Par Francis Richard.
Paul Verlaine a composé ces vers inoubliables, tirés de Chanson d’automne :
Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà , delÃ
Pareil à la
Feuille morte
C’est dans ce poème que figurent ces autres vers bien connus pour avoir donné le signal du débarquement des forces alliées en Normandie au printemps 1944 :
Les violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.
Ce poème a inspiré à Serge Gainsbourg une chanson tout aussi inoubliable :
Je suis venu te dire que je m’en vais
Et tes larmes n’y pourront rien changer.
Comme dit si bien Verlaine, « au vent mauvais »,
Je suis venu te dire que je m’en vais.
Le titre du dernier livre d’André Bercoff, écrit avec Deborah Kulbach, provient bien sûr de cette chanson de Serge Gainsbourg, à qui cet essai est dédié en ces termes :
À Serge Gainsbourg
qui ne fut jamais exilé fiscal ni expatrié,
mais étrange étranger en son pays lui-même.
Ce livre, placé sous l’égide du chant poétique, est, on l’aura compris – ou pas – un essai prosaïque sur la fuite de leur propre pays d’un nombre toujours plus grand de Français, phénomène qui s’est accentué depuis que François Hollande, le président français qui n’aime pas les riches, a accédé à la fonction suprême.
Bien que d’autres livres aient abordé ce thème, Sauve qui peut d’Éric Brunet et Pourquoi je vais quitter la France de Jean-Philippe Delsol, il faut enfoncer ce clou, d’autant plus que médias et politiques français font l’autruche ou minimisent ce phénomène : « Selon les chiffres officiels, 1.600.000 Français sont inscrits aujourd’hui dans les consulats de la centaine de pays d’accueil où ils résident et l’on en compterait en outre plus de 800.000 qui ne se sont pas déclarés. PricewaterhouseCoopers prédit qu’ils seront plus de 3 millions d’ici à 2020. »
La particularité de ce livre par rapport aux précédents est de donner largement la parole à ceux qui vont faire le pas de quitter la France ou qui l’ont déjà franchi au cours des dix dernières années.
Pourquoi veulent-ils partir ?
Il leur suffit de regarder le bulletin de santé du grand corps malade de la France, qui vit à crédit depuis plus de trente ans (la dette dépasse les 90% du PIB), selon un schéma de Ponzi, auquel les politiques ne veulent surtout pas toucher (après eux, le déluge), avec, au bout des comptes, la faillite assurée : « Dépense publique qui atteint 56% du PIB ; déficit à près de 4% du PIB ; prélèvements obligatoires à 46,3% alors qu’ils étaient à 30% en 1960 ; chômage à plus de 10% de la population active. »
Le fait est que la faillite est d’autant plus assurée que le modèle français est rigide, qu’une « gérontocratie sclérosée […] tient tout et se congratule, se coagule et s’accouple à l’intérieur de la famille énarque et grandes écoles, telles les Ménines de Vélasquez » : « Ceux qui sont en place se protègent et prônent l’immobilisme, créant les conditions de l’exclusion pour les autres. »
Il y a d’un côté des privilégiés – ceux qui ont un emploi public, les retraités, les cadres supérieurs du secteur privé, ceux qui ont droit aux minima sociaux – et de l’autre ceux qui ne le sont pas. Il y a d’une part les revenus protégés et de l’autre les revenus à risques. Les auteurs parlent de monarchie bananière… On sait ce qu’il advient de tels pays, quelle que soit la forme que revêtent leurs institutions : ils coulent. Alors il est préférable de mettre les voiles non seulement pour échapper à l’exclusion et à l’absence de perspectives, mais pour échapper au naufrage.
Pour maintenir à flot le bateau qui coule, l’augmentation de la pression fiscale, employée pour colmater les brèches, ne fait que les agrandir et n’incite pas à créer son entreprise en France, mais à la créer ailleurs : « Quand on vous demande de payer des impôts alors que vous avez à peine commencé de créer votre entreprise, vous vous demandez si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Quand vous entendez des politiques proclamer qu’au-delà de 300.000 euros par an l’État vous prendra tout, vous vous dirigez vers le consulat le plus proche en espérant qu’il y a encore de la place. »
Dans leur ensemble ceux qui partent ne le font pourtant pas pour des raisons fiscales ou pour des raisons économiques, mais par désillusion, par lassitude morale, pour changer d’air : « Gagner de l’argent est une honte dans ce pays […]. Dès que que quelqu’un sort du rang, il suscite l’envie et la jalousie de ses voisins qui préfèrent le voir crever plutôt que réussir. » Lors de leur enquête, les auteurs ont fait une découverte à laquelle ils ne s’attendaient pas : « C’est le nombre de parents non seulement résignés au départ de leurs enfants, mais qui les encouragent à partir en dépit de la tristesse naturelle causée par la perspective de la séparation. »
La plupart des jeunes qui vont partir, qui partent ou qui sont déjà partis, ne sont pas des nantis : « Ils ne sont, ceux-là , ni fortunés ni héritiers et ne comptent pas sur papa-maman pour les récupérer en cas d’échec à l’étranger. Ceux-là , qui ne rêvent pas de devenir fonctionnaires dans l’administration ni de végéter dans le cocon familial jusqu’à 40 ans, savent que rien n’est joué, que personne ne les attend et qu’ils ne seront engagés ni pour leurs beaux yeux ni pour leurs relations et encore moins pour leur nom. Certains – et c’est heureux – ont des diplômes qu’ils comptent bien faire fructifier, mais d’autres n’ont que leur talent et leur capacité de débrouille et d’adaptation, ce qui devrait d’ailleurs, en France, être considéré comme des vertus au moins aussi importantes que les résultats scolaires et universitaires. »
Et puis « il est aussi d’autres raisons à certains départs, que l’on avoue moins de peur de se faire taxer de réactionnaire voire de raciste par la bien-pensance aussi généralisée que dominante » : « Certains affirment sans ambages qu’ils ne se sentent plus bien dans leur propre pays à cause du climat d’insécurité, d’un communautarisme provocateur et envahissant, des sommes prodiguées aux primo-arrivants voire aux immigrés clandestins, alors que des millions de Français souffrent de pauvreté, non seulement dans les cités, mais plus encore dans la Creuse, le Cantal et ailleurs. »…
Une fois partis, tous ces expatriés reviendront-ils ? Un grand nombre ne reviendra jamais. Et ceux qui reviendront, ne le feront que si les mentalités changent en France, ce qui n’est pas demain la veille et pourrait demander des décennies, à moins que le baril de poudre n’explose entre-temps…
– André Bercoff avec Deborah Kulbach, Je suis venu te dire que je m’en vais, Michalon, novembre 2013, 176 pages.
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Sur le web.
C’est vrai que s’ouvrir l’esprit est important, mais les livres proposés ici ne sont pas obligé d’être écrit par le frère de Mélanchon ou la soeur de Marine le Pen. André Berkoff est tout sauf un libéral. Il est contre la liberté d’association qu’il appel communautarisme. Et alors que la Chine libéralise sont droit d’association il faudrait régresser en France…. Plus que ça il a toujours soutenu la dépense publique. Il est favorable à e que l’état jette de l’argent par les fenêtres pour les citoyens mais pas pour les immigrés(subtile!). Est il favorable à la finance sans visage MONDIALISE…?
Pour ce qui est de la gérontocratie sclérosé Berkauff en est un exemple. Cela fait des années qu’il hante les médias qu’il fait du grenouillage pour influencer les politiques…
Je ne crois pas une seconde qu’André Berkoff soit une sorte de raciste comme vous le sous entendez.
En tout état de cause, l’immigration non européenne nous coûte CHAQUE ANNEE 75 milliards d’euros.
Les Français qui quittent leur pays ne peuvent plus payer pour ces dérives. De plus, beaucoup de jeunes qualifiés ne peuvent plus trouver de boulot ici à cause des prélèvements délirants pour financer cette invasion extra européennes. Ils quittent donc la France.
Dommage que les médias inféodés n’en font pas grand cas …
Les médias et politiciens peuvent minimiser l’expatriation croissante autant qu’ils veulent, au final ça finira par se voir, au point que ça ne pourra plus être caché. Les différents gouvernements vont se rendre de plus en plus compte que les recettes fiscales ne correspondent plus à leurs attentes, à quel point le trou devient béant.
Honnêtement je compte partir après mes études, vers de grandes opportunités. Les impôts ne me gênent pas dans l’immédiat, n’en payant pas encore, mais le chômage et aides sociales après la fac non merci, j’ai des rêves quand même et je suis prêt à travailler dur pour les accomplir. Et même si la France change (m’étonnerait) je doute que je revienne un jour, mais au moins je pourrais parler de mon pays avec fierté, car c’est ma terre natale et je l’aime malgré tout.
Au moins au Texas on vénère les entrepreneurs et l’esprit d’entreprise, et tout est fait pour les attirer et leur faciliter la vie, et on aime les gens ambitieux.
Mon pauvre ami, tu te fais des illusions sur le Texas.
Mon pauvre ami, tu ne connais rien sur le Texas.
Moi par contre je sais tout 😀
S’ils partent, est-ce un drame? les voyages forment la jeunesse dit-on. Pour ceux qui reviendront, ils seront plus riche en expérience, compétence et idées dans un environnement qui je l’espère leur sera profitable (let’s cross the fingers). Pour ceux qui restent, qui a envie de pleurnicher sur le sort qui nous attend?
Assumons nos choix, c’est cela être libre.
Euh….revenir? Je crois que vous vous fourrez le doigt dans l’Å“il jusqu’à l’épaule. Ils ont tout à y perdre et rien à gagner. Pourquoi reviendraient-ils?
De tous les copains, amis, relations que j’ai vu partir depuis… 50 ans, aucun n’est revenu plus longtemps qu’un mois et un an sur deux pour revoir ou enterrer leurs vieux parents. Montrer aussi la France à leurs gosses, le plus beau pays du monde quand même… mais invivable en un certain sens.
La dégradation lente mais continue leur saute aux yeux par le phénomène d’éclipse et les conforte dans leur choix de s’enraciner ailleurs.
C’est la seule solution qui nous restera bientôt pour simplement survivre…Car les événements socio-politiques aidant l’atmosphère déjà passablement détestable dans ce pays risque de l’être de plus en plus
Ce qui fait le plus vomir, ce n’est même pas la nullité de nos gouvernants, c’est le fait de savoir que ce pays, bien géré sertait le plus riche et prospère d’Europe et de plus, celui où il ferait « bon vivre » au delà de bien des superlatifs. Certes, l’Italie pourrait être dans le même cas, mais un cran en dessous, car elle n’a pas les mêmes richesses naturelles que la France.
Comment ne pas comprendre alors ces jeunes qui quittent cet échec lamentable qu’est devenu ce pays? Plus vous le quitterez nombreux, plus vite il sombrera et plus vite, on pourra faire table rase de cette diarrhée de lois, décrets, arrêtés et règlements, normes et autres emmer…ts qui nous empêchent de respirer.
Ce pays serait le moteur de l’europe, loin devant l’Allemagne. Mais l’état français rétrograde nous coulera avec lui.
Moi aussi je pense que c’est surtout avec la chute des recettes fiscales (par rapport à ce que les politichiens socialistes avaient prévu) que ce phénomène sautera aux yeux.