Michel Maffesoli : « La démocratie n’existe plus »

Entretien avec le sociologue Michel Maffesoli, chercheur au CNRS, dans lequel il dresse le portrait de l’homme post-moderne.

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Michel Maffesoli (Crédits : Michel Maffesoli, tous droits réservés)

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Michel Maffesoli : « La démocratie n’existe plus »

Publié le 2 décembre 2013
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En 2012, le sociologue Michel Maffesoli, chercheur au CNRS, a publié Homo Eroticus, dans lequel il dresse le portrait de l’homme post-moderne. Nomade, il exprime pleinement les pulsions que la société hyper-rationnelle a tenté de refréner. Qu’est-ce qui le motive ? Quelle doit-être la réaction du politique ?

Réponses.

Interview réalisée par PLG et Julie A., pour Contrepoints.

Michel-Maffesoli

Quels sont vos thèmes d’analyse privilégiés ?

Je me qualifie de sociologue de la post-modernité. J’ai écrit plus de 30 ouvrages qui traitent de ce thème. Mes travaux reposent sur trois piliers : Dionysos, le nomadisme et le tribalisme, qui sont pour moi les caractéristiques précises de la post-modernité.

Par exemple, l’un de mes premiers livres, qui traitait de Dionysos, s’intitulait Contribution à la sociologie de l’orgie. Or, beaucoup ont confondu orgiasme et orgasme. De fait, mon livre traitait des passions communes. La couverture représentait l’ombre de Dionysos qui planait sur les mégapoles modernes. Aujourd’hui, 30 ans après, dans Homo eroticus, je continue cette analyse.

 

Diriez-vous d’une certaine manière qu’il s’agit du même livre actualisé ?

Il y a longtemps, un de mes collègues de travail à la Sorbonne était le sociologue Charles Mauron, angliciste. Il avait défini ce qu’il appelait la « métaphore obsédante ». En clair, nous avons une idée dans notre vie, un thème lancinant, que l’on retrouve dans l’œuvre de notre vie. Cela vaut également pour mes travaux, qui tournent autour de deux ou trois grandes idées, auxquelles je reviens régulièrement, que j’actualise.

Cela me rappelle les cours de Levinas. Il s’appuyait sur les poèmes d’Edmond Jabès. Il montrait comment la pensée sémitique avait ce côté lancinant, comme les vagues qui viennent et refluent, jusqu’à ce qu’elles érodent quelque chose et continuent plus avant leur œuvre.

 

Le postulat de départ de votre livre est que, d’après vous, notre société serait marquée par une hyper rationalisation. Elle aurait tenté en vain d’étouffer les affects qui seraient désormais en train de revenir et de s’exprimer pleinement. N’avez-vous pourtant pas l’impression que le discours politique actuel est dominé par l’émotion plus que par la raison ?

Non, je ne le crois pas du tout. Je crois que le discours de l’intelligentsia, dont font partie les politiques, reste fondamentalement moderne. Ils sont orientés vers la belle et grande idée du contrat social. Quand Rousseau le propose, il s’agit d’un être-ensemble rationnel. De fait, on a brodé jusqu’à plus soif autour de mots qui pour moi ne signifient plus rien aujourd’hui : république, démocratie, liberté etc.

Je pense que c’est parce que l’intelligentsia continue d’utiliser ce discours qu’il existe un fossé de plus en plus profond entre cette élite et le peuple, fossé abondamment rempli par les extrêmes. Cela étant, il est vrai que les hommes politiques semblent actuellement affolés par ce retour de l’émotionnel, et tentent assez maladroitement de s’en emparer.

 

Mais quand Jean-François Copé va parler de pain au chocolat, Marine Le Pen des professeurs agressés, ou encore que monsieur Mélenchon va s’attarder sur le sort de ceux qui dorment dans la rue, n’est-ce pas révélateur du fait que les hommes politiques se focalisent sur l’émotionnel, et le particulier, au lieu du général ?

Qu’ils essaient de le faire, cela ne fait aucun doute. Je mets le discours de Marine Le Pen légèrement à part, mais uniquement pour une question de sémantique. Il suffit de s’intéresser un peu au fond pour voir que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon disent pratiquement la même chose.

Pour ce qui est de votre question, je maintiens que les hommes politiques ne s’attardent pas assez sur l’émotionnel. Mais encore faut-il préciser cette notion. Celle-ci provient de la cinquième partie d’Économie et société de Max Weber. Il ne s’agit pas d’une caractéristique psychologique, mais d’une ambiance générale qui règne dans une société, une tonalité. Cela peut être l’ivresse à la fin d’un match de foot, une manifestation d’envergure, etc. En termes sociologiques, on parle de syntonie.

 

Le mariage pour tous est une pure sottise, mais il en est résulté un exemple de communications émotionnelles

Comment parvenez-vous à réconcilier les deux figures emblématiques décrites par Nietzsche, à savoir Dionysos et Apollon ?

Dans mon livre L’instant éternel (le retour du tragique dans la société postmoderne), ma réponse est la suivante : la modernité a été une société dramatique, au sens premier du terme, c’est-à-dire qui essaie de trouver une solution. La modernité s’inscrit ainsi dans la grande tradition judéo-chrétienne selon laquelle il faut traverser au plus vite la vallée de larmes pour accéder à la vraie vie qui est ailleurs, la cité de Dieu.

Au contraire, le tragique est aporétique, c’est-à-dire qu’il ne cherche pas de solution. Il me semble que la modernité a été par nature dramatique, alors que la post-modernité est tragique, et incarnée par la figure dionysiaque.

Appliquée aux politiques, cette distinction signifie que les hommes politiques continueront à s’éloigner du peuple tant qu’ils penseront qu’il existe une solution au chômage, à la pauvreté, etc. La perspective tragique nous conduit simplement à nous accommoder à ces phénomènes.

J’observe par ailleurs qu’à chaque retour du tragique, c’est le retour de la fête, de l’hédonisme. L’exemple du passé est celui de la décadence romaine, avec une abondance de jeux du cirque. En Occident, en France en particulier, on assiste depuis vingt ans à une profusion de fêtes, de festivals populaires, qui me semblent relever de la même logique.

 

Rejoignez-vous sur ce point les analyses de Philippe Murray qui brocardait l’homo festivus ?

Je suis en désaccord avec les analyses de Philippe Murray, même si je l’estimais pour son intelligence. À l’époque je débattais avec lui, il était assez proche du sociologue Jean Baudrillard, qui avait pourtant des positions parfois différentes.

Je qualifie Murray de « vieux grognon ». Il est resté jusqu’à la fin sur une position très critique. Pour revenir à mon propos précédent, il était dans une attitude dramatique, pensant qu’il existe des solutions. Ma position est radicale, et non critique. J’essaie de creuser les problématiques, pour voir le fond des choses, sans faire de distinction entre le bien et le mal.

Il y a de toute évidence du tragique dans les fêtes : il s’agit selon moi d’une homéopathisation de la mort. Il n’y a pas de solution pour l’éviter, donc profitons du temps qui nous reste et dédramatisons.

 

Vous citez les manifestations comme exemple de communications émotionnelles. Que pensez-vous alors des manifestations liées au mariage pour tous ?

Cette loi que je qualifie de sottise, relève d’une pure manipulation politique. On a voulu créer un écran de fumée justement pour masquer l’incapacité des hommes politiques à agir sur le réel. En revanche les manifestations qui en ont résulté sont quant à elles effectivement un exemple de communications émotionnelles.

 

Le communautarisme est une bêtise franchouillarde

L’homme postmoderne tel que vous le décrivez est en mouvement, et ce mouvement s’attaque aux structures établies. Pensez-vous que ce mouvement peut être créateur, et de quoi ?

Les distinctions ne sont plus aussi nettes. La modernité a été essentiellement positiviste, constructiviste. Elle était donc essentiellement paranoïaque, ce qui étymologiquement signifie « penser par en haut, ou à partir du haut ». Par exemple, ce que dit Baudelaire : « Dieu est le plus grand des paranoïaques ».

Le tragique comprend une part de destruction. Il y a en chacun de nous une part de destructeur et de créateur. Mais dans les sociétés postmodernes, il faut faire la distinction entre le créé et le donné. Le donné relève de notre part animale. C’est cette part qui a été étouffée et qui ressort avec vigueur ces dernières années.

 

Mais le retour des pulsions n’est-il pas en train de détruire le commun, qui est un construit civilisationnel hérité de plusieurs siècles d’histoire voire plus ? Certains critiquent notamment la montée en puissance du communautarisme, vu comme un repli sur ce qui nous ressemble et non ce qui nous rassemble.

Ce mot me choque profondément. C’est typiquement une sottise franchouillarde que de parler de communautarisme. Au XIXe siècle, on a conçu la république comme étant une et indivisible. C’est oublier que la chose publique est également une mosaïque de choses diverses. Droite et gauche utilisent ce mot sans comprendre que le simple fait de l’utiliser renforce l’objet de leurs critiques.

Je crois qu’ils gagneraient beaucoup plus à accompagner l’esprit communautaire, c’est-à-dire le sentiment d’appartenance à un groupe. Il faudrait davantage se poser la question de la manière dont ces communautés s’ajustent, plutôt que de faire semblant de croire à leur inexistence.

 

Mais que répondez-vous à ceux qui considèrent que si les différences entre communautés deviennent trop visibles, celles-ci vont se séparer, voire s’affronter ?

Le conflit est un élément inhérent de l’humaine nature. Simmel, qui en sociologie est l’auteur qui m’a le plus inspiré, considérait l’affrontement comme l’un des fondements de la vie sociale. C’est précisément l’affrontement qui permet la solidité de l’ordre ainsi établi, par ajustements successifs, un peu à l’image de la voûte d’une cathédrale gothique qui tient sa solidité de l’affrontement de deux forces opposées. Ce sont ces affrontements, qui existent également à l’intérieur de nous-mêmes, que la modernité a voulu gommer et que la post modernité remet au jour.

 

Il y a une féminisation du monde

Dans Homo Eroticus vous abordez la caractéristique transhistorique de la civilisation sociale. N’avez-vous pas le sentiment qu’aujourd’hui, le phénomène de transmission du savoir est cassé ? Et que, du coup, l’inconscient collectif se perd plus rapidement aujourd’hui qu’avant ?

Quand on regarde sur une longue durée, l’éternel problème de toute espèce animale est la socialisation. Tout le schéma moderne, des professeurs, parents et politiques, est d’être pédagogue, d’éduquer. Cela a fonctionné mais ne fonctionne plus désormais. Quand une forme n’est plus pertinente, elle devient perverse (au sens où elle prend des chemins parallèles). La seconde forme de socialisation apparaît alors, à savoir l’initiation. Ce n’est plus la loi du père, verticale, comme dans l’éducation mais celle du frère, horizontale. On parle alors d’accompagnement, de coaching, et non plus d’inculquer, d’éduquer.

Avec l’Homo Eroticus, nous ne pouvons plus mettre l’accent sur un morceau de l’être mais sur l’entièreté. L’initiation met l’accent sur son entièreté en prenant en compte les émotions et les sensations, alors que l’éducation mettait l’accent uniquement sur le cerveau.

 

Comment pensez-vous que l’imaginaire se construit et se développe ? Est-il influencé par le marketing, la publicité ?

La publicité est le mythologique de notre époque. Le marketing et la publicité verbalisent l’imaginaire sans qu’il y ait forcément conscientisation de cela. L’imaginaire est premier selon moi. L’imaginaire est dans notre cerveau reptilien cartésien, ce qui n’est pas réel, ce qui est nébuleux, n’a pas de vraie consistance, qui est impondérable.

Deux grand types d’imaginaire existent : le diurne et le nocturne.

L’imaginaire diurne met l’accent sur la dimension rationnelle et serait, de manière imagée, le glaive qui tranche le vrai du faux, caractérisation du masculin. Je caractérise l’imaginaire diurne comme l’imaginaire moderne, qui est en train de s’achever. La post modernité est caractérisée, quant à elle, par l’imaginaire nocturne, à savoir la coupe, le réceptacle, le creux. C’est ce que j’appelle l’invagination du sens. Il y a une féminisation du monde, au sens de la féminitude.

 

Je ne suis pas sûr que le capitalisme existe encore

Cette montée en puissance des valeurs féminines empêchent-elles la transgression, et ainsi la création ?

Je  ne suis pas d’accord avec cela, il y a chez les femmes quelque chose de très dur et cruel. La femme qui serait non créatrice, c’est-à-dire réceptacle et passive, est une vieille projection selon moi. Prenons par exemple le mythe de Lilith, qui est devenu les mythes des vierges noires, la force de la femme est très présente, d’un point de vue anthropologique.

La douceur de la femme est un leurre absolu. La femme est ambivalente, comme l’est la figure de Dionysos, et a ainsi une valeur créatrice.

 

Le capitalisme favorise parfois les pulsions en jouant sur l’immédiat, l’inconscient, la pulsion immédiate d’achat. Le retour des affects serait-il dû ou favorisé par le capitalisme ?

Je ne suis pas sûr qu’existe encore le capitalisme. Nous ne sommes plus dans une société de consommation, mais dans une société de consumation, donc nous sommes au-delà de l’économie. La société officielle reste capitaliste mais l’économie n’est plus importante, le PEL n’est plus un idéal de vie. Ce qu’il s’est passé avec les traders a été une déconstruction de l’économie au nom du jeu, de l’adrénaline, au nom de phénomènes non quantifiables ni pondérables. Dans cette période de soi-disant crise économique, il est intéressant de voir comment le luxe se développe. Le luxe est une recherche du non fonctionnel, au-delà ou en-deçà de l’économie et du capitalisme.

Dans la post-modernité, il y a une émotion qui est beaucoup plus primaire. L’homo Eroticus, avec l’élan vital et la communion émotionnelle qui le caractérisent, a remplacé l’Homo Faber qui lui est celui qui fait, nécessaire à l’existence d’une économie.  Il y a un retour de l’animalité qui est en nous.

 

Cette animalité est-elle dangereuse ?

Rien n’est dangereux de ce qui est humain. Il faut avoir la sagesse de savoir ritualiser, d’homéopathiser. Le mythe de Dionysos est toujours l’intégration homéopathique de la violence. Ça ne sert à rien de dénier quelque chose qui est là mais il faut savoir l’accompagner. C’est lorsque l’on a eu peur de l’animalité que l’on a abouti à la bestialité. Tout le XXe siècle a refusé l’animalité et a abouti aux camps nazis et communistes.

 

La démocratie est devenue une antiphrase et n’est plus représentative

La démocratie, comme elle a été conçue à l’origine, n’était-elle pas justement la ritualisation de cette violence ?

C’est ce que Hannah Arendt appelait le « bel idéal démocratique ». Ce fut un bel idéal, qui s’est constitué tout au long du XIXe et qui a fonctionné jusqu’à un peu avant la Seconde Guerre mondiale.

Par un mécanisme de saturation, la démocratie est devenue une antiphrase et n’est plus représentative. Ce n’est plus de la démocratie. Si l’on continue à faire de l’incantation, en allant chanter quelque chose dont nous ne sommes pas convaincus, je pense qu’il faudrait essayer de trouver des mots les moins faux possibles.

 

Avez-vous une idée de ce que seront les comportements humains et le monde dans cinquante, cent ans ?

En repérant les grandes figures emblématiques, nous avons pu repérer des cycles.

Au Moyen Âge, la grande figure emblématique était Dionysos (trois cents jours chômés par an par le biais des fêtes, des chapelles) et la figure apollinienne (représentée dans les monastères, conservatoire des arts et des techniques) avait une faible place.

Puis il y a eu une lente dégradation de la figure dionysienne et une montée en puissance de la figure apollinienne. C’est alors que commence la modernité au XVIIe  siècle, qui s’achève en 1950 par un mécanisme de saturation. Par le mécanisme de compensation, ce que l’on avait négligé revient, et née alors la post-modernité avec l’Homo Eroticus. Je pense que cette post-modernité est appelée à durer, peut-être cinq décennies, certainement pas beaucoup plus. Aujourd’hui, en France, nous parlons encore de moderne et non de post- moderne. Alors que la période moderne est déjà dépassée.

Prochainement, du même auteur : Les nouveaux bien-pensants (avec Hélène Strohl)

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  • Très plaisante lecture. Merci!

  • Très interpellant, un vrai remue-meninges….
    J’aime bien le passage sur l’animalité qui refoulé abouti à la bestialité.

  • Merci pour ce texte. Ça semble venir « d’ailleurs ». C’est original, rare, et riche et profond.
    C’est pour ce genre de truc que je lis contrepoints.
    Et +1 Gauch’lib’

  • Hé bé ….. tout est dans tout et vice versa !

  • « Le mariage pour tous » contre l’opinion du sociologue, ce n’est pas un écran de fumée, c’est un engagement auprès d’un important contributeur homosexuel avec la volonté d’imposer une révolution morale comme l’a réussi Mitterrand avec l’abolition de la peine de mort. Ne pas sous estimer l’admiration de Hollande pour son mentor.

    « Je critique sans faire de différence entre le bien et le mal »..Ben voyons ! « Cette loi est une sottise »,  » sottise franchouillarde ». Si ce ne sont pas des jugements, qu’est ce donc ?

    « Le communautarisme » ciment de la république par les affrontements qu’il induit ? Paradoxal pour un sociologue qui prétend à la distanciation scientifique. Appartenir à une communauté, c’est se soumettre au dogme, s’interdire de le contester et donc de réfléchir sur ses fondements. Rien à voir avec la démarche du libre penseur que devrait être chaque citoyen.

    ‘Il y a chez les femmes quelque chose de très dur et cruel » Diantre ! Elles seraient d’une autre essence que les hommes ? La preuve ? Le mythe de Lilith ou l’éternel féminin. Et nous sommes au XXI ème siècle! Dans 500 ans, le machisme sera t-il encore présent ?

    Comparer le capitalisme qui est une idéologie avec l’économie qui est une « science » empirique est absurde. Ce sociologue ferait bien de s’en tenir à ses chères études.

    « Rien n’est dangereux de ce qui est humain » Bigre, un sociologue qui lit tant et qui ignore le nazisme, le stalinisme, le maoïsme, le capitalisme,tous ces massacres de millions de gens au nom des dieux, des dogmes, du pouvoir, de la cupidité.

    Pour conclure cette critique, « la démocratie n’est plus » Elle n’a jamais été plus qu’une idée. Qui peut prétendre que « le gouvernement du peuple par le peuple » n’ait jamais été autre chose qu’un sublime slogan transformée en formidable entourloupe.

    Les chercheurs, comme les acteurs et autres chanteurs, n’ont pas plus de légitimité à s’exprimer sur la société à travers les médias que n’importe qui d’autre et leurs opinions, pas plus de profondeur.

    • La capitalisme n’est pas une idéologie mais un mode de production.

    • Je vous suit totalement sur la critique que vous faites de cette petite sauterie, ou les convives ce sont laisser porter entre philosophie de comptoir, politique de bas-court et sociologie de salon.
      Mais je vous en pris n’augurez pas de la légitimité des chercheur à l’aune de Michel Maffesoli.
      Ce dernier, entendez le bien, n’est aucunement considéré par la communauté, et ce papier prouve cent fois mon euphémisme.

      • Ce que j’écris, est que les chercheurs en tant que tel, comme d’autres professions, n’ont pas de légitimité à exprimer leurs opinions sur les médias.

        Ce que je réprouve est l’utilisation de la célébrité acquise par ailleurs, celles des artistes par exemple, pour exposer des idées à travers des opinions qui n’engage que leur personne.

        Se pose le problème de la légitimité pour s’exprimer sur la politique, par exemple, ou sur l’art ou autre chose, sur les médias populaires. Je pense plus particulièrement à la télévision, reçu passivement, non interactif, où n’importe qui donne son avis sur n’importe quoi, entre la poire et le fromage, entre le sport et la variété.

        • Il faut se détendre, c’est de la philosophie. Rien d’autre. Ne pas mélanger économie et philosophie. Il faut prendre le bon, le beau dans la démonstration d’une idée. Peu importe le sujet. Il faut reconnaître à l’auteur une constance et un développement personnel sur un sujet. Sujet qu’il maîtrise. Pourquoi vouloir toujours essayer d’analyser les autres au travers de nos filtres personnels. En faisant cela on dresse un mur à la compréhension de l’autre et de soi même. Cela fait un monologue stérile, qui vise à prouver que l’autre a tord. Mais la philosophie est précisément de mettre tous le monde d’accord. Pas d’opposer les individus.

          • C’est tout à fait détendu que je réponds à votre commentaire à travers mon philtre personnel car je ne me permets pas d’emprunter celui de quelqu’un d’autre.

            Dans l’article, Maffesoli est présenté comme un sociologue pas comme un philosophe, heureusement pour la philosophie.

            Il est évident qu’il ne maîtrise pas ou mal, les sujets sur lesquels on l’interroge mais cela ne l’empêche pas de donner son opinion et souvent son jugement moral sur tel ou tel fait. Son livre s’adresse au public et prétend donc à la vulgarisation, noble procédé pas si facile, seulement, il ne peut s’empêcher de se gargariser avec des mots réservés en général aux communications entre spécialistes, procédé courant mais ridicule propre aux vaniteux.

            Où avez-vous pris que le but de la philosophie était de mettre tout le monde d’accord ? Qui a jamais vu deux philosophes d’accord d’ailleurs ?

            « Ce que le soleil est à la terre noire, la vraie clarté de l’esprit l’est aux hôtes de la terre. »

            Il ne s’agit pas d’un monologue stérile et nos échanges en sont la preuve. Vous m’éclairez de vos lumineux commentaires et je vous abreuve de mes analyses ruisselantes.

          • @Lycophron

            MM est en effet critiqué par certains de ses pairs, et apprécié d’autres. Cela ne préjuge pas de la véracité de ses propos. Après tout, si nous attendions que la majorité des économistes soit d’accord avec les thèses libérales…

            @Daniel

            En l’occurrence, MM ne m’a pas semblé vouloir s’aventurer sur le terrain de l’économie. C’est un sociologue. D’ailleurs, je ne l’ai pas qualifié de philosophe tout simplement parce que lui-même ne se définit pas comme tel. Il est évident qu’il n’a pas la grille d’analyse nécessaire pour parler en détail du capitalisme. Mais sans vouloir prendre à tout prix sa défense, notez que c’est moi qui lui pose la question, et non lui qui utilise spontanément le terme.
            Cela étant son analyse ne me semble pas dénuée de fondement, pour peu que l’on emprunte sa grille de lecture et non la grille classique.

        • Vous êtes pourtant un bon exemple de ce que vous dénoncez:

          « où n’importe qui donne son avis sur n’importe quoi, entre la poire et le fromage, entre le sport et la variété ».

          Ce qui vous rend pour le coup pas trop crédible dans votre analyse.

          • En parlant de crédibilité, vous comparez une manipulation qui consiste à faire s’exprimer des célébrités sur des sujets sans rapport avec leur spécialité avec un commentateur qui intervient modestement et courtoisement sur un site dont le but affiché est d’organiser ce genre d’échanges.

            Puisque vous en parlez, lisez les commentaires qui ornent en général les miens. Vous constaterez, si vous êtes honnêtes, qu’il y a plus d’insultes et de délires que de réponses argumentées.

            Quand à la crédibilité de mes commentaires, c’est aux lecteurs de bonne foi d’en juger. Vous n’en faites, à l’évidence, pas partie pas plus que les trolls qui vous accompagnent.

          • @Daniel:
            Bien sur, excusez mes débordements « Trollesque ». Je vous laisse admirer vos réponses ainsi que vos arguments: Beaucoup de lumière et de clarté ruisselante. Vous savez, en tant que troll, la lumière ça me donne mal aux yeux et à la tête. Vous êtes beaucoup trop « brillant » pour moi.

    • « […] avec la volonté d’imposer une révolution morale comme l’a réussi Mitterrand avec l’abolition de la peine de mort. »

      Cette révolution morale, c’est l’égalitarisme, la transposition au mariage de ce que les socialistes font en matière économique.
      La redistribution, c’est la négation de la valeur de la production économique; le mariage homosexuel, celle de la fécondité. Dans les deux cas au titre de l’égalitarisme, c’est-à-dire de l’irresponsabilité: Si je gagne moins que d’autres, ce n’est pas ma faute; si mon union est homosexuelle donc inféconde, ce n’est pas ma faute.

      Les « révolutions morales » socialistes de l’abolition de la peine de mort, de l’avortement de masse (10 millions passés) et du « mariage pour tous », sont bien sûr le nihilisme appliqué, et un aller simple pour le néant devenu apparent à tous ceux qui fuient.
      C’est aussi la destruction d’institutions démocratiques dont la fonction n’est pas de remodeler la société (même l’abolition de la peine de mort, car si le parlement peut se prononcer sur la loi il ne peut pas le faire de manière définitive).

      Mais ce que les libéraux ne voient généralement pas, c’est que le collectivisme économique procède exactement de la même pensée politique. Le mariage pour tous aura pour conséquence inévitable un collectivisme économique encore plus poussé, car l’institution du mariage traditionnel n’était pas de l’ordre du « droit à » (droit aux ressources des autres), mais à l’exact opposé, de l’ordre du devoir.

      • Loin de moi l’idée de défendre l’œuvre de Mitterrand. Il s’agit en l’occurrence de montrer la démarche « mitterrandienne » de Hollande, la source de son inspiration politique.

        Cela ne veut pas dire non plus que j’adhère au dogme catholique dans lequel, semble t-il, vous puisez votre pensée telle que vous l’exposez.

        Je ne confonds pas l’égalitarisme avec l’égalité des droits et des devoirs.

        « .. un aller simple pour le néant devenu apparent à tous ceux qui fuient. » ??? Je ne comprend pas ce que vous voulez signifier avec ces mots, comme d’ailleurs le rapport entre le « mariage pour tous » et le « collectivisme économique ». J’ai aussi mes limites.

  • Sans être d’accord avec tout, un interview très intéressant qui donne envie d’en savoir plus sur l’oeuvre de l’auteur.

    Merci pour cet interview et pour les questions pertinentes qui l’appuient.

  • J’ai appris une chose en lisant l’histoire du monde, que me rappelle cette interview vivifiante et en tous points prophétique. Qu’aucune civilisation, organisation, groupe humain, famille, idéologie, philosophie, économie, entreprise ne résiste si ceux-ci sont basés sur des mensonges. La symbolique du château de sable est toujours opérante. Là où un mur solidement construit avec des fondations pérennes résistera au temps, le château de sable ne durera que le temps d’une marée, d’un cycle, peut-être plusieurs avec une grande agressivité, des meurtres et éliminations de masse contre les opposants au régime totalitaire, à la secte. Je trouve que l’allégorie du film Le parrain est alors totalement pertinente. Sur trois films, le cinéaste Francis F. Coppola, nous fait comprendre cette vérité. Vous dominez le monde par votre violence, vos exactions, vos meurtres, vos vols (culture typique du bassin méditerranéen) et dans la scène finale du troisième opus, c’est la fille chérie du parrain qui succombe sous les balles des tueurs qui étaient censées l’éliminer lui. Une belle allégorie qui nous enjoint de ne pas succomber à la tentation de la facilité, de toujours vivre dans le vrai, dans la société et les familles, dans le couple et avec ses enfants, de ne pas se laisser abuser par des manipulateurs politiques, sociaux ou économiques, car un jour ou l’autre, il faudra passer irrémédiablement à la caisse.

  • C’est avec ce genre de texte que je me dis qu’il y a des gens intelligents sur cette terre. ça me fait du bien. Un instant je toucherais presque du doigt cette clairvoyance. J’aimerais pouvoir disséquer un sujet comme cela. Il y a Marc de Scitivaux (http://www.wikiberal.org/wiki/Marc_de_Scitivaux) que j’aime beaucoup en économie qui me fait cet effet.

    Ce qui est de remarquable avec ces gens c’est qu’ils vous offrent la possibilité de devenir intelligent, enfin en tout cas le moment de la lecture. En ce qui me concerne, le brouillard retombe vite, mais je garde cet espoir de replonger dans l’intelligence tant qu’il existera des gens comme cela.

  • Si j’ai bien compris les socialos-bobos-écolos sont des simples d’esprits vivant au royaume des cieux auxquels ils appartiennent ,mais étant incapables de trouver « la sortie « .

  • « […] le PEL n’est plus un idéal de vie. Ce qu’il s’est passé avec les traders a été une déconstruction de l’économie au nom du jeu, de l’adrénaline, au nom de phénomènes non quantifiables ni pondérables.  »

    Encore un intellectuel français absolument ignare en matière économique…

  • Ce genre d’article est d’une grande utilité, car il peut éventuellement donné envie au lecteur de découvrir l’oeuvre d’un auteur ou d’un penseur. Dans le cas de Maffesoli, l’envie n’est pas au rendez-vous…

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Par Elie Blanc.

Dans la grande clairvoyance qui caractérise actuellement la recherche en sciences sociales, le CNRS a récemment publié une étude qui permet de retracer les propriétaires d’esclaves ayant reçu une indemnité de l’État après son abolition, et donc de savoir si vous êtes le descendant d’un propriétaire d’esclave.

La démarche de cette étude, dans la continuité de celles qui évaluent le « coût de la virilité », interroge particulièrement. On se demande en effet quel est le but de telles recherches, si ce n’est pointer ... Poursuivre la lecture

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