Par Baptiste Créteur.
Il y a d’excellentes raisons d’être attaché à la France et aux Français. À une époque (lointaine, très lointaine), la France était à la pointe de la pensée et ses auteurs d’alors font référence aujourd’hui. L’art et la littérature, qui ont prospéré en France, honorent des paysages enchanteurs et des régions pittoresques. La gastronomie française et le terroir font la renommée du pays ; les touristes apprécient le charme d’un pays aussi riche.
La France a aussi vu germer de nombreuses innovations, des entrepreneurs accomplis et des hommes qui, dans de multiples domaines, se sont montrés virtuoses et ont parfois marqué le monde.
Mais les Français, qui ont tant inventé, sont incapables de se réinventer.
Nos plus grands auteurs sont mieux connus à l’étranger et quasiment introuvables en France. L’un des plus illustres d’entre eux, Frédéric Bastiat, est difficile à dénicher dans des bibliothèques municipales où Le Capital trône en bonne place.
L’art et la littérature ont été remplacés par l’animation culturelle ; les spectacles vivants ont tué la littérature, et les arts plastiques se résument à des poubelles hipster et des sculptures d’aires d’autoroute qui n’améliorent le quotidien que de ceux à qui les attachés culturels de collectivités locales et territoriales les commandent.
Les paysages enchanteurs voient fleurir des éoliennes polluantes et des choix politiques à courte vue voient nos plages couvertes d’algues vertes, donnant lieu à des procès ubuesques où la mairie attaque l’État.
La gastronomie, à l’image du pays, demeure recroquevillée sur elle-même ; à quelques exceptions près, l’art de vivre est devenu un art de mourir – et en silence, s’il-vous-plait. La plus grande innovation culinaire contemporaine est le manger-bouger, plat couteux et indigeste servi à toutes les sauces sans bénéfice pour la santé. Les touristes commencent à se détourner de ce qui aura été la première destination mondiale ; le manque de sécurité et de service que nous avons appris malgré nous à tolérer ne correspond pas à leurs attentes.
L’innovation en France se conjugue au passé, et des vidéos pleines de nostalgie sont préparées par l’Élysée pour (se) convaincre que non, l’industrie française n’est pas morte.
Tout comme le modèle social français, cette formidable machine à transformer les impôts en pauvres et en CERFA. Les entrepreneurs traquent plus les subventions que les opportunités et craignent plus l’administration que la conjoncture ; ceux qui ont des relations ou sont les relations pillent impunément un pays dont, heureusement pour eux, les habitants travaillent souvent moins à l’âge adulte qu’à l’école.
Si la France devait être un modèle, ce serait un modèle de déni. Après la Guerre, on a fabriqué l’image d’un pays de résistants ; désormais, on fabrique aujourd’hui l’image d’une exception.
Notre exception culturelle, nos régimes spéciaux, nos spécificités nationales et nos particularismes régionaux : nous sommes fiers d’être différents, quitte à être pires. Mais une chose est sûre pour une grande partie des Français et l’intégralité de leurs dirigeants : les lois du monde ne s’appliquent pas ici.
Dans la BD, les sympathiques Gaulois gagnent ; dans la vraie vie, le pays sombre à petit feu, et tout le monde continue à se regarder le nombril même si beaucoup ont cessé d’applaudir. Ceux qui regardent dehors partent ou referment bien vite la fenêtre et les rideaux, apeurés par ce monde difficile où il faut travailler avant de jouir, être responsable de ses actes et bienveillant avec son voisin. Où les compétences font plus que les diplômes, où l’emploi est moins protégé mais plus simple à décrocher ; où la concurrence est plus forte, le travail exigeant, mais où on ne se suicide pas par suite de pressions dans d’anciens monopoles d’État.
La vraie exception française, c’est le déni. L’humoriste – français – qui a dit que le coq est le symbole français par excellence car il est le seul animal à pouvoir chanter les pieds dans la merde n’avait pas tort ; l’ambition française est de briller dans une basse-cour clôturée, en se gargarisant et se méfiant de cette jungle qui l’entoure.
Mais alors que nous pouvions il y a quelques années rire – ensemble – de tout, et même du pire, à gorge déployée, ce qu’il nous reste d’humoristes sont censurés avant de faire rire ; les plus lucides, comme Gaspard Proust, n’ont même plus à forcer le trait pour faire de la vie politique française une caricature.
Les Français sont en réalité prisonniers d’un modèle que ne veut plus qu’une partie d’entre eux. Alors, ils partent, ou ils se résignent, mais ils ne sont pas heureux. On peut y voir une caractéristique française ; pessimistes, râleurs, accrocs aux antidépresseurs, les Français sont moroses mais pas à plaindre. Ou y voir la réalité d’une frustration, celle d’une partie croissante des Français qui rêvent de s’évader mais ne peuvent percer les barreaux de la prison fiscale ni renoncer à des retraites qu’ils ne toucheront jamais, et sont apeurés par les retours d’expérience d’expatriés qui, formatés eux aussi par un système scolaire coûteux et peu performant, ont eu du mal à se faire une place ailleurs ; un système qui produit de parfaits bureaucrates incapables de toute pensée critique, qui se gargarisent de leurs raisonnements de comptoir – si tant est qu’ils cherchent encore à en avoir alors que le café est à 1,5 €.
Pourtant, certains défendent bec et ongles la France d’aujourd’hui. On trouve parmi eux des élus, qui vivent de l’argent du contribuable ; des syndicalistes, qui vivent de l’argent du contribuable (et le détournent au moins autant que les élus) ; les bénéficiaires des régimes spéciaux et largesses diverses de l’État que le reste du pays finance ; et des journalistes bénéficiant d’importantes niches fiscales dont les employeurs ne survivent que grâce aux subventions massives. Quand on voit qui la défend aujourd’hui, nul doute que la France sombre.
Tout n’est pas perdu. La France est un beau pays, et les Français ont de grande qualité ; le gaspillage qui en est fait aujourd’hui est d’autant plus triste.
Tout n’est pas perdu. Si les Français reprennent la liberté qu’on leur a confisquée, s’ils reprennent le goût de la responsabilité et de l’indépendance, s’ils reprennent le goût du risque, de l’apprentissage, du succès et de l’échec, ils n’auront aucun mal à gagner la plus belle victoire qui soit : être authentiquement heureux.
Tout n’est pas perdu. Si les Français laissent leurs élites autoproclamées mener une guerre sans merci contre la réalité, ils perdront certes bataille après bataille et n’apprendront de langues étrangères que fiasco et Bérézina. Mais s’ils font mentir ceux qui s’amusent que le français ne compte pas de mot pour entrepreneur, s’ils reprennent les rênes de leur propre vie et font de la liberté le modèle de leur pays, ils donneront réellement tout son sens à l’art de vivre en redécouvrant l’art de vivre.
On écrit « Bérézina » (Березина en russe), et pour certains ce fut une victoire française ! http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_Bérézina
lors du passage de la bérézina, ce fut un miracle que la  » grande armée « , ou plutot ce qui en restait, ainsi que le général en chef, napoléon bonaparte, ne soit capturé en entier et obligé à capituler en rase campagne. c’est pour cela, que l’on peut parler de victoire de la bérézina:
trois armées russe convergeaient sur les forces françaises, qui avaient en outre, à franchir une petite rivière qui chariait des bloc de glace à la suite d’un brutal degel. mais les généraux alliés avaient une telle appréhension à affronter napoléon, qu’ils prirent tout leur temps. cela permit à ce dernier, d’utiliser une feinte à la hanibal dont il avait le secret: fixer les russes au mauvais endroit, et faire passer le gros des troupe quelques kilomètre plus loin, grace aux ponts installés héroiquement par les troupes du genie, qui sont les vrais vainqueur de la bataille. malgrés cela, les pertes furent sévère.
La campagne de Russie est un désastre absolu, je ne pense pas que les Russes avaient peur de Napoléon à cette période de la Bérézina, ils savaient qu’il était fini et il suffisait de laisser faire. Par contre, maintenir la pression par les cosaques était la bonne stratégie. Lire Guerre et Paix où Tolstoï en tant qu’historien est vraiment surprenant.
je n’ai rien contre tolstoi, mais je ne suis pas sur qu’il était d’une grande rigueur historique.
les alliés avaient vraiment peur de bonaparte: l’année suivant, lors de la campgne de saxe, qui aboutit au désastre de leipsig, le mot d’ordre était: reculer systématiquement quand bonaparte est au commandement, attaquer systématiquement quand c’est les maréchaux qui commandent. avec une réussite totale: à la suite de la victoire de dresde, bonaparte doit arreter la poursuite des force vaincues car tous ses subalternes ce font battre sur leurs front respectif.
en russie et en allemagne, les forces en présence étaient trop nombreuses et le front trop large pour que l’empereur puisse tout controler, ce qui est une des raison de la défaite. en 1814, durant la campagne de france, avec des forces réduites, et un théatre des opération de quelques centaines de kilometre, il a failli s’imposer à des adversaires trois fois supérieur en nombre. on avait coutume de dire que la présence de bonaparte à la tète d’une armée valait 100.000 hommes de plus !
« La plus grande innovation culinaire contemporaine est le manger-bouger, plat couteux et indigeste servi à toutes les sauces sans bénéfice pour la santé. »
En réalité, les derniers résultats sur la santé des études OECD placent la France parmi les 10 pays avec la plus haute espérance de vie. En particulier, avec 82,2 années, les françaises sont deuxièmes derrière les japonaises.
Et le taux d’obésité chez les jeunes a légèrement diminué.
La corrélation de ces résultats et des spots manger-bouger n’étant pas acquise, il me semble cependant incorrect de parler d’absence de bénéfices pour la santé.
René Gosciny français d’origine juive polonaise à vécu en Amérique du sud et aux EU. Il étatit bien placé pour avoir un oeil critique sur la France.
Ces critiques omniprésentes dans son oeuvre sont accueilies par le public français comme une valorisation de la France, de sa pensée et de sa supérioté.
On est tellement fier de nous qu’on arrive à se glorifier de nos défauts. Pourquoi apprendre des langues étrangères ? Pourquoi essayer de chercher du positif ou simplement une autre façon de faire ailleurs qu’en France. Nous sommes la caricature de la vision que les étrangers ont de nous-même, imperméables aux critiques, aux remises en cause ou à l’humour anti-français.
en asie, la france est appelée :  » le musée  »
les français sont vu comme des gens prétentieux et qui refusent d’évoluer, derrière leur ligne maginot.
les medias, ont surement une grande responsabilité dans cette attitude bornée et méprisente: depuis qu’on parle du modèle sociale que le monde nous envie, les français qui regardent le poste à 20 heures ont finis par y croire en masse: il faut avoir un sérieux sens critique pour mettre en doute des informations qui reviennent de manière lancinante.
il y a un siècle en arrière, les français avaient surtout la presse pour ce forger une opinion. il y avait une presse de gauche, de droite, une presse satirique… maintenant, il ne reste plus que la pensée unique:
méchant bachar, méchant poutine, méchant chinois qui occupent les gentil tibetains, gentil amérindien d’amazonie qui luttent contre les méchant agrobusinessman ( hier soir sur la 5 LOL ) …
Mais en fait tous les pays ont un modèle social qu’ils pensent exceptionnels, même si personne ne s’y intéresse.
Au US la grande théorie nationaliste sous-jacente à un peu tout les débat s’appelle
THE AMERICAN EXCEPTIONALISM…. tout un programme!
Très belle article! Je met un bémol car dans les bibliothèque on trouvera plus d’Astrapie que le CAPITAL.
« Tout comme le modèle social français, cette formidable machine à transformer les impôts en pauvres et en CERFA. Les entrepreneurs traquent plus les subventions que les opportunités et craignent plus l’administration que la conjoncture ; ceux qui ont des relations ou sont les relations pillent impunément un pays dont, heureusement pour eux, les habitants travaillent souvent moins à l’âge adulte qu’à l’école. »
AMEN