Par Phoebe Ann Mo$e$.
Michael Schumacher, accidenté en faisant du ski entre deux pistes balisées, est dans le coma. Sa famille a dû fournir la caméra miniature qu’il portait lors des faits afin de permettre d’établir les responsabilités. Notamment vérifier que le champion automobile n’allait pas « trop vite ».
Passons sur l’incommensurable bêtise de cette expression : sont-ce les journalistes, ou la justice, qui évoquent l’idée d’aller « trop vite » sur les pistes ? « Trop » vite suppose qu’il y a un chiffre à ne pas dépasser. Or il n’y a pas (pas encore …) dans ce domaine de limitation de vitesse. Bon, alors vérifions qu’il n’allait pas tout simplement « vite ». Mais là encore, qu’est-ce que cela sous-entend ? Que parce qu’il est champion de vitesse automobile, il allait donc forcément vite sur les pistes ? On est là dans une déduction totalement farfelue. « Aller vite » se mesurerait par rapport à quoi précisément : au skieur moyen ? Au débutant qui descend toute la piste en chasse-neige ? À la moyenne de la vitesse mesurée des skieurs (des trois zones de vacances confondues bien entendu, pour ne pas fausser les résultats en cas de majorité de skieurs locaux) ? On essaie là de trouver une explication rationnelle et un responsable à un accident qui n’en a pas d’autre que la présence d’un rocher dans l’exacte mais aléatoire trajectoire de la tête d’un skieur.
Quant à la saisie de la caméra : cela signifie tout simplement que cet outil ludique peut se retourner contre son propriétaire : s’il faut désormais fournir la preuve en images d’un accident, la caméra pourrait devenir obligatoire pour toute activité un peu à risque. Pire, les pistes de ski pourraient avoir une réglementation encore plus stricte, avec pourquoi pas, des « policiers des pistes » pour la faire appliquer. Analyser des images de caméra pour valider la responsabilité personnelle d’un skieur signifie que les pistes deviennent un lieu de circulation comme un autre. Aujourd’hui, les pisteurs se contentent de faire des rappels à l’ordre, de donner des conseils. Mais si on mettait plutôt des agents de la circulation, qui verbalisent le skieur effronté, non seulement on limiterait les risques, mais en plus l’État gagnerait de l’argent ! Amis skieurs, mais aussi amateurs de sports de liberté, ne mettez plus de caméra sur votre casque !
Enfin l’autre point ennuyeux de cette histoire, c’est que les assureurs de Michael Schumacher semblent chercher des tiers responsables ou vérifier qu’il n’y a pas eu une prise de risque inconsidérée. On imagine bien que les sommes en jeu sont astronomiques. On ne demande certes pas aux assureurs d’être philanthropes, mais seulement de financer ce qu’il est logique de ne pas faire assumer à la société. On imagine sans peine que quelqu’un comme Schumacher est bardé de ce genre d’assurances, avec clauses multiples et variées, et tarifs qui vont avec. Le fait de se soustraire à leurs obligations rend les assureurs suspects de ne plus vouloir sortir de l’argent quand c’est nécessaire. Schumacher a eu un accident de ski, avec des témoins, que faut-il de plus sur des pistes ? Une caméra ? C’est fait. Des policiers des pistes ? Ça va venir. Une façon de skier sans risque, sans sortir du balisage ? Il n’a jamais fait que ce que le commun des skieurs s’accorde de temps en temps : skier juste à côté de la piste, entre une bleue et une rouge. Il aurait pu aussi bien tomber d’un pommier ou d’une échelle.
La pratique d’un sport « libre » deviendra plus encadrée si les assurances privées rechignent à faire leur travail. Jusqu’où assurent-ils finalement notre liberté ? Ce malheureux accident devrait être une « aubaine » pour les assureurs : faire valoir que ce n’est pas sur la société que va peser la prise en charge, mais que la victime a pris soin de s’assurer pour que sa liberté d’action n’ait de conséquences financières que pour lui. Au lieu de ça, ils cherchent comment ne pas payer.
C’était un accident, étymologiquement « ce qui arrive » dans la vie. À toujours vouloir chercher des excuses, des justifications ou des responsables on n’aboutira qu’à ôter le libre-arbitre, la responsabilité, les choix, donc la liberté.
Et vous pensez que qui paye en ce moment pour M.S ? Ah oui, c’est surement son vilain assureur santé…
Si il y a de telles tensions autour de cette go pro, c’est justement parce qu’elle va permettre aux assureurs de faire leur travail.
Il y a probablement un des assureurs de M.S qui va payer très rapidement et va ensuite rechercher s’il existe un responsable de l’accident. Auquel il sollicitera l’assureur de responsabilité de ce dernier.
Dans tous les cas, les assureurs quels qu’ils soient, (santé, prévoyance, dommage, responsabilité etc) vont payer.
La vidéo pose un réel problème de vie privée, pire, elle nous retire tout droit à l’erreur, bref, donc, elle retire le droit d’être des humains, elle déshumanise.
Il faut être clair, si on regardait dans la vie privée de chacun, tout le monde serait passible de qq chose, ne pas traverser sur les clous, être méchant verbalement avec qqun, dire un mensonge sur qq volontairement ou involontairement …..
La vie privée c’est tout ce qui nous sépare des juges. Et la vidéo est donc le meilleur moyen de tenir une population sous contrôle ou plus exactement de tenir chacun sous la menace d’un juge qui ne sera indulgent qu’avec les forts. Et donc, il sera très facile à un pouvoir de montrer à sa population « adorée » qu’elle a intérêt à se tenir tranquille.
Pour en revenir au ski, chacun doit savoir ce qu’il en risque pour soi-même et les autres, de pratiquer ce sport ou ce loisir, à partir de là, selon moi, chacun doit être libre d’aller skier avec ou sans assurance, on responsabilise les skieurs, c’est le meilleur moyen d’obtenir des comportements adultes dans un environnement à risque.
Et la liberté de M.S de skier avec une go pro ?
Il a cette liberté, mais il doit savoir qu’elle sera utilisée contre lui.
Après, chacun fait ce qu’il veut.
Pour le ski, c’est comme pour la voiture, une fois que l’accident a eu lieu, c’est un peu tard pour responsabiliser.
Et puis, que veut dire « responsabiliser » ?
Je parlais du ski en général.
Responsabiliser veut dire que chacun paiera ses erreurs, payer une assurance, c’est au fond, acheter une licence pour faire tout ce qui nous passe par la tête, c’est légitimer l’immaturité.
Ca me paraît une idée fausse, mais très répandue, que l’assurance conduise à l’irresponsabilité. Au contraire, payer une assurance c’est admettre que notre responsabilité risque de se trouver engagée au-delà de ce qu’on est capable d’assumer financièrement. La démarche irresponsable serait de ne pas l’admettre, de dire « qu’importe, je ne pourrai pas payer, la société se chargera du problème à ma place. »
J’attends de voir la statistique me montrant qu’il y a plus de traumatismes crâniens chez les gens bien assurés que chez les autres.
@MichelO
Mais dans le cas de l’assuré c’est pareil, il se dira : « Qu’importe, je suis assuré donc la compagnie d’assurance se chargera du problème à ma place ».
Il est vrai que la nuance est subtile.
Moi, ce qui me bloque surtout, c’est qu’à partir du moment ou l’assurance est obligatoire, alors, il y a des gens qui vous empêchent de vivre si vous n’êtes pas couverts par pleins de choses, si bien que c’est notre liberté qui est amputée.
Pour moi, la responsabilité d’assumer ses choix, permet à tous de garder sa liberté, alors que l’assurance donne des conditions à la liberté, argent, démarche administrative, déclaration ….
Non, il ne se dira pas cela. Il pourrait se le dire, mais l’expérience montre que non, quand on s’assure, ça trahit qu’on a un esprit responsable.
En fait, l’assurance n’a aucun effet sur la nature du caractère responsable ou irresponsable de la personne, elle ne le change pas. Et de toute façon, la transition de responsable vers irresponsable ne se produit à peu près jamais, sauf maladie mentale. Et assez d’accord avec vous sur les assurances obligatoires, bien qu’une bonne partie des ennuis vienne plus des monopoles que favorise l’obligation que de l’obligation elle-même.
@MichelO
Si vous aviez raison, il y a aurait pas tant de fous dangereux sur les pistes et hors des pistes, et ils sont tous assurés.
Assez d’accord sur le sens de l’irresponsabilité, un irresponsable assuré était déja un irresponsable avant de s’assurer.
Dés que l’on met des conditions, il se trouve des gens qui en prennent le contrôle et en profitent, bien souvent pour juste purger leurs frustrations, mais d’autres plus dangereux, pour s’enrichir et agrandir leurs pouvoirs.
T’as vu ça ou ? Jamais entendu parler des exclusions ?
jjp, « La vidéo pose un réel problème de vie privée, » surtout quand celle-ci se retrouve sur le net 🙁
lol, c’est clair!!
C’est MS qui portait une caméra sur son casque, personne ne l’avait contraint à le faire . Un skieur aurait par hasard filmé la scène. Jusque là, la liberté n’est pas mise en cause.
Que les assureurs veuillent se servir de ces films pour déterminer la responsabilité de l’assuré et celle de la station, montrent qu’ils font leur travail.
Deux questions se posent :
1) ont-ils eu l’autorisation de la famille de MS pour visionner l’accident s’agissant d’un matériel privé ? Si oui, la liberté n’est en rien menacée .
2) La personne qui a semble t-il – c’est à vérifier- filmé la scène , a t-elle le droit de donner son film aux enquêteurs ? Elle est libre de le faire si elle le souhaite, il s’agit d’un témoignage, ni plus ni moins, et ce n’est pas parce qu’elle a utilisé une caméra qu’elle fait le jeu de Big Brother.
Pour skier librement , les stations s’efforcent de donner aux skieurs la meilleure sécurité et c’est tant mieux . Votre liberté de skier ne pourrait se faire sans sécurité, car skier sans respecter les règles de sécurité ne fait pas de vous un homme libre, mais un inconscient même si vous avez une très bonne assurance.
Vous commencez votre article en disant qu’il skiait dans une zone inappropriée, aussi est-il parfaitement légitime que les assureurs et la station veuillent avoir tous les éléments, pour déterminer la responsabilité du skieur.
En s’engageant dans une zone à risque pleine de rochers, la vitesse n’est pas un élément sans importance surtout -et c’était le cas de MS-, si vous n’êtes pas un skieur chevronné. Beaucoup de skieurs pourront donc méditer sur cet accident -même si le risque zéro n’existe pas- et adapter leur vitesse à leur niveau : la liberté est indissociable de la responsabilité.
Il me semble que vous extrapolez un peu vite. L’espace entre deux pistes balisées n’est pas plus « une zone inappropriée » que la présence d’un caillou sur une piste balisée ne serait une faute lourde de la station. Lorsqu’on souscrit une assurance, c’est habituellement pour être couvert dans des conditions normales, c’est à dire en l’absence de prise de risque exceptionnel. Manifestement, MS, dont le niveau à ski m’a eu l’air tout à fait correct, ne prenait aucun risque inconsidéré et des témoins peuvent le confirmer. L’acharnement à affirmer le contraire, au mépris des évidences, me paraît des plus suspects.
Le dérapage se produit alors, puisque l’importance des enjeux semble justifier pour certains des pratiques douteuses, la remise en cause de la pertinence du jugement du skieur quant à ses capacités, la préférence donnée à une régulation administrative de la pratique du ski, et l’invalidation de l’assurance en cas d’erreur de l’assuré.
Je suis choqué de ne pas avoir réussi à savoir quels sont les objectifs assignés à l’enquête, ce qui empêche de juger si les moyens sont bien proportionnés à ces objectifs, et de pouvoir penser que les assurances cherchent à tout prix à obtenir des éléments leur permettant d’utiliser un artifice pour se défausser de leur engagement tel que MS l’avait compris en signant le contrat, et bénéficient pour cela d’une assistance du big brother étatique.
« les assurances cherchent à tout prix à obtenir des éléments leur permettant d’utiliser un artifice pour se défausser de leur engagement »
Alors en fait, non, si les assureurs se bougent et aimerait avoir la vidéo, c’est justement pour exécuter leurs engagement.
Ce que vous n’avez pas l’air de comprendre, c’est qu’il existe plusieurs types de contrats d’assurance. Santé, prévoyance, dommage, responsabilité etc. Et de même, il existe plusieurs assurés : M.S, la station de ski, les autres skieurs etc.
Le but de l’image, comme tout autre moyen, c’est de déterminer justement, qui paye. Sur ce genre de sinistres, on est un ton au dessus de votre dégât des eaux que vous avez une fois tous les 5 ans. Les montants sont élevés.
Un assureur santé est parfaitement fondé à rechercher un responsable pour être subrogé dans les droits de son assuré.
Et de même, un assureur de responsabilité, est tout aussi fondé à vouloir payer la dette de responsabilité de son assuré suite au sinistre qu’il a pu causer.
Excusez les gens de faire leur travail.
Je comprends très bien. Je vois un accident simple, avec des témoins, et où il faut vraiment avoir l’esprit tordu pour imaginer une responsabilité de la station ou d’un autre skieur. Votre méthode semble consister à recenser les assurés plutôt que les responsables. Moi je recense les personnes impliquées, et je ne vois que MS. MS était assuré, donc c’est son assureur qui paie. A moins que ça n’ait été dans le contrat, il ne peut récupérer les images de MS qu’avec l’accord de celui-ci ou de son mandataire, qui n’ont d’ailleurs aucune raison de les lui refuser mais en ont le droit. Il n’a aucun droit à récupérer d’autres images, et surtout, dans ce cas précis, aucune raison de le faire à moins de vouloir échapper à ses obligations.
La question du montant est sans la moindre pertinence : le droit pour 100 euros est le même que pour 100 millions, et c’est bien cette différence de traitement que je dénonce, qui semble accepter une définition élastique du droit et des libertés en fonction des enjeux.
Ce sont ces pratiques, jouant sur l’incompétence des juges et la difficulté à prouver qu’une probabilité est absolument nulle, qui ont conduit à un enchérissement considérable de la chirurgie, de la médecine, de la construction, et de tout un tas de choses, et dont vous voudriez maintenant qu’elles nous imposent Big Brother. Non ! Un skieur qui se prend un rocher entre deux pistes, il n’y a pas de responsabilité de tiers à rechercher.
MichelO
Il ne s’agit pas d’un caillou mais d’une zone pleine de rochers, et donc hors piste. La zone de ce fait était dangereuse ( inappropriée donc, ou si vous voulez qui n’était pas adaptée), comme l’accident l’a montré -et peu importe la vitesse. Dans ce cas MS est bien responsable. Et là où vous faites erreur, c’est que si sur une piste balisée vous heurtez un rocher , la station est responsable de votre accident. Je veux bien admettre que cette probabilité est quasiment nulle, mais un petit caillou peut-être , et encore…
Je ne vais pas heurter exprès un caillou sur une piste pour vérifier, mais je suis bien tranquille que si c’était le cas, la responsabilité de la station ne serait pas engagée. La zone n’était pas dangereuse (cela a d’ailleurs été confirmé aujourd’hui, et c’était déjà une évidence pour quiconque connaît un peu la montagne), et le skieur, d’un bon niveau, n’est pas responsable. L’assureur, quels que soient ses efforts, doit assurer quelque chose en échange des primes qu’il demande, sinon c’est un escroc. Ben justement…
Amen
Bon les mecs, vous êtes en train de réinventer la roue… Le problème a été traité et maîtrisé depuis au moins deux siècles ! Il s’agit de « l’aléa moral » qui consiste à estimer le changement de comportement du gus qui s’assure et aurait tendance à être moins prudent ou moins responsable. Vous vous doutez bien que l’assureur n’est pas con et qu’il assure en calculs actuariels. C’est aussi la formule très rigolote « l’arnaque à l’assurance », ça n’existe pas, c’est ‘arnaque aux assurés puisque l’assureur tient compte de l’arnaque dans la prime. Vous avez des contrats très sensibles à l’aléa moral telle que l’individuelle accident qui verse un capital en cas d’invalidité. Un contrat spécial chirurgien qui prévoit le versement de 100% du capital pour un doigt manquant… vous voyez ce que je veux dire ? La morale est sauve puisqu’ils se le font sauter sous anesthésie.
Oui, MS s’est sans doute tapé la tête sur un rocher pour toucher l’assurance. Je suis sûr qu’il va falloir 10 ans de procédure pour en éliminer la possibilité, et quelques avocats vont faire fortune dans l’affaire.
là, il y a un problème de comprenette. Je n’ai jamais dit que MS s’est tapé la tête pour l’assurance mais que le phénomène de l’aléa moral est bien connu et qu’il a des incidences qui ne peuvent pas être ignorées.
» mème sur les pistes, big brother is watching you »
personne n’obligeait schumoncoeur à se fimer … ?
Au lieu de faire le planté de bâton traditionnel il devait faire une quenelle le schumi , la station va porter plainte pour abus de quenelles à ski .
Oui, il est temps de mettre sous surveillance les pistes de descente où des irresponsables (souvent mauvais skieurs) foncent comme des malades et mettent en grand danger tout le monde.
Oui, il est temps de mettre sous surveillance les domiciles des français où des irresponsables (souvent mauvais parents ou mauvais maris) frappent comme des malades leurs proches et mettent en grand danger le futur de leurs enfants.
Allez hop une caméra dans toutes les pièces, reliées à un centre d’enregistrement à la préfecture.
Orwell vous salue bien bas.
Très très grand délire.
C’est déjà ça, quand vous avez une installation de détection intrusion avec levée de doute vidéo à votre domicile. Certes vous êtes volontaire mais sans être forcement bien informé.
S’il filmait, c’était bien dans l’intention de frimer et de mettre ses exploits sur YouTube…
Sinon, pourquoi user les batteries….
Pour se faire aussi mal, avec bris de casque, il faut de l’énergie cinétique, c’est mathématique…
« S’il filmait c’était bien dans l’intention de frimer »
MDR ! Je crois pas qu’il ait besoin de ça, lui 🙂