Lettonie : l’Euro imposé contre la volonté populaire

62% des Lettons se disaient opposés à l’entrée dans l’Euro selon un sondage récent, mais l’intelligentsia a malgré tout imposé la monnaie unique.

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Lettonie : l’Euro imposé contre la volonté populaire

Publié le 6 janvier 2014
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Par Thibault Doidy de Kerguelen.

euro pouvoir d'achatRiga, capitale de la Lettonie a intégré la zone euro au premier janvier 2014. Trois ans après l’Estonie, la Lettonie devient le 18e État européen à abandonner sa monnaie nationale. Comme nombre de pays (dont la France), cette intégration est imposée par une intelligentsia en complète contradiction avec le peuple qui, jamais consulté, a le mois dernier répondu à 62% non à un sondage sur cette adhésion.

Il faut dire que le pays a déjà beaucoup souffert de cette volonté inflexible de sa bourgeoisie. Après une croissance impressionnante, de l’ordre de 10%, les années précédant la crise financière mondiale, le PIB s’est contracté d’un quart sur les exercices 2008-2009. Le gouvernement a alors instauré un programme d’austérité drastique, avec une baisse des dépenses publiques de 8% en deux ans qui a permis au pays de sortir quasiment de la récession dès 2010.

Mais voilà, bon nombre d’économistes se déchirent sur la question de savoir si l’assainissement de l’économie lettone n’aurait pas pu être mené à bien de manière plus progressive, avec, en particulier, un assouplissement du taux de change, autrement dit si laisser glisser la monnaie n’aurait pas donné un coup de fouet à l’économie… La rigueur l’a emporté à Riga. Plutôt que de prendre le risque du cercle infernal de l’inflation, le gouvernement a pris celui du chômage qui était monté à 16% et dépasse encore 13%. Malgré les conseils du Fonds Monétaire International, Riga a refusé de dévaluer sa monnaie, le lat, arrimée à l’euro précisément en guise de préparation à l’adhésion. À l’inverse de la majorité des pays de la zone euro, le pays disposait aussi d’un avantage : une dette publique à peine supérieure à 10% du PIB.

Toujours est-il que la Lettonie a retrouvé des taux de croissance parmi les plus élevés d’Europe, avec plus de 4,5% actuellement, qui permettraient de retrouver enfin le niveau du PIB de 2007 cette année. C’est donc un pays sain, bien géré, germanique et peu enclin au laxisme latin qui rejoint l’Euro. Pas un allié pour les membres du club Med…


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  • Il n’y a pas de bonne solution monetaire unique à un problème economique. Les acteurs ont des besoins monétaires différents, et parfois un meme acteur peut avoir besoin tantot d’une monnaie forte tantot d’une monnaie faible. La solution est de laisser le marchémonétaire libre et de laisser exister les monnaies privées répondant aux divers besoins.

  • Il me semble que la Lettonie a été remis sur pied grâce à Alain Madelin, qui était parti conseiller le gouvernement… Il me semble.

    Quant à l’UE, elle a un vrai problème avec le peuple.

  • La monnaie ressortit au domaine régalien. Le choix letton est l’exemple parfait de la non-pertinence d’une application de la loi du Nombre dans ce choix. D’ailleurs le pays est adepte du suffrage indirect en politique, les masses braillantes ne sont pas son style.
    Pour un territoire qui s’arrache à la crasse soviétique, les fondamentaux sont en voie d’assainissement, le pays-carrefour est dans l’orbite de Berlin dont il vient d’adopter la monnaie, ses marges de progression du commerce extérieur sont réelles dans le cadre d’une nouvelle Hanse en cours de constitution.
    Il ne reste plus qu’à s’enrichir. Et en travaillant, c’est possible (ben oui !).
    Nous ne les intéressons pas.
    Ils n’ont d’ailleurs rien importé de chez nous, tant au plan institutionnel que social !

    • En quoi la monnaie ressortirait-elle au domaine régalien ?

      • La monnaie d’un pays est un instrument de souveraineté et une arme dangereuse à manipuler (c’est d’ailleurs pourquoi on l’a retirée à certains pays comme on supprime les revolvers dans le coffre à jouets des enfants).
        L’euro et le bitcoin sont deux développements inédits du concept de monnaie, qui font atterrir l’école autrichienne sur le tarmac de l’essai en vraie grandeur. Intéressant, non ?

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Aurélien Duchêne est consultant géopolitique et défense et chroniqueur pour la chaîne LCI, et chargé d'études pour Euro Créative. Auteur de Russie : la prochaine surprise stratégique ? (2021, rééd. Librinova, 2022), il a précocement développé l’hypothèse d’une prochaine invasion de l’Ukraine par la Russie, à une période où ce risque n’était pas encore pris au sérieux dans le débat public. Grand entretien pour Contrepoints par Loup Viallet, rédacteur en chef.

 

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