La France est engagée dans une lutte pour le mieux-vivre, le progrès collectif et le sauvetage du monde. Ambitieux, le gouvernement ne se contente plus du changement maintenant, de freiner la croissance et de répartir le temps de travail (35h pour quelques uns et 0 pour beaucoup d’autres), non : il se lance aussi un pacte contre le gaspillage.
Par Baptiste Créteur et h16.
Alors qu’un nombre croissant de Français demande au gouvernement sa démission, le gouvernement donne à l’ADEME de nouvelles missions. L’ADEME, comme vous le savez évidemment parce que c’est aussi là que part une partie de vos impôts, c’est cette agence qui lutte pour l’environnement, pour la maîtrise de l’énergie et contre l’économie d’argent public. Elle est en charge de vous faire isoler votre maison, refermer votre réfrigérateur, éteindre vos lumières et, un jour probablement, de vous faire vous brosser les dents bien comme il faut avant d’aller au dodo.
C’est donc elle qui a établi la quantité d’aliments jetés par Français et par an à 20kg. 20 kilos, mes petits amis, ça fait une sacrée quantité qui, ramenée à la journée, représente 54g. Enfer, damnation et tupperware mal fermé ! Entre les miettes tombées au sol, les gâteaux victimes de la règle des 5 secondes et les épluchures un peu trop épaisses, sans compter le lait oublié dans la porte du frigo et le camembert un peu trop fait, les Français sont victimes de la société de surconsommation. À hauteur de 54g par jour, c’est démentiel. Si, si.
Et c’est pour ça qu’il faut lutter contre le gaspillage alimentaire.
Enfin, pas que pour ça, mais aussi pour tout ça :
Pourquoi lutter contre le gaspillage alimentaire ?
Pour s’engager concrètement contre les dérives de la société de surconsommation,
Pour protéger l’environnement en économisant des ressources et en réduisant la production de déchets,
Pour retrouver du pouvoir d’achat.
Y’a pas à dire, lutter contre le gaspillage, c’est la panacée ! Et au cas où ça ne suffirait pas pour vous convaincre, bande de dilapidateurs éhontés, sachez que lutter contre le gaspillage, c’est aussi participer à un nouveau projet de société plus juste, plus belle, plus pure :
C’est un choix contre l’égoïsme, contre l’individualisme, pour une société plus solidaire et plus responsable.
Autrement dit, lutter contre le gaspillage, c’est participer à une société dont on aura jeté les mauvais éléments, zou. Poubelle. Oui, dit comme ça, c’est un peu confus mais il faut ce qu’il faut, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs et de toute façon on va recycler les coquilles. Et parce que les messages socialistes marchent mieux quand ils sont bien ancrés, le Pacte germano-soviétique Nazional de Lutte Contre le Gaspillage Alimentaire peut s’appuyer sur de puissants ressorts psychologiques d’empathie :
Car il y a quelque chose de scandaleux, de profondément injuste dans le fait de jeter de la nourriture quand tant de Français dépendent de l’aide alimentaire pour vivre ou que des millions d’hommes, de femmes et d’enfants ne mangent pas à leur faim.
Eh oui : comment oser ne pas finir son assiette alors que des millions d’enfants meurent de faim ailleurs dans le monde, hein ? Oui, toi, là-bas, je t’ai vu, tu n’as pas fini ton plat, tu n’auras pas droit au dessert. C’est comme ça que ça marche en France, maintenant : pas de wonderbras, pas de wonderchocolat pas faim pour le plat ? Pas faim pour le dessert. Non mais. Et comme le ministre Garot ne peut pas (pour des raisons d’agenda chargé, hein, vous comprenez) aller apporter l’assiette trop pleine aux endroits où, justement, elle serait terminée avec un féroce appétit, on encouragera les petits et les grands à se forcer un peu, quoi, bon zut à la fin (Et pour la gestion des surplus pondéraux, allez voir Marisol Touraine, ne m’embêtez plus, de grâce).
Le constat est posé, la direction est tracée, les objectifs sont clairs : en avant !
Le gouvernement a fixé un objectif ambitieux : diminuer par deux le gaspillage dans notre pays d’ici à 2025. Pour y parvenir l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire a réfléchi à la rédaction d’un Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire. Un Pacte qui pose un certain nombre de mesures et d’engagements de la part de chacun, pour permettre un véritable progrès collectif. Un Pacte qui ne stigmatise aucun des acteurs engagés dans cette mobilisation contre le gaspillage, mais au contraire valorise l’implication de chacun.
Le gouvernement s’engage à fond : le gaspillage sera diminué par deux. Par deux à la fois, en se donnant la main. Tous les acteurs de la chaîne alimentaire ont réfléchi. De la feuille morte au lombric, du lombric au compost et du compost à la carotte, tous les acteurs se sont concertés, se sont tenus la main, ont réfléchi et se sont mobilisés ; le résultat est probant, avec la rédaction d’un Pacte qui engage tout le monde mais ne stigmatise ni la feuille morte, ni le lombric, ni la carotte, ni l’humain, ni personne et, au contraire, valorise l’implication de chacun. Et l’implication d’une carotte, d’un lombric, d’une feuille morte, c’est indispensable pour ce gouvernement.
Il veut du concret : entrons dans le vif du sujet. Avec ce pacte, l’État prend onze mesures que voici :
- Un signe de ralliement manifestant la mobilisation de chacun pour lutter contre le gaspillage.
- Une journée nationale de lutte contre le gaspillage, d’un prix « anti-gaspi » des pratiques vertueuses et d’une labellisation de ces pratiques.
- Des formations dans les lycées agricoles et les écoles hôtelières.
- Des clauses relatives à la lutte contre le gaspillage dans les marchés publics de la restauration collective.
- Une meilleure connaissance du cadre législatif et réglementaire sur la propriété et la responsabilité lors d’un don alimentaire.
- La lutte contre le gaspillage alimentaire dans les plans relatifs à la prévention des déchets.
- La mesure de la lutte contre le gaspillage alimentaire dans la Responsabilité Sociale des Entreprises.
- Le remplacement systématique de la mention DLUO par « À consommer de préférence avant… ».
- Une campagne de communication sur la lutte contre le gaspillage.
- Une nouvelle version du site dédié, www.gaspillagealimentaire.fr.
- Expérimentation, sur un an, du don alimentaire par les citoyens via une plate-forme numérique, EQosphère.
Oui, ça bouscule du poney et ça envoie du pâté (pour recyclage, aucune perte). Bravo donc à madame Michu, qui reçoit cette année le prix Gaïa de l’éco-conscience pour son action engagée en faveur d’épluchures plus fines. Elle partage le prix avec Lucien, qui a offert un yaourt bientôt périmé à sa voisine. Ils reçoivent chacun une affiche « Manger c’est bien, jeter ça craint » ainsi qu’un kilo de poires un peu abimées (mais encore bonnes).
On découvre à ce sujet le nouveau site www.gaspillagealimentaire.fr, qui rejoindra le SGLURP le SPAM le SGMAP et l’incontournable site de conseils pour bien ranger son frigo.
Cessons de rire ; c’est avec notre argent que les ministres en mal de notoriété s’évertuent à exister. Aussi consternant cela puisse-t-il paraître, ceci n’est pas un exercice : l’État vous explique vraiment comment ranger votre frigo, et finance sa campagne de notoriété ministérielle et de rangement efficace de frigo avec de l’argent pour lequel il semblerait que tous les acteurs de la chaîne ministérielle se soient tenus la mains, ont réfléchi et se sont concertés pour dire qu’il n’y avait pas meilleur usage. Ben tiens.
Quand on lutte contre le gaspillage, il est toujours plus pertinent de s’intéresser d’abord aux volumes importants. Gagner 10% sur 54g par jour et par Français, c’est peu ; mais 10% sur plusieurs milliers de milliards d’euros, ça commence à avoir son petit impact. Un petit milliard par ci, un petit milliard par là, et un beau jour, on se retrouve avec de gros paquets de thunes.
Pourquoi alors ne pas lancer www.gaspillageéconomique.fr, site pédagogique à destination des élus ? Pourquoi ne pas créer un petit tutoriel à destination des accros à la dépense publique, agrémenté d’un petit questionnaire permettant aux hommes politiques de s’assurer que la dépense est pertinente, utile et nécessaire ?
Tous les acteurs de la chaîne alimentaire fiscale pourraient contribuer : du petit contribuable au baron local qui vit en notes de frais sur le compte de son office HLM, tous pourraient faire un petit effort ; certains pour moins payer, les autres pour moins dépenser.
Donc, monsieur Garot, au lieu d’un plan « Garot gaspi », je propose « Garot ras-le-bol fiscal ». Le gouvernement dont vous semblez faire partie (même si j’avoue n’avoir pas eu la patience de vous chercher bien longtemps sur la photo de revue des troupes de l’armée mexicaine française) s’évertue à diriger les Français pour leur bien, mais ferait bien de balayer devant sa porte. Car devant sa porte, ça grogne. Contre des prélèvements de plus en plus nombreux et lourds, qui financent des dépenses de moins en moins légitimes.
Quand lancerez-vous enfin une campagne pour bien ranger son élu corrompu, à l’écart des autres pour éviter la contamination, pour bien économiser sur les mandats non cumulés, pour étiqueter enfin visiblement les hommes politiques en faisant clairement figurer leur date de péremption ?
Parce que, monsieur Garot, ça urge ! Le gouvernement a touché le fond, et commence à gratter avec insistance pour ramasser les derniers euros – au point que personne en son sein ne se soit prononcé contre une ponction de 10% sur l’épargne des Français proposée par le FMI. Le premier gaspillage, c’est celui sur l’énergie des Français, leur créativité, leurs efforts que vous engloutissez dans des projets pharaoniques et inutiles, ou des sites agressivement débiles.
Reprenez un peu vos esprits, arrêtez de gaspiller notre argent et de pomper notre air et rendez-nous notre liberté.
Il est en place votre site ? Non, parceque je vous donne des thunes immediatement, avec mon compte paypal non declaré, bien sur !
Le pire dans tout ça, c’est que d’idées louables auxquelles tous se rallient sans effort, l’état à vouloir s’en mêler, finit par créer les conditions d’un rejet puissant.
Comme vous le dites, qu’ils s’occupent déjà de faire les économies qui s’imposent.
Pour rappel, après le plan annuel de 60 milliards d’impôts (ça c’est fait et ce n’est pas fini) il fallait rajouter autant en économies budgétaires (ça c’est pas fait, même pas dans les tubes, on embauche même des fonctionnaires !).
Et encore, ça reste dans les limites envisagées par la France car, l’institut Thomas More a quant à lui déterminé, après avoir examiné nos comptes, que les économies devaient porter sur près de 120 milliards / an.
La France est réellement riche mais elle se retrouve au bord de la faillite car nos élus, très chers élus, sont d’une part incapables de comprendre les rouages de l’économie moderne et d’autre part sont tous inscrits dans une logique clientéliste, reportant sine die toutes les reformes de l’appareil d’état qui s’imposent et passent leur temps à s’agiter de façon pathétique pour attirer l’attention sur eux.
Nous avons tous des exemples de la gabegie des dépenses de l’état.
Sans ne rien dévoiler car je mettrais en mauvaise posture un ami qui n’en peut, ce dernier a en charge la logistique d’une très grande communauté urbaine, venant lui même du privé il a déterminé que le moindre bon de commande produit par les administrations dont il a la charge, y compris pour acheter un stylo, générait pas moins de 85€ de frais (donc au contribuable), oui 85€, vous lisez bien, c’est le prix de l’empilage administratif.
Et ça, c’est peanuts, le même bonhomme vous avoue effaré, qu’il y aussi la (les) prise électrique (la prise mâle+femelle, un truc stupide en soit) des bornes de recharges aux emplacements de stationnement des véhicules électriques, facturées, tenez vous bien : 34 000€ (!) , je vous parle de la prise et de rien d’autre.
Et ça c’est hélas peanuts aussi… j’arrête la car j’ai la nausée tiens…
Tout cela est bassement matérialiste !
A quoi sert d’épargner un navet 20 ans d’age qui traîne au fond du bac à légumes, qui nous ne faisons pas
de fortes économies en terme de « patrimoine immatériel » ?
Quelle énergie perdue que d’écouter toutes les sornettes qui semblent la base du redressement productif de la France (avec les casseroles judiciaires, un autre tube). Citoyens, légiférons !
Si aucune Ministre ne pouvait radoter plus de 5 minutes par mois (6 pour le Présigland, c’est le chef), et si les médias ne pouvaient accorder à leurs propos plus de 10 lignes, l’économie sociétale serait prodigieuse.
Tous ces bavards ont un coût horaire impressionnant, qu’ils feraient mieux de consacrer au vrai travail.
Qu’ils épargnent un tweet, et le citoyen sauvera une carotte 🙂
C dans l’air était consacré ce jour au maires qui dépensent trop.
La France est vraiment paralysée depuis trente ans par un empilement des structures qui doublonnent et continuent d’embaucher.
ça ne peut plus durer.
Des gens pauvres qui jusqu’ici ne payaient pas de taxe d’habitation reçoivent depuis cette année leur feuille avec une somme à payer pour alimenter la goinfrerie de l’état omnipotent.
ça va péter un jour ou l’autre.
Otages, c’est cela le bon mot. Escrocs, ravisseurs, criminels, ce sont nos hommes politique. Qui va payer la rançon: les otages. Normal ! Non, car l’on ne sortira pas. Nous ne sommes pas libres dans cet enfer, il n’y a plus de règles. Ça va forcément péter…