Critique islamique de la pensée d’Alain Finkielkraut

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Critique islamique de la pensée d’Alain Finkielkraut

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 30 décembre 2013
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Par Adel Taamalli.

finkielkrautParmi les philosophes français de notre temps, Alain Finkielkraut a la chance d’être l’un des plus médiatisés, porteur qu’il est d’une réflexion générale qui tranche avec la majorité ambiante. C’est pourquoi ses écrits et ses prises de position relèvent d’une importance capitale, car ils feront incontestablement date dans l’Histoire de la pensée française.

Cela ne signifie surtout pas que tout ce qu’il dit est vrai, en soi. La presse s’étant faite l’écho de la sortie de son nouveau livre, intitulé L’identité malheureuse, et traitant, sur le plan de la pensée, de sa tristesse nostalgique à voir l’être français, tel qu’il le considère, s’éteindre sous nos yeux impuissants, il me semble opportun de démontrer qu’il fait quelques erreurs dans son approche.

C’est ce que je souhaite, en toute objectivité et avec humilité, révéler par ce texte. D’autant plus que je considère que traiter de l’identité nationale, si cela est fait par la pensée et sans anathème, peut nous aider à égayer notre avenir, grâce à la pacification des esprits qu’une telle réflexion procurerait. Il faut, en effet, être ouvert au dialogue sur ce sujet et tenter de rester objectif. Ce n’est que comme cela que l’on trouvera tous, au sein de la communauté française, un terrain d’entente, et non en se parant d’Å“illères nous cachant la réalité de ce qu’est la France, notre patrie commune. C’est ce que fait d’ailleurs le récent rapport sur l’intégration qui a fait couler beaucoup d’encre dans les journaux tout comme il a agité l’élite politique.

De surcroît, se confronter à la pensée d’Alain Finkielkraut, c’est, très objectivement, prendre connaissance d’une culture générale encyclopédique. En plus des références qui proviennent de notre religion ou de notre ère culturelle (l’Islam avec une majuscule, car il prend, là, une signification « civilisationnelle »), celle-ci constitue aussi, pour nous, musulmans, notre héritage, puisque nous sommes français et que nous usons de la langue de Molière pour nous exprimer. Je ne peux que tirer un avantage à prendre connaissance des références de M. Finkielkraut (Albert Cohen, Charles Péguy, Racine, Emmanuel Levinas, Maurice Blanchot…). Les découvrir, se les accaparer pour les disséquer en toute intelligibilité, ne serons, inchallah, que de bonnes actions en elles-mêmes, me tendant à atteindre le mieux pour ma propre culture générale, et m’aidant ainsi à obtenir un gain de maturité et une construction plus fine d’un esprit contemporain, qui vivrait grâce à cela un rapport plus harmonieux avec son temps.

J’agis, ici, en tant que citoyen français de conviction musulmane, qui se veut pensant et libre de procéder à toute réflexion intelligible tant qu’elle n’appelle ni à la haine, ni à l’illégalité. Lorsque j’affirme être un citoyen français de conviction musulmane, je veux dire par là que je ne m’interdis nullement ni d’utiliser ma raison, ni même de faire appel à mon a priori qui se veut islamique, tout en reconnaissant à l’autre le droit à son propre préjugé qui nierait le mien. Cela, je le revendique au nom de la liberté d’expression qui devrait être respectueuse, de mon point de vue, de la dignité de tous les autres.

Je m’appuierai exclusivement sur le dossier spécial du Point qui a été consacré à la sortie de L’identité malheureuse1. Bien que M. Finkielkraut ait des mots frisant parfois une peur de l’islam2, je tenterai, avant tout, et comme pour tous les écrits que j’ai rédigés sur l’occidentalisme islamique3, de traiter les idées plutôt que l’homme, en ne fermant jamais la porte de mon esprit à des points d’accord que je pourrai avoir, sur le fond, avec ce philosophe.

Je fonctionnerai simplement dans ce texte. J’aborderai successivement quatre thèmes : l’éducation et la jeunesse, l’élite politique, la différenciation au sein de l’être français et l’identité française. Je n’hésiterai pas à exprimer les points d’accord que je ressens avoir avec Alain Finkielkraut sur les quelques éléments abordés, même si j’y apporterai des bémols tirés de ma raison ou de mon a priori islamique. Mais je tenterai avant tout de démontrer ce que je suis enclin à appeler des erreurs de perspectives de pensée.

Même si je doute qu’un jour le penseur dont est l’objet cet article tombe sur ces critiques qui sont adressées à sa pensée, j’espère du moins qu’elles permettront, chez nombre de lecteurs, de prendre conscience de la force que peut posséder le fait de croire en l’action, qu’elle soit politique, académique, intellectuelle, culturelle, littéraire, économique ou philosophique, quand il s’agit de défendre ce que l’on croit être juste et vrai.

L’excellence de l’école et le rôle de la jeunesse

Alain Finkielkraut a toujours défendu le fait que l’école est un lieu qui n’appartient à personne, sinon à ceux qui nous ont précédés, dont nous avons la charge de transmettre l’héritage qu’ils nous ont légué. Il prend notamment pour référence Hannah Arendt lorsqu’elle dit, selon lui, « qu’enseigner, c’est intégrer les enfants, ces nouveaux venus sur la terre, dans un monde plus vieux qu’eux ».

Lorsqu’il s’agit de viser l’excellence de la langue française qui s’est construite tout au long de l’Histoire, l’usage de la raison développé par les Lumières, la faculté de penser par soi-même née du cogito de Descartes, bref de former des citoyens capables de comprendre le passé qui a façonné leur monde pour pouvoir ensuite être à même de juger, et de la spécificité de la France dans le monde (laïcité, droits de l’Homme, littérature, cartésianisme…), et du fonctionnement d’une démocratie qui leur appartient, nous ne pouvons qu’acquiescer. Car comme le dit Tocqueville et sur lequel Finkielkraut s’appuie, l’égalité a deux propensions, celle « qui porte l’esprit de chaque homme vers des pensées nouvelles, l’autre qui la réduirait à ne plus penser ». Nous devons être d’accord avec M. Finkielkraut quand il privilégie la première proposition. Et le suivre encore quand il dit que la démocratie est « un destin partagé, une responsabilité collective ». Même s’il rajoute, sans doute pour complaire à sa propre vision de l’être français, que la démocratie « a des particularités nationales ».  C’est pourquoi, si nous rejoignons Alain Finkielkraut pour affirmer que « nul ne pense par lui-même sans détour par les autres, et notamment par ce qui a été pensé avant lui », nous voulons d’emblée ajouter que ce qui a été pensé avant nous ne provient pas simplement de la France, mais aussi, en ce qui concerne beaucoup de musulmans, du monde islamique.

Ces principes de défense de l’école, il est important que tous, en France, quelle que soit leur religion, s’en imprègnent afin de viser le mieux dans notre société. M. Finkielkraut a donc raison d’être pessimiste sur l’avenir de la France quand on voit que les jeunes sont généralement devenus une catégorie à part entière, qui se croit être maîtresse d’elle-même, l’aune de tout, n’ayant plus besoin qu’on l’élève car se pensant avoir la capacité de se choisir seule, sans l’aide de quiconque. Il leur arrive cependant de se mobiliser ponctuellement, pour une cause précise, comme ce fut le cas, par exemple, des lycéens qui, dernièrement, manifestèrent pour le retour de Leonarda, cette adolescente d’origine prétendument kosovare expulsée du territoire français après qu’elle fut injustement interpellée lors d’une sortie scolaire par les forces de l’ordre. Or M. Finkielkraut s’est exprimé publiquement pour dire qu’il était d’accord avec le procédé employé par l’administration et qu’il ne soutenait pas les lycéens. Une incohérence dans sa cohérence, lorsque le philosophe ne lit aucune lueur d’espoir dans ces mobilisations de la jeunesse pour une idée qui les dépasse ?

Nous devons tous défendre l’excellence de l’éducation, et chercher les voies permettant à ce que la France gagne des places dans le classement mondial des universités dans lequel elle se place très médiocrement, tout comme dans celui de son école parmi les pays de l’OCDE4. Il en va de l’avenir de la société française tout entière, même de celui des musulmans en faisant partie. Ces derniers ont tout à y gagner s’ils participent de l’éclosion d’une meilleure école, qui devrait être un véritable sanctuaire à l’abri des problèmes du monde, afin de se rendre plus efficace dans la transmission des savoirs et de (re)devenir un creuset où se fondera la nation française de demain, dont il est à rêver qu’elle acceptera harmonieusement sa propre multiplicité culturelle,. Elle pourra ensuite donner l’exemple au monde de la vertu du cosmopolitisme kantien, cette idée « prophétique » élaborée par Kant que le monde ne pourra faire l’économie de s’unir politiquement pour la gestion des affaires de la planète5. La France est en bonne place pour devenir une avant-garde. Elle a cette chance, qu’elle ne doit pas gâcher.

Les limites de l’élite politique

Une autre similarité entre sa pensée et celle que l’on pourrait qualifier d’islamique contemporaine (et qui est la nôtre) se retrouverait, au-delà des clivages, lorsque le philosophe français dit des politiques qu’ils ne savent pas lire, dans une France qui est, pourtant, une « patrie littéraire ». Et de prendre en exemple une erreur de syntaxe commise généralement par nos dirigeants lorsqu’ils dédoublent le sujet d’une phrase (« La France, elle sort de la crise »). Peut-être veulent-ils apparaître proches des gens en s’exprimant ainsi, mais nous devons donner raison à M. Finkielkraut quand il dénonce cet état de fait (parmi ces hommes politiques qui sont loin de l’excellence en matière de littérature, il donne l’exception de Jean-Luc Mélenchon auquel on adjoindrait volontiers Dominique de Villepin).

Car, effectivement, à l’heure de la médiatisation à outrance, une élite politique qui ne se verrait pas en exemple de modèle littéraire, et donc de l’excellence du français, ne donnerait aucune direction visant le progrès de l’expression orale. Or, une bonne expression sert indéniablement à retranscrire le plus fidèlement possible une pensée profonde dans laquelle se meut simultanément une quantité d’idées plus ou moins complexes. Or, comment réussir, si l’utilisation du français, à l’oral comme à l’écrit, n’est pas satisfaisante et que la vulgarité prend toute sa place pour expliquer le monde ? Nous devons déplorer cet état de fait, comme le fait M. Finkielkraut.

Cependant, la France n’est pas seulement une patrie de littérature. Elle l’est aussi des sciences de l’esprit, car sans les Rousseau, Voltaire ou Condorcet, la France ne serait pas la France. C’est pourquoi j’aimerais savoir ce que penserait Alain Finkielkraut, lui qui est généralement féru de citations, des mots suivants attribués à Platon : « les maux ne cesseront pas pour les humains avant que les authentiques philosophes n’arrivent au pouvoir ou que les chefs des cités, par une grâce divine, ne se mettent à philosopher véritablement »…

De la différenciation au sein de l’être français

Autre point de convergence si nous visons l’honnêteté et l’objectivité, en répondant à la question d’Alain Finkielkraut et qui est la suivante : a-t-on le droit de nous autoriser à dire qui est plus français qu’un autre ? En prenant une citation de Levinas à l’appui, qui jugeait son ami Blanchot « comme l’expression même de l’excellence française », Finkielkraut pense cela envisageable.

Le courant de pensée que je souhaite développer, et que j’ai intitulé « occidentalisme islamique », s’il a la visée de respecter le verset sur la cause, selon Dieu, de l’existence de plusieurs peuples6., me penchera à penser de même. Il est clair que les musulmans de France, dans leur très grande majorité, se sentent encore quelque peu étrangers à la France selon l’Histoire qu’elle a produite depuis le plus profond de son passé lointain. Non qu’ils ne soient pas des citoyens légitimes ou qu’ils n’aient pas la faculté d’être clairvoyants dans l’analyse de leur société, à laquelle ils appartiennent, sans doute d’aucune sorte. En cela, ils sont français comme tout le monde. Et nul n’a le droit de leur nier cette qualité. Toutefois, faisant partie des premières générations de musulmans à s’installer durablement en France, ils ont encore la capacité à différencier ce qui provient de leurs ancêtres en termes de culture et de civilisation (l’Âge d’or de l’islam, Al-Ghazali, Averroès, Ibn Battuta, Ibn Khaldoun, Mohamed Abduh, Mohamed Iqbal, Muhammad Assad…), de ce qui a façonné l’être français durant l’Histoire.

Être conscient de cela, de cet entre-deux, c’est bien évidemment rejoindre Finkielkraut, tout en évitant de tomber dans le racisme. Sans nier la qualité de citoyen à quiconque, l’on peut pourtant comprendre que les musulmans français aient beaucoup à apprendre de ce qu’est l' »Européen de souche », qui possède de plain-pied la deuxième généalogie des musulmans de France (pour reprendre Abdelwahhab Meddeb)7. La vision du monde de ces « Européens de souche », leurs référents culturels, leur littérature, leur pensée, s’ils nous apparaissent étranges aujourd’hui, sont néanmoins partie de notre héritage, car nous sommes français. Nous devons donc absolument les considérer comme nôtres, en tant que Français.

Cependant, nous avons le droit de juger de ces éléments de culture et de civilisation en utilisant notre a priori islamique, tout en rendant ces jugements intelligibles à tous ceux qui voudront nous lire ou nous écouter, parce qu’ils seraient animés d’un esprit humaniste qui chercherait à prendre connaissance de la diversité de l’homme, même français. Nous aimerions que M. Finkielkraut possède cet esprit humaniste. Car, comme lui, nous pouvons affirmer, sans appeler à la discrimination de ce que nous sommes en tant que musulmans, qu’ « au nom du principe de non-discrimination, la France plonge voluptueusement dans l’océan de l’indifférencié ».

Mais, nous ne pouvons dire que s’éloigner de la non-discrimination « indifférenciante » rend nécessaire, comme le veut Alain Finkielkraut, le système de l’assimilation. Nous sommes trop conscients de notre spécificité pour que cela ait lieu sans anicroches. Nous devrions plutôt parler, pour les musulmans de France qui se sentent posséder une éthique islamique, d’acceptation de l’autre tel qu’il est, à savoir un référent de la civilisation française dont nous devons comprendre l’essence, afin de l’intégrer dans notre imaginaire et notre conception du monde. Par exemple, sur un sujet prosaïque que M. Finkielkraut invoque, un homme français galant, lorsqu’il est galant, ne doit pas nous faire dire qu’il est forcément en train d’user d’une  « technique de drague ». Il est galant parce que cela est de coutume chez les Français. S’il l’est avec « nos sÅ“urs », ce n’est pas tant parce qu’il souhaite « la mettre dans son lit » que du fait de sa culture, provenant de siècles d’Histoire de France. Le comprendre, c’est déjà accepter cet état de fait, sans pour autant souhaiter (ou ne pas souhaiter) l’adopter dans nos propres interactions sociales. Car si la France a développé une culture, celle-ci n’est pas nécessairement la meilleure en soi, du fait de notre présence sur le sol français, et parce que nous sommes constitutifs de l’identité nationale. Elle reste un a priori, majoritaire dans l’hexagone, mais un a priori tout de même.

De même, l’interdiction du voile à l’école tire sa source dans ce que les Français croient considérer à propos de la féminité, et dont Alain Finkielkraut est l’un des représentants. Ils connaissent depuis longtemps la mixité des rues, le voile étant un empêchement, de leur point de vue, de la « visibilité heureuse » du féminin dans l’espace public. Simplement, nous pouvons tout à fait rétorquer que le voile n’empêche pas la relation sociale d’opérer, ni la mixité d’exister. Qu’il est un choix religieux individuel qui devrait être respecté et qu’il ne faut pas permettre à ce qu’une discrimination à l’embauche existe, de fait, parce qu’une femme l’arbore (ce qui est franchement le cas aujourd’hui, situation que nous combattons). Pour nous, la loi de 2004 outrepassait bien le but de la loi de 1905, en exigeant la neutralité religieuse chez les élèves alors que dans l’esprit des concepteurs de la première loi sur la laïcité, seule celle des agents de l’État et de l’État lui-même était visée. Toutefois, la loi ayant été votée démocratiquement, même si nous ne sommes pas d’accord avec elle, nous devons appeler à son application, car l’éducation prime avant tout. Même si rien ne nous interdit de nous organiser politiquement pour viser l’abolition de cette loi, par la loi. Nous en avons tout à fait le droit.

Globalement, avec Alain Finkielkraut, tout élément culturel né des changements démographiques ne peut participer du changement de la France que si chacun de ses porteurs « admet qu’il y a une civilisation française ». Mais lorsque le secrétaire général du Comité contre l’islamophobie dit que « personne n’a le droit, dans ce pays, de définir pour nous ce qu’est l’identité française », ce n’est pas, comme le dit Finkielkraut, l' »exact contraire » de l’acceptation d’une civilisation française. Car en tant qu’être français, j’ai le droit de jouir de mes droits comme je l’entends, tant que je ne provoque ni la haine, ni l’illégalité. J’ai le droit libre à la parole et à la participation active au débat public de mon pays. Je peux très bien, donc, décider que mon a priori islamique est constitutif de mon identité française et de mon action politique. Je peux y adjoindre mon héritage français, pour construire une nouvelle réplique de l’être français. Personne ne peut m’imposer son idée de l’être français, par même celui qui révère l’Histoire de notre pays. Je suis autant légitime qu’Alain Finkielkraut à me dire Français, et à faire le choix qui me convient. Cela est porteur, de mon point de vue, si je respecte le passé de mon pays, auquel je me sens étranger d’un premier abord, certes, mais qui participe de mon présent et de mon avenir. Je fais donc le choix d’une pensée islamique française, l’occidentalisme islamique, laquelle a la chance d’être la réunion de deux héritages, non antinomiques, car effectifs. Ce n’est pas un grand écart que de dire cela. Il s’agit plutôt de mettre ensemble deux vérités, à la manière d’Edgar Morin, qui considère deux vérités apparemment antinomiques comme étant fondamentalement vraies8. Une pensée complexe est ainsi née et a pour vocation à participer de la définition des contours réels de l’être français d’aujourd’hui, duquel participe indéniablement l’homo islamicus de France.

L’identité française

L’identité française, à laquelle Alain Finkielkraut se déclare attaché, semble de son point de vue monolithique, unique. On ne peut, selon lui, que s’y soumettre pour mériter le qualificatif de Français à part entière, c’est-à-dire en droit, mais aussi selon la « réalité sensible ».

Ainsi, ceux qui, selon lui, « venus de la frange la plus militante et la plus sectaire de l’islam », « déclarent leur hostilité au pays d’accueil », en défiant nos valeurs et nos mÅ“urs françaises par « leurs références et leurs usages », attaquent la laïcité et l’identité françaises.

De même, compose-t-il l’identité française de son idée de la galanterie, cette relation entre les sexes qui est spécifique à la France et qui suscite des interrogations et des critiques dans d’autres pays occidentaux, comme il l’avoue lui-même. La mixité et à la visibilité du féminin dans l’espace public (d’où le fait que le voile ne peut être partie de l’identité française, selon lui), le fait qu’il se sente avoir « le devoir, en vertu des lois mêmes de l’hospitalité, d’exiger le respect de nos règles et de nos valeurs » sont des autres constituants, selon lui, de l’identité française.

Si tout ceci fait incontestablement partie de l’identité française qui s’est façonnée avec l’Histoire (« l’être est façonné par le temps. (…) . Cela vaut pour la France aussi »), il n’en demeure pas moins vrai que celle-ci n’est pas une essence immuable et « englobante » qui serait un système de références fini et fermé sur soi, dans laquelle tout Français devrait puiser, à l’exclusion de toute autre référence culturelle, morale ou religieuse.

Car s’il y avait une essence à déterminer en l’être français, elle résiderait dans le concept de liberté, qu’Alain Finkielkraut semble reconnaître dans son ouvrage même si elle est la condition de la dilution de l’être français, selon lui. La liberté est bien la caractéristique première que l’on ressent lorsque l’on évolue sur le territoire hexagonal. De Brest à Strasbourg et de Lille à Perpignan, ainsi que dans les DOM TOM, partout, grâce à la protection des lois françaises et à l’esprit de tolérance qui s’est déployé progressivement au sein de la République depuis l’édit de Nantes de 1598, l’on voit les gens se définir librement. Et c’est par cela que l’on peut délimiter les contours de ce qu’est l’être français d’aujourd’hui. Celui-ci est complexe, puisqu’il met dans un même moule Finkielkraut et un lecteur assidu de Tariq Ramadan, un athée et un musulman, un libéral et un communiste. Et c’est en liant tous ces ensembles que l’on pourra réellement s’approcher de la vérité en ce qui concerne l’identité française.

Autrement dit, plutôt que de viser une Idée au sens platonicien du terme, c’est-à-dire affirmer péremptoirement que l’identité française ne peut être que la composition d’une certaine idée de la laïcité, de l’usage de la galanterie dans les relations intersexuelles telle qu’elle est apparue dans l’Histoire, de la visibilité du féminin et donc de la mise à l’index du voile comme tout à fait étranger à la France, de la fonction assimilatrice de la société…, à l’exclusion de toute autre référence sortant de ce cadre, M. Finkielkraut devrait plutôt s’évertuer à connaître le peuple de France, de fait, divers, par une expérience sensible de la réalité qui, selon Aristote, est le premier mouvement vers la connaissance.

En privilégiant ce qu’il estime être la France, l’auteur de l' »Identité malheureuse » s’empêche ainsi de voir ce qu’elle est réellement. S’il existe une « Idée-France », celle-ci ne peut se concevoir que par le prisme de la réalité. L’être français serait donc, pour nous, et d’après cette perspective, une Idée vraie « préexistante à soi », dans le sens où seule l’effectivité de la réalité, donc l’état actuel de la société française, déterminerait ce qu’est véritablement l’identité française. Alain Finkielkraut s’annihile donc, pour lui-même, toute influence véritable de travailler vers le mieux pour la France, en ne lorgnant l’avenir qu’il souhaite pour son pays que par le trou de serrure du passé qu’il révère mais qui est révolu à tout jamais.

L’homme français du XXIe siècle qui, dans sa variété, est une sorte de réceptacle des effets inéluctables de la mondialisation, est bien la mesure de l’être et du non-être français. Et celui-ci est composé de différentes cultures qui, dans le cadre de la liberté, le bien majeur de notre patrie, sont légitimes à penser l’avenir de la France, tant que ce qui en est le résultat ne provoque ni la haine, ni l’illégalité. « L’homme est principe du futur », disait Aristote. Il en est de même de l’être français, qui tire son futur de son passé, certes, mais aussi de son présent. C’est pourquoi M. Finkielkraut devrait méditer ces paroles de David Hume : « C’est seulement par la coutume que nous sommes déterminés à supposer le futur en conformité avec le passé ».

Conclusion

Alain Finkielkraut est l’archétype même du philosophe qui se laisse aiguiller par son a priori (l’idée qu’il se fait de l’être français), pour philosopher. Loin d’accoucher d’une vérité préexistante à soi, sa pensée ne cherche simplement qu’à dénoncer un état de fait qu’il ne comprend pas. Même s’il a des jugements sur certains aspects négatifs de notre société qui sont réels, il n’en demeure pas moins déconnecté de la réalité, et ce, au nom de principes directeurs (son idée de la laïcité, la galanterie, l’être français, l’identité française…) qui faussent son jugement. Cependant, ce n’est pas en le délégitimant qu’une pensée islamique gagnera en authenticité. Elle doit plutôt présenter des idées à M. Finkielkraut, pour que celui-ci, comme d’autres philosophes, reconnaisse aux musulmans le droit de philosopher selon leur propre prisme.

Sur le même sujet :

  1. Le Point n° 2143, octobre 2013.
  2. Mais nous devons écarter toute idée d’islamophobie chez lui, car il se dit contre toute attitude qui consisterait à dire que l’islam est incompatible avec la République, idée de laquelle découlerait le fait que les musulmans n’auraient rien à faire en France.
  3. Voir les écrits consacrés à ce courant d’idées parus sur saphirnews.com, nawaat.org et oumma.com.
  4. PISA 2013 : le décrochage de l’école française est confirmé, Les Échos, 9 décembre 2013.
  5. Emmanuel Kant, Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, 1784.
  6. « Nous vous avons répartis en peuples et en tribus, pour que vous fassiez connaissance entre vous » Coran, s. 49, v. 13.
  7. Abdelwahab Medeb, Écriture et double généalogie, 1991.
  8. Edgar Morin, Introduction à la pensée complexe, 1990.
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  • On peut dire que l’auteur, de son côté, lorgne l’avenir du pays par le trou de serrure du présent et l’on à l’impression à la lecture de son article qu’il souhaite bien garder la porte vers le passé fermée, parce que l’ouvrir, c’est contempler 1000 ans d’histoire de France sans présence musulmane aucune.
    Pourtant, on peut comprendre que les français ont voulu, il y a maintenant deux siècles, tirer un trait sur une histoire de la pensée enfermée dans le carcan de la religion chrétienne. Ce n’est pas pour aujourd’hui regarder l’avenir par la fenêtre étroite du niqab islamique.
    Faire de belles phrases en français, cela démontre effectivement de la culure, mais je ne vois pas de différence fondamentale entre les a priori de certains et le prisme musulman de la pensée des autres…

    • En Français y’ a plus de mots d’origine arabe que gaulois …

      • Qui est Arabe..quel pays d’origine…si c’est l’Algérie. …c’est ma culture qui est Arabes ante. …pour le sang il faut savoir que des dizaines de milliers de méditerranéens non Arabes razzias depuis le moyen âge …..l’Afrique du Nord aujourd’hui peu se revendiquer Arabie ante ….mais sa par génétique ne non sémite est impressionnante. .!

      • « En Français y’ a plus de mots d’origine arabe que gaulois … »

        Et même si c’était vrai, les gaulois c’était il y a 2000 ans, puis vinrent les Francs… mais toujours pas d’arabe pendant les 1000 dernières années. Vous êtes donc hors de mon sujet. Pour votre gouverne, les mots d’arabe dans notre langue s’expliquent sûrement par la présence des français au Maghreb pendant plus d’un siècle et leur retour il y a cinquante ans.

        • Bonjour,
          les mots gaulois sont difficiles a identifiés car les langues celtiques se font rares et ont beaucoup évoluées… on retient quand même bagnole, char ou trogne ! Ce sont souvent des mots savoureux.
          Les mots arabes en français sont venus avec les produits qu’ils désignent : abricot, échalote (oignon arabe)… mais aussi jupe, qui a plus de succès en Europe qu’en Perse ces dernières années…
          Bien entendu, les sciences ont été largement pourvu : algèbre, alambic, alcool…
          Les mots récupérés pendant la colonisation sont plus triviaux : bled, toubib… et le délicieux ‘adache’, synonyme de lointain, et qui signifie onze. Après dix, c’est adache…

  • Il fallait lire « culture » dans le dernier paragraphe , désolé.

  • Il me semble en effet utile de dire que l’une des composantes tout à fait fondamentales de la culture (ou de l’identité) française actuelle est que la religion ne doit jouer aucun rôle dans la structuration de la société (bien sûr, ça n’a pas toujours été le cas). Toute personne qui soutient le contraire se met donc de ce simple fait en dehors de cette collectivité nationale, quelle que soit la religion à laquelle elle se réfère – islam, catholicisme ou autre.

    • …  » l’une des composantes tout à fait fondamentales de la culture (ou de l’identité) française actuelle est que la religion ne doit jouer aucun rôle dans la structuration de la société  » …

      Ah tiens ? Source ? Lien ? Textes ? Documents ?

      • pourquoi ? vous n’êtes pas d’accord ?

      • PRÉAMBULE DE LA CONSTITUTION DU 27 OCTOBRE 1946

        Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et les libertés de l’homme et du citoyen consacrés par la Déclaration des Droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République.

        • Où est-ce écrit que la religion n’a pas le droit de participer à structurer la société ?

          • ce qui fait le fond de l’art de vivre « à la française » n’est écrit nulle part. Par exemple la galanterie, que cite justement Adel Taamalli. Inutile de chercher « où c’est écrit ».

  • « […] le voile n’empêche pas la relation sociale d’opérer, ni la mixité d’exister.»

    Vous m’en dirai tant…

    • La dernière fois que je suis allé à Ikea, la vendeuse voilée n’avait l’air d’avoir aucun problème dans ses relations clients, même avec les hommes. Mais bon, ça se passe dans un pays un peu plus ouvert que la France.

  • Ce qui gêne les Français dans le voile, c’est qu’il les renvoie à la soumission et à l’inégalité entre les êtres humains. Alors que leurs ancêtres se sont battus pour que tous soient libres et égaux en droits.
    L’Islam ne cesse de jeter à la figure des Français que les Hommes sont soumis et inégaux en droits. De quoi leur faire rejeter cette organisation socio-religieuse avec virulence car elle n’a rien de français justement.

    Ceci dit je n’ai pas très bien compris où voulait en venir le rédacteur de l’article et ce qu’il voulait démontrer.

    • Tu as raison Pascale, cet article est bien confus, et c’est la marque même d’un islamisme déguisé. L’Islam aujourd’hui , n’est malheureusement pas celui qu’imaginait Averroes ( ceux qui s’en réclament sont très minoritaires), mais bien celui du fanatisme et des attentats aveugles : en 24 heures deux attentats suicides à Volgograd. Inutile de rappeler le fiasco des « printemps arabes », la guerre en Syrie et les théocraties du Golfe qui sont derrière les mouvements terroristes.
      Les français de confession musulmane n’ont jamais été clairs sur le terrorisme,ils devraient être en première ligne pour le dénoncer, demander haut et fort la libération des otages mais leurs voix sont inaudibles. Quant au port d’habits religieux, il est est la marque d’un islam politique, militant et rien d’autre.
      Depuis le 11 Septembre , le monde est entré en guerre contre ce terrorisme islamique.
      C’est pourquoi un tel article n’apporte rien et on se demande pourquoi il apparaît sur un site libéral.

      • Le terrorisme islamique, celui qui est armé et financé par les occidentaux et leurs alliés du golf ?

        Pour les Français musulmans devraient être en première ligne pour dénoncer des crimes qu’ils n’ont pas commis ? Vous êtes où quand les États occidentaux passent leur temps à envahir et bombarder la moitié de la planète, massacrants femmes et enfants sous le doux euphémisme de dommages collatéraux ?

        « Quant au port d’habits religieux, il est est la marque d’un islam politique, militant et rien d’autre. » Ou bien de la pratique de sa religion.

    • Tout le monde a le droit de s’habiller comme il veut, sauf les musulmanes. Elle est belle l’égalité en droit à la française.

  • « ce qui a été pensé avant nous ne provient pas simplement de la France, mais aussi, en ce qui concerne beaucoup de musulmans, du monde islamique ». C’est vrai et c’est bien là le problème du choc des civilisations
    Le problème de votre pensée, c’est que vous pensez en tant que musulman, de même que certains pensent en tant que juif, et d’autres en tant que chrétien. Ce n’est pas un reproche: c’est un fait.
    Et à partir de là vous ne pourrez jamais être satisfait, car un » vrai musulman » ne saura jamais trouver son idéal en France et croyez moi je connais beaucoup de musulmans et depuis des années. Un « vrai musulman » rencontrera, aussi, beaucoup de difficultés pour être accepté, cela complique encore plus la situation.
    Vous vivez « une vérité » la vôtre qui est bien souvent inconciliable avec les autres.
    Or la vérité se cherche ….comme je l’ai dit je connais beaucoup de musulmans, je n’en connais pas qui doutent!
    Le Coran est immuable écrit de toute éternité. De mon point de vue cela ferme à tous jamais le dialogue vrai avec les autres. Les hommes qui cherchent peuvent s’entendre et chercher ensemble, ceux qui sont sûrs d’avoir trouvé ne peuvent que tenter d’imposer aux autres leur vérité,( quelle que soit la manière, aimable, discrète, ou tapageuse et vindicative) ou finir par entrer en conflit avec eux.
    Vous faîtes bel et bien le grand écart, et cette position est très inconfortable, ne peut être que douloureuse à long terme. Le plus grand risque pour vous est d’être ni Français, ni musulman au bout du compte. Pas simple, bon courage.

  • Posons-nous la question suivante : si l’islam avait été créé il y a très peu de temps, si les musulmans étaient peu nombreux dans le monde et en France, pensez-vous que les gens (élites ou pas élites) parleraient de l’Islam comme d’une religion comme une autre, de paix et d’amour, qui est juste mal interprété par certains ? Non, ce mouvement serait dénoncé pour ce qu’il est : un totalitarisme ignoble. Il faut lire Coran et Hadiths pour y trouver de quoi être révolté. Tout y est. N’est pas faux-musulman l’intégriste, au contraire il est lui le vrai musulman, il ne remet pas en cause le livre car il sait qu’il est la parole de Allah et qu’elle n’est pas négociable. Le faux-musulman c’est lui qui prend le bon et nie le mauvais dans le Coran et les Haddiths. Premier point.

    Ensuite, et c’est lié au premier point, tout est question de démographie. L’islam, l’intégration, l’assimilation, ne poserait aucun problème si le nombre étaient plus faible. Or étant devenu une immigration de peuplement, là commence le problème. Un libéral pur jus si je puis dire aura beaucoup de mal a comprendre qu’une collectivité veuille réguler l’immigration, or je crois qu’un liberal peut concevoir que les nations existent, les peuples, et que c’est aussi le droit d’un peuple de chercher a rester la nation qu’elle souhaite. Le liberal reconnait le droit de discriminer, et bien les français à mon sens ont le droit de ne pas vouloir laisser leur pays devenir majoritairement arabo-musulman, comme il ne me choquerait pas que des africains ne veuillent pas que leur pays deviennent majoritairement blanc, ou que des sud-américains ne souhaitent pas que leur pays deviennent majoritairement asiatique. Les nations ont une ADN, évidemment si on ne reconnait pas les nations en tant que libéral on ne comprend pas et on se refuse a ce contrôle migratoire et cette injonction à s’assimiler, elles ont une ADN et c’est comme une famille. Je crois sincèrement que la comparaison avec votre maison est juste, vous avez une maison, vous avez le droit de dire qui rentre, combien et comment ils doivent se comporter chez vous. Si ça ne leurs plaît pas, s’ils s’estiment victimes d’un anti-libéralisme horrible qui les brime (étonnant pour des musulmans mais passons) alors ils peuvent retourner dans leurs pays d’origines ou chercher ailleurs.

    Résumons, les français « de souche » (disons d’origine européenne et chrétienne) sont tout à fait d’accord avec le principe de la société multi-raciale, multi-religieuse, mais veulent rester largement majoritaire pour conserver l’ADN de leur nation, de leur peuple. Ils seront donc prêt a une immigration totalement libre si elle était occidentale, mais pour les cultures différentes (extra-occidentales, extra-européennes) ils veulent un contrôle afin de ne pas se faire déborder démographiquement et perdre ainsi ce qui fait leur nation, leur famille, leur peuple, leur culture, depuis des siècles. Ils accepteront un certains nombre d’extra-européen, et leurs demanderont de s’occidentaliser un minimum, de ne pas vivre ici comme ils vivraient dans leur pays d’origine (vêtement, langue, coutûmes qui choquent les autochtones). C’est l’inverse du multi-culturalisme, plus libéral, niant toute ADN figée d’une nation et d’un peuple, mais c’est l’histoire de la France, et la garantie de la paix… car les principes libéraux là-dessus sont très beaux, comme tous les principes libéraux, mais ne soyez pas naifs, si la démographie arabo-musulmane augmente dans ce pays, et si le principe de l’assimilation est en plus définitivement renié, vous aurez la guerre civile au bout, dans quelques décennies. La Guerre d’Algérie bis, sur notre sol, et je crains que le choix sera « la valise ou le cercueil » en sens inverse. Les libéraux doivent prendre acte de la culture française sur ce point, en opposition avec le multi-culturalisme libéral, sinon on va au devant de grand drame par purs principes… or il me semble qu’un coup de canif dans la philosophie libéral sur la régulation des flux migratoire extra-occidentaux et le principe d’assimilation ne sont pas de grand affront au libéralisme mais un accommodement raisonnable à mettre en balance avec les drames qui arriveraient si nous ne le faisions pas.

    • Si les Français ne veulent pas que leur pays devienne « arabo-musulman », rien de plus simple, ils n’ont qu’à pas leur vendre de terrains et de maisons ou leur en louer. Pas besoin de l’État pour réguler les flux migratoires. Bien sur, le risque c’est que vous ayez complètement tort et que les Français s’en foutent de « l’ADN » de leur nation.

      • Ah parce que la France est une société libre qui a toujours traité le sujet de l’immigration comme les libéraux l’entendent?? C’est une blague..
        En disant ça tu fais comme tous les politiques qui, échouant, mettent la faute sur la liberté alors même que le problème vient justement du fait qu’on l’a toujours empêcher de jouer son rôle.
        Cet article est mal écrit, confus, il ne dit rien; on se demande en effet ce qu’il fait sur ce contrepoints. Attention d’ailleurs à force de vouloir beaucoup publier que le site ne devienne pas une poubelle remplie de torchons dans le genre..

  • On peut tourner la question dans tous les sens : il existe des musulmans modérés, près à faire des concessions, à s’occidentaliser, il y a des musulmans radicaux, des musulmans intelligents, des cons, des érudits, des analphabètes etc…

    Il n’en reste pas moins que fondamentalement, la doctrine islamique est incompatible avec la société occidentale. Point. À la fin les radicaux auront toujours raison parce que les textes vont dans leur sens. Il n’y aura jamais d’intégration harmonieuse, mais une société de plus en plus conflictuelle et fragmentée à mesure que le remplacement de population voulu par l’oligarchie se poursuit.

  • Ce texte est profondément ambiguë. Le titre nous annonce une « Critique islamique de la pensée d’Alain Finkielkraut ». On s’attend donc à prendre connaissance de l’apport de la pensée islamique sur la question de l’identité d’une nation par exemple. Mais… rien du tout. L’auteur déroule son fil comme une dissertation du bac philo engluée dans une profusion de citations hétéroclites (Hannah Arendt, Descartes, Tocqueville, Kant, Rousseau, Voltaire, Condorcet, Platon, Levinas, Blanchot, Edgar Morin, Aristote, Hume…). Qu’y-a-t-il d’islamique dans toutes ces références ? Où est la « critique islamique » annoncée ? Nulle part, il s’agit juste « d’une » critique, faite par un musulman.

    L’auteur nous donne une liste de noms (Al-Ghazali, Averroès, Ibn Battuta, Ibn Khaldoun, Mohamed Abduh, Mohamed Iqbal, Muhammad Assad) mais sans jamais se référer à leur pensée, quelle est-elle ? et quel est son apport au débat ? On ne le saura pas. C’est qu’aucun de ces auteurs, théologiens, poètes ou politiciens n’a envisagé l’islam autrement que comme référence ultime, absolue, à l’exception peut-être d’Averoès. Et il y a certainement eu plus de lecteurs d’Al-Ghazali, d’Averroès, de Ibn Battuta et Ibn Khaldoun en occident que dans le reste du monde islamique, où je ne suis même pas sûr qu’ils soient réédités.

    Alors comment réfuter Finkielkraut et son « identité française » dans une optique « islamique » ? Avec un petit couplet sur Léonarda ? et en finissant sur un cliché multiculturaliste sans originalité ? Ca ne fonctionne pas. Ce texte est révélateur du fait qu’au cours de son histoire, jamais l’islam ne s’est pensé autrement que comme un système dominant. Le problème c’est que cette évolution se fait attendre et qu’on ne voit toujours rien venir, à part quelques timides balbutiements.

    M. Taamalli nous livre aussi cette définition en négatif de la France : « celle-ci n’est pas une essence immuable et « englobante » qui serait un système de références fini et fermé sur soi ». D’accord, mais charge à vous de nous démontrer que cette définition s’applique aussi à l’islam.

  • Intéressant. Je n’ai pas lu le livre d’A.Finkielkraut et ne pourrais pas en discuter. Il m’apparaît comme un nostalgique d’une certaine idée de la France.

    Dans le paragraphe « Les limites de l’élite politique », vous évoquez la perte d’un patrimoine culturel au sein des élites françaises.
    Auparavant, les gens destinés à faire partie de l’élite se devaient de maîtriser les Humanités: un corpus de savoir en apparence inutiles.
    A mon sens cette éducation se révélât de prime importance dans la domination de la France sur le reste du monde à une certaine époque. Aujourd’hui il est préférable de s’orienter dans un cursus de science dure, voire le droit.

    Je vous rejoins sur l’essentiel. Cependant,je m’interroge sur la raison d’introduire dans votre critique l’Islam, les musulmans ?
    Votre critique est intéressante d’un point de vue philosophique et sociale mais pourquoi parler spécifiquement des musulmans et pas des Vietnamiens par exemple qui composent eux-aussi le peuple français ?

    Je pense que justement c’est un des points de crispation. La plupart de mes discussions politiques avec des gens de toutes origines se cantonnent à des aspects économiques, sociaux, moraux etc… Ce n’est qu’avec des citoyens musulmans qu’il faut revenir souvent à la religion. Ce qui est aussi la conséquence d’une pesanteur ambiante, d’un climat actuel malsain, c’est vrai.

    Si je prend l’exemple du foulard. Nombre de jeunes femmes le porte par contestation. Ce qui est leur droit. Mais je suis gêné que leur revendication passe par un objet religieux. Cela me dérange moins qu’un jeune porte un T-shirt du Che ou de K.Marx. Elle ne sont pas interdite de croire ce qu’elles veulent croire.

    Vous dites qu’il existe une discrimination à l’embauche des femmes voilés. Mais il en existe aussi pour les laids, les grands et les petits. Quel est le problème? Voulez vous une intervention de l’état supplémentaire?
    Voulez-vous que l’on crée des emplois aidés pour les femmes voilées ?

  • Vous dites, dans votre long et alambiqué préambule : « Les découvrir, se les accaparer pour les disséquer en toute intelligibilité, ne serons, inchallah, que de bonnes actions en elles-mêmes… » Vous vous adressez donc à un public majoritairement non-musulman, et vous invoquez votre dieu en faisant comme si il était aussi le dieu de autres, autrement dit vous l’imposez comme une évidence allant de soi ! Et c’est tout à fait ce qu’on reproche aux musulmans, c’est d’afficher d’emblée, comme avec le voile, vos certitudes avant même d’entamer un échange que nous espèrerions serein et objectif ! La suite confirme cette posture. En conclusion, vous avez encore beaucoup de travail à faire sur vous-même avant d’atteindre le droit de critiquer un homme de la qualité d’Alain Finkielkraut, Monsieur.

  • @elvin: J’ai entendu récemment quelqu’un dire (je n’ai pas retenu qui): « On se trompe en voulant laïciser la société, alors qu’au départ c’est l’état qu’on veut laïque ». Pour ma part, je suis athée née dans une famille catholique, mais je pense que la valeur qui était derrière la laïcité au départ, c’était la tolérance. Nous observons actuellement une dérive où l’on confond laïcité et éradication du religieux dans la société…
    Je suis assez d’accord avec :
    http://www.slate.fr/story/53393/juif-francais-laicite-intolerance
    Même si ce texte est plus clair lorsque l’on comprend que la laïcité, ce n’est pas l’éradication du religieux mais la limitation des libertés des uns là où commence celle des autres…

    • @Lily
      Je suis assez d’accord avec vous, et je reconnais que mon post précédent était trop schématique (d’où ma réponse à Nick de Cusa visant à préciser le désaccord).
      Je suis moi aussi athée né dans une famille catholique, et maintenant libéral (certains diraient « ultralibéral »), Je pense donc que chacun a le droit de faire ce qu’il veut tant qu’il ne nuit pas aux autres et qu’il ne les prive pas de cette même liberté.
      Cela dit, la question est un peu plus complexe, En bon libéral, je distingue la loi (ce que le pouvoir peut sanctionner) de la morale ( ce qui est considéré comme bien, mais que le pouvoir n’a pas le droit de sanctionner).
      Or au niveau de la loi, le Coran ne fait pas la distinction entre loi religieuse (qui pour nous relève de la morale invividuelle) et loi civile, et il me semble que la majorité des musulmans, même modérés, pense de la même façon, Or dans la tradition française, la loi civile doit respecter toutes les religions en n’en favorisant aucune. Conflit fondamental avec l’islam.
      Au niveau de la morale, cette même tradition française invite à traiter de la même façon les adeptes de toutes les religions, autrement dit à ne pas tenir compte des religions de nos interlocuteurs dans nos relations avec eux, Bien sûr, chacun est libre de le faire ou non, mais celui qui se comporte de cette façon « laïque » est plus « français » que celui qui se comporte différemment.
      A mon avis, ceux qui ont assimilé et pratiquent cette morale, qu’ils soient ou non français « de souche », ont parfaitement le droit de rejeter les immigrés de fraîche date qui prétendent imposer leurs lois religieuses en tant que lois civiles ou convertir tout le monde à leurs idées, ou même qui veulent vivre en communauté avec leurs coreligionnaires, par exemple en interdisant à leurs enfants de fréquenter ou d’épouser ceux d’autres religions.
      Et à mon avis la loi française devrait exiger des candidats à l’immigration qu’ils s’engagent sur ce point, de la même façon que pour entrer aux USA, il faut (fallait) s’engager à ne pas tenter d’assassiner le Président.

  • « Personne ne peut m’imposer son idée de l’être français, par même celui qui révère l’Histoire de notre pays. Je suis autant légitime qu’Alain Finkielkraut à me dire Français, et à faire le choix qui me convient. »

    Je crois que vous vous égarez un peu, confirmant par ailleurs mon premier commentaire.
    S’il s’agit d’un concours de francité,ALAIN me semble plus français qu’ADEL, mais peu importe, en France chacun fait le choix qui lui convient; l’Histoire (contemporaine, celle là) montre que dans de nombreux pays ce n’est pas le cas.
    Je me répète mais, comme je l’ai écrit: pour avancer il faut écarter les certitudes, il faut douter… La seule certitude que nous ayant étant notre propre fin et là seulement nous saurons ( ou nous ne saurons pas) la Vérité. En attendant cet instant privilégié, et de tout temps des hommes pleins de certitude orgueilleuse se sont servi de Dieu pour leurs fins bassement humaines… au regard de Dieu ( ou d’Allah) ces hommes là doivent être les pires de hommes, et je m’interroge s’il ne leur préfère pas un athée intègre.

  • Cher Adeĺ Taamalli

    J’ai été très touché par ce que vous écrivez. Votre franchise m’a ému, vos arguments m’ont intéressé. Je serai heureux que nous nous rencontrions pour poursuivre la discussion plus avant.
    Pouvez vous me laisser vos coordonnées sur l’adresse mail de mon épouse Sylvie Topaloff.
    Bien à vous
    Alain Finkielkraut

    • Bonjour M.Finkielkraut,

      Je me charge de prévenir M.Taamalli de votre message et nous nous ferons fort d’organiser cette rencontre.

      Cordialement,

      Léopold Saroyan

    • @ M .Fienkelkraut

      Si vous pouvez consulter la proposition que j’ai adressé ci-dessous à M. Saroyan; elle vous concerne également. Le problème évoqué est sensible, et il me semble que l’ouvrir à des personnalités diverses pourrait nous éclairer davantage.

  • @ A M.SAROYAN
    Sans développer, je ne peux que vous dire que cette rencontre entre M.Fienkelkraut et M. Taamalli ( ds l’ordre alphabétique!) ne pourra guère nous éclairer, nous connaissons la position de M. Fienkelkraut, nous connaissons par son article celle de M.Taamalli. Il serait plus audacieux et intéressant, qu’au côté de ces messieurs vous invitiez un intellectuel immigré Chinois, un intellectuel immigré Africain, un intellectuel immigré Iranien, un intellectuel immigré Russe. Il n’y aurait pas débat, chacun de ces invités dirait ce qu’est la France pour lui ( en 10/15 minutes). Dans une autre émission ou une autre conférence. MM. Fienkelkraut et Taamali donneraient leur point de vue sur les interventions des invités. Il serait bien sûr indispensable que tout cela soit publié sur Contrepoint.
    La France étant diverse il serait même possible de renouveler l’expérience avec un immigré Pakistanais, un immigré Croate, un immigré, Vietnamien etc.
    Meilleurs vÅ“ux à vous et à l’équipe de Contrepoint

  • Article confus, plein de tournures qui se veulent douces et humbles pour enfin arriver à une conclusion dont on se doutait bien : Finkielkraut se laisse emporter dans son élan, ne sait plus ce qu’il dit, en somme, il fait un peu de peine…
    Alors on lui sort des citations d’Aristote, de Platon ou d’Hume, afin qu’il puisse « les méditer », et on convoque Rousseau, Voltaire et Condorcet – qui doivent bien se demander pourquoi on les embarque dans cette galère.
    Cette bouillie sucrée, présentée avec une fausse modestie mal maquillée, est pédante et indigeste. Et trop longue.
    Vous aimez les citations ? La prochaine fois que vous prenez le stylo, pensez à Saint Exupéry « …lorsqu’il n’y a plus rien à retirer »

  • Bonsoir à tous

    Tout d’abord, je tiens à remercier tous ceux qui ont pris la peine de lire mon article et/ou le temps de rédiger leurs commentaires.

    Je souhaite aussi particulièrement remercier Alain Finkielkraut de son message, ce qui dénote que la pensée gagne à croire en la sincérité de tous les contradicteurs, car cela ouvre au vrai débat, c’est-à-dire à la considération de l’autre tel qu’il se présente, pour ensuite lui présenter éventuellement des désaccords, même profonds.

    Je réagis ici car je souhaitais éclaircir certains points qui ont été soulevés par les réactions.
    Je répondrai aux commentaires d’Abitbol , Elvin, Pascale, Gauthier, GEMGOZ, JP, Njall, reeko et Pythéas

    Abitbol,

    Vous dites que je lorgne l’avenir du pays par le trou de serrure du présent. Cela n’est pas exact. Je dis clairement que la confrontation à la culture d’Alain Finkielkraut permet de gagner un esprit plus en phase avec son époque, lequel est le résultat de l’histoire telle qu’elle a évolué. Ma référence à la double-généalogie d’Abdelwahebb Meddeb est un autre indice de l’importance que j’accorde au passé non musulman de la France, qui est aussi mon héritage, auquel, cependant, j’adjoins celui qui provient de mes « ancêtres » pour construire une nouvelle réplique de l’être français, mais aussi de la pensée française.

    Simplement, je pense que tout philosophe, avec Descartes, se doit de se vaincre plutôt que le monde lorsqu’il agit sur celui-ci. Cela veut dire que la recherche du mieux pour notre société ne peut passer outre son intersubjectivité. Ceci n’est pas aisé, complexe même et loin des simplifications. Mais cependant, l’action philosophique, de mon point de vue, ne doit pas simplifier les choses car le Vrai en ce qui concerne l’homme est chose ardue et très difficilement repérable.

    Enfin, je parle de mon a priori musulman. C’est que j’use de la liberté de notre pays qui nous donne le loisir de leur faire. Ceci est un droit constitutionnel. Vous avez le droit, et je défends votre liberté de l’exprimer, de ne pas souhaiter que la construction de l’avenir de la France se fasse aussi par l’entremise de citoyens musulmans qui tenteraient pacifiquement de la penser en fonction de leur a priori et d’en diffuser le résultat en toute intelligibilité.

    Elvin,

    Cela n’est pas vrai,à savoir que la religion ne doit jouer aucun rôle dans la structuration de notre société. Car la laïcité n’oblige absolument pas d’agir en fonction de son prisme et de son éthique religieux pour penser l’organisation de la Cité. La démocratie chrétienne ou Christine Boutin en sont des exemples flagrants, quelle soit la valeur que l’on peut accorder par ailleurs aux idées politiques qui sont défendues ce courant ou cette femme politique.

    Pascale,

    Je comprends tout à fait votre sentiment face au voile, surtout au vu de la place de femme dans la culture française. Cela étant, il est important de noter que des femmes qui choisissent librement de le porter le font pour traduire dans leur habillement l’idée de la pudeur qu’elles se font, en s’inspirant des textes qu’ils considèrent avoir une portée éthique et religieuse.

    Mon texte consistait à développer une critique intelligible de certains points de la pensée d’Alain Finkielkraut, en considérant la sincérité de ses propos, et en tentant une légitimation d’une pensée qui se dit islamique, mais aussi occidentale. C’est l’objet même de ce que j’appelle l’occidentalisme islamique.

    Gauthier,

    J’espère que cela est clair lorsque j’affirme que je condamne tout acte terroriste, quel qu’ils soient, et cela, au nom même de mon a priori religieux.

    Je rajouterai que vous « essentialisez » l’islam, parce que certains, très minoritaires mais possédant un impact médiatique indéniable, commettent des attentats visant des civils au nom de cette religion. La complexité du monde devrait pourtant vous indiquer que les choses ne sont pas simples, et observer que la majorité des musulmans ne sont pas terroristes ou islamistes.

    Enfin, pouvez-vous m’expliquer en quoi vous avez trouvé le texte confus ? Et surtout, pourquoi, si cela est le cas, serait-ce la marque d’un islamisme déguisé ?

    GEMGOZ,

    Je vous rassure. Je pense pouvoir trouver la paix de l’âme et de l’esprit dans un pays non-musulman qui est le mien, même si je suis musulman et que je pense en fonction de mon a priori (mais pas simplement, car, comme vous, je suis un être doué de raison et de bon sens).

    L’islam est une religion du témoignage. C’est pourquoi, et cela est une bonne chose, des penseurs musulmans ont parlé du monde occidental comme étant la « Maison du témoignage », alors qu’il a historiquement été pensé en tant que « Maison de la guerre » (entendue comme endroit où la conquête peut se faire). Il n’est pas possible, si l’on possède des convictions profondes, de les renier ou de les taire, même si les voisins ne les accepteraient pas. Je vous avoue, cependant, que dans ma vie quotidienne, je n’ai jamais ressenti de rejet, du fait de ma religion ou de mon éthique.

    Selon moi, l’islam est une religion qui accepte qu’on en nie la véracité. Puisque l’homme a été créé par Dieu, selon moi, libre de nier Son existence. C’est pourquoi je pense que tout musulman qui pense détenir la vérité en tant qu’Idée intime, peut très bien s’extérioriser de soi et accepter, comprendre et dialoguer avec d’autres personnes qui pensent détenir une autre vérité en tant qu’Idée intime.

    Je suis conscient du fait que la voie dans laquelle je m’engage n’est pas aisée, puisqu’elle évite les simplifications et tente de comprendre puis de rendre compte de la complexité des choses. Je n’ai toutefois pas l’impression de faire le grand écart car je me sens français et musulman à la fois, c’est-à-dire attaché à ma nation et aux droits de l’homme qu’elle porte et croyant en une religion dont je cherche à me rendre intelligible, à moi-même, l’éthique, et ce, en fonction de mon contexte de vie.

    Je vous remercie pour vos encouragements.

    JP,

    Votre idée du risque d’éclatement encouru par notre nation dans l’avenir implique de penser en fonction de l’état complexe de la société. C’est d’ailleurs l’absence de cette logique que je critique le plus négativement chez Alain Finkielkraut.

    Quant à votre premier point sur les suites données à la condition d’une apparition de l’islam dans notre époque, je ne peux répondre de l’inconnu. Simplement, les enseignements que je tire de l’islam me font dire que le prophète Muhammad s’inscrivait intégralement dans son époque dont il adopta les pratiques, ce qui facilita le développement du nombre des adeptes de l’islam. Peut-être un tel prophète aurait utilisé les valeurs qui ont cours dans notre époque, le cœur de son message étant avant tout de rendre audible le culte du Dieu unique.

    Enfin, la France possède une chance unique. Celle d’inventer une société multiculturelle harmonieuse. Et donc d’être à l’avant-garde, comme lorsqu’elle fut le théâtre de la Révolution qui bouleversa considérablement le monde. Surtout si l’on pense, avec Kant, que la Société cosmopolitique mondiale verra réellement le jour (ce que je crois, du fait de la mondialisation, qui ira en grandissant et qui imposera à l’humanité de s’unir à l’échelle planétaire, dans un avenir certes lointain, mais qui fait partie des éventualités logiques).

    Njall ,

    Vous avez tout à fait raison. Mise à part l’allusion au verset sur la connaissance mutuelle des peuples, et celle relative à ce qui provient de la culture islamique, je n’ai pas assez utilisé de sources islamiques. J’aurai pourtant pu parler du fait que Dieu est le temps selon un hadith (parole prophétique), et donc que le destin (des hommes, comme des nations) est, selon l’a priori islamique, une chose voulue avec sagesse par le Seigneur. Ainsi donc, ce point serait entré en accointances avec le fait que les musulmans occidentaux doivent considérer leurs les éléments de culture et de civilisation produits historiquement par les pays dans lesquels ils vivent et qui ne sont pas traditionnellement d’appartenance à la sphère islamique du monde. De même lorsque je demande à Alain Finkielkraut de prendre compte de la société telle qu’elle est s’il souhaite approcher de la vérité au sens philosophique du terme. Un autre fait islamique aurait été de dire, dans le cadre du développement sur l’école et de l’appel à sa défense, que le prophète de l’islam encourageait quiconque « d’aller chercher la connaissance, même si pour cela il fallait aller jusqu’en Chine ».

    Je vous invite par ailleurs, pour faire écho à votre critique sur l’absence d’appuis argumentés tirés des auteurs musulmans cités, à lire Mohammed Assad. Son « Chemin de la Mecque, » qui raconte son itinéraire, depuis son enfance de juif autrichien descendant de rabbins, né au début du XXème siècle, jusqu’à son inclusion effective au sein de la société bédouine de l’Arabie saoudite des années 1920-1930, en passant pas sa découverte du monde musulman, son attirance de plus en plus forte envers sa culture et ses traditions, mais aussi vis-à-vis de sa religion, sa recherche à en comprendre les fondements pour les comparer avec ceux du monde occidental d’alors, sa conversion à l’islam à Berlin, ses rencontres avec les grands du monde musulman et sioniste de l’époque. Un livre édifiant, en tout point de vue, qui exprime mieux que tout comment l’occidentalisme et la raison islamique peuvent complètement être compatibles.

    Vous avez raison en ce qui concerne la nature non « englobante » et immuable de l’islam. Car, comme je l’écris dans un texte que j’ai fait paraître sur nawaat.org (une définition de l’occidentalisme islamique), le courant de pensée que je tente de développer se doit d’acquérir une sagesse temporalisée. Je vous avoue que ma pensée est en maturation, et non mature. Et donc que je chercherai à développer ce concept de sagesse temporalisée.

    Cependant, il est clair qu’une religion se caractérise par des permanences qu’on ne peut, sans justement accepter de sortir de la logique de cette religion, nier. Ce sont, en ce qui concerne l’islam, la foi (en Dieu, en les prophètes, en les livres…), les rites (obligatoires pour ceux qui acceptent librement leur caractère d’obligation), et le but de se rapprocher de Dieu et d’œuvrer pour le bien commun.

    Reeko,

    Pour vous répondre rapidement, l’islam a bien sûr ses spécificités, non pas forcément tirés de ce qu’il porte en lui en tant que « méta-religion », mais par la force de production de l’Histoire. En revanche, l’œuvre de témoignage que des musulmans s’accordent le droit de pratiquer en ce qui concerne leur religion peut avoir fonction pédagogique, au moment même où, dans le cadre de la mondialisation où tout se sait, le monde islamique se caractérise pour beaucoup par une propension à la violence ou à l’arriération. Il en va, de mon point de vue, de l’avenir de notre nation puisque celle-ci est irrémédiablement amenée à vivre un multiculturalisme de fait, à cause d’une composition ethnique inédite de sa population.

    Pythéas,

    Merci pour cette citation que je ne connaissais pas et que je tenterai de retrouver dans son intégralité pour en comprendre la saveur. Si vous pouvez me donner l’information quant à la situation de celle-ci dans l’œuvre de St-Exupéry, je suis preneur.

    Enfin, en quoi serais-je coupable d’une fausse modestie mal-maquillée ? Et si est-ce le cas, le fond du texte serait-il tout de même invalidé par ce fait ?

    Cordialement
    Adel TAAMALLI

    • Tout cet emballage pour en arriver à un tel sophisme intellectuel:

      « Enfin, la France possède une chance unique. Celle d’inventer une société multiculturelle harmonieuse. »
      « … comment l’occidentalisme et la raison islamique peuvent complètement être compatibles »

      Seriez vous sujet à l’aveuglement idéologique et par conséquent victime de dissonance cognitive, car il semblerait que les faits et la réalité s’acharnent à vous contredire.

      Plutôt que de verser ou plutôt déverser au soutien de mon propos autant de simples faits divers dont le côté glauque serait inversement proportionnel à l’eau de rose de vos écrits, je me contenterai de vous opposer une citation de Péguy, que reprenait d’ailleurs celui dont vous faites la critique:

      « Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. »

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Le mouvement yéménite a-t-il l’autonomie et le pouvoir d’amorcer une crise internationale de grande ampleur, ou bien l’Iran est-il le véritable parrain de cette crise ? La priorité consiste à identifier les racines de cette situation, puis le déroulement des attaques récentes en mer Rouge. Enfin, vers quelles perspectives, l’intervention militaire des États-Unis, et diplomatique de la Chine, vont-elles faire évoluer cette situation ?

Le mouvement Houthi n’est nullement le résultat d’une génération spontanée, il est le produit d’un proc... Poursuivre la lecture

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