En matière de soins de santé et de prise en charge des personnes âgées, la Suède n’usurpe pas sa réputation : son système est effectivement l’un des meilleurs au monde. Mais sous l’effet du vieillissement de la population et du nombre croissant de maladies chroniques, qui nécessiteraient des services de santé plus complexes, la capacité de la Suède à maintenir la qualité de ses soins est menacée.
D’après l’examen que l’OCDE vient de consacrer aux soins de santé de la Suède, Health Care Quality Review of Sweden, la part des personnes âgées dans la population suédoise est plus importante que dans la plupart des pays de l’OCDE : 5,2% de la population a plus de 80 ans, contre 4,2% en moyenne dans les pays de l’OCDE. Les dépenses relatives à la prise en charge des personnes âgées représentent 3,6% du PIB, contre 1,7% en moyenne dans les pays de l’OCDE. En termes de personnel soignant, le pays affiche également le plus grand nombre de professionnels par habitant, et les soins sont prodigués là où ils sont généralement le plus nécessaires : à domicile. Sept personnes âgées dépendantes sur dix sont soignées chez elles.
La qualité des soins de santé en Suède est globalement bonne. Les taux d’hospitalisation évitable pour des maladies chroniques telles que l’asthme (22,2 pour 100.000 habitants) sont parmi les plus bas de l’OCDE (où la moyenne est de 45,8) et 90% des bénéficiaires des soins primaires en Suède estiment être traités avec respect et considération par le personnel. Les registres qualité de la Suède, qui contiennent des informations sur la qualité des traitements reçus et les résultats obtenus pour diverses maladies, sont parmi les plus développés de l’OCDE.
La coordination des soins aux patients ayant des besoins complexes est en revanche moins bonne. Moins de la moitié des patients souffrant de diabète de type I, par exemple, bénéficie d’un suivi adapté de sa pression artérielle, avec des chiffres qui varient du simple au triple entre les comtés (de 26% à 68%). Seul un patient sur six a consulté un médecin ou un infirmier spécialisé après sa sortie d’hôpital suite à un accident vasculaire cérébral (avec toujours d’importants écarts entre les communes).
Le taux d’hospitalisation pour diabète non contrôlé de personnes de plus de 80 ans est l’un des plus élevés de l’OCDE et il est environ 1,5 fois supérieur à celui du Danemark. La durée moyenne d’hospitalisation après une crise cardiaque en Suède est de moins de 5 jours – soit l’une des plus basses de l’OCDE, et une marque d’efficience. Pour autant, les municipalités ne sont souvent pas convenablement équipées pour prendre en charge les patients quittant si tôt l’hôpital – à peine 20% environ des médecins de soins primaires en Suède déclarent recevoir les informations nécessaires pour prendre en charge un patient dans les 48 heures après sa sortie d’hôpital, contre pratiquement 70% en Allemagne.
La coordination des soins entre l’hôpital, les soins primaires et les autorités locales s’impose progressivement comme le principal enjeu pour la Suède si le pays veut préserver l’excellence de son système de santé et d’aide sociale, selon le rapport. Le gouvernement central devra définir très clairement les responsabilités, par l’élaboration de normes, la collecte d’éléments probants et le partage des connaissances. Par exemple, il conviendrait de définir plus clairement, au moyen de normes nationales de qualité, la responsabilité des autorités centrales pour ce qui est de garantir la qualité des services. Disposer de normes claires est particulièrement important dans un contexte où les municipalités se dotent de nouvelles structures de soins intermédiaires. Les infrastructures de l’information doivent être améliorées, par exemple par la mise au point de nouveaux indicateurs de la qualité des soins prodigués par les médecins généralistes et des soins aux personnes âgées. Il est impératif de faire converger les sources de données pour permettre une vision complète de la situation médicale d’un individu.
L’OCDE formule aussi les recommandations suivantes :
– garantir que les récents choix et les réformes de la concurrence dans les secteurs des soins primaires et des soins aux personnes âgées n’engendrent pas une fragmentation des services aux patients ayant des besoins complexes ;
– encourager la mesure et l’amélioration de la qualité dans le secteur des soins aux personnes âgées en intégrant la notion d’assurance qualité des services de soin au moyen de normes minimales de qualité, et en élaborant un cadre de responsabilité ainsi qu’un cadre partagé pour le suivi des résultats dans les soins de long terme ;
– combler les déficiences du secteur des soins consécutifs à un problème soudain et invalidant, de type fracture de la hanche ou AVC, en répondant mieux aux attentes des patients en termes de soins et de rééducation à leur sortie d’hôpital et en renforçant la prévention secondaire.
Ça me semble être la réalité, ce qui est rassurant dans un sens.
La réalité étant connue, les solutions seront trouvées.
Peut on en dire autant de la France….?