Par Bernard Zimmern.
Un article d’Emploi-2017.
En contrepoint à l’article de Dan Mitchell sur le même sujet.
Il y a 32 ans, un jeune libéral (au sens français du terme) imprimait sa marque aux USA et même au monde : Ed Feulner, le jeune président d’Heritage Foundation, dont il avait repris le contrôle moins de 10 ans avant, faisait date en présentant au président Reagan, nouvellement élu, un livre resté fameux parmi les libéraux : « Mandate for Leadership ». Avec plusieurs dizaines de dossiers solidement étayés, Heritage offrait au président Reagan des projets de réformes dont plus de la moitié furent réalisés.
2013 a vu la retraite d’Ed Feulner qui vient de céder la présidence de la fondation à un homme politique, Jim De Mint, qui fut dernièrement sénateur de Caroline du Sud. Mais l’année se termine sur une débâcle qui résonne comme une mauvaise sortie sur la quarantaine d’années de vie publique d’Ed, ayant fait d’une très modeste organisation non lucrative l’une des plus puissantes du monde occidental.
Si l’on en croit le Wall Street Journal [du 14 octobre], le shut down est en effet l’œuvre d’une création d’Heritage, Heritage Action, menée par un jeune de 31 ans, Michael Needham ; c’est lui qui aurait lancé et mené la campagne pour lutter contre le plan de santé Obamacare, ayant conduit au « shut down ».
C’est Heritage Action qui, s’appuyant sur des parlementaires comme Ted Cruz, sénateur du Texas, aurait convaincu les plus activistes du parti républicain de bloquer à la Chambre basse le vote du budget et surtout l’augmentation du plafond de la dette américaine afin de stopper Obamacare à travers son financement ; c’était obliger le gouvernement à mettre à pied plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires et surtout conduire, si la menace était menée à son terme, à un arrêt des paiements par le gouvernement américain.
L’absurde est que cette stratégie était perdante d’avance ; car empêcher le gouvernement américain de payer ses dettes, c’était provoquer une crise économique mondiale que les leaders du parti républicain n’auraient pas, à juste raison, le courage de provoquer.
Cette stratégie oubliait aussi que l’une des plus grandes faiblesses du parti Républicain actuel est son retard dans la communication sur le parti Démocrate et le camp Obama, par Internet et les réseaux sociaux. Elle oubliait que Mitt Romney a été en partie crucifié parce que les équipes de mobilisation des masses mises en place par les Démocrates étaient quatre fois plus importantes que celles qu’ont pu aligner les Républicains, contrairement aux fausses espérances qu’avait pu faire naître Karl Rove, le conseiller politique du président Georges Bush, crédité de la victoire de Georges Bush en 2008. Ces équipes techniques permettent aux messages du président Obama d’être immédiatement relayés à plusieurs dizaines de millions d’Américains alors que ceux émis par une multitude de Républicains sont le plus souvent inaudibles quand ils ne sont pas contradictoires.
Le résultat politique de ce conflit ouvert est que les Républicains n’ont rien obtenu, qu’ils ont par contre sérieusement mis en danger leurs chances de reprendre le Sénat en 2014 ou peut-être même de conserver la Chambre basse. Et qu’ils ont même permis au président Obama de leur moucher le nez en leur disant de commencer par gagner une élection au lieu de mettre le pays à feu et à sang en voulant bloquer la loi sur la santé par du lobbying.
L’ironie est que cette stratégie sans objectif de sortie (« without end game » comme le disait un législateur républicain) a non seulement endommagé le futur du parti, elle a conduit à protéger l’Obamacare qu’Heritage Action voulait stopper.
Obamacare est en effet pour l’instant un désastre, car le système mis en place ne fonctionne pas ; L’État du Delaware n’aurait ainsi connu pour l’instant qu’une seule inscription… Et il ne s’agirait pas de couacs informatiques, souvent inévitables dans tout grand système1, mais peut-être une nouvelle démonstration qu’un système bureaucratique, imaginé par une bureaucratie2, est incapable de bien fonctionner.
Mettre le pays à feu et à sang et se mettre en position de perdre les élections qu’il est d’abord nécessaire de gagner pour stopper Obamacare alors que celui-ci était menacé d’autodestruction, est une relève peu glorieuse après le départ de l’illustre fondateur de la plus grande fondation conservatrice américaine.
- Comme le savent tous ceux qui ont expérimenté les grands systèmes informatiques français comme Chorus. ↩
- En cherchant à s’en exempter, puisque se sont sortis d’Obamacare le personnel du Congrès et les syndicats, de même que les fonctionnaires français peuvent, pour leurs retraites, souscrire une assurance de capitalisation avec la Préfon, mais pas le grand public, emprisonné dans la répartition. ↩
Mais peut-être ce baroud républicain a-t-il servi à leur donner une solide image d’opposition à Obamacare ?
Donc à mieux en exploiter le désastre ?
Par ailleurs, une bureaucratie telle qu’Obamacare va graduellement dissoudre le secteur économique visé et se calcifier dans l’improductivité, de sorte que les résultats n’en seront vraiment calamiteux que dans plusieurs années.
Les conséquences mondiales du marasme économique, voire pire, des États-Unis seront un désengagement militaire aux conséquences considérables.
La réélection du socialiste et va t-en guerre Bush junior, ce n’est pas 2008 mais 2004. Et c’est bien plus Jérôme Corsi qui est responsable de la défaite de John Kerry à ce moment la en démontrant que ses faits d’armes exceptionnels au Vietnam étaient pour le moins romancés, parce que la campagne du républicain avait été médiocre et comme la première entachée de sérieux soupçons de fraude électorale notamment dans l’Ohio. Mais bon tout ça c’est du passé.
Le présent c’est la résistance des élus proche de la mouvance du Tea Party qui ont tenus tête au délire de la dépense à tout crin jusqu’à ce que la carpette John Boehner ne finisse comme à son habitude par se coucher. Il ne s’agit plus ici de manÅ“uvres politiques pour savoir qui ou quoi va remporter une victoire à la Pyrrhus, mais d’une affirmation forte de ses idées et de ses convictions dans l’intérêt général. Nous sommes tout de même sur 17 000 000 000 de dette et un déficit à 1087 milliards $ pour l’année 2012. il faut comprendre au regard des faits que les républicains échouent aux élections lorsqu’ils présentent un candidat de centre droit qui n’ose pas chahuter les positions démagogiques des démocrates. Le radicalisme du mouvement du party pour retrouver les valeurs des pères Fondateurs s’avère être un précieux atout dans l’optique de remporter les élections à venir, comme lors du raz de marée du mid term de 2010. Enfin, pour ce qui concerne l’affordable care act, il sera temps de l’abroger une fois la majorité reprise au congrès.
« …pour savoir qui ou quoi va remporter une victoire à la Pyrrhus… »
Sur ce coup là , il semblerait que les leaders du Tea Party n’aient pas été aussi bon stratège que Pyrrhus et leurs légions risques forts de devoir se replier voir même se cacher pour un certain temps.
Une victoire éphémère si vous préférez puisque dès le mois de janvier 2014 la question du relèvement du plafond de la dette reviendra sur le devant de la scène. Donc ne vous en déplaise vous entendrez à nouveau et très bientôt des élus proche de la mouvance Tea Party qui n’ont pas de leaders mais des représentants du peuple puisque dans une démocratie qui se respecte le pouvoir est entre les mains du bon peuple, mais enfin tout ça c’était avant l’avènement du pire président (très loin devant carter) que la jeune nord-amérique ne connaisse
Les médias ont un sérieux biais pro-démocrate en général il faut dire. Il ne faut pas oublier que ce ne sont pas les républicains qui sont responsables du shutdown, les démocrates en votant contre ont déclenché celui-ci et Obama à clairement dit que peut importe le vote il mettrait son veto.
Sans parler que traiter les autres de terroristes demandant une rançon c’est …. Je ne suis pas sûr qu’un républicain aurait pu tenir de tel propos et avoir encore la complaisance des médias.