Par Philippe Nantermod, depuis la Suisse.
Ironie de l’Histoire. Ceux qui s’indignent aujourd’hui de l’espionnage pratiqué par le gouvernement américain ne trouvaient rien à redire lorsque les fiscs allemand et français achetaient des CDs de données volées. C’est avec les honneurs que les Falciani et autres Condamin Gerbier furent accueillis par les « grandes démocraties » européennes. Drapés de vertus, c’est au nom de la lutte contre les fraudeurs que nos partenaires économiques nous ont imposé tour à tour les demandes groupées d’informations, FATCA, l’échange automatique, l’espionnage industriel et la délation comme morale politique.
Personne n’approuve l’évasion fiscale, comme il ne se trouve aucune voix pour encenser la fraude aux assurances sociales ou les délits financiers en tout genre. Toutefois, la tradition démocratique exige que les enquêtes fiscales soient réalisées dans un cadre strict de légalité, garantissant aux citoyens concernés la possibilité de se défendre. L’abolition du secret bancaire, tant souhaitée par les dirigeants d’États en faillite, liquide les garanties de procédure pourtant inscrites dans les conventions internationales de protection des droits de l’homme.
À de multiples reprises, pour couvrir quelques établissements financiers peu scrupuleux, le Conseil fédéral a capitulé face aux exigences étrangères, poussant l’absurde jusqu’à reconnaître le fraudeur du fisc comme l’ennemi public numéro un. Il sera permis au fisc de mettre son nez dans les comptes des individus sans aucun contrôle. À titre de comparaison, placer sous écoute un pédophile présumé exige l’intervention d’une autorité indépendante. Ce droit ne sera plus accordé à l’indépendant suspecté d’avoir rempli incorrectement sa déclaration d’impôts. Notre société combat avec plus de célérité les tricheurs du fisc que les criminels de droit commun, c’est dire…
Angela Merkel s’émeut d’être surveillée à son insu. Quelle indécence que se plaindre de se voir soumis au même traitement que celui que l’on accorde à ses concitoyens. La sphère privée de la chancelière ne mérite pas davantage de protection que celle des Allemands qui ont le malheur de disposer d’un compte en Suisse. Quelle différence y a-t-il entre l’espionnage pratiqué au moyen de données volées et les grandes oreilles de la NSA qui renseignent le président Obama sur les moindres faits et gestes de son homologue allemande ? Je n’en vois pas.
Le scandale des écoutes téléphoniques doit pousser notre gouvernement à remettre la question de la protection de la sphère privée sur la table et à montrer que le secret bancaire constitue moins un révolver pointé contre l’État qu’une barrière juridique vitale contre les dérives de gouvernements aux abois. Malheureusement, plutôt que de profiter de l’occasion pour mettre un terme au voyeurisme ambiant, le Conseil fédéral préfère marcher dans la combine en cryptant ses communications. Triste réalité.
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Sur le web. Publié dans le Nouvelliste, le 29 octobre 2013.
Bien sûr, que notre société combat avec plus de célérité les tricheurs du fisc que les criminels de droit commun : ces derniers sont des socialement proches !
Les états n’étant rien d’autre que des mafias, les assassins, violeurs, voleurs et cie sont bien plus proches d’eux que les victimes communes à ces deux groupes de pourritures…
Les crétins qui veulent « une harmonisation fiscale » ou « une transparence fiscale », ne se rendent pas compte qu’ils vont être broyés par ces monstres froides que sont les états.
Lorsque toutes les mafias étatiques se serreront les coudes, il n’y aura plus d’échappatoires pour le pauvre petit individu.
Les états pourront à loisir s’accaparer les richesses et le travail des citoyens.
Bienvenue en esclavage !!
« …. monstres froids… »
Oui, c’est juste.
Le phénomène révolutionnaire majeur du XXes, l’informatique, échappe encore largement à la conscience collective. Le peuple se réjouit des informations divulguées par Mediapart mais s’effraie de l’intrusion des polices ou des agents économiques dans sa vie privée.
Oubliant sans doute que cette hypertransparence universelle (annoncé clairement par Virillio des 1985 – eh oui il faut rendre à César… -) remet en question très profondément toutes nos idées sur les prétendus « pouvoirs » démocratiques, en adoptant l’idée pernicieuse de la suppression de toutes les barrières.
En allemand on dit « Wissen ist Macht » (le savoir c’est le pouvoir), mais l’accès aux « machines de vision »
et aux techniques de camouflages (clairement héritées de la culture guerrière), sont en contradiction totale avec l’idée démocratique de la séparation des pouvoirs sensée protéger les intérêts individuels.
Nos vues politiques ont toutes encore 5 trains de retard et la plupart des sociologues aussi.
Signalons que ces employés indélicats de banques suisses sont venus proposer leurs listes aux belges, qui les ont refusées, signalant qu’utiliser des données volées était assimilé à du recel.
En France, on ne s’embarrasse pas de ces délicatesses …
Vous ne voulez pas que les gouvernements vous espionnent (enfin j’espere)?
Il y a une solution tres simple, qui ne depends que du nombre de personnes qui l’appliqueront: dans toutes vos conversations telephoniques, ou sur internet, faites systematiquement usage des mots cles qui leur servent de base pour vous surveiller: parler donc de trafic de drogues, de tuer le president des Etats Unis, de terrorisme, de Al Quaida… ca devrait suffir a les occuper pour quelques siecles…
C’est surtout un ensemble de chose qui nous a conduit a la fin de la vie privée notamment l’existence des banques centrales et la fin de l’étalon or classique.Je passe sur les lois sécuritaires dont l’efficacité est relativement faible.Je passe sur l’existence de l’impôt sur le revenu…