en 2015 (il est de 33% en France et pas près de baisser). Depuis les lois Hartz, il y a une grande flexibilité du marché du travail, dans l’embauche comme dans le licenciement, pas de SMIC, un chômage partiel par contrat, des négociations collectives réduites à leur plus simple expression, et les contrats individuels ou au niveau de l’entreprise n’y sont pas nécessairement soumis. Enfin, des syndicats puissants sont « réformateurs », alors que les nôtres, non représentatifs, sont « révolutionnaires » ; les salariés allemands aiment leurs entreprises et leurs patrons.

La deuxième certitude est que rien n’a échappé à l’esprit réformateur des Allemands. Le meilleur exemple est celui de la protection sociale. L’assurance maladie est entre les mains d’une grande quantité de caisses, tant privées (13%) que publiques. Elles se livrent une concurrence ardente et les coûts ont diminué de 3% depuis deux ans. Les hôpitaux déficitaires ont été restructurés, voire fermés ou remplacés par des hôpitaux privés. Du côté des retraites, la réforme Riester a introduit le principe d’un système « notionnel », proche de la capitalisation. L’État incite (fiscalement) les salariés à constituer des comptes d’épargne retraite par capitalisation.

Ces quelques données confirment bien que les chemins de la France et de l’Allemagne ne sont pas parallèles. Vous vous en doutiez, mais donnez aux incrédules autour de vous les arguments nécessaires pour mesurer et expliquer l’écart. Bref, globalement, l’Allemagne n’a pas joué la carte de la redistribution, ni celle de la relance par les dépenses publiques – ce qui est en revanche le fonds de commerce exploité par tous les gouvernants français.

Le succès d’Angela Merkel fait cependant naître deux interrogations, sur la coalition qu’elle devra accepter, sur la position allemande sur l’Europe, les deux étant liées.

Au moment où j’écris ces lignes, je ne crois pas que l’allié « naturel » de la CDU-CSU, à savoir le parti libéral FDP, puisse avoir assez de votes pour assurer une majorité à la Chancelière. Nulle autre alliance ne semble plausible autre que la « grande coalition », c’est-à-dire entre les chrétiens démocrates et les socialistes. C’est impensable en France, puisque nos socialistes en sont restés à la lutte des classes, à la chasse aux riches, et au sectarisme moral. Toutefois les socialistes voudront marquer leur différence, notamment sur quelques points sociaux (ils veulent établir un SMIC et choyer les syndicats) et sur la politique économique, qu’ils veulent davantage protectionniste. Veulent-ils changer l’Europe et l’euro ?

Ce qui m’inquiète dans les commentaires que j’ai lus ces derniers jours, c’est l’insistance avec laquelle les Français croient au renforcement du couple franco-allemand : la Chancelière au bras de François Hollande après avoir été l’égérie de Nicolas Sarkozy. Une Europe dirigée par ce couple : de quoi remettre à leur place les Anglais, Scandinaves, Bataves et autres nationalistes. C’est un nouveau rêve de grandeur : la France gouvernant par Allemagne interposée. L’inverse n’est guère plausible : la France totalement soumise à l’Allemagne, réduisant ses déficits et remboursant sa dette, et acceptant une concurrence tant au sein de l’Europe qu’avec le reste du monde, abandonnant ses amis grecs et autres cigales européennes.

Je crois que ce que pourrait laisser présager la victoire d’Angela Merkel, c’est une nouvelle poussée vers une Europe ouverte. Les Allemands, dans leur immense majorité, socialistes compris, croient à l’Europe parce qu’elle représente à leurs yeux un espace de liberté, de circulation, de civilisation. Ils ont payé un lourd tribut au nationalisme et au communisme. Sauront-ils convertir à leur foi européenne et libérale les gens qui appellent de leur vœux soit une Europe protectionniste et dirigiste, soit une Europe explosée : tantôt un État européen, tantôt des États nationaux souverains ? Mais toujours l’État…

Aujourd’hui la famille européenne a plus que jamais besoin de se retrouver autour d’un patrimoine culturel commun et de réformes libérales diverses. Puisse la victoire d’Angela Merkel ouvrir et changer les esprits !


Sur le web.

 

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  • Pur celles et ceux qui n’auraient pas encore vu que Merkel n’est qu’une marionnette des fédéralistes ( Monti, Draghi, groupe Spinelli et consorts), je pose la question suivante: quel patrimoine culturel commun?

  • « les salariés allemands aiment leurs entreprises et leurs patrons » : en majorité, les salariés français du privé également, comme le révèlent de nombreuses enquêtes.

    Ce sont les employés hors du privé qui n’aiment pas les patrons et les entreprises, rejetant l’économie, la productivité et le bon sens, à commencer par les fonctionnaires non régaliens qui projettent leur mal-être sur le secteur privé qu’ils ne connaissent pas. L’administration est en effet le royaume des petits chefs stupides, des instructions absurdes, du travail qu’on sait inutile, du harcèlement entre collègues et du mépris des personnalités qu’on écrase. Les fonctionnaires, connaissant seulement l’environnement de travail délétère des administrations, croient sincèrement que toutes les entreprises fonctionnent sur le même schéma nocif.

    Pour sauver les fonctionnaires non régaliens de leur désespérance, il conviendrait de limiter contractuellement le temps de travail de chaque individu dans l’ensemble des administrations ou entreprises assimilées à cinq ans, non renouvelables.

    Vive la limitation du temps de travail (dans les administrations) !

  • Chaque fois que je lis « couple franco-allemand », je me tord de rire !

    Non, l’Allemagne ne se sent nullement « en couple » avec la France, qui est pour elle le modèle absolu de ce qu’il ne faut pas faire.

    Elle poursuite intelligemment et sans bruit ses réformes, comme tous les pays vertueux, et avec des résultats remarquables renforcés par la stabilité.

    Quand Hollande se pointe, il faut savoir que personne ne se dérange même pour le saluer. Il est considéré comme un pédaleur dans la colle et un agité du bocal …

    Et si la France se focalise sur l’Allemagne, c’est surtout parce qu’une histoire à plus de deux personnages est trop difficile à suivre …

    Il y a bien eu un « couple Merkel Sarkozy » (traduction, une entente entre les pays vertueux), mais la France est désormais totalement hors jeu.

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