Quel est le taux de chômage réel en France ?

Le nombre de demandeurs d’emploi réel approche les 6 millions, ce qui représente un cinquième de la population active.

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Quel est le taux de chômage réel en France ?

Publié le 31 décembre 2013
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Par Yann Henry.

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L’évolution du nombre de chômeurs français est annoncée chaque fin de mois. Ainsi, une baisse de 20 500 des demandeurs d’emploi de catégorie A a été annoncée à la fin du mois de novembre dernier pour le mois d’octobre. L’Élysée n’a pas manqué de se réjouir de cette baisse en estimant qu’« un premier résultat est acquis » et que « les chiffres publiés confirment que la bataille pour l’emploi peut être gagnée ».

Quelques jours plus tard, c’était au tour de l’INSEE de publier ses chiffres du chômage (trimestriels cette fois) et d’annoncer une hausse de 0,1 point entre le 2ème et le 3ème trimestre 2013 du taux de chômage BIT en France métropolitaine, qui atteint désormais 10,5 %. Quelqu’un est au chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) s’il est en âge de travailler (15 ans ou plus) et s’il répond simultanément à trois conditions :

  • être sans emploi, c’est-à-dire ne pas avoir travaillé, ne serait-ce qu’une heure, durant une semaine de référence ;
  • être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours ;
  • avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.

Il y a donc, au 3ème trimestre 2013, 3 011 000 chômeurs au sens du BIT. On remarque que cette définition ne recouvre qu’imparfaitement celle de la DARES. Ainsi, un chômeur au sens du BIT n’est pas forcément inscrit à Pôle Emploi (et inversement). Par ailleurs, les données comparées sont corrigées des variations saisonnières (CVS), ce qui permet de comparer une période à l’autre sans biais de saisonnalité1.

Ces chiffres étant moins réjouissants, ils ont bien évidemment suscité moins de réactions de la part des membres du gouvernement ou du Président. En effet, le niveau de 10,5 % du taux de chômage correspond à un niveau qui n’avait plus été observé depuis 1997. Si l’on inclut les DOM-TOM, le taux atteint même 10,9 % :

chômage BIT

Depuis 1975, le niveau maximal de chômage constaté pour la France métropolitaine a été de 10,8 %. Il fut observé à deux périodes : une première fois au 2ème trimestre 1994, une seconde pendant les deux premiers trimestres de 1997.

De son côté, la DARES dresse en fait un portrait beaucoup plus précis de l’univers des demandeurs d’emploi, qu’elle classe en 5 catégories, indexées de A à E. Les trois premières catégories sont tenues de rechercher un emploi, pas les deux dernières :

chômage DARES
Source : DARES.

 

Si l’on prend en compte toutes ces catégories (et pas seulement la catégorie A), non seulement le nombre de chômeurs est bien plus élevé, mais la dynamique n’est plus du tout la même que celle décrite lors de la publication des derniers chiffres. En effet, d’une baisse de 20 500 on passe à une hausse de 55 900. De quoi tempérer sérieusement l’optimisme présidentiel. On arrive ainsi à un total de 55 28 900 chômeurs en France métropolitaine, ce qui correspond à une hausse de 343 000 sur un an, soit +6,6 %.

Chômeurs

À ceux-là il faut bien évidemment rajouter les demandeurs d’emploi d’outre-mer, ce qui fait monter le total à 5 854 2002. Rapporté à la population active française de 28,467 millions, le taux de demandeurs d’emploi atteint ainsi 20,6 %. Bien entendu, cet agrégat regroupe des situations hétérogènes. La situation des demandeurs d’emploi qui ne travaillent pas du tout et celle de ceux qui travaillent plus de 78 heures par mois est effectivement peu comparable.

Autre élément qui permet de limiter la portée de la ‘baisse’ du chômage : cette dernière tient davantage au dépliement des contrats aidés (notamment pour les jeunes) que du secteur marchand. En effet, le nombre de salariés du secteur marchand s’est pour sa part contracté de 15 600 sur le 3ème trimestre 2013 et de 132 500 sur un an.

La baisse du chômage annoncée est donc largement artificielle, due notamment aux contrats aidés. De plus, le nombre absolu est également sous-estimé en ne comptabilisant pas certaines catégories de chômeurs ni l’outre-mer. Le nombre de demandeurs d’emploi réel approche en fait les 6 millions, ce qui représente un cinquième de la population active.


Publié initialement sur 24hGold.

  1. Les données de la DARES sont corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables (CVS-CJO).
  2. P.15 du rapport mensuel de la DARES : Demandeurs d’emploi inscrits et offres collectées par Pôle Emploi en octobre 2013.
Voir les commentaires (9)

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  • Les fonctionnaires n’étant pas concernés, hormis cas rarissimes, par le chômage, leur nombre ne devrait pas être comptabilisé pour le calcul du taux : on arrive à 25 % de chômeurs grâce au beau modèle social que personne ne nous envie.

  • « ce qui fait monter le total à 5.854.200 » : comme l’indique le rapport, il s’agit de données corrigées des jours ouvrés et des variations saisonnières, corrections qui se justifient uniquement pour observer les évolutions.

    L’objectivité statistique consisterait à présenter les données brutes en dénombrement et réserver l’usage des données CJO/CVS aux taux d’évolution.

    Ainsi, il y a bien 5 946 600 individus en situation de chômage en France en octobre 2013, aux erreurs de dénombrement près.

  • le chomage est une rente pluriannuelle sur le contrat de travail précédent.

    beaucoup de  » chomeurs  » ne cherchent vraiment du travail uniquement quand la rente arrive à sa fin.

    parole entendu de la bouche d’un future licencié qui travaillait pour un artisant mis en redressement judiciare:  » je m’en fout pas mal, j’ai pour 6 mois de travail au noir devant moi…  »

    les bon  » bricolos  » n’ont mème pas besoin de travailler au noir: si votre femme travaille et que vous etes propriétaire de la maison, il y a des tas de chose à faire: carrelage, toiture, rénovation… et l’entretient de la voiture. quand on connait le prix horaire des garagistes et des artisants, le chomeur gagne bien plus que celui qui travaille !

    étant fils d’agriculteur, j’ai souvent essayé d’  » etre au chomage « , quand j’était jeune. malheureusement sans y arriver, comme on disait avec un collègue, à l’époque, on n’avait pas la bonne couleur: l’ URSAF savait trés bien qu’un fils d’agriculteur allait travailler sur la ferme de ses parents pendant qu’on touchait le  » chome du « .

    le chomage est une institution française, et on en est pas encore débarassé. seule la faillite de l’etat providence entrainera son recul. et encore, la france essayera de faire financer ses chomeurs par l’europe…

    • FAUX !

      Le chômage est la mise en œuvre de la garantie d’une assurance (chômage) souscrite de force. Souscrite par le biais de nos cotisations (obligatoires).

      T’as une mutuelle ? Et bien demain, même si tu as cotisé, je ne te rembourse plus ni tes frais dentaires ni des frais d’optique au prétexte que tu serais un assisté qui veut voir et mordre aux frais de la collectivité. C’est ça que tu préconise !

      Pour mémoire, l’assurance chômage n’assure pas la garantie en cas de
      – Démission
      – Faute professionnelle (lourde, grave etc.)

      L’assurance chômage ne fonctionne qu’en cas de licenciement économique qui n’intervient qu’à l’initiative de l’employeur. Sans quoi je me licencierait économiquement sans l’avis de mon employeur et prendrait effectivement des congés payés par la collectivité – Ce qui n’arrive qu’aux cadres dirigeants et aux attachés parlementaires. Pas à toi ni à moi.

      Depuis Sarkozy, l’assurance chômage est mise à contribution en cas de rupture conventionnelle de contrat qui permet à l’employeur de virer quelqu’un pour quelques petits milliers d’Euro en laissant le reste à la charge de la collectivité. C’est contre cette injustice que tu devrais t’élever.

  • Le taux de chômage réel en France est insuffisant, tant que je ne pourrai pas licencier librement dans la plus grande humiliation mes employés, il me sera impossible d’embaucher.

    Si on vous le répète depuis les années 80, c’est forcément que c’est vrai. Raison pour laquelle il serait de mauvais ton de nous demander par quelle mécanique ceci serait possible. Ça fait 30 piges qu’on répond pas à cette question. Ce n’est pas une réponse en soi ?

  • Et si l’on fait le calcul du pourcentage de la population globale (tous âges et situations confondues) qui travaille effectivement, on trouve que cela vacille entre 20 et 25 % ! C’est–à-dire, ce petit pourcentage subvient à tout le reste de la population ! Car les « chômeurs » ne sont que des personnes qui correspondent à une définition étroite. Mais parmi les « non travailleurs » il ne faut pas oublier les enfants, les retraités, les femmes au foyer, les handicapés, les malades, les étudiants, ceux qui n’ont pas de droits au chômage, et donc ne sont pas ou plus inscrits au pôle emploi, et ceux qui ne cherchent pas à travailler. Si l’on en fait l’addition, on arrive au constat que 75 à 80% de la population globale en France ne travaille pas. Notre système social peut-il survivre dans ces conditions ? Mathématiquement difficile sinon impossible dans un contexte sans croissance démographique et économique.

  • Intéressant de voir vos commentaires un an plus tard, En Mai 2014 la barre symbolique des 6 millions est franchie, sans émouvoir grand monde Personne ne dénonce cet affreux scandale statistique comme si économistes syndicats journalistes et politiques en avait peur. L’incendie enfle et on crée un rideau de fumée pour ne plus en parler, pire même les vagues de migrants, + de 200.000/an, aggravent le phénomène(voilà pour le numérateur).. On peut parler du dénominateur, les 28.5 millions d’actif. Certains veulent en exclure les fonctionnaires, aujourd’hui plus de 5.8 Millions, on peut également songer à la population incapable de travailler, malades handicapées(1.8 millions) http://www.agefiph.fr/Actus-Publications/Fil-d-actu/9-6-millions-de-personnes-handicapees-selon-l-Insee et pour être complet la population de mère de famille en congés (plus de 800.000/an). Le ratio devrait être de 6/18 soit 33%

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