Par Jean-Baptiste Noé
PISA : rien de nouveau
Ne nous effrayons pas du classement PISA 2013, il n’y a rien de nouveau par rapport aux autres années. La France ne recule pas, elle stagne, et d’autres pays lui passent devant. Avions-nous vraiment besoin d’un tel classement pour se rendre compte que la maîtrise des mathématiques et de la lecture allait en diminuant ? PISA est une moyenne. Pour la France, il est important de distinguer établissements d’État et établissements libres, publics et privés. De même, toutes les populations ne sont pas classées à même enseigne. Il est compréhensible que la maîtrise de la lecture soit plus difficile pour des enfants dont le français est une langue étrangère. De quoi a-t-on peur alors, et qu’est-ce que qui nous effraie ? La France est plongée dans une sorte de léthargie qui dure depuis de nombreuses années. On sait que le niveau scolaire s’effondre, que les exigences diminuent, que les élèves maîtrisent moins les faits essentiels. Nul besoin de PISA pour cela, il suffit de comparer plusieurs éditions de manuels scolaires. Faites le test, entre des manuels des années 1970/1980 et aujourd’hui vous verrez par vous-même le changement.
Les bons classements des écoles de commerce
Dans le même temps, la France est récompensée pour la formation de son élite. Les classements valent ce qu’ils valent, on peut toujours les contester, il n’empêche qu’ils sont un indicateur d’une tendance. Selon le classement du Financial Times, HEC est redevenue la première école de commerce européenne. Nombreuses sont par ailleurs les écoles de commerce françaises à figurer dans ce classement. 5 françaises parmi les 15 premières : c’est un très bon résultat. Les Espagnols en ont 3, les Anglais 2. L’IESEG (La Défense) entre dans ce classement. Elle devient la première école post-bac à intégrer le classement du FT. C’est une belle reconnaissance du travail effectué par ses professeurs et son administration.
Les bons classements s’alignent aussi du côté des sciences humaines. Ne boudons pas notre plaisir, surtout quand ce sont des Anglais qui le disent. Le classement Quacquarelli Symonds a ainsi classé Paris I Panthéon Sorbonne parmi les meilleures universités du monde. 18e mondial en droit, 19e en histoire, 26e en philosophie, 44e en sciences politiques et 47e en économie. C’est la seule université française à être classée 5 fois dans le Top 200. Paris IV quant à elle est classée 2 fois.
La France est donc capable de former une élite. Sachons le reconnaître. Pour soigner un malade, il n’est pas nécessaire de lui tirer dessus. Le fait que de nombreuses écoles libres se créent tous les ans, en dépit des difficultés financières et du travail immense que cela nécessite, montre aussi que l’esprit d’initiative et d’entreprise existe bien sous la cendre. Il faut peu de chose pour le vivifier.
Que faut-il à l’école ?
Les remèdes à la crise scolaire sont connus. Les rapports abondent, y compris d’autorité étatique comme la Cour des comptes. Il ne faut pas de l’argent. Le budget enseignement recherche représente la première dépense de l’État, avec 86.6 Mds € de dépense en 2011, soit 30.4% du budget de l’État. Il faut la liberté. La liberté financière, via le chèque éducation, la liberté éducative, via le libre recrutement des professeurs, le choix des options pédagogiques et la souplesse des programmes. La liberté est seule à même de permettre à chaque élève de progresser, le fort et le faible. Que l’UMP ait mis la liberté scolaire à son programme est une bonne chose. Il lui reste à appliquer ses promesses, ce qui n’est pas une mince affaire. Cette aube de la liberté, dans l’école, dans l’assurance sociale, la verrons-nous un jour ?
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Ces classements internationaux sont toujours à considérer avec circonspection tant les différences culturelles sont différentes.
Combien d’étasuniens ou d’anglais parlent correctement une langue étrangère ? Peu, très peu même par rapport aux français.
Le premier poste budgétaire n’est plus l’éducation ou la défense nationale mais les intérêts de la dette. Et qui était chargé de la gestion du pays ? La crème de la crème, les énarques. Et qui était chargé du contrôle de l’exécutif ? L’élite de la nation, les médecins, chefs d’entreprises, professeurs qui forment les gros contingents du parlement dans lequel chacun agit en conscience comme tout le monde le sait.
Alors les recettes libérales sont-elles les meilleures? Vu le niveau éducatif US, nous pouvons en douter. C’est bien dans ce pays où l’on peut librement choisir ses professeurs et certains programmes, non ? C’est aussi dans ce pays que l’on enseigne que le monde a été créé il y a 6000 ans et que les dinosaures étaient contemporains des premiers hommes.
Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain.
Les Etats-Unis… libéral. Renseignez-vous donc avant d’écrire
Encore cette fâcheuse technique d’enfumage qui consiste à me faire dire ce que je n’écris pas.
J’écris pas que ce pays, on applique des recettes libérales dans l’éducation, telles que le libre choix des professeurs et des programmes.
Lisez et prenez le temps d’analyser et de comprendre ce qui est écrit et seulement ce qui est écrit, avant de commenter à l’emporte pièce.
Ok.
Vous posez la question de savoir combien d’étatsuniens (que c’est laid, ce mot) ou d’anglais parlent correctement une langue étrangère ?
Je vous répondrais que ce n’est pas leur problème, bénéficiant d’une langue parlée partout dans le monde.
Sur le choix libre de l’enseignement et des enseignants aux Etats-Unis, pourriez-vous nous avancer des exemples ?
Et puis quoi encore.
Je ne vais pas vous recopier la liste des universités étasuniennes alors que vous pouvez la trouver facilement sur internet.
Bah, les meilleures université « étasuniennes » sont les meilleures du monde. Point. Dans toutes les disciplines. Point. Reste, un peu, des exceptions locales, comme les maths chez nous.
Et pour le « libre choix des profs » et des programmes etc. c’est la norme partout, en gros. Dans le supérieur, même en France, même en Chine, même en URSS à la « belle époque », les profs d’une matière donnée choisissent librement leurs futurs collègues. Et les profs choisissent ce qu’ils enseignent, là encore, en accord avec leurs collègues.
La différence est dans combien on peut payer un prof (donc quel est son niveau, plus il est bon, plus il est cher), combien on peut sélectionner les étudiants et si la liberté de choix des enseignants est concomitante à celle des étudiants (le prof enseigne ce qu’il veut dans sa matière, l’étudiant choisit les matières qu’il veut, guidé ou pas).
« C’est aussi dans ce pays que l’on enseigne que le monde a été créé il y a 6000 ans et que les dinosaures étaient contemporains des premiers hommes. » Vous avez lu cela dans l’Humanité ? n’importe quoi… rien que d’affirmer une ânerie pareille vous discrédite.
Pas du tout, car je ne lis pas l’Humanité mais je parcours l’internet. Vous devriez faire comme moi avant de contredire systématiquement.
Cela se passe au 21ème siècle dans quelques états dont le Texas. Cherchez et vous trouverez… si vous voulez.
Quelques cinglés ont fait du lobbying pour le créationisme dans certaines écoles, les conseils scolaires étant locaux, ce que semblent avoir du mal à comprendre les francais. Cela ne signifie pas qu’on enseigne le créationisme dans toutes les écoles aux US.
Je soutiens Daniel Roux. Heureusement ca n’est pas une généralité. Mais il existe bien des « associations » qui veulent que le créationisme soit enseigné comme une théorie tout aussi valable que la théorie de l’évolution de Darwin.
Le système éducatif américain n’est pas à l’abri de l’obscurantisme.
« qui veulent que le créationisme soit enseigné  »
Ce qui contredit le fait que cette théorie le soit.
L’enseigner sur le même pied que la théorie darwinienne, nous sommes d’accord, c’est ridicule. En revanche, on peut très bien la mentionner, vu qu’elle est assez simple à démonter.
Après tout, on a bien des gens qui veulent imposer l’enseignement de la théorie du genre en SVT 😀
Prenez vous par la main et tapez « enseignement du créationisme » sur votre moteur de recherche et lisez.
Après, revenez me dire ce que vous en retenez. Je ne vais pas faire tout le boulot.
D’un autre côté le créationisme et la théorie des genres s’équivalent niveau obscurantisme.
Si entre deux débilités j’ai le choix, je préfère le créationisme. Moins dommageable pour l’esprit.
Je suis d’accord que nous pouvons faire la part de ce qui ne va pas et de ce qui va.
La privatisation pur et simple de tout le système éducatif n’est pas la solution et ne résoudra pas par miracle l’inégalité.
C’est vrai qu’on peut observer un nivellement par le bas dans des établissements scolaires. Sans remettre en cause le caractère public que je juge important, il faudrait peut-être accorder plus d’autonomie de gestion et d’administration des établissements.
Pour ne pas connaitre ces dérives à l’américaine, nous avons besoin d’un cadre, d’une ligne directrice pour les programmes enseignés dans les établissements publics.
Mais laissons les marges de manoeuvres aux professeurs quant à leur méthodes, leurs rythmes scolaires. Ne leur disons pas dans des textes juridiques à rallonge quoi, comment, quand faire à tout bout de champ.
L’Education nationale doit être autant sous le signe de l’égalité que de la liberté.
Dégoulinant de tendresse!
Mais, au moins vous annoncez la couleur!
Je mesure 1m60 (un peu moins que Sarko) au nom de l’égalité qu’on te coupe la tête.
Symboliquement dirait Badinter ( qui d’ailleurs ne risque rien… sans doute d’une courte tête).
La liberté est aussi bien un idéal que l’égalité.
Néanmoins je soutiens l’égalité lorsque celle ci est au service de la liberté
Et je prends ce » dégoulinant de tendresse  » comme un compliment.j
Si cela peut suffire à vous rendre satisfait:
C’est un compliment.
Réduire les inégalités… Le Graal. Vouloir à tout prix faire le bonheur des autres et contrôler le réel dans un monde mi-libre mi-contraint.
Et si on se contentait de créer un cadre simple dans lequel chaque individu aurait la liberté de réaliser son bonheur comme il l’entend, et serait entièrement responsable de ce qu’il est, de ses agissements et de ce qui en découle ?
Oui, c’est pas bisou-compatible et ça ne distribue pas les bonbons par poignées.
Cher J. B. Noé
Votre article est bien tendre, comparé à votre conclusion.
Faire l’éloge de la Sorbonne!
Allo non mais je rêve.
Allo non mais je rêve.
Qu’on leur fasse faire une simple dictée ( niveau certificat d’étude d’autrefois)
et vous déchanterez rapidement.
Allo non mais je rêve!
Tant que les statistiques Jospin seront appliquées au niveau du bac ( quelle que soit la matière) il n’y aura ni Sorbonne, ni Ecole de commerce, ni faculté des sciences dignes de ce nom.
Les classements sont TOTALEMENT biaisés.
classements totalement biaisés ? en quoi ?
Vous devriez lire le rapport PISA, notamment sur la gouvernance. Bien que l’OCDE ait toujours milité pour l’autonomie des établissement tant en matière de ressources que de programmes, le bilan qu’ils en tirent est assez modéré. En effet, ils conviennent que même si certains pays qui réussissent l’évaluation (dont les extrapolation sont contestables, aussi bien dans la notation que sur le fond (évaluation par compétence (concept bien flou en éducation)) font preuve d’autonomie, on ne peut en tirer une règle général et que les facteurs sont bien plus nombreux. Traduction : langue de bois pour dire qu’en fait, contrairement à ce qu’ils pensaient, cela n’a pas une incidence si importante.
Le chèque éducation, un article sur le site parle de la Suède, il suffit de voir ses résultats depuis les années 90 pour voir le désastre.
On peut également citer le bilan de « la liberté » (bien que ce mot employé à toutes les sauces est rarement maîtrisé par ses thuriféraires) de la carte scolaire : hausse des inégalités tout comme mentionné dans le rapport PISA.
La carte scolaire a été scrupuleusement appliquée par les académies ces dernières années, bien plus qu’au cours des périodes précédentes, et avec des méthodes que ne renieraient pas les bureaucraties des régimes autoritaires. Dans le même temps, les résultats du mammouth ont encore baissé pour confiner au ridicule.
La carte scolaire est une fausse solution, bêtement et stupidement constructiviste, à un vrai problème. Le constat est pourtant limpide : quand un enfant part avec un désavantage socio-économique parce qu’il ne bénéficie pas d’un environnement familial propice, il doit impérativement travailler plus pour rejoindre le niveau des enfants plus favorisés. Certes, cela implique à la marge un peu plus de moyens scolaires mais surtout un investissement beaucoup plus important de l’élève lui-même. C’est peut-être injuste mais c’est ainsi : la solution est d’abord individuelle, bien avant d’être collective.
Quant à l’autonomie (ou la privatisation) des établissements, si elle n’a pas d’incidence sur le niveau des élèves, il est donc démontré que l’étatisation de l’éducation est vaine. CQFD.
L’élève d’un milieu socio-économique faible doit-il fournir un effort plus important ? Sans doute oui par rapport à un élève de mileu plus favorisé. mais cela est une évidence. la question à se poser c’est l’école doit-elle baser ses standards sur l’élève de milieu favorisé ou sur celui de milieu défavorisé. Si c’est sur le premier, la France est plutôt bonne, si c’est sur le second, là c’est pas terrible….
Concernant la privatisation, le seul biais qui fausse votre jugement c’est que dans les écoles privées, il y a une sélection des élèves (indirecte) via les revenus, le milieu social. Donc, même si avec cette sélection, les résultats ne sont pas là , cela montre bien que le public eest meilleur que le privé. Je sais, cela vous fera mal de l’admettre.
« évaluation par compétence (concept bien flou en éducation)) » : ce n’est pas plus flou ni plus contestable que n’importe quelle autre type d’évaluation.
Les évaluations PISA ont un mérite : il ne s’agit pas de réciter sa leçon, celui de mobiliser ses connaissances pour résoudre un problème. Comprendre et s’adapter, c’est l’essence de l’intelligence.
mais de mobiliser…
les exercices PISA en eux-mêmes ne sont pas contestables (un exercie est rarement contestable), ce qui est par contre ce sont les conclusions qu’on en tire et la manière dont on les note. C’est cela que je voulais dire. je suis désolé mais le concept de « compétence » est véritablement fumeux pour quiconque s’intéresse un peu à ce domaine. on distingue des choses qui sont intrinsèquement liées, et surtout, on prétend évaluer cela sur quelques questions, cela n’a pas grande valeur, convenez-en.
Comprendre et s’adapter : on croirait entendre un chantre de PISA, mais il y a bien d’autre manière de comprendre et s’adapter que sur les exercices PISA qui sont très codifiés. D’ailleurs certains pays ont revu leur système pour correspondre à PISA, pour améliorer leurs résultats. A chaque type d’évaluation, il y a moyen de « bâchoter », cela ne correspond pas tellement à comprendre et s’adapter….
« Notre époque scolaire et inculte, médiévale en quelque sorte, avec toute la puissance de miracle que cela implique » Jean Cocteau.
Quelques années plus tard on pourrait dire : Notre époque scolaire DONC inculte !
Le système Français n’est adapté qu’a une organisation sociale et économique fondée sur le corporatisme (on reconnait le groupe et non l’individu.Sous Franco on parlait de « société organique ») et ultra jacobine.Or l’évolution technologique et la nouvelle organisation de la société a fait voler tout cela en éclats.Donc l’organisation actuellement ne permet plus au modèle actuel de fonctionner..Il faut donc passer à un modèle décentralisé et tenant compte de la nouvelle donne technologique….Ou nous coulerons définitivement!