Chômage : l’inversion de la courbe ?

Malgré les derniers chiffres annoncés par l’Insee, François Hollande persiste à vouloir nous faire croire qu’une inversion de la courbe du chômage est imminente.

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Chômage : l’inversion de la courbe ?

Publié le 21 décembre 2013
- A +

Par Guillaume Nicoulaud.

believe

Voilà la situation : dans sa dernière note de conjoncture, l’Insee estime – avec toutes les précautions d’usage1 – que le taux de chômage, en hausse de 0,1% à 10,9% au troisième trimestre 2013 devrait s’établir à environ 11% d’ici la mi-2014. En d’autres termes, l’organisme public auquel l’État confie l’élaboration de ce type de statistiques, ne voit aucune inversion de la fameuse courbe du chômage dans un horizon prévisible à moins, bien sûr, de procéder par symétrie horizontale.

Seulement voilà, pris d’un réflexe sarkozien, le Président de la République s’est empressé d’apporter un démenti poli aux statisticiens de l’Insee en confirmant que, malgré ce que raconte l’Institut national, « tout est fait pour que l’inversion de la courbe du chômage puisse être réalisée », que les contrats de génération, les emplois d’avenir et la politique volontariste du gouvernement justifient pleinement la confiance présidentielle2. D’ailleurs, note – non sans humour – le président normal, « la note de l’Insee s’intitule reprise poussive, donc il faut la pousser. »

Comment ce diable d’homme peut-il être si sûr de lui ?

Serait-ce le fameux modèle Mésange, ce modèle théorique traditionnel – c’est-à-dire néo-keynésien3 – développé (entre autres) par l’extraordinairement influente Karine Berger, qui serait à l’origine des certitudes du président ? Se pourrait-il qu’après un énième « Karine, ma sœur Karine, ne vois-tu rien venir ? » cette dernière ait finalement perçu le début du frémissement du retournement de cycle tant attendu dans sa grosse boule de 500 équations ?

Non. Soyons sérieux voulez-vous ? Celles et ceux d’entre nous qui se sont déjà risqués à modéliser des phénomènes économiques – aussi humbles soient-ils – le savent mieux que quiconque : c’est un art d’une extraordinaire complexité qui requiert de ceux qui s’y adonnent la plus grande des prudences et la plus totale des humilités4. Un modèle comme Mésange, ça sert à mettre des chiffres à la place des points d’interrogation dans des rapports strictement internes mais, pour peu qu’on ait ne serait-ce qu’une once de lucidité, on ne se risque pas à utiliser ses prédictions en public.

Non, ce n’est pas l’oiseau néo-keynésien (et donc tout à fait neutre) de sœur Karine qui pousse notre président et ses ministres à contredire les équipes de l’Insee en public.

C’est une forme de pensée magique.

Ces oiseaux-là sont sincèrement convaincus qu’en répétant dix fois par jour que la courbe va plier et que la réalité va s’inverser, la courbe va effectivement plier et la réalité effectivement s’inverser parce que vous allez y croire.

Ce n’est pas comme si vous étiez des êtres doués de raison et capables d’analyser votre environnement ; ce n’est pas comme si vous étiez des professionnels formés et expérimentés chacun dans vos spécialités. Ce qu’on vous applique ici, c’est une méthode Coué ; un bourrage de crâne grâce auquel, espèrent-ils, ils finiront par vous convaincre que tout va bien, que votre trésorerie n’est pas dans le rouge, que la dette publique se remboursera par l’opération du Saint Esprit, que vos clients ne mettent pas la clé sous le paillasson et que l’avalanche réglementaire et fiscale ne met pas du tout votre survie en péril.

Ça n’est vraiment que ça. Il n’y a pas de chiffres, pas de modèles, pas de stratégie : toutes ces rodomontades ne sont que des tentatives désespérées destinées à nous faire croire que notre bon gouvernement maîtrise la situation. Pendant que le navire coule, le capitaine fait jouer l’orchestre un peu plus fort.


Sur le web.

  1. En application de l’effet Dunning-Kruger.
  2. Voir note 1 mais dans l’autre sens.
  3. Je n’invente rien, voir le résumé page 3.
  4. Amis entrepreneurs, rendez-vous page 10 du document lié ci-dessus et découvrez le programme d’optimisation sous contrainte que vous êtes supposés résoudre au quotidien – ça vaut le détour !
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  • Nous l’avions déjà dit ici… jusqu’au bout… jusqu’à la lie… ces clowns continueront à nous casser les grelots avec leur « inversion ».

    Vous verrez que le 31 décembre à 23h30, un de ces cinglés continuera de pérorer au sujet de l' »inversion » !

    Je ne crois pas à la théorie de la « pensée magique ». L’explication est à mon avis beaucoup plus terre à terre : le bon vieux docteur Joseph Goebbels.

    Il s’agit de propagande. A fortiori car dans le domaine économique, un puissant levier est à saisir pour le petit politicien-truqueur de base : le management des « expectations ».

    En clair, les attentes des agents économiques.

    Répétez à un veau, ad nauseam, que la croissance est là, que le chômage recule, que la vie est belle, que la Centre-Afrique c’est fort en cacao… le veau sera mis en confiance… et donc dépensera plus facilement, investira plus facilement, davantage… ce qui viendra alimenter la machine économique et donc in fine la « croâssance ».

    On voit d’ailleurs poindre le prochain chapitre réthorique dans le mensonge gluant du Neuneu : « tout est fait »….

    Fameux !

    Le 01/01 quand on lui fera remarquer que l' »inversion » n’est pas là…. Neuneu répondre « Oui mais… TOUT EST FAIT POUR… ».

    Ce petit jeu de jambes sera ensuite répété pendant des mois, et des mois.

    « TOUT EST FAIT POUR…. »

    Il suffit d’une toute petite pichenette mentale… pour basculer vers le « c’est fait ». 😉

    On le voit donc, on est bordeline sur une sérieuse dissonance cognitive.

    Voilà pourquoi il faut accentuer le trait :

    -faites tout pour accroître les dépenses de l’état

    -faites tout pour réduire les recettes de l’état

    Terrible effet ciseau… Seule l’asphyxie financière, le licenciement de centaines de milliers de salariés…. viendront à bout de Hollande-Goebbels et de ses complices.

    Le Mur de la Réalité est notre arme redoutable.

    Il s’agit donc de tout faire pour que les crapules s’écrasent la gueule dessus.

  • C’est dans la continuité de sa tactique: Normal sait pertinemment que la mécanique économique est faite de cycles qui tôt ou tard donneront raison non pas à sa politique désastreuse mais à ces propos.

    Après tout, ce quinquennat aura eu au moins un bon côté: nous débarrasser du vieux socialisme des années 80 pendant plusieurs décennies.

    • Le souci est que les problèmes structuraux de la France, héritage de 30 ans d’ânerie (auquel il a lui même sans hésité et avec brio ajouter plusieurs couches en seulement un an et demi), sont telles qu’ils ont réussi à briser les cycles économiques … La reprise a déjà commencé en Europe, mais comme le montre les indices PMI, la croissance française s’annonce divergente de celles de nos voisins ! La reprise sera donc au mieux très molle et ne fera aucunement baissé le taux de chômage. Nos voisins de retour en croissance n’achèteront que très peu nos produits inadaptés et trop chers. Les investissements étrangers resteront très faibles.

  • un modèle nommé mésange…

     » ouvrez, ouvrez la porte aux oiseaux… « 

  • Ce qui s’inverse à n’en pas douter ce sont les valeurs !

  • la vérité n’est pas toujours drôle, sinon tout le monde la dirait (Michel Audiart)

  • @ christophe : « Terrible effet ciseau… Seule l’asphyxie financière, le licenciement de centaines de milliers de salariés…. viendront à bout de Hollande-Goebbels et de ses complices.

    Le Mur de la Réalité est notre arme redoutable.

    Il s’agit donc de tout faire pour que les crapules s’écrasent la gueule dessus. »

    Je souscris parfaitement, surtout la dernière phrase, avec ses excellents qualificatifs.

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