Légende urbaine : les salaires stagnent malgré les hausses de productivité

La rémunération horaire est étroitement liée à l’évolution de la productivité, n’en déplaise aux amateurs de complots capitalistes.

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Légende urbaine : les salaires stagnent malgré les hausses de productivité

Publié le 24 novembre 2013
- A +

Par Kevan Saab.

On voit fleurir régulièrement, le long des discussions politiques ici et là, le graphique suivant produit par le Economic Policy Institute (think tank américain ancré à gauche) :

Productivité salaire
Figure 1: évolution « réelle » de la rémunération horaire (c’est-à-dire ajustée en utilisant l’IPC) vs évolution de la productivité horaire aux États-Unis.

Généralement, on cite ce graphique en référence quand on veut attaquer le principe économique de base qui lie l’évolution de la rémunération du travailleur à l’évolution de sa productivité. La plupart du temps, on voit accusés d’être responsables du curieux plateau de la courbe de la rémunération horaire les deux ennemis publics des temps modernes : j’ai nommé la finance et les inégalités, pardi !

Malheureusement pour les amateurs de complots bourgeois, ce graphique n’est ni plus, ni moins qu’une grossière manipulation, la trajectoire plate de la courbe de rémunération étant tout bonnement ridicule.

Reprenons les choses à zéro et reconstruisons ce graphique pour les États-Unis, en utilisant les données de l’OCDE (disponible ici) et en raisonnant en termes de croissance nominale pour les deux indices. En ce qui concerne la mesure de la productivité, la formule ne change pas :

Productivité horaire = PIB nominal / nombres d’heures travaillées

Si le PIB est d’habitude une donnée à utiliser avec parcimonie, il reste dans notre scénario la meilleure manière d’estimer la valeur moyenne des richesses produites en une heure de travail. Notons au passage sa tendance à être surévaluée du fait de la difficulté à mesurer la valeur réelle de la dépense publique. Ainsi, gardons en tête que la productivité horaire ainsi calculée aura tendance à être légèrement surévaluée elle aussi.

En ce qui concerne la rémunération horaire, prenons les statistiques de l’OCDE sur la question, et enfin, combinons le tout dans Excel, voilà le résultat :

Productivité salaire

Voilà qui devrait renvoyer dans les cordes les analphabètes économiques qui ont pondu le graphique précédent ! Comme prévu par la théorie économique, la rémunération horaire et la productivité horaire sont toujours bel et bien corrélées avec une hausse légèrement plus accentuée pour la productivité horaire comme prédit plus haut.

Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur la supercherie du Economic Policy Institute, je vous invite à lire cet excellent billet du blogueur Le Minarchiste dans lequel il détaille les raisons pour lesquelles la conversion des données nominales en données ajustées pour l’inflation, en utilisant l’indice des prix à la consommation, aplatit artificiellement la courbe.

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Créer un compte Tous les commentaires (16)
  • « Comme prévu par la théorie économique, la rémunération horaire et la productivité horaire sont toujours bel et bien corrélées avec une hausse légèrement plus accentuée pour la productivité horaire comme prédit plus haut. » La hausse légèrement plus accentuée n’en est peut-être pas une, il faudrait faire le rapport entre les deux courbes, ou calculer la différence en %, ou encore faire un tracé semi-log…

  • Comme vous concluez justement (et je le vis avec mon salaire médian) les salaires augmentent corrolairement avec la production.
    Ce sont les hausses du cout de la vie, soit la legere inflation, couplé avec une fiscalité pas des plus justes qui érodent notre pouvoir d’achat.
    Le smic (que j’estime être une bonne chose) est décent couplé avec notre protection sociale.
    Et le ressenti d’une stagnation des salaires a aussi des origines sociologiques et psychologiques.
    Les français ont des rapports très compliqués dans leur travail. Il y a un esprit des luttes de classes subi par tous mais aussi paradoxalement entretenu par tous patrons, cadres, proletariat, chomeurs, assistés sociaux, retraité et surtout les po
    Alors oui, il est facile pour eux d’avoir un graphique avec des chiffres corrects mais sous entendant à une interpretation

  • C’est une bonne idée de citer ses sources. Toutefois, j’ai dû mal à comprendre pourquoi la courbe que vous montrez est fort différente de celle de vos sources.
    Car la courbe que vous montrez est un mensonge comme celle que vous critiquez. La courbe que vous montrez ne tient pas compte des produit importé, or les état-unis importent et les habitants payent des produits importé, ça fait parti de leurs dépenses.
    Certes votre propos sera moins percutant ainsi, mais il sera aussi plus vrai…

  • Mon expérience tendrait à confirmer la première.
    J’ai eu l’occasion de voir de l’intérieur des groupes nationaux absorbés par de grands groupes internationaux, et très rapidement derrière, les rémunérations n’ont plus été corrélées aux résultats, très clairement les résultats étaient comme aspirés; et pour finir, ils ont virés ceux qui avaient été les artisans des bons résultats pour alléger la masse salariale et mieux vendre à un autre groupe peu après.

  • Le problème vient peut-être (faudrait regarder comment sont calculées les grosses masses « rémunération » et « production ») de la part toujours croissante des « cotisations patronales » et autres taxes cachées. Certes la productivité augmente, certes les gens n’ont pas plus… mais c’est bien parce que l’Etat se goinfre de plus en plus. Donc la masse salariale totale augmente, le salaire versé non, puisqu’une part croissante du « coût chargé du travail » « finance » notre « protection sociale »…

  • Qu’est-ce que ça donne si on se sert du PIB marchand ?

    • Je pense que ca collerait encore plus, ce sont les dépenses publiques qui tendent à tirer artificiellement vers le haut le PIB et donc les gains de productivité horaire.

  • Ben voyons, les salaires des grands patrons n’ont pas évolués plus que les salaires des ouvriers, c’est bien connu et c’est ce que veut nous démontrer Kevan Saab

    Les membres du Conseil d’Administration et du Conseil de Surveillance PSA se sont augmentés de plus de 80 % en 2011 tandis que les salariés ont été augmentés de 1,7 %.
    Le salaire du PDG de PSA précédent, M. Streiff, était de 5 800 euros par jour samedi et dimanche compris, le salaire du nouveau PDG de PSA M. Philippe Varin en 2010 est de 8 907 euros par jour samedi et dimanche compris, d’où une augmentation de 53%. Il bénéficiera d’une retraite maison de 50% de cette somme.
    Le tract CGT du 16/03/11 dénonce l’optimisation fiscale de la direction de PSA qui transfert sans vergogne les bénéfices français dans les filiales des pays où les impôts sont plus légers.
    Ces transferts ont pour conséquence que PSA paie moins d’impôts mais aussi que l’intéressement et la participation des salariés sont amoindris d’autant.
    257 millions de dividendes seront versés aux actionnaires dont 78 millions à la famille Peugeot. 100 millions seulement iront en intéressement aux 198 200 salariés du groupe.

    En 1965, un CEO (Chief Executive Officer) gagnait 25 fois le salaire moyen d’un ouvrier ; ce chiffre est passé à 56 fois en 1989 et à 116 fois en 1997. En 2005, le rapport entre un PDG et un salarié serait aux États-Unis de 1 à 411. En France, le rapport entre les rémunérations annuelles en équivalent temps complet des 10 % les mieux payés et les 10 % les moins payés est de 3,4, un des taux les plus élevés d’Europe : la Suède est à 2 et le Royaume-Uni à 3,2. Ces chiffres ne traduisent que partiellement la réalité : en effet, les écarts se sont surtout accrus entre les salaires d’un tout petit nombre de dirigeants et les autres, phénomène encore amplifié par les attributions de stock-options (processus qui permet au dirigeant d’acheter des actions à bas prix pour l’intéresser à l’évolution du cours de l’action de leur entreprise). Dans une étude récente, portant sur la période 1966-2001, Thomas Piketty et Emmanuel Saez, ont montré qu’aux États-Unis le revenu médian a progressé de 11 %, le revenu des 10 % les plus riches de 58 %, celui des 1 % les plus riches de 121 %, celui des 0,1 % les plus riches de 236 % et celui des 0,01 % les plus riches de 617 %.

    Et pourquoi est-il écrit que les cris des moissonneurs sont parvenus jusqu’aux oreilles du Seigneur ?
    http://www.biblegateway.com/passage/?search=jacques%205:1-6&version=LSG

    Et pourquoi est-il écrit : Puis nous achèterons les misérables pour de l’argent ?
    http://www.biblegateway.com/passage/?search=amos%208:4-10&version=LSG

    • « Ben voyons, les salaires des grands patrons n’ont pas évolués plus que les salaires des ouvriers, c’est bien connu et c’est ce que veut nous démontrer Kevan Saab »

      Ah bon, j’ai tenté de vous démontrer ça? Vraiment? Relisez mon article, mon cher Daniel.

      • Kevan Saab, votre graphe (le second) doit prendre la rémunération hraire globisée il faudrait l’avoir par tranche de niveaux de salaires. Il est connu que les hauts salaires se sont envolé et les plus bas ont stagné.

        • Les « riches » font généralement le gros de leur argent sur des choses autres que le salaire, donc le chiffre de la rémunération horaire est tout à fait approprié pour avoir une bonne vision des revenus de l’américain lambda.
          Sinon, j’aurais bien aimé mettre la main sur les rémunérations horaires par tranche, mais l’OCDE ne les mesure pas.

    • Daniel Pignard mélange tout et n’importe quoi. Voilà un article sur les salaires et il vient parler des dividendes. Il devrait lire dans un dictionnaire la définition du mot dividende et ne s’étonnerait plus qu’ils aillent aux actionnaires !
      Et il cite comme il se doit l’ineffable Piketty et vient nous parler de revenus comme si revenu et salaire étaient des synonymes.
      Mais la haine des riches est plus fort que tout.
      Je précise que je ne suis ni « riche » ni « actionnaire » ni « entrepreneur ». Mais l’argent qu’encaisse la famille Peugeot m’indiffère car ce n’est pas le mien pas plus que celui de Mr Pignard.

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