La meilleure chose à faire pour une entreprise est de maximiser ses profits

Le meilleur moyen pour l’entreprise de contribuer à l’intérêt général n’est pas de chercher à imiter les choix éthiques des individus.

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La meilleure chose à faire pour une entreprise est de maximiser ses profits

Publié le 1 octobre 2013
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Le meilleur moyen pour l’entreprise de contribuer à l’intérêt  général n’est pas de chercher à imiter les choix éthiques des individus.

Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume-Uni.

Supposons que vous possédez un laboratoire pharmaceutique. Pourquoi voudriez-vous produire des médicaments dangereux pour la santé des patients ? Mettez de côté vos considérations morales et imaginez que vous êtes l’un de ces capitalistes inhumains. Oui, ces mêmes capitalistes qui hantent les imaginaires des Indignés. Ne vous rendriez-vous pas compte que faire fuir vos clients, ou les tuer, est catastrophique pour vos affaires ?

Je pose la question après avoir vu le film The East. Je vais éviter le spoil : c’est un film plutôt bon. Laissez-moi juste dire que The East implique des entreprises malfaisantes empoisonnant les enfants, contaminant les rivières et, pour résumer, torturant Gaïa. Les producteurs estiment évidemment que de tels comportement ne méritent pas d’explication – les cinéphiles considérant que c’est ainsi que pratiquent les entreprises.

Je suis stupéfié d’observer le nombre de personnes qui croient cela. Vous rappelez-vous du principal argument contre la privatisation des sociétés de chemins de fer ? Nous nous sommes toujours entendus dire que « les entreprises de chemins de fer placeront le profit devant la sécurité ! » Personne n’a cherché à expliquer comment des accidents de trains pouvaient maximiser les profits. Et, bien sûr, le nombre d’accidents a chuté après la privatisation. Les profits et la sécurité se sont révélés complémentaires.

Cependant, qu’en est-il d’une entreprise qui nuit, non pas à ses clients, mais à d’autres personnes ? Les économistes appellent ça des « externalités », les coûts étant supportés par des tiers. Un exemple serait une société minière dont les activités inonderaient les terrains adjacents.

Le point important est de savoir comment notre système de Common law est apte à traiter à ce genre de situations. La première fois que des gestionnaires d’une mine de charbon ont inondé la propriété de quelqu’un d’autre, il y a plus de deux siècles, le juge, manquant forcément de précédent auquel se référer, établit qu’une compensation devait être versée par l’entreprise charbonnière selon le principe de la loi anglaise suivant : « Qui est le propriétaire d’une chose dangereuse a le devoir de la garder sous contrôle ».

Les entreprises sont soumises aux mêmes lois que tout le reste de la société. Si elles mentent sur la composition de ce qu’elles vendent, rompent illégalement leurs contrats ou falsifient leurs produits, elles peuvent être traduites en justice. La Common law, s’agrandissant au fil du temps comme un corail, affaire par affaire, s’adaptant continuellement aux nouvelles circonstances, est généralement une meilleure solution qu’une loi votée par le Parlement, qui engendrera souvent des coûts inattendus et des injustices.

Trois importantes exceptions me viennent en tête. L’une d’elles est lorsque les externalités sont diffuses, ce qui rend difficile d’identifier les victimes – c’est le cas d’une pluie acide, par exemple. La seconde quand l’externalité retombe sur des entités autres que des personnes légales – la souffrance infligée aux animaux dans un élevage en batterie, par exemple. La troisième est la situation où les droits de propriété ne peuvent prévenir l’épuisement d’une ressource – fixer des quotas de pêche en vue de préserver un stock de poissons est un bon exemple. Dans ces situations, même les libéraux les plus idéologues admettront que la règlementation étatique est bénéfique. Mais en général les entreprises veulent conserver une bonne réputation, des marques solides et des clients fidèles. Elles ont autant le droit à la présomption d’innocence que n’importe qui d’autre.

« Mais les entreprises ne sont intéressées que par l’argent », se plaignent les gens. Mais à quoi d’autre devraient-elle s’intéresser ? À la danse traditionnelle écossaise ? À la période bleue de Picasso ? Les entreprises sont supposées être intéressées par le profit. Le problème survient quand elles perdent de l’argent. « Le plus grand crime contre les travailleurs est une entreprise qui échoue à agir dans son propre intérêt économique », disait le leader de l’American Trade Union, Samuel Gompers.

« Ok, me direz-vous, mais ne devraient-elles pas aussi se comporter moralement ? N’est-ce pas une obligation pour elles d’aller au-delà de la lettre de la loi ? » La réponse dépend de votre définition de l’entreprise. Les entreprises peuvent avoir la personnalité juridique, mais elles ne sont pas et ne peuvent pas être des créatures morales. Un individu peut rendre visite à des prisonniers, travailler pour des soupes populaires ou donner aux pauvres. Il peut faire en effet ce genre de choses tout en étant chef d’entreprise. Mais son entreprise est une autre affaire. Le meilleur moyen pour l’entreprise de contribuer à l’intérêt  général n’est pas de chercher à imiter les choix éthiques des individus, mais de rémunérer ses travailleurs, de répondre aux demandes de ses clients et de payer ses impôts.

J’irai même plus loin. Le comportement le plus éthique pour un chef d’entreprise est de maximiser honnêtement ses profits, puis, grâce à sa part de bénéfice, de donner intelligemment aux organisations caritatives. Si, au lieu de ça, il poursuit des formes variées de « responsabilité sociale des entreprises », qui diminuent ses bénéfices, alors il sera forcé de revoir à la baisse ses donations au profit d’autres personnes : ses clients ou ses employés. Son comportement devient d’autant moins moral, d’autant plus égoïste.

Les gens comprennent rarement l’objectif d’une entreprise. Ce n’est pas de redistribuer la richesse ou de promouvoir l’éducation en Afrique, ou de combattre la discrimination raciale. Ni de payer ses employés une somme fixée arbitrairement, ni de s’approvisionner en matières premières sous la pression de lobbies. Ces choses seront fixées par les conditions du marché. L’entreprise va payer ses employés à la mesure de ses moyens (et, le capitalisme faisant bien les choses, les employeurs étant en concurrence pour l’embauche de personnel, les payes augmenteront). Évidemment, les gens qui font de telles critiques sont souvent hostiles aux principes du marché libre et de l’entreprise privée. Soit, si c’est ce qu’ils pensent. Mais jusqu’à présent, personne n’a proposé un meilleur modèle.


Sur le web. Traduction : Voy/Contrepoints.

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  • Derrière la question des profits se cache une autre : qui décide de la répartition des richesses ?

    Soit on laisse faire le marché et une répartition harmonieuse des richesses, conforme à la morale, sera réalisée spontanément par les intervenants en concurrence. Soit on confie à l’Etat le soin de décider comment les richesses doivent être réparties. On obtient alors deux conséquences majeures :
    – la raréfaction des richesses, car l’Etat est par nature incapable d’en créer,
    – l’augmentation de la violence dans la société, violence proportionnelle à son niveau de politisation.

    Plus une société est collectivisée et politisée, plus elle est barbare. Plus une société est libre et responsable, plus elle est civilisée, c’est-à-dire morale. Une société politisée équilibre ses comptes par la violence et la contrainte, tandis qu’une société libre équilibre ses comptes par l’échange volontaire.

    • Oui théorie un peu fumeuse sur la création de la délinquance.

      L’auto-régulation humaine n’a jamais été très simple. Donc la marginalisation en est juste une conséquence, mais parfois c’est créatif et recherché, tout est question d’équilibres qui ne répondent pas à une réglementation unique et intolérante ou trop laxiste. Toutes les extrêmes ont leurs défauts.

      Pour l’article, défendre la richesse pour justifier des investissements encore plus rentables, c’est rarement non intéressé, c’est comme l’attribution de marchés publics c’est tellement philanthropique que tout le monde se bouscule au portillon.

      Bref un équilibre c’est qu’il y ait des investisseurs de grande taille c’est bien mais c’est comme les baleines, mais s’il y en a trop, il y aura moins de poisson à manger.

      • « la création de la délinquance » Qui parle de délinquance ici ? Toi y en a pas comprendre les mots ?

        • Ne jouons pas sur les mots, la différence réside uniquement dans le fait que c’est la loi qui en fixe la limite. Et quand on parle de société qui use de violence et de contrainte on tombe dans cette limite.

          @Nick
          plus d’investissements dit aussi plus de fonds bloqués au détriment d’autres usages, pas sur que ceci favorise la prolifération durable de poisson.

          • Caramba, encore tout faux ! Essaye encore, Lafaillite !

            L’essentiel de la violence dans la société est provoquée par l’Etat socialiste obèse abusant de son pouvoir. Le premier délinquant de France est le fisc, pas le braqueur de bijouteries, pauvre hère faible d’esprit qui tente d’imiter maladroitement les ponctionnaires. La progression de la délinquance entre les personnes que nous pouvons observer depuis de nombreuses années (le fameux sentiment d’insécurité) n’est qu’un symptôme subséquent, marginal, de la violence étatique socialiste et de l’abandon des fonctions régaliennes par l’Etat obèse, impotent à force d’être omnipotent.

      • C’est en effet comme ça que la population de baleines s’auto régule. L’analogie n’est par ailleurs pas parfaite car plus de baleines (plus d’investissements) = aussi plus de poissons.

  • Je me souviens avojr donné une conférence à de chouettes jeunes entrepreneurs. On m’avait collé un sombrer gaucho, quii devait servir de « modérateur » …

    Il ecoute mes propos, puis se doit d’intervenir :  » je vous trouve bien optimiste ! Tout cela va-t-il créer de ’emploi » ?

    Je lui ai aimablement répondu qu’il se trompait d’objectif : une entreprise a le devoir de gagner de l’argent, et si elle y arrive, elle va forcément se développer et créer des emplois. L’emploi est la conséquence fonctionnelle de la réussite !

    La salle a applaudi, mais le type était vert, et totalement désorienté 🙂

  • Et si le but ultime d’une entreprise était sa survie?
    Ce qui signifie:
    – dégager des profits à court, moyen et long terme (pour pouvoir faire tout le reste ci-dessous).
    – satisfaire ses clients avec des produits et services attractifs et irréprochables, mieux en tous cas que ses concurrents.
    – faire en sorte que ses employés soient fiers de l’être.
    – investir en R&D et en formation.
    – agir en conformité avec les lois.
    – s’assurer que sa valeur est assez élevée pour qu’une OPA indésirée ne puisse avoir lieu.

    Le profit n’est donc pas le but en soi, mais un moyen nécessaire.

    • La survie est le but de toute organisation ou institution humaine.

      Dans ce cadre, le profit est le juge ultime qui décide pacifiquement du sort des entreprises privées, faisant disparaître celles qui ne sont plus utiles. Quid des organismes publics qui ignorent le profit ? Il n’y a que la violence économique (crise) ou politique (guerre civile) pour mettre un terme à leurs activités quand elles deviennent inutiles.

      Par analogie avec le corps humain, une économie socialiste est un malade dont le foie et les reins ne fonctionneraient plus. On peut brancher le malade sur un appareillage complexe un certain temps pour qu’il survive : c’est la dette publique. Mais l’instant fatal approche inexorablement.

      Réduire l’Etat et ses excroissances au strict minimum, autrement dit dépolitiser la société, est une des conditions de la bonne santé d’une nation.

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