Sommes-nous Rome à la veille de sa chute ?

En accroissant démesurément le pouvoir de l’État au détriment de la responsabilité individuelle, nous faisons la même erreur que Rome il y a des siècles.

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Are We Rome par Lawrence W. Reed (Crédits : FEE, tous droits réservés)

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Sommes-nous Rome à la veille de sa chute ?

Publié le 31 octobre 2013
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Par Damien Theillier.

AreWeRomeAre we Rome? Tel est le titre d’une étude fort intéressante de Lawrence Reed, président de la Foundation For Economic Education (USA). C’est aussi le titre qu’ont choisi les organisateurs de la FreedomFest à Las Vegas, cette année.

Pourquoi Rome a-t-elle décliné puis finalement chuté ? Reed explique que l’Empire romain fut un régime militaire parasite, qui ne pouvait survivre que par un afflux permanent de richesses pillées à l’extérieur, des prisonniers réduits en esclavage et des terres volées.

En effet, l’enrichissement de l’aristocratie romaine ne provenait que du butin des invasions et non d’une quelconque création de valeur. Avec la fin des conquêtes et les rendements décroissants des pillages, l’administration dut cependant recourir de plus en plus au pillage interne pour satisfaire son besoin de richesses, ce qui entraîna un appauvrissement général de la population de l’Empire

Au premier siècle avant Jésus-Christ, Rome est passée d’une république dotée d’un régime relativement libéral à la dictature de Jules César, avec un tiers des habitants au chômage. C’est l’époque où le parallèle avec notre époque est vraiment frappant.

Car aux premiers temps de sa grandeur, chaque Romain se considérait lui-même comme la principale source de ses revenus. Ce qu’il pouvait acquérir volontairement sur ​​le marché était la source de son gagne-pain. Le déclin de Rome a commencé quand un grand nombre de citoyens ont découvert une autre source de revenus : le processus politique ou l’État. Les Romains ont alors abandonné la liberté et la responsabilité personnelle contre des promesses de privilèges et de richesses distribuées directement par le gouvernement. Le pouvoir fournissait du pain et des jeux à ses citoyens, mais aussi du porc et de l’huile d’olive.

Les citoyens adoptèrent l’idée qu’il était plus avantageux d’obtenir un revenu par des moyens politiques que par le travail. Cela a conduit l’économiste Howard E. Kershner à énoncer la loi qui porte son nom : « Quand un peuple autonome confère à son gouvernement le pouvoir de prendre aux uns pour donner aux autres, le processus de redistribution ne cesse qu’à partir du moment où le dernier contribuable est dépouillé de tous ses biens ».

Vers 140, l’historien romain Fronto écrivait : « La société romaine est préoccupée principalement par deux choses, ses ressources alimentaires et ses spectacles ». Comme les revenus du commerce ne suffisaient pas à financer l’administration et les garnisons, les impôts augmentaient constamment. Les empereurs dévaluaient leur monnaie en mettant moins d’argent ou d’or dans leurs pièces. Cela provoquait l’inflation. La pression fiscale devenait alors insupportable !

Sous le règne de l’empereur Antonin le Pieux (de 138 à 161), la bureaucratie romaine atteignit des proportions gigantesques, écrit Reed. Selon l’historien Albert Trever, « l’implacable système fiscal, chargé d’organiser la spoliation et le travail forcé, finit par être administré par une armée de soldats bureaucrates ». Partout, les bureaucrates à la solde des empereurs s’employaient à écraser les fraudeurs fiscaux.

imgscan contrepoints 2013-2317 RomeFinalement, sommes-nous une Rome contemporaine à la veille de sa chute ? Peut-on dire que l’histoire se répète ?

Considérons les sommes monumentales dépensées pour le sauvetage des banques, les augmentations vertigineuses de la dette publique, la concentration du pouvoir entre les mains du gouvernement central et les incessantes revendications de la part des groupes d’intérêt. Si ces éléments nous sont familiers au XXIe siècle, ils l’étaient tout autant des Romains de l’Antiquité.

En accroissant démesurément le pouvoir du gouvernement au détriment de la responsabilité individuelle, nous avons fait la même erreur que Rome il y a des siècles. Ceux qui ignorent l’histoire sont condamnés à la répéter. La plupart des gens qui chérissent la liberté s’opposent à l’État-providence pour des raisons morales, philosophiques et économiques. Nous ferions bien d’ajouter une autre raison, conclut Reed : les leçons de l’histoire !

À la fin, plus que la liberté, ils voulaient la sécurité. Lorsque les Athéniens ne voulurent plus contribuer à la société, mais qu’au contraire la société contribue à leur bien-être, lorsque la liberté qu’ils souhaitaient consistait à être libérés de toute responsabilité, alors Athènes cessa d’être libre.
Edward Gibbon (1737-1794)

Voir aussi le Stossel show, consacré à Rome : http://youtu.be/-ualm8ONu44

Lire l’étude Are we Rome? de Lawrence Reed.


Sur le web.

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  • La chute des social-démocraties sera plus rapide que celle de l’empire romain car il n’y a plus de territoires barbares à piller pour remplir temporairement les caisses vides des Etats obèses.

    • Certes, mais nous disposons du « territoire » délicieux, venimeux et énorme… de l’endettement.
      😉

      Dans le grand ordre des choses, ça vaut son paquet d’esclaves.

      Plus sérieusement, oui ça ne prendra pas plusieurs centaines d’années.

      Mais l’échelle du temps qui nous intéresse est celle de notre vie, et là je pense que ces régimes ont de quoi tenir.

      D’ailleurs, comme pour Rome, les historiens pourront gloser : quand le déclin a t il commencé ?

      Pour l’Europe, on pourrait le fixer à 1918 par exemple. Nous en serions donc déjà à 100 ans. Honorable.

      • « nous disposons du « territoire » délicieux, venimeux et énorme… de l’endettement. »

        Oui, et c’est d’ailleurs depuis que les états s’endettent auprès de prêteurs étrangers qu’ils ont cessé de faire la guerre à leur voisins pour se concentrer sur la dépouille leurs propres citoyens. Le pillage qu’ils faisaient en dehors des frontières, avant, ils le font toujours mais à l’intérieur.

    •  » il n’y a plus de territoire barbares à piller  »

      effectivement, il ont été pillé au 19ième siècle !

  • J’ai été très intéressé par cet article.
    On m’a présenté les grecs et les romains comme des peuples qui avaient développé la politique (l’art de la vie en société) à l’inverse des phéniciens qui étaient plus commerçants. Le raccourci doit être réducteur. Mais il serait intéressant de savoir si ces gens avaient développé un marché libre et comment il ont disparu. Quelqu’un a des données dans ce domaine?

    • Les phéniciens (peuple de commerçants) disparurent avec Carthage – Les Vénètes de la Manche (peuple commerçant) disparurent grâce à César lors de l’envahissement de la GB – Les romains n’aimaient pas le commerce et la liberté individuelle.

      • Au contraire dans les premiers siècles de la République Rome s’est beaucoup enrichie par le commerce, notamment l’exportation du sel des lagunes du Tibres, l’exploitation du bois de ses rives et un artisanat dynamique. La première richesse restait certes l’agriculture, mais c’était le cas dans l’essentiel du monde antique. Le mépris pour le commerce est apparu progressivement avec l’avènement des classes de rentiers de la terre.

  • bon parallèle à méditer

  • En tout cas, il est clair qu’on vit une chute, s’apparente-t-elle a celle de Rome ou d’Athènes?
    Oui, probablement, ça y ressemble.

    Ce qui est intéressant, c’est que nos élites, plutôt bien formées doivent déja le savoir, et pour ils empruntent le même chemin, ce qui tend à penser qu’ils ne maîtrisent pas vraiment l’évolution de leur pays, ou alors qu’ils savent que cet inéluctable.

    Ce qui me frappe le plus, c’est leur (élite) incapacité à se battre contre, comme si ils profitaient simplement, ils n’apportent rien au pays. Ils diabolisent tous les partis qui se voudraient plus pragmatiques, en les accusant de ce qu’ils sont, car qui est plus, réellement démagogues et populistes que nos politiques actuels UMPSVERTPCFDG? Donc, ils se maintiennent par le mensonge et la magouille quand un pays a besoin de mérite et de don de soi.

    Finalement, un pays peut se résumer à une bande de profiteurs/parasites et un peuple plus ou moins bâillonné, c’est dommage avec toutes les informations dont nous disposons, nous sommes à peine capable de faire mieux que les romains il y a 2 millénaires.

    Je suis assez d’accord avec le fait que le pays court à sa perte depuis le début du XXeme siècle, et on peut remarquer que c’est la date de la séparation de l’église et de l’état.
    J’ai toujours pensé qu’une civilisation ne pouvait pas prospérer sans une religion forte.

    • @JJP, vous écrivez « qui est plus, réellement démagogues et populistes que nos politiques actuels UMPSVERTPCFDG?  »

      la réponse est aisée à trouver : le FN …..

      En fait, la démagogie du FN n’est ni plus ni moindre que celle des autres partis.

      • @Cap2006
        On connaîtra la réelle démagogie du FN quand elle se sera exprimée dans la réalité, pour l’instant, on ne connait que des propositions.

        Personne ne peut dire que le FN est démagogique tant qu’il ne l’aura pas prouvé dans les faits.

        Tout le reste n’est que conjecture.

        • A ce propos, le libéralisme non plus n’a jamais été appliqué véritablement, alors que c’est le système politique le plus simple à mettre en oeuvre !

          Est-ce dû à la nature humaine et à ses biais qui rendent les théories libérales instables ou inapplicable ?

          • C’est marrant, mais les coco disent la même chose, le communisme n’a jamais été réellement appliqué, les soviet et mao, c’étaient pas de bons communistes.

            Quelle importance au fond?

            L’important, c’est de toujours tenter, et avancer, avec un vrai avancement, pas le pseudo-progrès mode gender, ou mariage pour tous.

            Tout être vivant meurt toujours de son incapacité à s’adapter, la grande glaciation façon socialo-marxiste en ce sens, donnent de bonnes raisons d’imaginer une chute rapide.

            Les français voudront-ils s’adapter ………….. à temps?

          • jjp, « C’est marrant, mais les coco disent la même chose, le communisme n’a jamais été réellement appliqué,  » Ce sont donc des utopies !

        • Etre populiste n’est-il pas le seul moyen de gagner une élection ?

  • Panem circensesque, et une bonne louche de droit de vote aux barbares, l’analogie est frappante depuis lonqtemps.

    C’est pourquoi les cours d’Histoire – quand il en reste – se contentent des plans des bains romains, ou d’examen de leurs poteries !

  • Nous avons élu FH dans les conditions que maintenant tout le monde connait , même ses « inconditionnels »
    La liste des réformes indispensables pour sortir du marasme actuel est si longue qu’il faudrait, pour commencer ,ne plus faire; tout de suite , du mandat « électoral » une profession à vie ‘( tel que non cumul des mandats – principal ou secondaire -) une « représentation » plus diversifiée etc etc

  • Non, nous sommes très loin des valeurs de Rome, hélas, la chute n’en sera que plus dure.

  • On va essayer de faire court.

    Fin de l’empire Romain.

    -230/470 : L’empire plafonne et ne peut plus « piller » plus d’énergie (à l’époque les céréales, traction musculaire et animale oblige) qu’il ne consomme pour alimenter sa croissance (tant qu’il pillait le cout de l’énergie était bas à Rome et la monnaie forte). La faute aux frontières géographiques atteintes : à l’ouest la mer, au sud le désert, à l’ouest montagnes et steppes et enfin au nord… marécages et forets au delà du Rhin. Dés lors la monnaie romaine va dévisser, le prix de l’énergie et les impôts augmenter, le cout de l’armée devenir plus chère = effondrement.

    Le parallèle avec les USA n’est pas complètement dénué de fondement, l’essor US se fait sur fond de maitrise du pétrole (acte 1 : Rockefeller et la standart Oil, acte 2 : accords d’achnaccary 1928, acte 3 : Pacte de Quincy 1945)…. contrairement au Romain ce n’est pas la géographie qui signe sa contraction mais 1° l’essor de la chine (= OCS) et des Brics qui ne veulent pas payer une « dime » au compagnies pétrolière et lobbies US 2° l’approche du Pic-OIL qui condamne le système sous la forme qu’il avait depuis l’après guerre. Les USA doivent forer en urgence pour trouver du gaz de schiste et ont tenté de se refaire suite à la perte de l’Iran en 79 avec l’Irak et en essayant de reprendre les révolutions arabes (frères musulmans via Arabie saoudite) pour le moment sans grand succès (L’iran reste amarré à l’OCS pour le moment, les frères musulmans sont en reflux, L’Irak a signé avec Pétrochina).

    Source :

    carte interactive évolution empire romain :

    http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Roman_Republic_Empire_map.gif
    h**p://petrole.blog.lemonde.fr/2011/10/31/lempire-romain-et-la-societe-dopulence-energetique-un-parallele/
    h**p://fr.wikipedia.org/wiki/Accord_d’Achnacarry
    h**p://fr.wikipedia.org/wiki/Pacte_du_Quincy
    h**p://petrole.blog.lemonde.fr/2013/04/11/croissance-dette-facture-energetique/

    L’exceptionnel documentaire le secret des 7 soeurs :
    h**p://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=Fitaaj_aPPo

    L’autre documentaire de référence : la face cachée du pétrole
    http://www.youtube.com/watch?v=bvEk13MFl70

    Une conférence récente (et assez explosive) à ce sujet au Sénat
    http://www.youtube.com/watch?v=MULmZYhvXik

    et pour ceux qui veulent pousser plus loin la réflexion, l’analyse toute récente et exemplaire du physicien François Roddier sur le lien entre la thermodynamique, la vie et la civilisation.
    h**p://www.youtube.com/watch?v=6lNz5vmKEFA

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