Par Bernard Zimmern.
Un article d’Emploi-2017.
Les études économiques sont-elles encore sensées ? On peut se poser la question quand on voit des économistes prétendument sérieux sortir des séries qui n’ont plus aucun sens. C’est le cas pour celles sur les inégalités où c’est devenu presqu’une tradition de sortir des résultats qui s’appuient sur ce qu’on désigne comme « revenus primaires », c’est-à-dire avant les prélèvements qui frappent les revenus les plus élevés, et les avantages sociaux qui viennent au secours des revenus les plus faibles.
L’absurdité de ces analyses est d’autant plus frappante qu’avec les évolutions de nos sociétés occidentales vers plus de solidarités, ces avantages sociaux en viennent à constituer l’essentiel des revenus des ménages les plus défavorisés. C’est ainsi que les dépenses sociales, avec plus de 600 milliards d’euros, sont devenues le premier poste de dépense du budget public, soit près d’un tiers du PIB (Produit Intérieur Brut).
Peut-on encore tirer des conclusions économiques sérieuses lorsque les revenus sur lesquels sont fondés les calculs ne contiennent pas les retraites, le patrimoine le plus important pour plus de 90% des ménages ?
C’est pourtant ce à quoi nous invitent des économistes comme Thomas Piketty. Cela devient même de la clownerie car il faut aller chercher dans mille pages de texte, mais surtout dans une montagne d’annexes, le bout de phrase où l’auteur avoue sa supercherie. On ne peut ainsi l’accuser de mentir ; il l’a dit ; il a bien expliqué au fin fond d’une annexe que ses statistiques étaient établies avant prélèvements et redistribution.
C’est, de la part des économistes qui jouent à ce jeu-là, un pari gagnant à court terme car aucun journaliste, même ceux de la presse économique spécialisée, n’a le temps d’aller fouiller un entassement de chiffres, de modèles, de tableaux, pour détecter la magouille géante.
Mais ces économistes sont-ils gagnants à terme ? En termes de royalties versées par leurs éditeurs, peut-être. Pour leur propre réputation, certainement pas.
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Sur le web.
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Oui enfin la réputation de Piketty… Certes ce mec fait un franc succes chez les adhérants du PS, et dans les médias mais il ne faudrait pas non plus croire que c’est un intello avec une véritable portée sur la science éco. Pikett est tout à fait dans son époque. L’époque où déguiser des propos de bistrot en science passe pour un fin travail intellectuel.
Voir les deux articles « A lire aussi » recommandés, sous l’article.
Le problème ne serait-il pas que Piketty dispose d’un monopole de fait, personne ne se donnant la peine de compiler honnêtement des données pour lui faire concurrence, faute d’espoir d’être publié et repris sans doute ?
Ou si j’ai tort, où sont ces tableaux, pourquoi Contrepoints n’en fait-il pas un dossier ?
D’ailleurs, ça manque en une les liens sur des dossiers de valeur permanente.
Bonne idée, celui sur le Chili est excellent. Il faudrait juste étendre le concept.
Pour un vrai chercheur, on a les données puis on fait des conclusions.
Pour Piketty et les charlatans fonctionnarisés dans son genre, on fait les conclusions à l’avance et on fabrique les données.
Chez les chercheurs aussi, les résultats nauséabonds ne sont dangereux qu’en l’absence d’hommes pour en défendre de meilleurs.
Qu’on ose seulement publier les salaires avec le montant brut sans charges patronales et ce sera la bronca anti-impôts dans la rue. Les gens verront qu’on leur prend leur double, si ce n’est plus, à chaque fois.
Combien de lecteurs(enfin, d’acheteurs, parce que le lire, hein….) ont paye le bouquin avec leur propre argent?
Combien d’articles rédigés par les différents auteurs de Contrepoints ont été publiés dans des revues scientifiques ou économiques et sur lesquels nous pourrions échanger en balançant du facepalm à droite et à gauche?
http://fr.irefeurope.org/Richesses-et-croissance-les-tromperies-statistiques-de-Thomas-Piketty,a2892
Bon, à vrai dire, la chose un peu amusante avec ce menteur, c’est que au vu des ventes astronomiques de son bouquin, il va se retrouver à lâcher 50% ou plus de ses revenus à l’état…
Avec un peu de chance, il pourrait même se retrouver dans la tranche à 75%.