C’est au stand 157 du marché de Noël situé sur les Champs-Élysées à Paris que j’ai fait cette étonnante découverte. Ce stand se situe précisément sur le trottoir sud de la célèbre avenue, entre les avenues Churchill et Dutuit. C’est bien évidemment son packaging qui a attiré mon attention (voir photo ci-contre). Ce qu’il contient : quatre presse-citrons individuels dont le fonctionnement est plutôt astucieux : on insère la tranche de citron, puis on appuie sur le levier en plastique qui le presse pour en extraire le jus.
Pour en savoir plus, nous avons joint Éric Le Judec, 48 ans, entrepreneur français, créateur du « presse-citron » et résidant en Suisse.
M. Le Judec, racontez-nous votre histoire.
J’ai été entrepreneur en France avant de partir. J’ai déposé le bilan de ma société en France, car je n’avais pas assez de fonds propres. J’étais alors créateur de lunettes. Je n’ai pas pu financer ma croissance. À l’époque les banquiers n’en avaient que pour la bulle internet.
J’ai alors vu la limite du système français pour le soutien aux PME. J’avais même rencontré le ministre délégué à l’Industrie Christian Pierret (PS), au tout début des années 2000.
J’ai touché le fond et j’ai voulu aller de l’avant. Suite à mon dépôt de bilan, j’ai eu des problèmes avec le fisc. Quand vous déposez le bilan, vous devenez un escroc potentiel. C’est ça, le système français. On ne quitte pas de gaieté de cœur la France, quand on est Français. Je suis donc parti en Suisse pour tenter ma renaissance économique. En France, on m’interdisait le fait de me reconstruire. J’étais assommé, j’avais l’impression qu’on ne m’avait pas appris les règles du jeu.
Je suis arrivé sur les bords du lac Léman. En mangeant un filet de perche au bord du lac, je ne voulais pas presser le citron avec les doigts. Je voulais le presser de manière élégante, mais ça n’existait pas.
La création d’entreprise doit devenir une belle aventure en France. Or, ce n’est pas le cas aujourd’hui. J’ai rencontré un accueil hors du commun en Suisse. De A à Z, on vous accompagne pour vous faire grandir. La France est pour moi le pays où il est le plus difficile de réussir. Tout simplement à cause du statut, car avec la casquette de patron, vous êtes considéré hostile à la société et non pas utile. C’était vrai hier, ça l’est encore aujourd’hui. Il y a toujours ce cloisonnement en France.
Je suis installé sur les Champs-Élysées depuis le début du marché de Noël. C’est la 3e année avec le Code général des impôts pour le presse-citron. Je me suis d’abord demandé comment faire parler du presse-citron. Et puis, immédiatement, j’ai pensé au contribuable. (J’ai déjà eu un article dans le Cri du Contribuable).
Il en vend 600.000 à 700.000 pièces par an, dans 24 pays, sous différents noms.
Que pensez-vous du ras-le-bol fiscal actuel en France ?
Je suis Breton, mais je trouve que le mouvement, de par sa diversité, est un peu audible. Or, le vrai ras-le-bol est légitime parce que les gens ne savent plus pourquoi ils payent. C’est le manque de visibilité sur l’affectation de l’impôt. On donne de plus en plus, et en même temps votre qualité de vie se dégrade. Les autoroutes ont été privatisées mais les impôts sont toujours aussi élevés ! La PLF2014 a même déjà programmé l’augmentation du tarif des autoroutes ! On a certainement le système de santé le meilleur du monde mais on ne sait plus où va l’impôt. Il y a trop de gens qui se gavent sur le système. Il existe une forme de  terrorisme fiscal à l’égard des PME
Je reviendrais en France peut-être pour ma retraite, mais certainement pas en tant qu’entrepreneur. Ce terrorisme fiscal à l’égard des PME avec ses taxations d’office est insupportable. Les chefs d’entreprise sont présumés coupables. En Suisse, on n’est pas vu comme un terroriste fraudeur. Beaucoup de gens fuient la France à cause de cela. Et si le fonctionnaire fait une erreur sur votre compte, il ne sera même pas sanctionné, il vous taxe d’office, c’est à vous de prouver votre innocence et de négocier avec l’administration fiscale. C’est un pouvoir surdimensionné pour une démocratie.
Pour l’anecdote, j’avais envoyé le presse-citron à Nicolas Sarkozy qui l’a mis sur son bureau privé, m’a-t-on dit.
Dernière question, comment fait-on pour avoir un stand sur les Champs-Élysées?
Un critère de copinage, solvabilité et de « pas du tout de produit en France ». À mon avis, sur les Champs-Élysées c’est au moins 70 % de produits chinois ! Le presse-citron est produit à Annecy.
ben dis donc ; moi qui voulais créer une ttpe ( toute toute petite entreprise ) , pour ne pas me retouver chomeur à temps plein , je vais y regarger à deux fois .
Vous pouvez la créer à l’étranger
L’Angleterre c’est top pour ça. La Suisse c’est devenu exclusif. Enfin, cela n’engage que moi.
On pourrait conseiller à cet astucieux entrepreneur de varier les plaisirs…. en se servant également du Code du travail !
500 grammes en 1978
1,4 kilo en 2010
La preuve en image :
http://www.les-dupes.fr/images/manifeste/illustration_codes.jpg
La démence collective, c’est aussi cela.
En tout cas, encore bravo à ce Français qui a compris les bénéfices, multiples, de l’expatriation.
combien de page ? 4000, quelques chose comme ça ?
Un peu moins que l’oeuvre de Proust “A la Recherche du Temps Perdu” mais lire le code des impôts c’est carrément du temps perdu car de nombreux articles sont contradictoires …
Cet ustensile indispensable est il vendu en ligne ?
TOP !
Bravo a ce français, il a tout compris. (sauf peut être revenir en France pour la retraite, y’a beaucoup mieux ailleurs).