Par Michel Desgranges.
Un prospectus dans la boîte aux lettres. Une dame voisine, inconnue de moi mais que je suppose, à son ton, parisienne et lectrice de magazines féminins, se propose de créer une Association pour la sauvegarde du patrimoine architectural de T*** , commune où je vis, et où le plus laxiste des esthètes post-modernes serait bien en peine de dénicher le moindre patrimoine architectural.
Est exposé l’ordre du jour de la réunion fondatrice, à la seconde ligne : Recherche et demande de subventions.
Une revue de modélisme ferroviaire, un communiqué annonce des stages pour former à la création de clubs d’amateurs de p’tits trains (ce que je suis, solitairement), à la troisième ligne du programme : Recherche et demande de subventions.
La gazette locale consacre une demi-page à l’énumération des subventions accordées à diverses associations; pour une commune proche : soixante euros aux joueurs de boules, cinquante aux pêcheurs à la ligne, quatre-vingts aux fidèles de la belote, etc., et ainsi pour chaque commune du canton, sommes dérisoires mais distribuées dans tout le pays des dizaines de milliers de fois — dizaines de millions et dizaines de millions, doublés ou triplés par les coûts d’étude des dossiers et de mise en paiement.
Un monsieur envisage-t-il de créer sur ce champ peu cultivé un atelier qui emploiera trois personnes ? Aussitôt, il rend visite aux autorités, pour s’enquérir des subventions disponibles.
Parfois, j’accordais audience à un digne universitaire venu me proposer d’éditer son nouvel ouvrage, dont le sujet n’intéressait guère que lui-même et quelques collègues; me sentant réticent, il s’empressait d’ajouter : « mais j’ai des subventions pour le publier. »
Il n’est pas nouveau que les hommes réclament des faveurs au pouvoir, il semble même que cette attitude existe depuis l’origine de sociétés pourvues d’un gouvernement, ou d’un souverain ; en lisant les Journaux et Mémoires des marquis de Sourches et de Dangeau, il n’y a guère de jour que je ne trouve : « M. le comte de B*** a obtenu une pension de trois mille livres, M. le baron de S*** une pension de deux mille écus, M. le duc de M*** a reçu du Roi mille pistoles… « , parfois, ces pensions récompensaient des services rendus, ou étaient une retraite pour un vieux militaire , beaucoup n’étaient que des faveurs , mais jamais ne se fait entendre la moindre phrase suggérant que ces pensionnés se fussent interrogés sur l’origine de l’argent que leur octroyait le Roi-Soleil.
Peut-être savaient-ils, de ce savoir trop évident pour qu’il entraîne la moindre réflexion, que livres et écus venaient de la taille, mais ils ne voyaient pas que c’étaient leurs propres revenus qui étaient, in fine, diminués par cet impôt frappant leurs paysans, de même ne cherchaient-ils pas  les raisons qui poussaient le souverain à augmenter péages et droits d’octroi, et quand Louis XIV, voyant vide son trésor, créa la capitation, puis le vingtième et le dixième, impôts prélevés également sur les nobles (car sous la Monarchie il arriva bien souvent que les nobles payassent des impôts directs…), ils ne comprirent pas plus que leurs propres demandes étaient responsables des besoins du souverain – et de leur imposition.
En démocratie, il est d’usage de créer des impôts qui paraissent épargner la masse des électeurs des législateurs qui les promeuvent, tels l’impôt sur le revenu ou celui sur le patrimoine, et il est certes bien confortable pour cette masse de recevoir des sous pris à autrui.
Hélas, c’est à chaque instant que s’accroît la montagne d’argent distribué à des océans de quémandeurs, et vient le moment où est impossible de faire payer autrui, parce que cet autrui a les poches vides, ou ne produit plus, ou est allé travailler sous d’autres cieux, et il est alors nécessaire, pour que continue la distribution de manne, d’élargir l’assiette de divers impôts directs, transformant ainsi en contribuables les pensionnés qui ne contribuaient pas, puis d’augmenter ces impôts indirects perçus sur la totalité des citoyens, mais qui, proportionnellement, diminuent plus le pouvoir d’achat réel des smicards que des millionnaires.
Excellents citoyens qui, malins comme des singes, prospéraient dans la joie de faire payer par M. État (soit dans leur esprit : personne, ou le voisin) leurs menus plaisirs ou leurs projets incertains, le cartable de leurs enfants ou la bonne de leur vieille mère, leur loyer ou leurs dettes, qui suppliaient sans cesse pour que fussent créées plus d’écoles pour garder leur marmaille et construits plus d’hôpitaux pour soigner de dérisoires bobos, et que la corne d’abondance déversât sur eux éternellement des bienfaits qui ne leur coûtaient rien.
Mais voici que la machine s’emballe, et que les citoyens privilégiés se découvrent accablés d’impôts, et ils se plaignent, manifestent même, tels ces Armoricains si longtemps gavés des subventions de la PAC, faudrait-il donc, horreur !, qu’ils payent pour recevoir ?
Vous voulez, citoyens électeurs, moins d’impôts ? Et si vous cessiez de mendier ?
PS. J’entends : « je demande des subventions pour récupérer, en partie, ce que M. État me prend ». Selon toutes les théories de la justice, rien de plus juste. Mais dans la réalité, pour que quelque chose change en ce domaine, il faut que quelqu’un commence – et ce ne sera pas M. État.
Attention on ne dit plus singe ce mot est interdit en France. Ce pauvre animal à bon dos….
Banane non plus!
Excellente tribune sur l’adn des français : l’assistanat….
Tous les mouvements de grogne de ces dernières années, qui ne combat pas un privilège accordé à d’autres, ou réclame un privilèges pour lui même….
Le comble est très certainement les benets rouges …
Le comble est très certainement les benets rouges …
+1000.
Je ne connais pas de profession ayant les moyens de balancer son gagne pain sur les CRS. Et je ne parle même pas de l’obscénité du geste.
Plein de libéraux sont tombés dans le piège de la fausse révolte contre les impôts. Ils gueulent contre une taxe qui se voit et exigent la restitution de toutes les subventions agricoles avec lesquelles ils se gavent depuis des décennies.
Le mouvement est un peu plus complexe, à présent, qu’un simple refus d’une taxe. En pratique, s’il prend un peu partout, c’est bien parce qu’un peu partout, les gens en ont assez des taxes et des impôts.
Les subventions, c’est comme les rançons : que l’état cesse de payer, plus personne ne viendra en demander. La différence, c’est que du coup, il serait bien isolé.
Arrêtons de faire croire que c’est le mendiant le coupable, le coupable est celui qui préfère qu’il vive de la dépendance envers son donateur que de sa propre activité autonome.
Ce genre de « fourre tout » me met à l ‘aise.
Car, sur ce sujet précis, il convient de discriminer !
Ce ne sont pas « les » Français qui mendient tous…
La PLUS GRANDE PART de la rapine sert à entretenir une CERTAINE CATEGORIE de Français.
-fonctionnaires, para fonctionnaires, salariés privés payés par le public
A cette grande masse, s’ajoutent en effet D’AUTRES CLIENTELES, mais avec des montants plus faibles.
@Christophe,
il me semble bien que les mendiants soient bien plus nombreux que vous voulez bien le penser.
– la niche fiscale sur le diesel
– les entreprises privées… (suvbentions en tout genre )
– les retraités et en particulier les 10% d’abattement pour frais PROFESSIONNELS (?) sans compter les exonération de redevance TV ou de taxes locales
– les employeurs d’employés à domicile
– les travaux de renovation..
etc…
IN n’y a pas de niche sur le diesel.
Il y a un trop perçu sur l’essence. Qu’il soit alligné sur le diesel.
OK pour les 10% mais dans ce cas taxer a 15% globalement et non pas 45% etc;etc.
Un peu étattiste vous sur les bords. ??
@Bobomede…
Je réagissais au commentaire de @Christophe… avec quelques exemples qui me sont venus rapidement à l’esprit.
@Christophe, pour être bien clair, j’écris régulièrement mon utopie préférée : fusion de tous les statuts d’actifs dans un m^me statut, avec les mêmes droits et devoirs…
– y compris pour les indépendants
– y compris pour les fonctionnaires
– y compris pour les CDI
avec
– salaire complet et charge à chacun de s’assurer socialement auprès de l’assureur de son choix (SS , mutuelle ou assureurs), versé uniquement pour les jours travaillés
– liberté d’embauche et de licenciement, en échange
1- d’une transparence totale des mouvements, de l’ancienneté et du taux d’absentéisme, DUE fournit à l’administration qui se charge de les mettre en ligne.
2- d’un revenu minimal de subsistance, le même pour tous de la naissance à la mort, entrainant la suppression du smic, remplaçant toutes les alloc, RSA, minimum vieillesse, etc..
Pas d’accord.
-si je « donne » 100 aux entreprises en « subventions »
-mais que dans le même temps, je leur pique 150
… ça donne toujours un solde négatif.
Alors que salaires + retraites des fonctionnaires, je suis désolé, mais voilà une opération à « sens unique ». Qui coûte.
Le pouvoir s’entretient, il coûte cher, il lui faut fédérer ou contraindre voire les deux, cela à un coût et le paradoxe comme vous le soulignez justement c’est cette impression de gratuité, car l’état n’a pas d’identité propre, il est fatalement collectif, et ce particulièrement en france.
La sécu ? c’est gratuit, les taxes sur les entreprises ? ça ne se répercute pas sur les consommateurs, etc.
Il faudra expliquer aux français qu’en taxant les vaches, ce n’est pas la vache qui paye, mais le contribuable.
Votre titre esr trompeur.
Les Impots ne sont pas source du mal tout comme l’argent n’est pas l’oeuvre du satan.
Mais Comment on dépense ces impots esrt un veritable souci.
Il faut faire la différence entre dépenses publiques et gaspillages, entre autres dans des subventions pour des raisons souvent electoralistes.
L’impôt est un vol dissimulé par la fable de l’intérêt général socialiste. Si véritablement l’impôt n’est pas un vol, alors tirons-en la conséquence évidente : que l’impôt soit volontaire, strictement réservé à ceux qui votent pour ! L’impôt prélevé sous la contrainte est bien la source du mal et sa réduction au minimum vital est la solution sans alternative. En fait, l’intérêt général existe et ce qui précède est sa définition. L’argent quant à lui est un bien comme un autre, résultat du travail des hommes : ni bien ni mal, l’argent est neutre.
Ceci étant dit, cette phrase de l’auteur est fausse : « leurs propres demandes étaient responsables des besoins du souverain – et de leur imposition ». Elle devient vraie dès qu’on inverse les propositions : c’est parce que le souverain vole des impôts que les demandes de la population envers le souverain sont infinies. C’est d’ailleurs parfaitement rationnel : on va gratter le flouze là où il est, puisque quémander des faveurs rapporte des richesses tandis que travailler, créer des richesses, est puni et les richesses volées.
Conclusion : les Français ne sont pas naturellement corrompus. Ils le deviennent, comme n’importe quel autre peuple, sous l’effet de la corruption socialiste. Faut-il encore rappeler cette évidence que « l’Etat, c’est la grande fiction etc. » ? Le problème de la France, ce n’est pas son peuple, ce sont ses institutions socialistes qu’il faudra interdire tôt ou tard.
« Elle devient vraie dès qu’on inverse les propositions »
Comme les gagnants du loto qui ont curieusement plein de nouveaux amis.
Moi, je n’ai jamais mendié, et pourtant mes impôts n’ont cessé d’augmenter. Certaines réactions et cet article me paraissent naïfs, utopiques et décalés. Avez-vous entendu un gouvernement dire : « Puisque vous ne voulez pas de mes subventions, je vous supprime les impôts contre lesquels vous râlez le plus à la place » ? Avez-vous entendu : « Nous tiendrons ferme sur la fin des subventions agricoles, mais nous supprimons l’écotaxe et la moitié des contraintes administratives » ?
Moi, j’ai entendu le contraire.
J’ai été fasciné par l’argent que l’Etat dépense sans compter depuis des années pour subventionner la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées et indemniser les dégâts qu’ils commettent. Croyez-vous que je puisse obtenir une subvention pour réintroduire l’éléphant dans les Alpes? Après tout, il n’y en a plus depuis Hannibal et, contrairement à l’ours, c’est une espèce menacée. De plus, les éléphants ne mangent pas de brebis, eux.
… Non ? …Vous croyez ? Pourtant, il n’y a pas de raison que toutes sortes de débiles y aient droit et pas moi ! Il est bien débile mon projet, donc il devrait être subventionnable !
Montez une association loi de 1901. Si l’éléphant est socialiste et que vous promettez qu’il ne sortira plus jamais de sa vallée des Alpes, je ne serai pas le seul à vous faire un don.
Avant de s’inquiéter des impôts, la bonne question à se poser c’est : les revenus de chacun sont-ils mérités ? D’où proviennent-ils ? Du saint esprit ? Une fois qu’on aborde ces questions essentielles, la question de l’impôt s’impose d’elle-même. Car en effet, rien ne permet de justifier certains revenus. Plus globalement, rien ne permet d’affirmer que chacun est rémunéré à sa juste valeur. La question qui suit est donc comment se fait a rémunération. La réponse est à la fois simple et complexe. Simple dans son expression : la rémunération et la répartition primaire des revenus provient de rapports sociaus et culturels, complexe car ces processus le sont. Quoi qu’il en soit cela montre que puisque les revenus primaires sont le fruits de processus sociaux, rien n’empêche que des processus sociaux corrigent ces répartition primaire. D’où l’impôt qui s’impose ainsi de l’ui-même.
Je vous l’ai fait brève, cela pourra être développé par la suite si nécessaire.