Par Guillaume Nicoulaud.
Il y a bientôt quatorze ans, je devenais papa pour la première fois. J’en ai trois aujourd’hui et, d’un commun accord avec mon épouse, nous allons en rester là. Une chose que la paternité a profondément changé en moi, au-delà des nuits en pointillés et miettes sur le canapé, c’est que je ne supporte plus l’idée qu’il puisse arriver quelque chose de mauvais à un gamin. C’est devenu viscéral.
J’en ai pris conscience il y a quelques années, alors que je regardais un très mauvais film-catastrophe : un terrible virus ravage le monde et un jeune couple de parents australiens, comprenant que ni eux ni leur petite fille n’y échapperont, décident de mettre fin à leurs jours pour échapper au fléau. Papa et maman font boire à leur petite fille le poison, le boivent à leur tour et ils s’allongent tous ensemble.
J’en ai chialé.
Je vous prie de croire que ce film était un véritable navet mais c’est ce navet qui m’a fait prendre conscience de ce que la paternité avait changé en moi. Ne touchez pas aux gamins ! Jamais et sous aucun prétexte ! Je jure d’étriper à mains nues celui qui le fera.
Et là, vous tombez sur cette photo :
La photo d’un gamin – de quoi ? 4 ans ? – qui fait la sieste dans une fabrique de briques en Afghanistan. Une photo reprise un peu partout sur internet pour dénoncer le travail des enfants.
Si vous n’avez pas, en voyant cette image, l’envie irrépressible de le prendre dans vos bras, de le réveiller doucement, de le ramener avec vous et de lui offrir les mêmes chances que celles qu’ont vos propres enfants alors, laissez-moi vous dire une bonne chose : vous êtes une infâme saloperie et vous ne méritez que mon mépris.
J’aimerais prendre ce gamin dans mes bras. J’aimerais lui offrir une vie meilleure, des études, des cadeaux à Noël, des vacances et une enfance aussi heureuse et insouciante que la mienne l’a été. Mais voilà le problème : des gamins comme lui, il y en a encore des centaines de millions et pour un que je peux aider, ce sont donc des centaines de millions d’autres qui continueront à faire leur sieste sur le bord d’une brouette avant de reprendre le travail.
Voilà ce qu’il y a de plus dur à avaler : on ne peut pas. Nous ne pouvons pas, ni vous ni moi, aller chercher tous ces enfants et leur offrir une vie meilleure. Cette vie, ils vont devoir la construire eux-mêmes, ils vont devoir la souhaiter pour leurs propres enfants de la même manière que nos ancêtres l’ont fait pour nous. Ça prendra du temps, la route sera longue et dure mais si l’histoire du siècle écoulé doit nous apprendre quelque chose, c’est que c’est possible. En quelques décennies, ce capitalisme mondialisé, universellement décrié par les crétins qui nous gouvernent ou prétendent le faire, a très factuellement permis le plus gigantesque enrichissement de l’espèce humaine de toute l’histoire : ce ne sont pas les luttes sociales qui ont sorti des millions de gamins de la misère, c’est l’économie de marché et la croissance qu’elle génère.
Eh oui, c’est passé notamment par le travail de gamin comme celui-ci dans les usines de Nike. Ce que nos bienpensants médiatiques, confortablement installés dans leurs fauteuil-club parisiens, n’ont jamais compris et ne comprendront sans doute jamais c’est que pour ces gosses, l’alternative se résume à deux options : c’est ça ou la misère, la faim et la mort – et encore, je vous passe la prostitution. Ce gosse – et croyez bien que je n’éprouve aucun plaisir à écrire ça – va certainement travailler encore de longues années dans cette fabrique de briques. Avec un peu de chance, l’Afghanistan cessera d’être gouverné par des imbéciles obscurantistes, il gagnera sa vie, il se mariera et il aura des enfants qu’il enverra à l’école en leur racontant ce que sa propre enfance a été, la chance qu’ils ont de vivre dans un pays enfin sorti de cette crasse moyenâgeuse – ou socialiste – et toutes les promesses que leur offre la vie.
Regardez bien cette photo et posez-vous cette simple question : qu’est-ce qui, au cours des dernières décennies, a vraiment fonctionné et qu’est-ce qui a totalement échoué ? Regardez ce gosse et dites-moi en conscience que les gamins chinois d’aujourd’hui ne vivent pas mieux que leurs parents. Regardez la boue sur ses mains et expliquez-moi que vos politiques d’aides publiques vont servir à autre chose qu’à financer l’hôtel particulier parisien du dictateur local. Regardez ce gamin et osez me dire – les yeux dans les yeux – que ces politiques protectionnistes pour lesquelles vous votez n’auront pas d’incidence sur sa vie.
Vous aurez beau vous cacher derrière vos grands discours et vos théories fumeuses, la réalité vous rattrapera un jour ou l’autre. Lorsque vous aurez fermé nos frontières pour donner quelques années de plus à votre sacrosaint modèle social, n’oubliez pas de penser à ce gosse : oui, grâce à vous il ne travaillera plus à l’usine et pour cause, il sera peut-être déjà mort.
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Sur le web.
L’argumentum ad misericordiam fonctionne assurément. Sinon pourquoi les politiques et les publicitaires continueraient à en abuser.
Personnellement c’est toujours un procédé que j’ai trouvé assez indigne pour ne pas dire honteux.
En tout là, il est tellement massif que j’en ai la nausée.
Le socialisme ne se contente pas de nous renvoyer au Moyen-Age ; le socialisme, notamment du fait de l’égalitarisme barbare qu’il entend imposer, est une résurgence préhistorique anachronique incluse malencontreusement dans le monde moderne. Interdire le socialisme est un « impératif catégorique » pour la civilisation humaine.
belle photo, car cet enfant qui dort est beau et est finalement paisible.
Donc je ne le réveillerai pas, car on ne dérange pas un enfant qui dort : il se construit.
enfin, l’Afghanistan, c’est son pays, c’est là où est sa famille. Même s’il n’y est pas bien traité, l’enlever à tout cela restera un arrachement pour lui, même pour des conditions de vie matérielle meilleure.
Bel article sur un sujet pas facile.
Et oui malheureusement, le travail des enfants est souvent une necessité, pas un choix, dans les pays en voie de développement. D’ailleurs, il fut un temps ou même en France, les enfants se devaient de mettre la main à la patte dès le plus jeune age afin de s’assurer qu’il y ait assez à manger à table le soir même. Effectivement, ce n’est pas la lutte sociale qui a aboli le travail des enfants, mais bien les progrès techniques qui ont accru la productivité des adultes au point de rendre l’aide des enfants non-indispensable à la survie.
Mais comment comment! Je croyait que les libéraux mangeaient les petinenfants.
On nous aurait menti.
Juste des petits enfants communistes… ET des chatons. On a de la tenue, monsieur, chez les ultra-turbo-néo-libéraux !
Un peu d’hyper-sensiblerie, me semble-t-il. Ce gosse n’est probablement pas « un travailleur » qui fait la sieste, mais un petit amené sur place, là où travaillent ses parents,
Je ne vois pas la différence entre les pauvres gosses que leurs parents trimballent à des dîners, ou laissent devant la télé, qui s’endorment dans un coin, et qu’on trimballe à 2 heures du matin pour les ramener.
Je vous fait remarquer que si nous avons des « grandes vacances », c’est parce que, jusqu’avant la dernière guerre, les enfants ne pouvaient aller en classe mais devaient travailler aux moissons. Ils n’en sont pas morts.
Avez-vous vu de près ces enfants qui travaillent ? Leur regard fier de contribuer un peu aux besoins de leur famille, l manière dont ils traitent d’égal à égal avec des adultes, leur tonus, leur niaque, et leurs rires. Vos niquedouilles maintenus au stade oral jusqu’à 20 ou plus sont bien plus malheureux.
Il faut également une monnaie saine fondée sur l’or ou l’argent et abroger toutes les lois obscurantistes que la plupart de ces pays ont dans leur propre législation..
Bien sûr que le capitalisme mondialisé est une bonne chose. Mais celle-çi doit profiter à tout le monde. Le libéralisme économique mondial doit aussi respecter quelques règles essentielles si il ne veut pas se dénaturer comme le libre accès à l’éducation, à la santé et un droit à un travail rénuméré permettant d’abord de subvenir à ses besoins.
Le libéralisme économique doit être la liberté de chacun de pouvoir travailler « pour soi » et non pour les autres. Ni être payé une misère, ni voir ses revenus trop imposés fiscalement (comme ici en France) pour un rendu en service public peu enviable.