Par Gérard Dréan.
Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté – Confucius
La véritable doctrine libérale est une grande méconnue, au point que même d’éminents contributeurs de Sociétal n’en ont qu’une idée imparfaite. Alors, qu’est-ce que le libéralisme ? Le présent article a pour but d’en rappeler les fondements, tels qu’ils ont été établis et enseignés par les grands auteurs, et de dissiper les erreurs les plus courantes, par exemple :
- croire qu’il est possible de dissocier, voire d’opposer, un libéralisme philosophique et un libéralisme économique ;
- croire que le libéralisme trouve sa seule justification (ou sa condamnation) dans ses effets économiques ;
- croire que le libéralisme est lié à la théorie néoclassique de l’équilibre général, et en particulier aux mythes de l’homo œconomicus et de la concurrence « pure et parfaite » ;
- croire que le libéralisme ignore les liens sociaux ou en prône l’effacement ;
- croire que le libéralisme s’oppose à toute forme d’action collective.
De nombreux auteurs ont relevé qu’il existe de nombreuses formes de libéralisme1.
Mais toutes ces variantes ont en commun une préconisation forte qui en forme le noyau dur : limiter de façon stricte l’intervention de l’État, seules les justes limites à lui fixer différant selon les écoles.
Cette position est l’aboutissement commun de plusieurs courants de pensée.
En schématisant, il existe d’une part une approche conséquentialiste ou utilitariste, dans laquelle le libéralisme est justifié par les résultats auxquels il conduit ; et d’autre part, une approche déontologique, dans laquelle le libéralisme repose sur des principes philosophiques universels.
Cette distinction s’accompagne d’une autre : pour les conséquentialistes, il est légitime de considérer séparément des doctrines libérales dans chaque domaine : moral, religieux, politique, économique etc. Pour les déontologistes au contraire, il existe une seule doctrine libérale qui s’applique uniformément dans tous ces domaines.
Les versions conséquentialistes du libéralisme économique
Tordons d’abord le cou à la variante la plus connue de l’approche conséquentialiste : sa prétendue justification par la théorie néoclassique de l’équilibre général.
On sait que Léon Walras a montré que, sous certaines conditions, le libre jeu des forces économiques conduit à un équilibre général et que son disciple Vilfredo Pareto a montré que cet équilibre est un optimum dans la mesure où il est impossible d’améliorer la situation d’un agent sans dégrader au moins autant celle d’un autre.
Conclusion : il faut laisser jouer librement les forces économiques, car cela conduit automatiquement à l’optimum. On aurait ainsi « démontré mathématiquement la supériorité du libéralisme »2.
Comme l’ont relevé d’innombrables auteurs célèbres ou obscurs3, cette position ne résiste pas à l’examen. L’équilibre économique et les hypothèses sur lesquelles il repose, l’agent économique rationnel (le trop célèbre homo œconomicus) et la concurrence « pure et parfaite » (qui est la négation de la concurrence réelle), ne sont en aucune façon des phénomènes réels ou réalisables, mais des constructions intellectuelles destinées à aider à la réflexion.
Il en va de même de l’optimum de Pareto, dont rien ne permet de penser qu’il soit une situation particulièrement désirable. Le seul débat pertinent à leur sujet est de nature méthodologique : dans quelle mesure ces constructions imaginaires sont-elles utiles à la compréhension de la réalité4 ?
Loin d’atteindre le sommet de la science économique, Arrow et Debreu, en explicitant toutes les hypothèses qui doivent être vérifiées pour que les équations de l’équilibre général admettent une solution, ont au contraire démontré que ce modèle n’est pas autre chose qu’une curiosité mathématique à des années-lumière de la réalité.
La rigueur scientifique commanderait de le remiser, et avec lui toutes ses hypothèses constitutives et ses développements ultérieurs, au placard des gadgets inutiles. La discipline économique aurait alors une chance de sortir enfin de l’impasse cognitive où ses gros bataillons se sont enfermés depuis le début du vingtième siècle.
Il est donc vain de faire reposer une prétendue démonstration de la supériorité du libéralisme sur la théorie de l’équilibre général ; mais pour la même raison il est tout aussi vain de prétendre réfuter le libéralisme en réfutant cette théorie, ou de justifier l’intervention de l’État en montrant que le libre jeu du marché ne conduit pas à l’optimum. Certains auteurs (Barone, Lange, Lerner) ont d’ailleurs utilisé aussi bien la théorie de l’équilibre général pour justifier la planification centralisée.
De toute façon, le libéralisme n’a pas attendu Walras, et cette même condamnation de la théorie néo-classique est exprimée de façon encore plus radicale par des auteurs réputés « ultra-libéraux » comme ceux de l’école dite « autrichienne ».
La critique des mythes néoclassiques laisse intact un raisonnement conséquentialiste beaucoup plus ancien, où l’intervention de l’État dans l’économie est condamnée pour ses effets, ainsi qu’un raisonnement « déontologiste » tout aussi ancien, où le libéralisme économique n’est que l’application au domaine économique de principes philosophiques a priori.
La version conséquentialiste du libéralisme économique
Le conséquentialisme invite à juger chaque action possible à ses résultats, notamment celles de l’État. Cette approche analytique aboutit à un continuum disparate de positions plus ou moins libérales sur une infinie variété de sujets, mais qui reposent quand même sur deux idées fondatrices du libéralisme.
La première, celle que l’État n’a pas a priori tous les pouvoirs, mais seulement ceux que les citoyens lui confient librement. Un gouvernement, disait Herbert Spencer, n’est qu’un agent employé en commun par un certain nombre d’individus pour obtenir certains services.
La deuxième, que la décision de confier ou non tel ou tel rôle à l’État doit se faire au cas par cas en fonction de l’efficacité de l’État comparée à celle de l’initiative privée. De là à dire que l’État ne doit en aucun cas s’arroger le monopole des actions qui lui sont confiées, et doit être systématiquement mis en concurrence afin que sa supériorité soit vérifiée en permanence, il n’y a qu’un pas.
On arrive ainsi à une critique plus générale de toute intervention de l’État, pas limitée au domaine de l’économie. Toute action est nécessairement guidée par une prévision de ses résultats, qui fait partie de la « théorie du monde » de l’agent qui l’entreprend. Or cette théorie est par définition subjective et nécessairement imparfaite.
Mais si un individu agit selon une théorie fausse, les conséquences de son erreur sont limitées (ce qui est d’ailleurs une justification conséquentialiste de la propriété privée). Et quand il comprend qu’il s’est trompé, le souci de son propre intérêt le poussera à modifier sa théorie jusqu’à ce qu’elle devienne plus exacte. Dans un marché libre, les agents dont la théorie du monde se révèle erronée sont vite amenés à en changer et à découvrir progressivement « les vraies lois de l’économie ».
L’État fonctionne différemment.
Sa caractéristique distinctive est l’usage de la contrainte, ce que Max Weber a appelé « le monopole de la violence légitime » et qu’il serait plus correct d’appeler le monopole légal de la violence (légitime ou non, comme nous le voyons hélas tous les jours).
Ce monopole lui donne le privilège de pouvoir s’obstiner dans l’application de théories fausses et dans des actions dont les résultats vont à l’encontre même du but qu’elles visent, et de s’enfoncer dans l’erreur en tentant de corriger les effets de ses erreurs passées par de nouvelles erreurs encore plus funestes. De plus, il prétend agir non dans son propre intérêt, mais dans un « intérêt général » mal défini et qu’il n’a aucun moyen de mesurer.
En soustrayant ses actions au verdict permanent du marché, l’État se prive à la fois des moyens de vérifier que son offre reste adaptée à la demande et que ses méthodes sont bien les plus efficaces, ainsi que de la motivation pour les améliorer sans cesse.
Quelles que soient la bonne volonté et la compétence de ses agents, on peut donc s’attendre à ce que l’État agisse moins efficacement que des entreprises en concurrence.
C’est ce qu’exprimait déjà Turgot en 1759 :
L’intérêt particulier abandonné à lui-même produira plus sûrement le bien général que les opérations du gouvernement, toujours fautives et nécessairement dirigées par une théorie vague et incertaine 5.Â
Même si personne ne peut savoir ce que serait un hypothétique « optimum économique », on peut affirmer que l’État ne peut pas mieux s’en approcher que le libre jeu des intérêts particuliers.
De ces deux justifications conséquentialistes, on peut oublier celle qui repose sur l’équilibre général néoclassique. Elle ne mérite d’être mentionnée que parce qu’elle est la plus connue et la cible de tous les antilibéraux.
Nombreux sont en effet les auteurs qui croient pouvoir régler définitivement son compte au libéralisme en réfutant la position néo-classique, ou plus généralement en lui opposant des arguments de nature strictement économique. Mais ceux-là perdent leur temps : leurs arguments sont hors sujet et n’effleurent même pas la véritable doctrine libérale.
Les fondements déontologiques du libéralisme
Le véritable libéralisme est de nature déontologique. Il affirme des principes qui doivent être respectés par tous, en toutes circonstances et quelles qu’en soient les conséquences. Son dogme fondateur est « tous les hommes sont libres et égaux en droits », ou, pour citer Diderot :
Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres6.
Cette idée qu’aucun être humain n’a le droit d’exercer une contrainte sur un autre être humain est au cœur de la pensée chrétienne, de l’humanisme de la Renaissance et de la philosophie des Lumières. Elle se traduit entre autres par la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789.
Notons bien que ce n’est pas de l’Homme abstrait que parle cette philosophie, mais de chaque être humain individuel concret. Elle ne se contente pas de dire in abstracto : « l’Homme est libre » ; le Principe de Liberté qu’elle énonce est :
Chaque être humain est libre d’agir comme il l’entend conformément à ses aspirations, à sa situation et à ses capacités.
Elle ne parle pas non plus de liberté dans un quelconque sens métaphysique absolu, mais comme de la faculté pour chaque être humain particulier de choisir entre plusieurs actions possibles dans une situation donnée.
Chacun de nos choix est soumis à des contraintes, mais il serait absurde de dire que les lois physico-chimiques qui gouvernent les phénomènes du monde sensible sont des obstacles à notre liberté. Un homme seul au monde serait aussi totalement libre qu’il est possible de l’être, et pourtant il resterait soumis aux lois de la nature.
Le mot même de liberté n’a de sens que relativement aux entraves que pourraient lui opposer les autres êtres humains. Le même principe de liberté peut donc s’énoncer sous forme négative :
Aucun être humain n’a le droit de priver un autre être humain de sa liberté d’agir comme il l’entend conformément à ses aspirations, à sa situation et à ses capacités.
Ainsi formulé, ce principe d’égale liberté prend un sens opérationnel, celui d’une éthique de l’action qui reste valable même si, comme l’enseigne Spinoza, notre liberté n’était qu’une illusion7.
Sous ses deux formes, positive et négative, le principe libéral a valeur de dogme. Comme dit la Déclaration d’indépendance des États-Unis : « nous tenons ces vérités pour évidentes ». Le propre du libéralisme est d’aller jusqu’au bout des conséquences de ce principe.
Si les libéraux sont souvent taxés de dogmatisme, c’est parce qu’en effet, pour eux, on ne transige pas avec la liberté. Au niveau individuel, le principe libéral ne prescrit aucun comportement particulier, pas plus l’égoïsme que l’altruisme, le matérialisme que l’idéalisme, l’athéisme que la religion. Il se borne à interdire l’usage de la contrainte en matière religieuse ou morale, comme dans toutes les autres matières.
Dans l’ensemble de règles que chacun de nous suit dans son comportement individuel, le libéralisme n’en introduit qu’une seule : tu n’exerceras aucune contrainte envers autrui. C’est en quelque sorte une morale minimale de tolérance qui permet à chacun de choisir librement les autres règles qu’il veut suivre, une simple éthique de l’action qui dit qu’un certain moyen, la contrainte sur les autres, est inacceptable, mais qui laisse chacun totalement libre de choisir ses fins et les autres moyens de les atteindre. C’est une version généralisée du principe de laïcité.
Il s’ensuit que toutes les controverses sur les différentes règles morales ou les différents comportements individuels sont sans incidence sur la règle libérale elle-même. Dire « il faut se comporter de telle façon » n’autorise personne à y contraindre quiconque, quel que soit le bien-fondé de ce précepte et le nombre de ceux qui y adhèrent.
La règle libérale est ainsi compatible avec toutes les autres règles, qu’elles soient éthiques, philosophiques ou religieuses, tant qu’elles ne commandent pas d’exercer une contrainte sur d’autres êtres humains, quel que soit le prétexte donné pour cela. Elle transcende les autres règles et leur est indifférente en les admettant toutes. Par rapport aux principes libéraux, les controverses éthiques (comme d’ailleurs les controverses économiques) sont hors sujet.
Appliquer rigoureusement, le principe libéral « aucun être humain n’a le droit de priver un autre être humain de sa liberté d’agir comme il l’entend » conduit à refuser non seulement le gouvernement par une minorité, mais aussi la règle majoritaire sur laquelle les gouvernements démocratiques prétendent fonder leur autorité.
Puisqu’un être humain ne peut avoir de droits sur un autre que si ce dernier y consent librement, un chef n’a d’autorité légitime que sur ceux qui ont librement choisi de lui obéir. Il en va de même des dirigeants politiques. Même s’ils sont démocratiquement élus, leur autorité ne s’étend qu’à ceux qui ont voté pour eux.
De la même façon qu’il doit être interdit à un plus fort d’imposer sa volonté à un plus faible, il doit être interdit à un plus grand nombre d’individus d’imposer leur volonté à un plus petit nombre. Les décisions d’une majorité ne s’appliquent qu’aux membres de cette majorité, qui ne peut en aucune façon les imposer aux autres, même si c’est par l’entremise d’une organisation ad hoc appelée État.
La vraie démocratie, ce n’est pas faire régner la loi de la majorité, mais au contraire protéger la liberté des individus et des minorités contre les plus forts et les plus nombreux.
Pour les plus libéraux, il n’y a pas de différence sur ce point entre ceux qui se réclament du service de l’État et les autres. Une action est morale ou immorale, légitime ou illégitime, indépendamment de la personne ou du groupe qui l’entreprend.
Les hommes de l’État n’ont pas plus le droit que les autres d’exercer la contrainte sur leurs congénères ; l’État ne peut pas plus que toute autre organisation humaine recourir à la violence contre les citoyens, quel qu’en soit le prétexte, intérêt général, régulation, justice sociale ou autre.
Cette logique difficilement réfutable conduit à contester toute légitimité à l’État, dans la mesure où celui-ci se caractérise justement par l’usage de la contrainte sur toute une population, consentante ou non.
C’est la position dite « libertarienne » proposée par Gustave de Molinari8 et développée par des auteurs comme Lysander Spooner et Murray Rothbard. Quelque choquante qu’elle soit pour nos esprits formés depuis des siècles à accepter l’État comme une donnée de fait, cette position n’en est pas moins la position la plus simple. Est-il permis de dire, en suivant Guillaume d’Occam : « et donc la plus satisfaisante » ?
Le libéralisme classique
Au contraire, les libéraux classiques, à la suite de Locke, Montesquieu et Benjamin Constant, admettent la nécessité d’un État. Ils reconnaissent que le monde n’est pas un eden où chacun serait beau et gentil. Les hommes sont ce qu’ils sont : tantôt ils s’entraident, tantôt ils se combattent. Il y a parmi eux des philanthropes et des voleurs, des redresseurs de torts et des assassins, des saints et des monstres.
Chacun d’entre nous agit tantôt de façon égoïste, tantôt de façon altruiste. Il y a dans les sociétés humaines assez de tendance à la coopération pour qu’on fasse confiance, mais aussi assez de tendance à la violence pour qu’on cherche à s’en préserver.
Qu’est-ce qui peut arrêter la violence ? Fondamentalement le droit de légitime défense, considéré comme un droit naturel de tout être humain. Mais alors les faibles resteraient à la merci des plus forts, et un petit groupe d’honnêtes gens resterait à la merci d’une troupe de brigands plus nombreuse et mieux armée.
Seule peut arrêter la violence une force plus puissante que celle de la troupe la plus nombreuse et la plus forte, qui ne peut être que la force de la société tout entière, matérialisée par une organisation qu’on appelle l’État. Chacun doit renoncer à utiliser la violence et confier à l’État le monopole de l’exercice de la force, au service de la protection de chacun contre tous les autres.
Mais cet État est une organisation humaine comme les autres. Et puisque cette organisation a le monopole de la violence, le risque que les hommes qui la composent en abusent est permanent. L’État est à la fois, dans la théorie, le garant des libertés, et dans la réalité, la plus grave menace pour ces mêmes libertés qu’il est censé garantir.
L’histoire comme la simple observation du monde contemporain montrent hélas amplement que les gouvernements oppriment et affament leurs peuples infiniment plus souvent qu’ils ne les protègent ou ne les servent.
Par conséquent, l’action de l’État doit être strictement limitée à la défense des libertés individuelles qui est sa raison d’être. Lui accorder le monopole de la violence légitime a pour contrepartie nécessaire de limiter son domaine d’action de façon rigoureuse, en l’enfermant dans des limites étroites par des institutions appropriées comme la démocratie et la séparation des pouvoirs.
Si on laisse aux hommes de l’État la possibilité de décider où et quand ils doivent intervenir, ils finiront par intervenir toujours et partout, non parce qu’ils sont nécessairement plus mauvais que les autres, mais parce qu’ils ont le pouvoir d’imposer leur intervention, souvent avec la conviction de bien faire. Et l’approbation de la majorité ne fait qu’aggraver le danger.
Selon cette thèse, le seul rôle légitime de l’État est de permettre aux humains de vivre ensemble, même s’ils ne sont d’accord sur rien d’autre que cette volonté de vivre ensemble. L’État doit être neutre, sans opinion et sans projet autre que celui de faire régner un ordre impersonnel permettant à chacun d’exercer sa liberté au maximum et de vivre conformément à ses préférences, et non imposer à tous des options qui ne sont jamais que celles de quelques-uns, même s’ils sont en majorité.
Précisément parce que les citoyens confient à l’État des pouvoirs exorbitants dans certains domaines, il doit lui être interdit d’utiliser ces pouvoirs dans d’autres domaines, par exemple la vie privée, la morale, la religion, et… l’économie.
Cette philosophie politique pourrait se résumer en trois citations :
Les princes me donnent prou s’ils ne m’ôtent rien, et me font assez de bien quand ils ne me font point de mal ; c’est tout ce que j’en demande – Montaigne9
À la tête d’un gouvernement, c’est déjà faire beaucoup de bien que ne pas faire de mal – Jean-Baptiste Say 10
N’attendre de l’État que deux choses : liberté, sécurité. Et bien voir que l’on ne saurait, au risque de les perdre toutes deux, en demander une troisième – Frédéric Bastiat 11.
Le véritable libéralisme économique
Bien que le libéralisme économique soit le principal accusé dans le discours ambiant, sa défense pourrait s’arrêter là . Les actes économiques, pour autant qu’on puisse les distinguer des autres, doivent se conformer aux mêmes préceptes.
Le libéralisme économique n’est pas autre chose que l’application du libéralisme philosophique et politique aux actes économiques. L’économie n’est qu’un des domaines de l’activité humaine où l’État ne doit pas intervenir.
Les véritables fondements du libéralisme économique sont contemporains du libéralisme politique et se trouvent chez les économistes français du XVIIIe siècle, principalement Condillac, Turgot et Say.
Cette tradition a été occultée par les classiques anglais (Smith, Ricardo) et leurs lointains émules les marxistes, puis par le scientisme walrasien et la macro-économie des enfants de Keynes, mais a été maintenue vivace, encore que sous le boisseau, par l’école autrichienne de Menger, Mises et Hayek.
Les philosophes libéraux qui ont abordé le terrain de l’économie, comme Locke, Hume, Condillac, Montesquieu ou Benjamin Constant, y ont développé des positions libérales comme conséquence directe de leurs positions philosophiques, en présentant leur libéralisme en économie comme un simple cas particulier de la limitation du pouvoir de l’État.
Quant à ceux qui sont plutôt économistes, comme Say, Bastiat, Mises ou Hayek, ils ne se sont pas contentés de raisonnements conséquentialistes, mais ils ont pris le soin de rattacher leurs positions économiques à des racines philosophiques déontologiques. Les liens historiques et logiques entre les deux sont tels qu’il est impossible et absurde de distinguer un libéralisme économique d’un libéralisme philosophique, et a fortiori de les opposer.
Cette tradition économique classico-autrichienne s’oppose radicalement à la tradition néoclassique issue de Walras. Elle ne s’autorise pas à inventer son propre modèle de l’homme, mais prend les êtres humains tels qu’ils sont dans leur diversité, leur complexité, leurs limitations et la variété de leurs motivations.
L’économie étudie les actions réelles d’hommes réels. Ses théorèmes ne se réfèrent ni à l’homme idéal ni à des hommes parfaits, et pas davantage au mythique homme économique (homo Å“conomicus)12.
Elle ne s’intéresse pas non plus à d’imaginaires équilibres, mais aux processus concrets qui modèlent la réalité économique.
Du libéralisme philosophique, les économistes classiques retiennent l’idée que chaque être humain est le meilleur juge de son propre bien-être. Il en découle que la valeur que nous accordons aux choses, qui exprime le désir que nous éprouvons pour elles, est purement subjective.
Et puisque ni le désir ni la satisfaction ne sont mesurables, la valeur qui en est l’expression n’est pas une grandeur mesurable. On ne peut ni comparer ni additionner les valeurs que deux individus différents attachent à un bien, ni les satisfactions qu’ils en retirent.
Il n’existe pas de mesure du bien-être d’un individu ou d’un groupe, et la notion d’optimum économique est vide de sens. Tout raisonnement qui fait référence à un état optimum est sans objet. Loin de résumer l’homme à ses instincts matériels égoïstes comme on l’en accuse, le libéralisme constate que les motivations des humains sont trop diverses – utilitaires ou idéalistes, égoïstes ou altruistes, matérielles ou spirituelles – et les circonstances dans lesquelles ils sont placés sont trop variées pour qu’un quelconque modèle mathématique puisse résumer leurs choix.
Le seul moyen d’intégrer les décisions des acteurs, c’est l’ensemble de leurs interactions effectives, qu’on appelle le marché. Aucun raisonnement ne peut remplacer les libres décisions des êtres humains réels. Toute tentative de planification centralisée est donc vouée à l’échec.
Mais contrairement à la légende, ces libéraux ne prétendent nullement que le libre fonctionnement du marché conduit à un optimum. Ils savent qu’il n’existe pas d’organisation sociale, réelle ou imaginaire, socialiste ou libérale, qui puisse donner intégralement satisfaction à chacun des êtres humains.
Non seulement il existe des contraintes physiques, géographiques ou climatiques dont aucune action humaine ne peut s’affranchir, mais le marché libre, qui n’est rien d’autre que l’ensemble des interactions spontanées des êtres humains, et qui définit simultanément la contribution de chacun à la production et ses droits sur cette production, ne donne pas nécessairement satisfaction à tous. Tout comme la notion d’optimum économique, les notions de marché parfait, et par conséquent d’imperfections du marché sont vides de sens.
Mais toutes les tentatives de justifier l’intervention de l’État par les défauts des mécanismes économiques sont sans valeur. Les hommes de l’État ne sont ni meilleurs ni plus compétents ni mieux informés que les autres, et n’ont aucune qualité pour imposer à l’ensemble de la société leurs préférences personnelles ou celles de la majorité.
S’en remettre au pouvoir de l’État pour remédier à ce que les économistes néoclassiques appellent les défaillances du marché est pire que le mal : les défaillances de l’État sont généralement bien pires ! Ceux qui veulent que l’État intervienne partout où le marché est jugé défaillant commettent la même erreur que cet empereur romain qui devait choisir un chanteur et qui, devant les couacs du premier candidat, engagea le second sans prendre la peine de l’écouter…
En plus de ces positions qu’on peut qualifier d’ontologiques, les économistes libéraux constatent quelques évidences.
D’abord que production et échanges sont indissociables : tout ce qui est consommé doit d’abord avoir été produit. Ils ne gobent pas l’ânerie popularisée par Keynes13 selon laquelle nous serions définitivement entrés dans l’ère de l’abondance, où tous les problèmes de production étant résolus, la seule question restante serait celle de la répartition des richesses.
Les désirs des hommes sont illimités ; dès qu’un de leurs besoins est satisfait, ils s’en découvrent un autre, et le libéral s’interdit de décréter qu’il existe des vrais besoins et des faux besoins. Il laisse les moralistes et les philosophes dire aux gens comment ils devraient se conduire, et se contente d’enregistrer leur comportement effectif.
La deuxième évidence, c’est qu’il n’existe pas d’autres moyens pour l’humanité d’améliorer sa condition que de mieux s’organiser et de perfectionner ses outils. Il faut donc que ceux qui ont l’idée de nouvelles façons de servir leurs congénères – les entrepreneurs au vrai sens du mot, ce qui inclut les entrepreneurs politiques – aient la liberté de mettre ces idées en œuvre, et de les proposer à leurs contemporains, mais pas celle de leur imposer.
Comme personne ne peut savoir à l’avance si telle ou telle proposition sera acceptée, ils doivent laisser les autres en décider, et accepter d’abandonner les offres dont personne ne veut. C’est ce qui s’appelle la concurrence.
L’ajustement des activités des uns aux désirs des autres ne peut s’effectuer que par tâtonnements incessants. Dans ces tâtonnements, l’entrepreneur est le moteur, et le consommateur le juge suprême. Le marché est l’ensemble des dispositifs institutionnels concrets par lesquels les initiatives et les intérêts des uns et des autres se confrontent et s’intègrent.
Mais comment savoir si ces tâtonnements vont dans le bon sens ?
C’est là qu’intervient la troisième évidence : tout accord librement consenti augmente la satisfaction des deux parties ; s’il en était autrement, celui des deux qui se sentirait lésé refuserait cet accord et l’échange n’aurait pas lieu14.
Plus généralement, tout ensemble de transactions librement consenties améliore la situation de tous ceux qui y ont participé. Contrairement à la conception néoclassique, qui voit la liberté des échanges comme un simple moyen d’arriver à un optimum économique défini par ailleurs, la conception classico-autrichienne y voit la garantie que la situation qui en résulte est jugée préférable à la situation de départ par ceux qui ont participé aux échanges.
Autrement dit, la liberté des échanges est à la fois un cas particulier du principe philosophique de liberté, donc un impératif éthique qui s’impose indépendamment de ses conséquences, et (fort heureusement) le moyen qui conduit le plus probablement à la plus grande satisfaction générale.
Mais la tradition autrichienne est plus moraliste qu’utilitariste : son attachement à la liberté des échanges procède plus du respect d’un principe général que d’une recherche d’efficacité. S’il devait y avoir conflit, les libéraux authentiques placeraient l’exigence éthique de liberté au-dessus du souci d’efficacité économique.
Que le marché ait besoin de règles, les libéraux ne le nient absolument pas, mais ils veulent que ces règles soient librement établies entre les intéressés, et que la seule sanction pour ceux qui ne les respectent pas soit le jugement en actes de ceux dans l’intérêt desquels les règles sont établies, c’est-à -dire les êtres humains dans leur rôle de consommateurs. La régulation doit être volontaire et ne pas faire appel à la contrainte, donc pas à l’État.
On peut toujours juger insatisfaisante telle ou telle situation et penser qu’il faut agir pour la corriger. Mais il faut alors revenir à l’éthique libérale de l’action pour se demander qui doit le faire et comment, et quels sont les risques d’abus et d’effets pervers selon l’acteur qui intervient.
Le bon sens et la prudence répondent que le meilleur intervenant n’est pas toujours l’État. Le libéralisme modéré dit que c’est rarement l’État, et le libertarianisme que ce n’est jamais l’État. Bref, le libéralisme n’est pas, comme on l’en accuse souvent, une confiance aveugle dans le marché ; c’est une méfiance lucide et raisonnée envers l’État.
Ce libéralisme économique déontologiste est parfaitement cohérent avec la position conséquentialiste de Turgot et des économistes de l’école autrichienne. Les deux reposent sur le constat que l’être humain est profondément social et que les possibilités de son esprit sont limitées, et non comme l’équilibre général sur la fiction d’un homo economicus asocial mais omniscient.
Cette forme de libéralisme est une tradition philosophique humaniste ancienne et solide, dont l’aspect proprement économique est un volet indissociable, où les considérations conséquentialistes ne sont qu’accessoires, et qu’on ne peut réfuter sans s’attaquer aux droits de l’Homme les plus fondamentaux et à notre conception même de la nature humaine.
La société libérale
À quoi pourrait ressembler une société libérale, où l’État serait soit inexistant, soit cantonné dans son rôle de protection de chacun contre tous les autres ?
Le libéralisme en tant que tel ne prescrit rien à ce sujet : la société doit être ce que les hommes, par leurs actions quotidiennes, décident librement qu’elle sera.
Cependant, le pronostic des auteurs libéraux est à l’opposé des clichés qu’inventent leurs adversaires. Les libéraux reconnaissent que les hommes sont infiniment divers, mais ils savent que, dans leur immense majorité, ils cherchent à résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés, et tirent les enseignements de leurs erreurs.
Il en résulte que la conjonction de leurs actions spontanées tendra vraisemblablement à améliorer la condition de l’humanité, mieux que ne saurait le faire un seul, ou un petit groupe qui imposerait sa volonté aux autres.
De plus, l’homme est un animal profondément social. Chacun naît dans un environnement socialement structuré et est totalement dépendant de cet environnement pour survivre. À part des cas ultra-minoritaires, chacun sait que la société de ses semblables est le moyen par excellence de sa propre survie et de sa propre satisfaction.
Réciproquement, il est naturellement attentif aux sentiments et au bien-être de ses semblables et leur vient spontanément en aide. Le genre humain ne serait pas devenu ce qu’il est si le comportement spontané des êtres humains et de leurs lointains prédécesseurs, même si on peut choisir de l’appeler égoïste, n’était pas le plus souvent cohérent avec l’intérêt du groupe social.
Adam Smith l’avait déjà noté dans son Traité des sentiments moraux. Ludwig von Mises, l’un des plus libéraux parmi les libéraux, a écrit :
L’action humaine tend par elle-même vers la coopération et l’association ; l’homme devient un être social non pas en sacrifiant ses propres intérêts à ceux d’un Moloch mythique appelé la Société, mais en visant à améliorer son propre bien-être15.
Par-dessus trois siècles, il rejoint Montesquieu :
Il se trouve que chacun va au bien commun, croyant aller à ses intérêts particuliers 16.
Pour atteindre des objectifs qu’ils ne peuvent pas atteindre seuls, il est donc probable que les humains s’associeront pour agir ensemble dans le sens qu’ils jugent approprié, sans qu’il soit besoin de les y contraindre. Les projets de quelque importance trouveront un ou des promoteurs qui en prendront l’initiative, puis d’autres y adhéreront et rassembleront assez de partisans pour que le projet soit mis en œuvre.
Tout ce que fait l’État, des associations volontaires ne recourant pas à la contrainte sont capables de le faire, et mieux, qu’il s’agisse d’associations « égoïstes » qui ne visent que l’intérêt de leurs membres ou d’associations « altruistes » qui se mettent au service de tiers, voire de la société tout entière.
À l’inverse, chaque projet particulier ne doit pas nécessairement recueillir l’adhésion de la majorité, mais seulement d’un nombre suffisant pour être mené à bien. Si un projet ne peut être réalisé que sous la contrainte, en particulier celle de l’État, c’est que le nombre d’hommes qui adhèrent à ce projet n’est pas suffisant pour qu’il puisse être mis en œuvre, ce qui suffit à prouver que, dans leur ensemble, les hommes préfèrent se consacrer à autre chose.
Au total, la société libérale ne serait pas, comme le prétendent ses détracteurs, une juxtaposition d’individus égoïstes étrangers les uns aux autres, mais plutôt un enchevêtrement d’associations volontaires de toutes natures17 à travers lesquelles chacun pourrait travailler aux fins qu’il se donne, en coopérant avec ceux qui partagent tel ou tel de ses idéaux, et en s’abstenant de participer aux actions qu’il désapprouve.
Bien entendu, le principe libéral « nul n’a le droit de priver un être humain de sa liberté d’agir comme il l’entend conformément à ses aspirations, à sa situation et à ses capacités » s’applique à la fois aux relations entre chaque association et ses membres, entre associations distinctes et entre une association et ceux qui n’en font pas partie.
Une association n’a pas le droit d’imposer quoi que ce soit, autrement que par l’exemple, la persuasion et le contrat librement consenti. À cette restriction près, toutes les actions collectives sont possibles, et chaque association, tout comme chaque être humain à titre individuel, peut se donner les règles de juste conduite qu’elle estime nécessaires, dans la mesure où elles sont librement acceptées par ses membres.
La doctrine libérale ne dit pas que la solidarité doit être rejetée de ce monde. Chacun a le droit (l’économiste ne dit pas le devoir, mais l’être humain qu’il est peut le penser) d’aider ses semblables dans le besoin. Elle dit seulement que ce n’est pas l’affaire des États, de même que dire que l’État n’a pas à ouvrir des garages ou des boulangeries ne signifie pas qu’il faut cesser de réparer les voitures ou de faire du pain.
On oppose souvent à la détestable société marchande une société idéale où tous les échanges prendraient la forme de dons réciproques. Les libéraux n’ont rien contre le don. La vraie question est : un tel comportement altruiste et désintéressé est-il suffisamment répandu pour être le fondement de l’ordre social ? Il est (hélas) bien clair que non. Si les êtres humains résolvaient spontanément tous leurs problèmes par le don, les libéraux ne pourraient qu’applaudir !
Mais si quelqu’un voulait imposer un système social où toutes les relations entre êtres humains prenaient la forme de dons, il ne pourrait le faire que par une intolérable tyrannie, et le système échouerait dans la misère généralisée et la guerre de tous contre tous.
C’est une grave erreur de croire que les libéraux prêchent l’égoïsme, le repli sur soi ou l’effacement des liens sociaux, et refusent toute forme d’action collective. Ce qu’ils refusent, c’est la violence et la contrainte dans les relations sociales. Et puisque la différence entre l’État et toutes les autres formes d’association est justement que l’État peut recourir à la violence, ils préfèrent ces autres formes à l’intervention de l’État.
Ce que les libéraux refusent aussi, c’est le constructivisme : l’idée selon laquelle il serait légitime pour certains hommes investis d’un pouvoir particulier d’imposer des règles sociales qu’ils auraient préalablement définies par le raisonnement.
Pour un libéral, tout acte social, quelque élémentaire qu’il soit, doit être soumis aux autres membres de la société, qui peuvent individuellement s’y associer ou le refuser. Les structures sociales ne peuvent légitimement résulter que d’un « ordre spontané » où toutes les initiatives sont possibles, mais doivent être validées en permanence par les libres actions de l’ensemble des individus qui forment la société.
En résumé, qu’est-ce que le libéralisme ?
Au total, le libéralisme n’est rien d’autre que la mise en application rigoureuse, à tous les êtres humains, dans tous leurs domaines d’activité et dans toutes les circonstances, de la première phrase de l’article premier de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ».
Il en déduit son seul impératif moral :
Nul n’a le droit de priver un autre être humain de sa liberté d’agir comme il l’entend conformément à ses aspirations, à sa situation et à ses capacités.
En appliquant ce principe à tous les humains y compris à ceux qui exercent un pouvoir, quels que soient leur étiquette et leur mode de désignation, il se décline en libéralisme politique. En l’appliquant à tous les domaines d’action, il se décline notamment en un volet économique, qu’il complète par une conviction de nature utilitariste : c’est quand les hommes agissent librement qu’ils ont les plus grandes chances d’atteindre le mieux les objectifs qu’ils se proposent, aussi bien collectivement qu’individuellement.
Le libéralisme admet tous les débats et toutes les positions substantielles quant aux fins visées et aux moyens à mettre en œuvre. Mais quelle que soit la forme, l’ampleur et la durée des réflexions et des débats, il est exclu qu’on arrive à l’unanimité. De plus, il ne suffit pas de dire quels états de la société seraient préférables à tels autres. Il faut s’interroger sur les actions qui pourraient les faire advenir.
Sont-elles possibles ? Sont-elles acceptables du point de vue moral ? Quels peuvent en être les auteurs ? Quels effets, voulus ou non, peuvent-elles entraîner ? Sur chaque sujet, il y aura toujours des minorités et des dissidents. Comment les traite-t-on ? Quelles règles méritent d’être imposées à tous, au besoin par la contrainte ?
Sur ces questions, la règle libérale intervient en tant qu’éthique de l’action : je m’interdis de te contraindre à agir comme je crois que tu devrais le faire, quelles que soient mes raisons de le croire. Je m’interdis aussi de t’empêcher par la force d’agir comme tu crois devoir le faire, que ce soit directement ou en demandant l’intervention d’un tiers (par exemple l’État), et j’estime que tu as les mêmes obligations envers moi.
La règle libérale bannit la violence et la contrainte des moyens acceptables, quelles que soient les fins visées et les intermédiaires éventuellement utilisés.
En refusant de faire une distinction entre les citoyens ordinaires et d’autres qui échapperaient à cette interdiction sous un quelconque prétexte – force supérieure, droit divin ou onction majoritaire – le libéralisme n’accorde à l’État qu’une place aussi limitée que possible, lui demande et en attend le moins possible, et ce dans tous les domaines.
Pour cette raison, il est évidemment honni par les politiques de tous bords, dont le pouvoir est la raison d’être quelle que soit l’idéologie dont ils se réclament, et par ceux, économistes ou autres, qui font profession de les conseiller.
L’essence même du libéralisme étant de contester le pouvoir de l’État, les libéraux authentiques ne cherchent pas à exercer ce pouvoir. C’est pourquoi ils sont si peu nombreux parmi les politiques. Quelques uns ont tenté d’accéder au pouvoir dans le but de le détruire de l’intérieur, mais ils s’y sont trop souvent laissés engluer.
A contrario, les antilibéraux de tous bords sont souvent des aspirants dictateurs, convaincus qu’ils sont que l’action libre des êtres humains conduirait à la catastrophe et que la société doit être fermement gouvernée, par eux-mêmes et leurs amis bien entendu.
Mais alors que tous les autres devraient en bonne logique partager l’amour de la liberté et la méfiance envers le pouvoir qui caractérisent le libéralisme, ses adversaires trouvent un soutien dans la foule de ceux qui ont conservé le besoin puéril de croire à une autorité transcendante et bienveillante qui aurait la volonté et le pouvoir de résoudre tous nos problèmes.
Pour le plus grand nombre, l’État a remplacé nos parents, puis Dieu dans ce rôle ; la simple existence d’un problème est prise comme une justification de l’action de l’État, dont il faudrait encore accroître l’emprise pour le résoudre. La moindre évocation d’un léger mouvement en sens inverse dans le sens d’une libération de l’activité économique est stigmatisée comme une manifestation d’« ultralibéralisme ».
Comme nous l’avons vu, les attaques habituelles contre le libéralisme sont hors sujet. Réfuter la théorie de l’équilibre général n’entame en rien le raisonnement libéral. Juger qu’une situation est préférable à une autre n’autorise pas à utiliser n’importe quel moyen pour tenter d’y parvenir. Constater qu’une activité de l’État est utile ne répond ni à la question utilitariste – l’État peut-il l’assurer de façon plus efficace que l’initiative privée ? – ni à la question déontologique – est-il légitime d’utiliser la contrainte dans sa réalisation ?
Or il est impossible de condamner le libéralisme sans condamner en même temps le principe d’égale liberté dont il est l’expression. C’est pourquoi tant de gens qui aspirent à gouverner le monde s’évertuent à en fabriquer d’odieuses caricatures qui n’ont guère de commun avec lui que le nom et ne signifient que leur propre ignorance. Espérons que cet article aura contribué à restituer son sens véritable au beau mot de libéralisme.
Article publié en août 2017.
- Voir par exemple Alain Laurent (La philosophie libérale, Les Belles Lettres, 2002) du côté libéral et Matthieu Douérin (Libéralismes, Éditions de la passion, 2002) de l’autre. ↩
- comme a dit Gérard Debreu, Prix Nobel d’économie 1983. ↩
- Pour nous limiter à des succès de librairie contemporains, citons Pierre Bourdieu, Bernard Maris et Jacques Généreux. ↩
-  À mon avis très peu, mais c’est un autre débat ↩
- Éloge de Vincent de Gournay – c’est moi qui souligne. ↩
- Encyclopédie, article « Autorité ». ↩
- Ce qui répond à l’objection avancée par exemple par le spinozien Frédéric Lordon, qui dit en substance : « puisque nous ne sommes pas réellement libres, le libéralisme est une erreur ». ↩
- Les soirées de la rue Saint Lazare (1849). ↩
- Essais, III, 9. ↩
- Traité d’économie politique, Discours préliminaire. ↩
- Harmonies économiques. ↩
- Ludwig von Mises, L’Action Humaine, traité d’économie (1949). ↩
- Et serinée par nombre de nos contemporains… ↩
- Il semble que le premier à avoir énoncé cette vérité fondamentale soit Destutt de Tracy dans son Traité d’Économie Politique de 1822. ↩
- L’Action humaine. ↩
- De l’esprit des lois (1748). ↩
- L’entreprise au sens habituel du mot étant une de ces formes. ↩
Cet article a été publié à l’origine en 2008 dans la revue Sociétal
L’adresse donné pour « le site de l’auteur » est celle de son blog. Son site est à http://gdrean.perso.sfr.fr
J’aime bien cette idée  » qu’aucun être humain n’a le droit d’exercer une contrainte sur un autre être humain »
et que le rôle de l’état doit se limiter à garantir la liberté et la sécurité de tous.
« la simple existence d’un problème est prise comme une justification de l’action de l’État, dont il faudrait encore accroître l’emprise pour le résoudre »
Tout est dit..
Normal. L’Etat est une corporation qui réagit comme n’importe quelle autre corporation.
On charge l’Etat de résoudre les problèmes dans la société, des gens sont payés pour ça, ils vont chercher à justifier leur emploi, ils vont trouver des nouveaux problèmes pour augmenter leurs pouvoirs, créer une nouvelle demande de leurs solutions et aussi chercher à détruire toute forme de concurrence qui pourrait se révéler meilleure que l’Etat.
Exposé comme cela, le libéralisme ne peut être que séduisant.
Mais les choses se compliquent si on y introduit le fait que l’argent est un pouvoir avec lequel il est facile de contraindre l’autre par le simple fait qu’il n’en n’a réellement pas le choix, question de survie.
Une autre notion n’apparaît pas non plus, c’est celle de l’intéret général.
Aujourd’hui une très grande majorité comprend que la liberté des individus ne peut et ne doit pas se réaliser en exposant autruis à des problèmes de nuisances, de sécurité, de santé et d’environnement, nous sommes plus au XIXème dans les grandes plaines de l’ouest américain, nous seront bientôt 9 milliards ! Alors comment ne pas contraindre ?
Sinon pourriez-vous nous décrire l’expérience d’une société libérale qui aurait réellement existé ?
« la liberté des individus ne peut et ne doit pas se réaliser en exposant autruis à des problèmes de nuisances, de sécurité, de santé et d’environnement, »
Cela fait partie de la thèse libérale : la sécurité et « ne pas imposer à autrui ».
L’état doit garantir la sécurité. Cela s’applique en partie à la santé. Les nuisances et l’environnement sont aussi en partie du domaine de l’état sur le principe de la liberté.
Maintenant tout le monde sait qu’il n’y a aucune limite à des coûts de santé ou d’environnement. Les coûts doivent donc être strictement plaffonés et le plus bas possible. Et tout argument de « redistribution » devrait en être exclus.
Du fait que nous vivons en communauté, la communauté fait aussi partie de notre sécurité. Des mesures communautaires sont donc être compatibles avec le libéralisme. L’éducation et la protection des démunis est souhaitable non pas seulement d’un point de vue moral ou économique, mais aussi d’un point de vue sécuritaire : stabilité sociale, sanitaire … Mais cela ne justifie pas l’égalitarisme qui se base sur des notions subjectives et anti-libérales.
La réalité et l’approfondissement du concept conduisent fatalement à plus de nuance, Mais encore une fois, les coûts doivent être plaffonés et l’interventionnisme de l’état fortement limité : on sait très bien où conduit le socialisme : ruine et oligarchie.
A propos de l’environnement et des menaces de réchauffement climatique : on doit agir à budget constant. Ce que l’on dépense en budget et en privation de liberté doit être compensé par ailleurs. Si on lutte contre le réchauffement, il faut réduire les coûts de la santé et la règlementation dans d’autres domaines.
TOut à fait d’accord avec Citoyen, quid de la Res Publica, du bien commun? Quelles lois? S’il n’y a plus de valeur, ni morale commune? , quid de la finalité de la société?
Autant de réponses qui sont un échec comme l’expérience nous le montre.
La société n’a pas de finalité, le bien commun n’existe pas sauf au cas très exceptionnel où il est unanimement désiré.
Les hommes eux mêmes sont leur propre finalité, donner un but à une société, c’est agréger les désirs des individus puis les forcer à aller dans cette direction. Forcer car cette direction ne sera pas unanime.
En regardant le chemin parcouru depuis l’ancien régime, je ne pense pas qu’on puisse dire que les idées libérales soient un échec…
Définir des principes universels du libéralisme, c’est bien, d’ailleurs parler de la liberté en général, c’est bien aussi, mais tant que l’homme aura besoin de se chauffer et de manger, il ne pourra réellement être libre. Et malheureusement, il a d’autres contraintes moins visibles mais toutes aussi réelles comme la frustration, l’envie, la lâcheté, le besoin de tranquillité …
Et tant qu’il aura besoin de tout ça, il y aura des gens qui se feront un devoir de contrôler ces besoins afin de contrôler le monde.
De plus, qu’est-ce qui empêche les hommes de s’unir secrètement afin de s’assurer une place de choix dans la société, voir même d’obtenir le pouvoir, et ce dans n’importe quel type de société.
Et c’est pourquoi aucun système ne fonctionnera jamais, même les plus beaux. On fera difficilement mieux qu’une société basée sur le christianisme, et pourtant, elle ne marche pas mieux que les autres.
L’homme est condamné à se battre toute sa vie pour sa liberté. Une victoire de la liberté est acquise qu’il faut se rebattre une génération plus tard, voir même avant car les adversaires de la liberté sont autant les ennemis que les amis.
Pourquoi croyez vous que les sociétés secrètes existent? Les loges, les ordres religieux, les corporations, les groupes d’intérêts ….
La seule réalité, est que l’homme doit se battre éternellement pour sa liberté, et il ne doit jamais relâcher son effort. La société européenne feint d’ignorer le problème musulman, elle va comprendre dans pas longtemps qu’elle payera chère cette erreur (sauf que c’est pas une erreur, c’est voulu, mais bon, bref). Les gens payeront l’erreur d’avoir laissé faire leurs dirigeants (leurs soient-disant amis).
Les premiers principes que les gens doivent savoir, c’est ce que les animaux apprennent à leurs progénitures, celui de survivre, celui d’être toujours sur ses gardes sans jamais croire que la sécurité est acquise, et de ne surtout jamais croire ceux qui disent le contraire.
Et qu’effectivement, la liberté est le bien le plus absolu, et que tout ce qui se mettra en travers de cette liberté doit être combattu avec la plus ferme détermination, à l’extérieur de sa société, comme à l’intérieur.
Pour le reste, que les intellectuels fassent des phrases, c’est bien, mais la vie est bien plus simple que leurs belles démonstrations.
@citoyen, @jjp
Rien de tout ça n’est un argument contre le libéralisme.
Le libéralisme ne propose pas un monde idéal, mais une façon d’organiser les rapports entre humains qui est préférable aux autres. Il ne suppose pas que les humains sont tous beaux et gentils, il les prend tels qu’ils sont tout en constatant que les mauvais et les incompétents sont en proportion anormalement élevée parmi les politiques. Il ne nie pas les problèmes, mais il dit que s’en remettre à l’État pour les résoudre est la plus mauvaise des attitudes.
elvin, Ce ne sont pas des arguments, ce sont plus des interrogations, le libéralisme est basé sur un principe d’autorégulation au niveau de la plus petite entité qu’est l’individu. Ses mécanisme ou solutions ne sont pas prédéfinis, et la meilleure analogie qui soit c’est un écosystème auquel il faudrait ajouter les qualités et défauts propres à l’homme.
Le seul regret que j’ai, c’est qu’on ait pas la possibilité d’observer l’évolution d’une société pratiquant réellement les fondamentaux libéraux.
@Elvin @citoyen
CQFD, sans tomber dans l’angélisme qui n’existe pas on aimerait voir ce que donne une société libérale. mais de grâce ne tombons pas dans le piège musulman=danger comme le suppose JJP
@Elvin,
Merci d’avoir pris la peine de répondre.
Vous avez raison, et on est d’accord, mais ce que je trouve « dommage » (ce mot ne me convient pas, mais je n’en trouve pas d’autre), c’est que le plus important n’est pas dit, c’est à dire l’énumération toutes les forces qui se liguent contre cette liberté ou le libéralisme.
Nous sommes tous d’accord sur l’avantage du libéralisme, toutefois beaucoup ne comprennent pas les dangers qui pèsent dessus (cf message de fg), et c’est donc la-dessus qu’il faut insister, expliquer, pointer du doigt, beaucoup plus que des avantages d’un libéralisme sur lequel nous sommes tous d’accord.
Beaucoup ne mettent pas de mots sur les dangers, et donc ne comprennent pas pourquoi nous en sommes arrivés là .
Le principal soucis de notre époque, c’est que nous n’arrivons pas à définir clairement l’ennemi, et donc nous n’arrivons pas à nous battre contre.
Merci encore.
« La société européenne feint d’ignorer le problème musulman, elle va comprendre dans pas longtemps qu’elle payera chère cette erreur »
En quoi le monde musulman est un problème. je ne vois pas le rapport avec cet article.
Une doctrine dominante dans le monde musulman, au moins dans sa part la plus active, est qu’on n’est pas libre de ne pas être musulman, et qu’il est du devoir de tout musulman de convertir le monde. (C’était aussi la position des catholiques il y a encore deux siècles.)
ben c’est raté pour les catholiques , je pense que pour les musulmans, cela le sera aussi. Arrêtons les procès d’intention comme ceux que l’on peut faire au libéralisme. Beaucoup de musulmans n’ont même pas conscience de ce devoir de conversion.
@Fg
L’histoire est intéressante et tu devrais essayer de lire un peu, tu t’apercevras que le monde musulman est en guerre contre le monde chrétien depuis 1500 ans. Pas 100 ans ou 200 ans, 1500 ans, et ça s’est arrêté (suspendu) à cause des progrès technologiques qui ont donné une nette prédominance au monde chrétien.
L’actualité n’est qu’une prolongation de l’histoire, alors se renseigner sur le passé donne un éclairage beaucoup plus réel et moins « angélique » du monde d’aujourd’hui.
Pourquoi croyez vous que les manuels d’histoire tendent à supprimer notre histoire gauloise?
Pour que nous ne puissions pas comprendre le monde d’aujourd’hui, afin qu’on puisse nous faire gober n’importe quelle bêtise et que les gens se posent cette question totalement surréaliste :
Mais ………………… en quoi le monde musulman est un problème?
Ou que le monde chrétien est en guerre contre le monde musulman. yes and so what ??Se tourner vers le passé pour expliquer l’avenir c’est également surréaliste. Relis l’article, tu t’apercevras que ton commentaire est hors sujet. Au mieux, il permet d’expliquer que dans un monde libéral ton commentaire n’aurait pas de sens.
« Se tourner vers le passé pour expliquer l’avenir c’est également surréaliste »
Ah, je vois, tu te fous de la réalité en clair. Pour toi, la réalité, c’est ce que tu veux croire. Ce qui n’est pas normal, c’est ce que pensent les autres.
Ok, on ne peut pas se comprendre alors.
Mais méfies toi, la réalité est têtue, et tu n’auras pas raison contre elle.
LOL. La réalité n’est pas forcément ta réalité
« Ou que le monde chrétien est en guerre contre le monde musulman. »
Ecoute, lis l’histoire, on en reparle après.
La dernière fois qu’on a arrêté les musulmans, c’était en 1692, et ils étaient à Vienne en Autriche, il n’y a pas si longtemps sous le règne de Louis XIV, on l’a échappé belle et il s’en fallu de peu qu’ils n’envahissent toute l’Europe.
Il a fallu une coalition des autrichiens, des polonais, des espagnols, des allemands pour en venir à bout.
Malheureusement, Louis XIV était « déja » l’allié des musulmans, on jouait déja avec le feu à cette époque là .
sauf qu’a cette époque la, la france était l’allié des turcs, ça n’a guère changé…
Oui, malheureusement, la volonté de Louis XIV de promouvoir le pouvoir absolu a perdu la monarchie 70 ans plus tard.
Ce qu’il a pu se permettre, personne n’a pu le faire après, et donc le système s’est écroulé.
Voir l’histoire comme une immense guerre de religion est simpliste.
Les turcs ont joué un rôle important dans la politique européenne depuis presque 1000 ans en étant tour à tour les alliés de diverses puissances chrétiennes contre d’autres. François premier et Louis XIV n’ont pas hésité à s’allier à eux contre les Hasbourgs. Les anglais et Français les ont protégés contre les russes dans la guerre de Crimée. Ils étaient alliés à l’Allemagne pendant la première guerre mondiale.
Les Turcs ont mené de nombreuses guerres en Europe mais presque toutes ont été des guerres entre états et pas des guerres de religion. Après avoir passé plusieurs siècles sous leur domination la majorité des balkans est toujours chrétienne, ce qui ne serait pas le cas si leur but avait été d’imposer leur religion.
D’abord, ne pas confondre Catholique et Chrétien. Puis, je ne suis pas sûr que les Musulmans aient 2siècles de retard ou pire 5siècles d’avance à rattraper : leur parcours n’a rien de commun !
Lol, au moins, on sait pourquoi on ne peut pas mettre de mots sur les dangers qui pèsent sur le libéralisme. mdr.
Très bon article… mais suis je le seul à voir une parenté profonde entre le libéralisme et l’anarchisme ?
Le critère de distinction du libéralisme, c’est la non-violence. De ce point de vue, entre libéralisme et anarchisme, il n’y a pas une parenté, mais un gouffre infranchissable, ils ne définissent pas le même monde.
Pour aller au dela de la pure définition, on pourrait insister sur l’aspect prédictif de la théorie : sécarter du libéralisme mène à la confiscation du pouvoir par les politiques et à l’inefficacité économique.
L’inefficacité économique échappe à bon nombre de gens qui pense qu’il suffit de « prendre l’argent dans la poche des patrons ». En revanche la confiscation du pouvoir par les politiques commence à devenir évidente pour beaucoup avec à la clé une attraction vers les démagogues. Il est donc d’autant plus important de répéter que le libéralisme entend d’abord s’opposer à une main-mise du pouvoir par des individus ou des groupes.
+1
Bonne synthèse mais quand je lis que »Au total, le libéralisme n’est rien d’autre que la mise en application rigoureuse, à tous les êtres humains, dans tous leurs domaines d’activité et dans toutes les circonstances, de la première phrase de l’article premier de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789″ j’ai l’impression de m’étouffer et d’entendre Peillon
Ça lors ! Vous pouvez m’expliquer ?
(je rappelle la phrase en question : »Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »)
Je n’en ai hélas pas l’occasion ici mais ? http://www.alaindebenoist.com/pdf/au-dela_des_droits_de_l_homme.pdf
« le bien commun en tant qu’il se distingue des intérêts particuliers »
Ligne 3. Ca commence bien…
moi, ce n’est pas parce que les notions de biens communs ou d’intérêt général embarrassent les libéraux qu’elles n’existent pas, vous n’avez pas le monopole de la définition des termes et des notions.
Cela dit JGGRD, on attend toujours vos explications à vous !
Le biens communs c’est la somme du bien individuel de chacun, c’est pourtant simple.
Le bien commun, c’est l’harmonie qui résulte des échanges non violents que les humains ont un besoin vital de réaliser entre eux.
 » l’intérêt public n’est autre que les intérêts individuels, mis réciproquement hors d’état de se nuire » (Benjamin Constant) :
Je suis désolé, mais un texte qui ne donne pas aux lecteurs ni les côtés sombres ni les fragilités ni les risques, ni les manques de la thèse abordée (donc qui ne donne aucune antithèse), impose au lecteur et cherche à l’empêcher d’accéder à sa propre libre pensée. Car forcémment toute thèse à des fragilités ; sinon nous sommes dans un totalitarisme de la pensée ; la même que celle qui est expliquée concernant le totalitarisme de l’Etat. Un totalitarisme ou un autre m’angoisse fortement : pour ma part il manque une recherche d’équilibre.
le totalitarisme est par définition une idéologie voulant controé et formaté toute la société par un état qui s’occupe de tout. il est normal que quand un libéral présente le libéralisme. il parle de manière positive du libéralisme. ce ui serait totalitaire c’est si l’auteur voulait imposer le libéralisme à tout le monde (ce qui n’est pas le cas). si vous n’êtes pas d’accord avec cet article. libre à vous de débattre avec les libéraux en disant ce qui est pour vus les points négatifs du libéralisme ou ces faiblesses. en effet, l’auteur aurait pu reprendre les critiques que l’on fait au libéralisme et les démonter. il aurait été plus convainquant
Par DEFINITION, personne « n’impose » le libéralisme et c’est ce qui le distingue de l’utopie
socialiste qui est liberticide par essence puisqu’elle décrète une égalité fantasmée et plaque la réalité sur cette utopie
Cet article ne parle ni de l’aléa moral qui est une notion clé du fondement éthique du libéralisme mais totalement inconnue en France, ni du capitalisme de connivence avec lequel les anti-libéraux le confondent, ni du principe de subsidiarité qui en est la clé de voute.
Quant à demander où le libéralisme ‘fonctionne », c’est ignorer tous ces pays qui ont fait reculer le chômage jusqu’au plein emploi (env 4 à 5 %) parce que leurs dirigeants ont eu le courage de faire le sale boulot et de faire maigrir l’état obèse.
 » Quant à demander où le libéralisme ‘fonctionne », c’est ignorer tous ces pays qui ont fait reculer le chômage jusqu’au plein emploi (env 4 à 5 %)  »
Vous pouvez être plus précis en les citant ?
par exemple la Nouvelle Zélande, taux de chômage novembre 2014 : 5.4%
http://www.contrepoints.org/2011/07/06/33825-reduire-letat-a-ses-justes-proportions-la-nouvelle-zelande
Hong Kong, taux de chômage en 2014: 3.2%
http://www.contrepoints.org/2010/11/19/7435-john-james-cowperthwaite
Suisse, taux de chômage juin 2014 : 2.9%
http://www.contrepoints.org/2013/07/09/130320-comment-faire-passer-le-chomage-sous-les-3
Ces 3 exemples
Ces trois exemples sont des modèles d’inspiration libérale sur le plan économique, mais qui restent assez éloignés à mon sens d’une véritable société libérale. En fait ces sociétés sont encore trop étatiste pour en démontrer la viabilité.
« Modèles d’inspiration liberale », oui tout à fait, ils n’en prouvent pas moins que le « libéralisme fonctionne »
Si en France on pouvait un petit peu suivre ces exemples « d’inspiration libérale » cela nous ferait déjà beaucoup de bien.
Que fait Macron à votre avis ? La dérivée en un point est toute aussi importante que la valeure du point.
À mon avis, Macron gesticule.
Peut être, mais pendant ce temps les Français comprennent ce qu’est la libéralisation de tout un secteur et ses vertues, comme pour les autobus inter-cités. L’essentiel est invisible pour les yeux on ne voit … 😉
En attendant d’être moins étatistes, leur réussite relative par rapport à nos échecs montre qu’ils sont sur la bonne voie en s’inspirant d’un idéal libéral dont la France se détourne pour son plus grand malheur.
« Cet article ne parle ni de l’aléa moral qui est une notion clé du fondement éthique du libéralisme mais totalement inconnue en France » c’est vrai, et j’ai cherché, le principe de responsabilité (qui est un des principes fondamentaux du libéralisme) n’est pas évoqué.
Mais en lisant cet article (très bon et très complet soit dit en passant), il m’a semblé que son but n’est pas, à priori, de donner des éléments de réponses aux diverses critiques du libéralisme, mais plus de définir très clairement le libéralisme et de la replacer dans son contexte.
Le libéralisme ne peut être QUE philosophique et toutes ses autres applications ne sont que l’application de son unique principe à savoir : « nul n’a le droit de priver un autre être humain de sa liberté d’agir comme il l’entend conformément à ses aspirations, à sa situation et à ses capacités » .
« Au total, le libéralisme n’est rien d’autre que la mise en application rigoureuse, à tous les êtres humains, dans tous leurs domaines d’activité et dans toutes les circonstances, de la première phrase de l’article premier de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». «Â
Précision @ ashlebon
Je parlais du principe de SUBSIDIARITE qui consiste à ne pas faire à un niveau plus élevé ce qui peut l’être avec plus d’efficacité à une échelle plus faible, c’est-à -dire la recherche du niveau pertinent d’action publique.
La signification du mot latin d’origine (subsidiarii : troupe de réserve, subsidium : réserve / recours / appuis) reflète bien ce double mouvement, à la fois de non-intervention (subsidiarité) et de capacité d’intervention (suppléance).
+ 1000
Mon + 1000 du 7 mai s’est perdu loin du commentaire qu’il plussoyait : Horace Mann 26 déc (N-8?) 12h46. Valable aussi pour ceux de ashlebon 27 déc. (N-8?). Commentateurs disparus du site depuis. Les commentateurs passent, Leurs idées restent et d’autres prennent le relai.
Il est clair que les libéraux ne sont pas les maîtres de la dialectique, pour cela adressez vous aux socialistes.
Le libéralisme fait appel au libre arbitre et part des faits pour essayer d’en extraire une signification qu’il ne prétend pas être vraie. Le concept de vérité universelle n’étant pas libéral.
Renseignez vous, et faites vous votre opinion. Aucun texte libéral ne peut être compris dans une lecture dialectique : comme vous l’avez dit il manquera forcément l’antithèse et la synthèse.
il est important de savoir ce que veut dire la liberté: http://www.contrepoints.org/2013/04/26/122762-libre-oui-faire-ce-que-je-veux-non
Très bon article, dommage juste que le libéralisme soit autant défini par opposition à l’Etat : cette vision du libéralisme individualiste opposé au collectivisme socialiste appelle tous les antagonismes, légitimes ou non.
Pourquoi les libéraux ‘modernes’ devraient ils se positionner systématiquement par rapport à une notion (l’Etat) qui est absente de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ?
Pourquoi les libéraux ‘actuels’ devraient-il discuter d’une notion (l’Etat) qui est celle ‘actuelle’, c’est à dire socialiste, jacobine et régulatrice ?
Même au sens du droit international, l’Etat n’a pas le sens communément admis en France. L’Etat, ce n’est pas le gouvernement, ce n’est pas le pouvoir exécutif et législatif, ce n’est pas le ‘monopole de la violence légitime’ : l’Etat, c’est le peuple, le territoire, et le gouvernement. L’Etat, c’est ce qui dans la DDHC de 1789 est appelé la Nation et la Société.
L’Etat, c’est nous, les autres, le lopin de terre et le coucher de soleil sur la plage, l’instituteur et le curé, les Å“uvres d’art du Louvre, la cuisine et le pinard, etc, etc, et … accessoirement … le policier qui vous met un PV.
Réduire l’Etat à un monstre hideux, protéiforme, technocratique et juridique, ce n’est pas du libéralisme, c’est du socialisme et du populisme dans ce qu’il a de plus terrible : c’est le Meilleur des Mondes. Se positionner contre ce monstre, mais en le regardant dans un miroir, ce n’est pas du libéralisme, c’est également du socialisme et du populisme, mais dans une autre version, celle de l’anarchisme dans ce qu’il a de plus terrible : c’est le Neuromancien.
Alors, oui, ca paraît évident : l’Etat façonné au plus profond des inconscients par deux siècles de socialismes n’a rien à voir avec l’Etat tel qu’il pourrait, tel qu’il devrait être … rien que de plus normal.
En faire la caricature ou l’apologie revient exactement au même : donner vie au monstre.
Je veux bien qu’on définisse les mots comme on veut, mais encore faut-il que ce soit de la même façon pour se comprendre.
Ici, en bon praxéologue disciple de Mises, je me situe dans le domaine de l’action, j’appelle État une certaine organisation capable d’actions autonomes et je m’ intéresse à ses interactions avec d’autres agents autonomes que sont les citoyens comme vous et moi, ou d’autres organisations autonomes comme les entreprises.
Dire « L’Etat, c’est nous, les autres, le lopin de terre etc. etc.. », c’est à coup sûr se lancer dans un gloubi-boulga conceptuel certes poétique, mais dont rien de sérieux ne peut sortir que des incantations dénuées de toute signification.
Quant à savoir « pourquoi les libéraux « actuels » devraient discuter d’une notion (l’Etat) qui est celle « actuelle » », ça paraît assez évident, non ?
Exactement, mon point est de remettre en question cette vision Hégélienne qui de mon point de vue fausse toute discussion sur le libéralisme et aboutit à des contradictions.
@elvin:
Quant au dernier point : fonder sa position en se référant à une entité (l’Etat) en ne la considérant que dans sa version actuelle : jacobine, exécutive, administrative et politicienne – version qui est loin d’être satisfaisante d’un point de vue libéral, c’est le moins que l’on puisse dire – c’est se positionner comme ayant une vision réactionnaire, s’habiller en Don Quichotte.
Les pays les plus démocratiques, les plus libéraux, sont des monarchies ou républiques parlementaires, où l’Etat est séparé dans sa fonction constitutive de l’Etat dans sa fonction exécutive et législative, c’est à dire où l’Etat est séparé du gouvernement.
Ne pas prendre en compte cette fonction constitutive, sous le prétexte Hégélien que ce n’est pas une organisation qui agit, aboutit à une position contradictoire : l’Etat devient l’ennemi nécessaire, le monopole du socialisme, du totalitarisme, de l’arbitraire, de la violence …
Ce qui finit par créer deux visions antagonistes : celle qui considère que l’Etat (dans le sens la société) est libértarien, et que cela est la source de tous les maux, et celle qui considère que l’Etat (dans le sens le gouvernement) est socialiste, et que cela est la source de tous les maux. Les deux ayant quelque part raison : l’Etat n’a ni à être socialiste, ni à être libértarien : il a besoin d’être et c’est tout.
Certaines situations nécessitent une approche collective, d’autre une approche individualiste: le libéralisme est de mon avis, l’extrême centre entre les deux approches. Et pour formaliser cet équilibre, il faut un Etat constitutif fort, qui crée les conditions de contre pouvoir nécessaires au bon équilibre et à l’application pragmatique (et non doctrinale) des solutions.
Laissons tomber les arguties de vocabulaire et revenons aux principes : « tous les hommes sont libres et égaux en droits », ou « aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres ».
Quelque chose qui s’appellerait « Etat » mais qui ne prétendrait exercer aucune contrainte sur personne ne pose aucun problème au libéral, alors que tout individu ou organisme qui prétend avoir le droit de contraindre les autres à des actions qu’ils n’effectueraient pas spontanément tombe sous le coup de la critique libérale, même si, ça ne s’appelle pas Etat.
Cela dit, je vous laisse vous dépatouiller dans vos subtilités de langage.
@elvin:
Merci, vous confirmez mon point, c’est à dire que l’Etat (la Cité qui regroupe les Citoyens) se doit d’être complétement redéfinie d’un point de vue libéral, dans un modèle où la contrainte autoritaire serait absente ou tout du moins consentie.
L’Etat dans le sens de l’article est bien le gouvernement, la souveraineté.
Confondre Etat et gouvernement n’est pas libéral : si vous remplacez dans tout l’article Etat par « Quelque chose qui s’appellerait « Etat » mais qui ne prétendrait exercer aucune contrainte sur personne  » l’ensemble devient incompréhensible : la critique se porte bien sur la souveraineté.
« Limiter de façon stricte l’intervention du gouvernement, le domaine de la souveraineté », la discussion sur les limites et les écoles devient alors complétement secondaire : dans ce sens, le libéralisme devient un contre pouvoir et non une doctrine.
Très bien, très très bien même, mais malgré que je soit convaincu par le libéralisme, une question me revient régulièrement:
Comment appliquer rigoureusement et efficacement et DURABLEMENT, ce simple et magnifique principe « aucun être humain n’a le droit de priver un autre être humain de sa liberté d’agir comme il l’entend » ?
Comment faire respecter ce principe ?
Nous savons, et les premiers libéraux le savaient aussi, que l’humain est capable du meilleurs comme du pire. Qu’ont ils préconisé pour arriver à trouver un équilibre qui permettrai à tout le monde de vivre ensemble DURABLEMENT ?
Dans l’article il est mentionné : « le seul rôle légitime de l’État est de permettre aux humains de vivre ensemble, même s’ils ne sont d’accord sur rien d’autre que cette volonté de vivre ensemble. »
Ok, donc c’est l’État, dans un rôle cantonné à faire respecter le seul et l’unique principe de Liberté : « chaque être humain est libre d’agir comme il l’entend conformément à ses aspirations, à sa situation et à ses capacités. » qui est préconisé pour permettre à tout le monde de vivre ensemble.
Mais on a vu que petits à petits, les États grossissent. Depuis les lumières (avec conjointement les déclarations, d’indépendance des USA et la DDHC) ou les États étaient jeunes et faibles et peu influents, jusqu’à aujourd’hui (avec les fameuses sociales démocraties pseudo libérales) où les États sont partout dans nos vies.
Déjà au 19e siècle, au moment de l’arrivée du socialisme, Bastiat alertait les lecteurs sur le fait que les États Socialistes rognaient et rogneraient encore de plus en plus nos libertés, et on sait que lui et Molinari ont prêchés dans le désert, personne ou presque ne les a écouté à l’époque. Et le 20e siècle leur a LARGEMENT donné raison avec les dictatures socialistes.
Je me fais un peu l’avocat du diable mais c’est la seule chose qui aujourd’hui qui m’embête, ne peut on pas avouer, en observant les sociétés d’aujourd’hui, que ces belles idées ont abouties à un échec, tant en UE, qu’aux USA ?
Donc quelle solution ? L’anarcho libéralisme peut être ? C’est à dire une société SANS le moindre état ? Mais même en admettant que le 21e siècle marque l’arrivée d’une société anarcho liberale (je suis très pessimiste là dessus), comment arriver à concilier l’Anarcho liberalisme avec l’envie de certains de recourir librement à un état pour régler les affaires communes et donc de retomber dans cette lente spirale étatiste ?
ash day +1 , toute la question est là , personnellement
De mon coté je me dit, la liberté se limite à la propriété de l’autre et la propriété de l’autre n’a pas de limite …
Le libéralisme est une théorie du Droit: https://www.youtube.com/watch?v=UIs4q1bWA8Y&spfreload=10
Monsieur Dréan
Cet article fait entièrement l’impasse sur l’égalité qui est bien inscrite dans la déclaration «
Votre propos néglige une partie importante de cette magnifique Déclaration Universelle des droits de l’homme : « Tous les hommes naissent libres et égaux en droits.» Si vous traitez largement de la liberté vous oubliez expressément l’égalité. On ne peut dissocier la liberté de l’égalité. Votre analyse et celle de beaucoup de libéraux est donc incomplète et malsaine.
Si vous voulez défendre la liberté à tout crin, vous ne pouvez empêcher d’autres de mettre en avant la deuxième partie de la Déclaration : L’Egalité qui va tempérer quelque peu les exigences des libéraux et libertariens.
Acceptons d’emblée l’approche déontologique du libéralisme : Le libéralisme s’applique à tous les domaines, vous ne pourrez qu’être d’accord je suppose. Donc le libéralisme, s’il peut s’appliquer à l’économie, s’applique aussi au droit social.
Quelle égalité entre la petite fille qui vient de naître d’une mère célibataire sans ressource dans un taudis et le petit gamin qui naît dans la famille d’un riche baron de la finance ? Et quelle liberté sinon celle de crever de misère toute sa vie ?
Le principe de la Déclaration universelle voudraient qu’ils soient égaux en droits pour qu’ils aient les mêmes chances dans la vie. Il faudrait donc, à chaque génération, mettre chacun sur un pied d’égalité en droits : Pourquoi l’un hériterait d’une fortune et pas l’autre ? Ce qui voudrait dire fin des héritages et atteinte à la liberté du baron de disposer de sa fortune. Il y a donc une fameuse ambiguité dans la déclaration universelle.
La liberté c’est aussi le droit d’association, le droit de vivre ensemble et donc de créer un état. «L’état est l’émanation de la Nation.»
Je crois que tout le monde accepte librement le principe des élections démocratiques et celui de la majorité qui dirige et aussi le principe de l’état qui veille sur l’intérêt général.
Ceux qui n’acceptent pas ce principe peuvent très librement abandonner leur nationalité et aller s’inscrire dans un paradis exotique.
Toute association peut édicter des règles de vivre ensemble librement acceptées par ses membres. L’état étant une forme d’association le peut tout aussi bien et donc imposer des règles aux activités économiques de ses membres.
La toute grande majorité des gens accepte le principe que l’Etat protège le faible contre le fort, l’honnête contre le voleur, et qu’il impose par la force s’il le faut les règles du «vivre ensemble»
Voilà donc la réponse qu’il faut apporter à Messieurs Hayek et consorts.
Je terminerai en faisant une métaphore mécanique du libéralisme économique. La machine a vapeur qui est née avec les grands penseurs du libéralisme
L’ingénieur qui a conçu la machine à vapeur a fait tout pour limiter les frottements afin d’ éviter les pertes d’énergie et lui assurer un rendement optimum, il a également conçu divers aménagements pour optimiser ce rendement. Cependant pour éviter que la machine ne s’emballe et ne devienne incontrôlable il lui a adjoint un régulateur.et, pour les machines roulantes, le frein.
Ce régulateur dans le cas du libéralisme économique c’est l’Etat. L’Etat c’est la friction qui est incontournable dans toute machine mais c’est aussi la régulation pour que l’homme en garde le contrôle.
D’accord, la formulation de la DDDH est ambiguë car elle ne distingue pas les droits DE (fondement du libéralisme) et les droits A (niés par le libéralisme).
Contentons-nous donc de définir le libéralisme comme l’interdiction de la contrainte sur autrui. C’est simple et tout en découle, y compris la limitation des pouvoirs des Etats et des associations de toutes sortes.
@ Gérard Dréan
Merci, c’est simple, nécessaire et suffisant.
Pour paraphraser Victor Hugo à propos de la liberté : sauvons la non-violence, la non-violence fera le reste.
« La liberté c’est aussi le droit d’association, le droit de vivre ensemble et donc de créer un état.  »
Celle là est collector comme idée tordue..
Tout ça me va bien et (ou parce que cela) conforte ma propre vision du libéralisme.
Le libéralisme est une philosophie politique qui repose sur les deux piliers suivants :
– la liberté de soi
– le principe de non-nuisance.
Toute idéologie doit nécessairement passer par l’oppression pour conformer la société à une base unique. Tout individu y contrevenant se place forcément au-dessus d’elle donnant à chacun un intérêt à la transgression. Pour pallier cette faille, l’Etat doit exister temporairement sous une forme totalitaire pour participer à l’endoctrinement des masses, l’examen des pensées individuelles et l’élimination des marginaux. Anarcho-capitalisme ou communisme, c’est finalement très secondaire.
les libertés sont désormais attaquées voire totalement remises en question grâce au levier des nuisances faites à autrui par nos actes du quotidien.
mes mots sont violences, mes actes sont violences..
la gestion des nuisances a été traditionnellement faites par les moeurs et les usages..
car on sait que les nuisances sont inévitables…et la loi suit et encadre des moeurs qui changent et évoluent au gré des circonstances.
cela change..il y a un clair désir de faire évoluer les moeurs par la loi…
être accepté dans une société exige de se plier aux moeurs ou de les changer, il ya une différence entre bannir un personne et l’emprisonner..ou le détruire socialement.
contaminer un inconnu avec le covid est il un crime…???
émettre du CO2 fossile est il un crime?
dégrader la biodiversité est il un crime?
« polluer » est il un crime???
rouler à 85 km/h est il un crime?
pour moi clairement non. pour autant ..j’admets que la la loi s’occupe de cela..mais une loi « humble » qui se sais pragmatique .
Ce ne sont pas des crimes. Simplement, si l’on veut que la loi ne s’en mêle pas, il faudrait commencer par reconnaître que ce sont des actes à éviter de nous-mêmes dans certaines circonstances. Ainsi nous couperions l’herbe sous le pied des victimes qui faute de cette reconnaissance réclament et soutiennent des lois.
Oui Michel mais justement ici la forme importe.
il faut bien pour des raisons pratique décider d’un âge à laquelle on devient responsable.. on sait tous que ça ne signifie rien..
on l’admet…