Paru début 2004, Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste m’a particulièrement marqué il y a donc maintenant presque 10 ans. Face à la désinformation ambiante, une argumentation efficace qui n’a en rien perdu de son acuité.
Par Johan Rivalland.
Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste, même dix ans après sa parution, demeure un essai d’importance, fort bien documenté, qui fourmille de statistiques, sans que l’usage en soit rébarbatif, ne venant là que pour étayer une argumentation limpide et abordable à tout un chacun. Une mine d’informations, qui a pour mérite de démonter un grand nombre de croyances ou d’idées fausses.
L’auteur, qui se dit consterné et même choqué par des manifestants ou politiques des pays riches souvent plus prompts à défendre l’isolement économique que le libre-échange montre que, loin de pénaliser les plus pauvres, la mondialisation a permis au cours des dernières décennies une élévation très sensible du revenu moyen des habitants de la planète (en dollars constants ajustés selon la parité du pouvoir d’achat).
Les 20 % les plus pauvres ont même vu ce revenu plus que doubler depuis 1965. Et, situation unique dans l’histoire, 3 milliards de personnes sont sorties de la pauvreté au cours du dernier demi-siècle.
Finalement, seuls les pays repliés sur eux-mêmes ou subissant une dictature politique n’ont pu profiter de cette évolution favorable. Dans ces pays, les droits fondamentaux de la personne ne sont nullement respectés.
Or, grâce au commerce et au libre-échange, le nombre de ces pays est en très fort recul et la démocratie ne cesse de progresser.
C’est le commerce qui permet de pacifier les relations entre États, puis d’amener la démocratie et la liberté, et non l’inverse.
Johan Norberg développe ainsi un grand nombre d’arguments, insuffisamment écoutés ou plus simplement connus en France en particulier, où ce sont toujours les représentants des mêmes idées qui sont les invités des plateaux de télévision et où on laisse peu de place à une réflexion soutenue, mais bien plutôt aux assertions « généreuses » et généralement invérifiables.
Les arguments fallacieux des alter mondialistes sont ainsi battus en brèche, grâce à un vrai travail de recherche, basé sur des statistiques officielles et donc tout à fait vérifiables, dont la convergence est sans équivoque.
De la soi-disant croissance des inégalités aux méfaits du capitalisme en général et du libéralisme en particulier, en passant par les théories fumeuses de la dépendance ou de la protection des industries naissantes, le rôle contesté et contestable du FMI et de la Banque mondiale, sans oublier l’utopie de la révolution verte et ses relents ultra protectionnistes, et encore bien d’autres idées à la mode, l’auteur suédois argumente patiemment point par point, se basant systématiquement sur des faits et des éléments chiffrés et ne reculant devant aucun sujet, à l’image de celui, sensible, du travail des enfants, qui apporte aussi son lot de surprises.
On y apprend même que l’OMS, en consacrant moins de 20 % de son budget annuel pour prévenir des maladies telles que la malaria ou la tuberculose, dont meurent 11 millions de personnes chaque année, pourrait éviter cette hécatombe effroyable et, qu’au lieu de cela, elle préfère organiser des conférences dans les pays riches pour promouvoir les ceintures de sécurité ou lutter contre le tabagisme.
É l’inverse, un Bill Gates tant décrié donne à lui seul plus d’argent à la lutte contre les maladies dans les pays en voie de développement que le gouvernement fédéral américain, ce qui représentait en 2000 le quart de ce que les pays industrialisés ont pu y consacrer.
Et que penser de tous ces débats généreux et extrêmement simplificateurs sur l’aide à ces pays ou l’annulation de la dette des pays les plus endettés lorsque Johan Norberg nous en démontre les méfaits ?
Une simple anecdote, à elle seule, en dit long là encore : à l’époque de la parution de ce livre, on estimait la fortune personnelle amassée par Fidel Castro grâce à l’aide au développement à 1 milliard de dollars ! Lorsqu’on connaît la situation économique de Cuba, ceci laisse songeur… et ce n’est malheureusement qu’un exemple parmi tant d’autres.
En conclusion, cet ouvrage constituait, et constitue toujours, une leçon pour tous ceux qui, sans complexe, se font les véhicules de tant d’affirmations faciles et non vérifiées. Et une somme d’informations très précieuses pour tous ceux qui entendent au contraire ramener le monde à plus de raison.
— Johan Norberg, Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste, Plon, janvier 2004, 271 pages.
Je recommande également ce livre, dont on peut lire un extrait ici :
http://www.contrepoints.org/2013/10/21/143405-le-droit-de-choisir-sa-culture
Ce qui m’a malgré tout posé question dans l’ouvrage, c’est la défense des brevets.
Désignez-vous par démocratie le fait de désigner des maîtres parmi ceux qui nous sont imposés par les puissances d’argent ?
La démocratie… vaste débat. Ce n’est sans doute pas le lieu, sur cette page, pour partir sur de longs développements à ce sujet (mais vous vous pouvez en trouver plein d’autre sur Contrepoints).
Quant aux « puissances d’argent », voilà une notion bien mystérieuse, qui mériterait d’être précisée…
La fortune de Castro fait elle partie des éléments vérifiés et vérifiables dont vous faites état pour appuyer la démonstration de l’auteur ou s’agit-il d’un bobard de la propagande NSA-CIA ?
« On ESTIMAIT, à l’époque de la parution de ce livre, la fortune personnelle amassée par Fidel Castro »
N’est-ce pas suffisamment clair pour vous?
Votre réponse est très claire. « ON » est bien connu pour être une source pertinente.
« ON » m’a dit que l’hiver serait froid. J’ai fait rentrer 20 stères de bois.
Pour répondre à votre question, je n’ai fait que reprendre ce que l’auteur de l’ouvrage, Johan Norberg, indique à la page 159. Il ne cite pas de source, puisque rien n’est prouvable en la matière, vu l’opacité des comptes des dictateurs qui, généralement ne s’empressent pas de déclarer officiellement leurs revenus en toute transparence.
Ce qui me surprend le plus est que vous puissiez être surpris.
En matière d’aides et de confiscations ou de détournements d’argent, on sait bien, sans que nous ayons besoin d’avoir des tas de preuves tangibles si difficiles à obtenir, que nombreux sont les dictateurs à détourner ainsi l’argent en provenance de l’étranger (notamment) pour s’en accaparer une part non négligeable.
Concernant la source, il s’agirait peut-être du magazine Forbes, dans son classement des hommes d’Etat les plus riches du monde. Il suffit de ses rendre sur internet pour trouver des éléments là -dessus.
Par contre, bien sûr vous trouverez toujours des gens proches du dictateur pour le défendre et nier ces affirmations… (et on en trouve trace là aussi en naviguant sur la toile).
A chacun de se faire son idée.
Un petit extrait de quelque chose que je viens de trouver rapidement sur internet (ce qui ne constitue, bien sûr, nullement une « preuve », je vous le concède) :
« (…) Selon le palmarès 2006 de Forbes, la magazine américain spécialisé, entre autres, dans les classements des personnalités, des entreprises, des clubs sportifs (base ball, football-soccer), la fortune de Fidel Castro, la plus élevée des Chefs d’Etat en exercice hormis celle des rois, et la septième en incluant ces derniers, est évaluée à 900 millions de $, soit 700 millions d’€.
S’appuyant sur les témoignages d’ « anciens officiels cubains », le magazine soutient que la fortune de Castro provient de fonds extraits d’institutions publiques comme le Palais des conventions, la société d’Etat CIMEX, qui a le monopole des importations et exportations, et Medicuba, qui vend les vaccins et d’autres produits pharmaceutiques produits à Cuba.
(…) Affirmant ne rien posséder et ne gagner que 900 pesos (32 euros) par mois, il a accusé le président Bush et les agences de renseignement américaines d’orchestrer une campagne pour le discréditer, et à travers lui la « révolution » cubaine. »
Propagande ou pas propagande, je vous laisse seul juge. La dernière phrase peut aussi laisser songeur… propagande contre propagande ?