Par Gerald O’Driscoll.
Traduit par l’Institut Coppet.
La commission bancaire du Sénat américain a voté à 14 voix contre 8 pour confirmer la nomination de Janet Yellen à la tête de la Réserve Fédérale (NdT : la banque centrale américaine). Elle sera sans aucun doute confirmée à ce poste par l’ensemble du Sénat lors du vote définitif programmé le 6 janvier.
On s’est surtout intéressé à Yellen en tant que personne, alors que le véritable sujet est la Fed en tant qu’institution. Des personnalités ont parfois eu une profonde influence sur la politique de la Fed, comme Paul Volcker à la fin des années 1970 et durant les années 1980. À travers le temps, cependant, la structure institutionnelle de la banque centrale et les influences que subissent ceux qui décident de sa politique a davantage d’importance.
La Réserve Fédérale a, de manière bien connue, un double mandat qui est de favoriser l’emploi et la stabilité des prix. Le Federal Open Market Committee, qui fixe la politique monétaire, reste très discret sur le poids qu’il donne à chacun des deux objectifs. En pratique, la plupart du temps, le plein emploi pèse plus. Cela parce que la Fed est soumise aux mêmes pressions que les membres du Congrès à qui elle doit rendre des comptes. À court terme, les électeurs veulent voir plus de création d’emplois. Ce qui est spécialement vrai aujourd’hui. Les États-Unis subissent une croissance faible accompagnée d’une création d’emplois anémique.
Peu importe que la Fed ne soit pas capable de stimuler la création d’emplois, du moins d’une manière soutenable dans le temps. Elle a pour mandat l’emploi et elle a suscité une attente : qu’elle pouvait stimuler la croissance de l’emploi par la politique monétaire. La Fed a combattu l’inflation sous l’ère Volcker uniquement quand son niveau élevé a conduit à l’émergence de puissants courants politiques décidés à la combattre, même au prix d’une récession et de la création d’emplois.
La Réserve Fédérale clame son indépendance politique, mais cela a rarement été vrai. Même Volcker a pu prendre des décisions difficiles uniquement parce qu’il était soutenu par le Président Carter, qui l’avait nommé, et le Président Reagan, qui l’a reconduit. L’inflation, telle qu’elle est conventionnellement définie, est maintenant faible ; par conséquent la Fed, sous n’importe quelle présidence, continuera son programme de stimulation monétaire. Peut-être que personnellement Yellen inclinerait à le poursuivre plus longtemps que ne l’auraient fait d’autres candidats. Mais tous les chefs possibles de la Fed feraient face aux mêmes pressions pour « faire quelque chose » afin d’augmenter la croissance de l’emploi, même si les outils qu’elle utilise ne sont pas efficaces.
La période prolongée des taux d’intérêt bas a fait de la Fed le levier des déficits de l’État fédéral. La faiblesse des taux d’intérêt maintient à un bas niveau les coûts d’emprunt du gouvernement, du moins comparé à ce qu’ils seraient sous des taux d’intérêt « normaux » de 3-4%.
Le Congrès et le président se sont épargnés une crise fiscale, et ainsi bottent en touche de manière répétée toute réforme fiscale. Ils sont susceptibles d’agir ainsi jusqu’à ce que l’augmentation des taux d’intérêt précipite une crise. Jusqu’à quand les décisions pourront être reportées, la question reste posée.
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Sur le web.
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Sur un tel sujet, il convient d’être beaucoup plus… assertif.
Questionner l' »indépendance » d’une banque centrale est une pure fumisterie.
Il n’y a pas de « question ».
D’un côté, les manips évidentes, grossières (BOJ, BOC), de l’autre les manips « honteuses », par la bande (BCE), au milieu la FED…
Une banque centrale est à la fois le produit d’un système, et un rouage actif de ce système, en aucun cas une institution « indépendante », en aucun cas un « contre-pouvoir ».
Une banque centrale est le pouvoir.
C’est éclatant depuis 2008.
Il n’y a pas d’opportunité que saisiraient les politiciens crapules (« oh les taux d’intérêt sont historiquement bas, vite, vite François faisons de la dette »).
Les taux d’intérêt sont historiquement bas pour les besoins du Système, et c’est parfaitement logique puisque c’est lui qui les fixe !
Mario Draghi n’a pas été nommé par « hasard », par ses « pairs » à la tête la BCE. Mais par Merckel et… Sarkozy… afin de faire face à la crise de la zone Euro !
Ce fut donc une décision politique, systémique. Et pas du tout un coup du sort.
Le sketch est encore plus évident avec Yellen qui en plus d’être une parfaite apparatchik, ultra dovish, répond parfaitement aux critères de la nouvelle propagande : un noir à la Maison Blanche, une femme à la FED….ça excite les veaux, la presse ! Petite larme d’émotion.
Yellen fera là où on lui dit de faire, comme un bon toutou.
Le scénario a été écrit par Hollywood. Bernanke a fait un petit « taper » juste avant son départ, afin de « prouver » que la FED finissait par tenir parole…
Ce qui donne le relai à Yellen, qui elle -nouveau fusible- pourra acter officiellement la dégradation de la situation économique… et ainsi relancer un cycle de QE encore plus fort !
Bernanke a parfaitement rempli sa mission. Mais il était usé, sa parole était usée, d’où son remplacement.
Les auteurs d’Hollywood sont talentueux. Pensez à « Wag the dog », film énormissime qui date de 1997 et qui annonce presque tout.
http://www.youtube.com/watch?v=CNo0BicRM8k
Bref… nous sommes mal barrés.
Et je réitère mon pronostic : la BCE en 2014 lancera son QE, en actant -officiellement- la récession… Merckel et Hollande seront à la pointe de cette « relance ».
C’est son tour. Toutes les BC l’ont déjà fait : maintenant c’est au tour de la BCE de rejoindre la folle farandolle.
Pépère pourrait ainsi sauver ses miches… pour 2017 (en ajoutant bien entendu le joker Marine).
Emballé pesé. 😉
100 ans pour la Fed : un bel âge pour mourir !