Par Patrick de Casanove.
Le système de santé a été imposé aux Français à la Libération par le Conseil National de la Résistance avec la mise en œuvre des ordonnances de 1945. Les Français n’ont pas attendu la Sécu ni l’intervention de l’État pour se soigner. Il a donc fallu détruire ce qui existait déjà : sociétés de secours mutuels, solidarités familiales, assurances. « C’est ainsi que le gouvernement confisque aux assureurs leurs entreprises en étatisant les trente quatre sociétés d’assurances qui recevaient chacune plus d’un milliard de primes pas an »1. Ses buts, à sa création, étaient d’assurer la disparition du chômage, de la pauvreté, de garantir soins et retraites de qualité pour tous. Le moins que l’on puisse dire est que c’est raté.
Le système de santé est totalement étatisé. Aujourd’hui seuls 8% des médecins s’installent en « libéral » mais leur vie privée ou professionnelle, soumise à une multitude de règlements ne relève pas de leur libre choix. « Libéral » n’est qu’un mot qui ne recouvre aucune réalité concrète dans notre système de santé. Quantité et qualité des soignants, formation initiale et continue, honoraires et prix, conditions et contenu du travail, retraites sont entièrement réglementés. (Même les réserves constituées par les médecins pour leur retraite leur ont été récemment confisquées.) Les dernières poches de liberté qui ont permis au système de perdurer et lui ont fourni un alibi disparaissent les unes après les autres.
La réalité est que notre système de santé est totalitaire parce que l’État se mêle de tout. Il est donc entièrement responsable de ses déboires.
Frédéric Bastiat avait mis en garde contre l’intervention de l’État dans les « sociétés de secours mutuel » dans Harmonies économiques, chapitre Des salaires, publié en 1850. Il décrivait très précisément quelles en seraient les conséquences. C’est exactement ce que nous vivons aujourd’hui.
Les problèmes sont apparus dès les débuts de la Sécu. « Remarquons en passant qu’en 1952 (…) Antoine Pinay (…) avait déclaré qu’étant donné les grandes difficultés de la France, il avait préparé les textes d’une réforme de la Sécurité Sociale (…). Il reste que face à l’augmentation – continue depuis l’origine – des « dépenses de maladie », le ministre des Affaires Sociales de l’époque, M. Gazier, doit dès 1957 préparer un projet pour soi-disant les « maîtriser »2. Aujourd’hui, la Sécu est toujours déficitaire. Les remboursements diminuent sans cesse, les prélèvements augmentent sans cesse, les contraintes envahissent la relation de soin et l’activité professionnelle. Les libertés ont diminué inexorablement. Il y a encore et toujours des gens qui restent sur le carreau. Quand les thuriféraires de la Sécu parlent de « responsabilité » cela signifie que les gens doivent accepter de se laisser dépouiller sans réagir au nom d’une prétendue « solidarité ». Il n’y a pas de responsabilité sans liberté, respect de la propriété et libre choix. Quant à la solidarité, elle doit être libre, sinon c’est du vol. Prendre aux riches crée davantage de pauvres mais n’en enrichit aucun.
Aujourd’hui comme hier il faut diminuer, « maîtriser » les dépenses de santé quelles qu’en soient les conséquences. C’est un système malthusien de pénurie. Les uns ne peuvent être soignés qu’aux dépens des autres. Soit la Sécu ne prend pas, ou plus, en charge certains soins pour en rembourser d’autres. Soit elle confisque l’argent des uns pour soigner les autres. Soigner à bas prix, refuser l’autorisation de mise sur le marché (AMM) à des médicaments chers sont le quotidien de la médecine en France. Beaucoup craignent que les assurances imposent des soins à bas coût. C’est méconnaître que la Sécu le fait déjà. Les contraintes pour utiliser des génériques en sont l’exemple le mieux connu. La Sécu n’étant pas liée par contrat elle peut modifier unilatéralement ses règles de prise en charge, du jour au lendemain, sans explication autre que « il faut sauver la Sécu ». La Sécu se désengage du (moins en moins) « petit risque » pour se concentrer sur les « gros ». La « sécurité sociale universelle » n’est pas synonyme de « sécurité sociale à la française ». La constatation qui s’impose est que la Sécu n’offre que des prestations d’une assurance minimale. Si les assurances sont accusées de tous les maux, il faut bien reconnaître que l’État est beaucoup plus dangereux parce qu’il a le pouvoir et le monopole de la contrainte légale.
Si le système de soins français perdure malgré ses échecs et ses performances relatives au regard de ses coûts c’est parce que c’est une construction politique, idéologique, tenue à bouts de bras par les politiciens avec l‘argent des Français. La protection sociale étatique profite aux hommes de l’État et à leurs affidés. Ce qui peut inclure un capitalisme d’État qui n’a rien à voir avec la liberté économique. Ces gens-là peuvent être généreux avec l’argent des autres, grâce à quoi ils gardent leur pouvoir. La Sécu est peut-être un symbole politique mais c’est surtout un onéreux facteur de désunion. À partir du moment où la Sécu repose sur la « spoliation légale » d’une partie de la population au profit d’une autre3, où son déficit récurrent nourrit une dette sans cesse croissante qui rejette la charge des soins d’aujourd’hui sur les générations futures, le moins que l’on puisse dire est que cela ne constitue pas un facteur d’union nationale ! Sans parler de l’Aide Médicale de l’État, comme facteur de division il n’y a pas mieux ! Si l’on ajoute les difficultés économiques engendrées par les prélèvements, les charges et une réglementation démentielle on a là plus de causes de conflit que d’union. La montée du chômage, la baisse du pouvoir d’achat et le record de personnes inscrites aux Restos du cœur ne sont pas les marqueurs d’une société prospère, unie et apaisée.
La protection sociale française est donc en grande difficulté. Une analyse adéquate de la situation permet de tirer des leçons justes. Quand quelque chose ne marche pas on accuse « l’ultralibéralisme. » Pourtant cela fait des décennies qu’aucune politique gouvernementale un tant soit peu libérale n’a été suivie. Le problème vient de l’étatisation sans fin de notre pays et en particulier de notre système de santé. En supprimant le libre choix, l’État soustrait les gens aux conséquences de leurs actes, il détruit la responsabilité. Les professionnels de santé et les patients sont réduits à attendre tout des bonnes grâces de l’État.
Il existe deux possibilités pour gérer la vie : la liberté ou la contrainte. Par conséquent on trouve deux catégories de gens : ceux qui décident pour eux-mêmes, qui n’imposent rien à qui que ce soit et ceux qui imposent leurs décisions, modèles de vie ou de pensée aux autres. Les premiers sont adeptes du libre choix, de la coopération, de l’échange libre et du contrat. Les seconds sont adeptes de la contrainte, de la réglementation, de la régulation et de l’intervention de la loi dans la vie privée et professionnelle.
La solution est que les individus recouvrent la responsabilité de leur vie, le libre choix de leurs conditions de travail et cessent de mendier leurs revenus à la Sécu.
La solution est le respect du dialogue singulier qui est cette relation intime, personnelle, unique et de confiance qui unit le patient à son thérapeute, son médecin en particulier. Personne ne doit interférer, ni assurance, ni État, ni quiconque. Le médecin et le patient peuvent, chacun pour ce qui le concerne, traiter avec un prestataire de service. Mais ce tiers ne doit pas se mêler de la relation soignant-soigné. Pour cela il faut que les personnes puissent choisir librement leur prestataire et en changer. Une assurance étant tenue par un contrat elle ne peut le modifier unilatéralement et il est possible, en cas d’insatisfaction, d’en changer pour une meilleure. Les personnes doivent donc avoir les moyens légaux et matériels de le faire. Cela passe par la fin effective du monopole de la Sécu, la libre disposition de la quasi-totalité des revenus et un très faible taux proportionnel de prélèvement obligatoire pour financer les fonctions régaliennes et l’aide aux personnes qui en ont besoin. Le secteur de la santé est considéré comme un secteur de la vie économique comme un autre, innovateur, créateur de richesses et d’emploi. Sa croissance n’est plus un problème mais une bonne chose. Les gens choisissent d’affecter librement la partie qu’ils souhaitent de leurs ressources à leur protection sociale. Il n’y a pas de pénurie, personne n’est lésé et en plus tout le monde est bien soigné. Ce qui est le but.
Le meilleur moyen pour s’en convaincre est d’essayer le libre choix. Après tout la France est dans un tel état qu’elle n’a plus rien à perdre !
comme vous l’avez noté,il suffit d’appeler les professionnels de santé « libéraux » pour les accuser des déboires du système.
Le rêve de notre ministre de la santé: nous remplacer, les médecins, par des protocoles, des automates dociles et vidés de leur substance pour qui tout a et sera décidé par encore une « agence » ou un « observatoire » à des années-lumières des réalités du terrain.
C’est déjà le cas ou quasiment avec les ARS.
La santé publique, similaire dans sa conception à une médecine de guerre ou d’urgence, est incompatible avec la préservation ou l’amélioration de la santé des individus. La SS quant à elle est incompatible avec le serment d’Hippocrate, du point de vue médical bien sûr mais également du fait de l’inquisition administrative qu’elle met en peuvre. Un seul exemple : le scandaleux parcours de soins. La santé publique et la SS réunis constituent une perte de chance pour les malades, perte de chance voulue et organisée par pure idéologie. Les médecins respectueux de leur serment n’ont pas d’alternative : ils doivent refuser de collaborer avec les excroissances de l’Obèse.
« Frédéric Bastiat avait mis en garde contre l’intervention de l’État dans les « sociétés de secours mutuel »
Lire (ou relire…) tout particulièrement ce passage, on ne peut plus prémonitoire, à propos des sociétés de secours mutuel, ci-dessous :
http://bastiat.org/fr/secusoc.html
Il est à la limite du prophète, c’est incroyable.
Merci pour l’extrait. Une telle clairvoyance est assez incroyable.
Notre système de santé ne se préoccupe pas du tout du bien être des citoyens et travailleurs… Il est orienté prise en charge des pathologies, y compris les plus improbables… y compris imaginaires…
Je reconnais ( et admire) ses prouesses techniques incroyables, comme dernièrement mettre ce cœur artificiel… et les progrès informatiques comme sur les matériaux ouvrent des perspectives propices à la courses à l’exploit.
Pendant ce temps là…
– on laisse les gens s’empoisonner à coup d’alimentation pleine de pesticides, d’antibiotiques, de protéines animales, de manipulations en tout genre… etc…
– on laisse les gens habiter des logements indignes, bruyants, exigus, loin de leur lieu de travail… (et je ne parle pas des logements insalubres !!!)
– on infantilise les citoyens : encouragement au tabac de préférence la vapotte… promotion de l’alcool fort et du bingedrinking au détriment de l’éducation au gout … promotion du tout voiture au détriment d’un peu de marche à pied ou du velo…
Prendre plaisir à se nourrir, manger des produits plus sains, avec moins de viande et surtout de lait de vache… bien dormir… et profiter de la vie : un peu d’exercices physiques, du gout, un zeste de drogue récréative entre amis…
« un zeste de drogue récréative entre amis… »
Pour balancer ce catalogue d’arguments d’autorité, n’auriez vous pas d’ores et déjà un peu trop fumé ? 😥
cher JG2433… pas encore pas encore… et je suis un épicurien qui s’autorise comme drogue récréative et gustative les vins et alcools …
Le pessimisme et la haine rendent les gens malheureux… un peu de methode Coué… cela fait du bien !!!
😉
« un épicurien qui s’autorise comme drogue récréative et gustative les vins et alcools … »
+ 1
… mais, comme chacun sait – vous aussi, je n’en pas doute pas – … »cointreau » (sic) n’en faut ! 😉
Joyeux Noël !
» et surtout du lait de vaches… »
parlons en du lait de vache:
depuis 30 ans, la production laitière française basée sur le paturage d’herbe, a été remplacé petit à petit, par du lait produit avec du mais équilibré avec du soja transgénique amériquain, lait réputé déséquilibré en oméga 3, fauteur de future complication de santé.
comment en étons arrivé là ?
à partir de 1992, subvention aux hectares de mais sur les fermes d’elevage alors que les hectares d’herbe ne touchaient rien du tout.
obligation de mise au normes des elevages: seuls les elevages laitiers intensif avec ration de mais toute l’année, qui sont quasiment obligés d’avoir des fosses, prenant la décision d’investir.
les quotas laitier étant liés au foncier, ces derniers se lancent dans une course à l’agrandissement pour atteindre la taille critique afin d’ammortir leur investissement dans les mises aux normes, et font le vide autours d’eux.
les eleveurs herbager de tailles petites et moyennes, menacés d’amende en cas de non mise aux normes, par la fonctionnocratie agricole bornée et suffisante, se dépèche de prendre la cèssation laitière ( subvention pour arreter le lait ) et fondtdes céréales ou laissent filer leurs terres aux » gros cons « .
resultat: un lait que l’on osera bientot plus consommer, comme en chine ( ou pire ) , des paysans de moins en moins nombreux, et surendettés pour ceux qui restent ( les gros cons : ils sont gros et cons, c’est donc des gros cons ? ) , des problèmes crutiaux d’aménagement du territoire: deshertification rurale, érosion quand les prairies sont remplacées par des labours, arrachage des haies…
et tous ça avec l’argent du contribuable.
Il ne faut pas réver. La Sécu est un trop gros fromage qui nourrit trop de parasites pour que soit envisagée sa disparition ou même sa mise en concurrence.
Lors d’une réunion syndicale, ses dirigeants se sont enorgueillis de « limiter » ses frais de gestion à 10%. Je ne connais pas beaucoup de banques, soumises à la concurrence, qui vous déleste autoritairement chaque année de 10% de vos dépôts pour frais de gestion. La sécu si.
Je rappelle le texte fondateur toujours en vigueur dans les tribunaux pour vous condamner à payer mais jamais en vigueur pour vous rembourser l’intégralité de vos frais de santé.
Article L 111-1 du code de la sécurité sociale “L’organisation de la sécurité sociale est fondée sur le principe de solidarité nationale ; elle garantit les travailleurs et leur famille contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain ; elle couvre également les charges de maternité et les charges de famille ; elle assure, pour tout autre personne et pour les membres de sa famille résidant sur le territoire français, la couverture des charges de maladie et de maternité ainsi que des charges de famille ; cette garantie s’exerce par l’affiliation des intéressés et leurs ayants droits à un régime obligatoire, ou, à défaut, par leur rattachement au régime de l’assurance personnelle”.
On ne parle jamais de lobby pharmaceutiques qui sont aussi une des pires plaies du système, de la corruption, des parcours de soins absurdes consistant à consulter un généraliste avant un spécialiste même pour des pathologies évidentes.
Après il est certain que le système de santé actuel est une aberration pour les raisons que l’on connait.
Pour être juste il faut aussi équilibrer la balance.
On peut être libéral et intègre
S’il y a encore des lecteurs ?
La fin de la SS me pose tout de même un problème. Quels seront le nombre total de personnes se voyant refuser toute assurance maladie privée, soit directement, soit par le montant des cotisations, parce qu’elles présentent une pathologie ou un risque plus élevé de maladie ?
Quand on voit le coût des traitements ne serait-ce que pour les cancers …