Que ne dit-on sur Franklin Roosevelt, ce héros, ce sauveur, cette légende qui, grâce à son New Deal, aurait assuré les bienfaits de l’humanité ? Mais connait-on seulement bien l’histoire, les faits, les chiffres, ou s’en tient-on uniquement à ce que l’on croit avoir entendu dire ?
C’est à ce titre que Crise, Dépression, New Deal, Guerre de Florin Aflation m’a tout de suite attiré et que j’avais hâte de le lire.
Rien de tel que de s’intéresser à l’époque pour chercher à savoir ce qu’il s’est vraiment passé, quels ont pu être les véritables enchaînements et faire ainsi tomber les mythes, avec toutes les conséquences qu’ils traînent derrière eux.
Les origines de la Grande Dépression
Cet ouvrage est très instructif. En se basant à la fois sur les faits et des données chiffrées, il relate les grandes étapes qui ont mené à la Grande Crise.
Explications monétaires, retour sur la prospérité des années folles et les causes du krach de 1929 (qui n’est qu’une conséquence aggravante de la crise et non sa cause), fausses pistes et ressorts de la Grande Dépression en Amérique sous les années Hoover. Mesures inadéquates, série de paniques bancaires, masse monétaire insuffisante, inertie de la Fed, populisme, protectionnisme destructeur, contagion, déflation. Toutes les explications sont là , avec leurs enchaînements imparables, que l’on est mieux à même de comprendre aujourd’hui, sans pour autant en avoir forcément, hélas, retenu toutes les leçons.
D’où l’importance de l’ouvrage dans le cadre de la crise actuelle.
Fondamental. Et, en même temps, un essai d’une grande honnêteté intellectuelle, puisque Florin Aftalion montre bien, à chaque fois, où résident les points éventuels de divergence dans les analyses, en se gardant de trancher de manière catégorique.
À lire d’urgence par tous les grands décideurs de la planète, s’ils pouvaient en retenir les leçons essentielles. Mais aussi par tout un chacun, désireux de mieux comprendre les mécanismes de base du fonctionnement de nos économies et des ressorts de la crise.
L’échec du New Deal
C’est donc en pleine crise et à l’arrivée au pouvoir de Franklin Roosevelt qu’apparaît le New Deal et sa NIRA (National Industrial Recovery Act), qui consista en une série de mesures pour la plupart à la fois dogmatiques (dans une atmosphère générale faisant étrangement penser à celle du roman La Grève : Atlas Shrugged d’Ayn Rand) et décousus (mais aussi et surtout anticoncurrentielles et autoritaires), que même l’éminent J.M. Keynes, déjà considéré comme le plus grand économiste de son époque, contestait.
Son échec fut patent et elle fut déclarée inconstitutionnelle en mai 1935, comme le furent, par la suite d’autres plans douteux du New Deal, notamment l’AAA (Agricultural Adjustement Administration).
Ce fut, en réalité, la sortie de l’étalon-or, décision prise pour des raisons indirectes, qui favorisa l’expansion de la masse monétaire, et donc la reprise économique, s’ajoutant aux abondantes fuites des capitaux d’Europe vers les États-Unis suite à l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler et les craintes que celle-ci suscitait.
Mais l’incertitude institutionnelle inhérente au New Deal ne permit pas une reprise vigoureuse et amena même une nouvelle dépression en 1937.
En définitive, le New Deal, série de mesures économiques sans véritable cohérence, fut abandonné, laissant place à une économie de guerre tirée par les dépenses militaires (avec des effets à la fois keynésiens et monétaires), puis une reprise plus durable et profonde, grâce à la politique économique menée par Harry Truman après-guerre.
Les leçons de la Grande Dépression
La conclusion de l’ouvrage est particulièrement intéressante et instructive, puisque Florin Aftalion montre toutes les leçons à tirer de cette Grande Dépression, dont la dimension monétaire semble avoir été partiellement retenue, même si l’on peut douter des orientations actuelles (Ben Bernanke, l’ancien président de la Réserve Fédérale des États-Unis, était pourtant un spécialiste de la Grande Dépression), contrairement aux autres grandes leçons, qui n’ont hélas pas été intégrées. D’où des erreurs fondamentales qui sont encore commises actuellement et mériteraient pourtant toute l’attention de nos décideurs, pour éviter de sombrer dans les mêmes maux.
À lire d’urgence, donc. Pour ceux qui veulent comprendre la Grande Crise des années 20-30 et ceux qui souhaitent mieux analyser celle qui mine l’économie mondiale aujourd’hui.
— Florin Aftalion, Crise, Dépression, New Deal, Guerre, Economica, mai 2012, 144 pages.
Article publié initialement le 28 octobre 2013.
Il est salutaire de rappeler que Roosevelt… n’était.. pas vraiment un « démocrate » et que son « new deal », le truc qui fait pâmer les lycéens et leurs professeurs gogos bobos, une vaste foirade.
Qui sait que Roosevelt signa la confiscation de l’or physique, détenu par les particuliers, en avril 1933 ?
Ca vous pose un homme ça. A côté Hollande est un dangereux ultra libéral.
Pour le reste, l’histoire ne se répète pas… nous répète t-on à l’envie. 😉 Et pourtant si, il y a des invariants historiques, liés à l’homme, à sa nature.
Et ce dernier a le bon goût de ne pas vraiment changer au fil des siècles.
Donc oui, la guerre comme soupape de sécurité, pour repartir sur des bases plus saines… fait partie de ces invariants.
En un mot : la destruction créatrice.
Alors bien entendu, lorsqu’elle est appliquée et qu’elle touche au passage les populations dans leurs chairs, ça fait mauvais genre, mais cela demeure un invariant.
La Grande Crise que nous vivons risque fort de connaître un dénouement identique.
Ah la destruction créatrice !
Comme l’a si bien pratiquée l’URSS pendant toute son histoire ou bien encore l’Allemagne : en effet si l’Allemagne n’avait pas été détruite en 1945, elle n’aurait pas connu un si remarquable développement économique. Idem pour le Japon.
Vous avouerez que la destruction de 60 millions d’être humains c’est pas grand chose en comparaison…
Allez, vous me remettrez une bonne petite guerre mais attention que les bombes tombent sur le voisin…
Confondre les conséquences du socialisme mis en pratique par les cocos, les fachos ou les socio-démocrates avec la destruction créatrice, c’est au-delà de la mauvaise foi malhonnête : c’est du crétinisme d’ampleur sidérale.
http://www.institutcoppet.org/2011/07/29/lionel-robbins-la-grande-depression-1934/
http://www.institutcoppet.org/2014/08/11/murray-rothbard-depressions-economiques-ebook/
Plus de détails sur les politiques de Roosevelet (et hoover avant lui) :
http://www.objectifliberte.fr/2008/10/new-deal-2.html En guise de complément, une tres bonne video de 10 min de Thomas DiLorenzo : The FRD Myth
http://en.wikipedia.org/wiki/Thomas_DiLorenzo
video: http://www.youtube.com/watch?v=M6GOkL5oYGQ Une remarquable explication du New Deal: http://www.youtube.com/watch?v=v0P7ozkCE_w http://www.wikiberal.org/wiki/New_Deal Personnellement, je ne saurais trop recommander de lire cet article :
http://mises.org/daily/4039/Dangerous-Lessons-of-1937 On ne retient de la crise de 1929 que le Glass Steagall Act. Pourquoi. Pourquoi certains faits sont-ils occultés, d’autres mis en avant? Sur ce sujet:
http://economie-analyses-actualites-opinions.over-blog.com/article-crise-ce-qu-on-nous-dit-et-ce-qu-on-ne-nous-dit-pas-88244497.html
il y a aussi cet article (en deux partie) très intéressant: http://www.quebecoislibre.org/07/070114-2.htm
http://www.quebecoislibre.org/07/070121-2.htm
http://www.contrepoints.org/2012/09/19/97655-grande-depression-new-deal
il y a aussi cet article : http://www.contrepoints.org/2012/03/19/73709-la-vraie-lecon-des-annees-30-vive-la-rigueur-budgetaire