Par Antoine Dusséaux.
Le 10 décembre 2013, dans une rare opération de transparence, le ministère de la Culture et de la Communication a publié un bilan détaillé de l’ensemble des aides de l’État allouées en 2012 au secteur de la presse. Cette publication fait suite à deux rapports de la Cour des Comptes publiés cette année. Le premier en février critiquait, outre le montant en lui-même, « une transparence encore incomplète sur le montant des aides ». Le second publié en septembre rappelait que « le dispositif des aides d’État à la presse s’est historiquement caractérisé par son absence d’information publique sur les montants accordés aux différents éditeurs et titres de presse » et recommandait « une publication consolidée des aides directes et indirectes par titre » afin « d’apprécier et de comparer le degré de soutien de l’État entre les titres bénéficiaires ».
Le tableau récapitulatif des aides attribuées en 2012 pour les 200 titres de presse les plus aidés est riche d’enseignements. Aides directes (aide aux quotidiens nationaux d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires, aide aux quotidiens régionaux, départementaux et locaux d’information politique et générale à faibles ressources de petites annonces, aide au portage de la presse, aide à la presse hebdomadaire et régionale et aides reçues au titre du fonds stratégique pour le développement de la presse), aides aux tiers (aide à la distribution de la presse quotidienne nationale d’information politique et générale notamment), aides postales (tarifs postaux préférentiels pour l’envoi des journaux), tout y passe !
L’occasion de remarquer que, quand il s’agit de quémander des subventions, les frontières politiques s’estompent vite. Ainsi, en montant total, Le Monde et Le Figaro sont les deux journaux les plus aidés, avec respectivement 18,6 et 18,2 millions d’euros versés en 2012 tandis qu’en aides par exemplaire ce sont L’Humanité et Le Nouvel Observateur qui arrivent en tête avec respectivement 0,53 € et 0,34 € de subvention par numéro. L’Humanité, vendu 1,40 € l’exemplaire, décidément journal à l’agonie qui ne doit sa survie qu’à sa promiscuité avec le pouvoir. On se rappelle en effet que le quotidien communiste a également obtenu il y a peu l’effacement de sa dette par l’État, sans que cela lui suffise puisque, aussitôt les aides à la presse critiquées, le journal y a vu des « torpilles contre la démocratie ».
Comme rappelé dans le communiqué ministériel, ces aides servent à « garantir la liberté de la presse et à conforter les conditions de son pluralisme ». On comprendra ainsi mieux les 7 millions annuels reversés à Télé 7 jours chaque année ou encore le demi-million attribué au Journal de Mickey, deux périodiques qui portent haut les valeurs de la culture française et défendent sans relâche la liberté d’expression. Il ne faudrait pas non oublier des périodiques plus engagés comme L’Hebdo des socialistes, CGT ensemble ou encore CFDT Magazine que le contribuable français soutient chaque année.
Petit papa Noël quand tu descendras de Bercy…
Ouch !
J’ai même du mal à imaginer où sont passés les 18 M€ des deux principaux quotidiens !
Tu veux surement dire 36 pour les deux….
Vous venez de montrer de quoi notre pays est fait : l’assistanat y est généralisé !!!
Cette dépendance financière se retrouve dans l’indicateur de « liberté de la presse », 37éme position de la France http://www.tuxboard.com/classement-mondial-de-la-liberte-de-la-presse-2013/
Il serait intéressant de pousser l’exercice avec les chaines de télévision.
Hé, j’aime bien le Journal de Mickey, c’est pas politique au moins 🙂
Et j’espère que Super Picsou Géant en reçoit aussi, au moins en les lisant je me sens pas idéologiquement manipulé 😀
T’y es fou, Picsou ce libéral, subventionné par l’Etat qu’il combat dans chacune de ses BD ?
Jamais de la vie 😀
En fait, les trois organes de presse les plus aidés au numéro sont en premier le nouvel économiste (0,8168€), l’Humanité et en troisième Connaissance des arts (0,3836€)
Comment pouvez vous comparer le Journal de Mickey et le Figaro ou Le Monde? LE journal de Mickey à fait de moi un libéral vénérateur de l’oncle Picsou! Pas d’état à Mickeyville et un maire qui ne sert à rien, Mickey qui est détective privé….. A Donaldville Géotrouvetout inventeur de génie ne fait pas face à des militant écolo-réactionnaire-étatiste. Il est libre d’inventer et de vendre sa création… Donald nul parmi les nuls n’est pas récompensé pour son absence de talent notoire, mais il a quand même une vie faite d’aventure! Daisy n’est pas marié à lui et vie a sa propre….
Je vous le dit on devrait reverser l’ensemble des subventions à ce merveilleux journal.
Un truc utile aurait été de disposer du montant total des aides par exemplaire en rapportant chaque montant au prix unitaire par exemplaire en 2012.
Comme chacun sait la France est une grande démocratie et la presse y est libre. cqfd
Les grandes pages publicitaires annonçant des « débat citoyens » et autre « mangibougisme » sont ils inclus dans ces chiffres ?
Bonne question ! On pourrait aussi ajouter comme aide à la presse le régime fiscal avantageux des journalistes (dont le salaire brut pèse ainsi moins dans les comptes du journal) ou encore (mais là , il en est peut-être déjà tenu compte dans les montants cités) du taux de TVA dérogatoire pour la presse.
Entre aides étatiques (décidées par les politiciens du système) et achat de capitale de complaisance (ex. « Libération » propriété des Rothschild) d’une part, et idéologie paléo-trostkyste des journalistes de l’autre, il ne faut plus s’étonner de l’état de la presse française, qui il est vrai n’est plus lue depuis longtemps par personne. Beaucoup d’achats d’exemplaires sont le fait de ministères ou de compagnies aériennes. Je prends le train tous les matins et quasiment personne ne lit de journaux (encore s’agit-il de journaux locaux ou sportifs si c’est le cas).
Mais il est vrai que le système ne renoncera jamais à l’outil de formatage de l’opinion que représentent ces journaux.
Moi j’aime bien la luxueuse plaquette de mon ce… Probablement un zeste de subvention aux syndicats, via rétro commissions…
Le lecteur qui savait lire entre les lignes de la Pravda à l’époque soviétique pouvait y déceler des critiques du régime, la presse française ne se donne même pas cette peine.
La différence tient au fait que la Pravda rêvait d’être libre quitte à se passer des subventions publiques, la presse française les réclame et brosse donc l’Etat dans le sens du poil.
Au moins nous savons pourquoi les journaux ne cherchent pas à faire du tord au gouvernement celui-ci ou un autre). Par exemple, je parie qu’une baisse du chômage sera annoncée demain sans que personne ne prenne la peine d’éplucher les chiffres (genre le nombre de radiations ou de petits jobs de quelques heures dans le mois), ce que ferait une presse libre.
une seule réponse a ce scandale ,
je ne lit ni n’achète la presse subventionné bien pensante et en plus qui censure quand les commentaires qui lui déplaise sous couvert de « modération »
Dans le cadre de la garantie du maintien du pluralisme de la presse française, qu’en est il des subventions à «Minute» ?
« Ces aides servent à garantir la liberté de la presse ». Oh, je n’y avais pas pensé, dites-donc. C’est la presse est vraiment diversifiée avec tous ces journalistes indépendants! 🙂