Par Thibault Doidy de Kerguelen.
« Moins de charges sur le travail. » Lors de ses vœux télévisuels pour la nouvelle année, François Hollande a répété cette vérité comme certains répètent un mantra, dans l’espoir d’un effet magique. Peut-on prêter foi à celui dont le premier souci fut de supprimer la baisse de charges prévue par son prédécesseur et qui préféra une usine à gaz essentiellement profitable aux grosses entreprises, le CICE, à une solution simple, efficace et profitable à tous, y compris aux artisans ? Peut-on prêter foi à celui qui augmenta le coût du travail pour les travailleurs à domicile, en jetant ainsi la majorité dans un système noir ou gris, préjudiciable à l’équilibre du système ?
Comment baisser les charges sociales ?
Il y a dans ce débat un effet vicié, pervers, de la rhétorique politique française, en particulier socialiste. Le Président de la République a promis une baisse des cotisations sociales afin de susciter, « en contrepartie, plus d’embauches » dans les entreprises. Dans cette phrase, vous avez tout ce qui fausse notre économie, toute l’idéologie socialiste qui gangrène nos équilibres.
- Il est un fait acquis et réputé « normal » que la protection sociale soit payée par le travail.
- La « baisse » des prélèvements est un « cadeau » fait par le pouvoir politique aux entreprises.
- Ce « cadeau » est temporaire et le « retour à la normale » inscrit dans les gênes du processus.
- Ce « cadeau » est sous conditions qui doivent être « négociées » par les « partenaires sociaux », un petit peu comme on négocie le prix d’un Rafale…
Le problème, c’est que rien de tout cela ne peut fonctionner, car cette logique est une logique dirigiste et étatique qui condamne le secteur économique à une tutelle politique comme le veut l’idéologie marxiste. À chaque fois que l’État veut diriger l’économie, cela se transforme en déroute. Les « partenaires sociaux » n’ont pas à « négocier » des embauches, à moins de considérer le personnel humain comme du matériel dont on voudrait obliger les entreprises à s’encombrer, même si elles n’en ont pas besoin. Concernant la protection de l’ensemble de la population française (et même non française en ce qui concerne notre pays), ne semble-t-il pas normal que son coût s’impute non sur les travailleurs mais sur l’ensemble de la population ?
La manière dont la hausse des cotisations d’assurance-vieillesse entrée en vigueur le 1er janvier, a été intégralement compensée par une baisse équivalente de la cotisation pour la branche famille de la Sécurité sociale donne le ton de la soi-disant réforme en préparation.
Les cotisations familiales vont trinquer
Ni François Hollande ni Jean-Marc Ayrault n’ont indiqué quelles charges sociales allaient baisser. Mais il est de plus en plus probable qu’il s’agira des cotisations qui financent la Caisse Nationale d’Allocations Familiales. Elles représentent aujourd’hui 35 milliards d’euros. « La lettre de mission du Premier Ministre au Haut Conseil laisse très peu de doute. Le gouvernement a l’intention de réduire la cotisation patronale famille », déclare Philippe Pihet (FO). L’essentiel des ressources de la branche famille – plus de 65 % – provient des cotisations dites « patronales », assises sur le travail. Or, les prestations familiales n’ont aucun lien avec les salaires, ni même avec le monde du travail en général. Contrairement aux retraites, aux indemnités en cas d’arrêt maladie ou encore à l’assurance-chômage, elles sont versées de façon universelle, à toutes les familles résidant en France.
Pointant cette « dissymétrie » entre des prestations universelles, dissymétrie existant, comme nous le rappelions plus haut, aussi sur les prestations santé, et un financement pesant surtout sur le travail, le Haut Conseil a commencé à plancher sur la question l’an dernier.
Même si, idéologiquement, la destruction de toute politique familiale et la remise en cause de la famille comme cellule de base de la société française est un concept assez bien partagé par l’ensemble de la classe bourgeoise dite « de gauche », les syndicats traînent les pieds et empêchent le gouvernement, en recherche de consensus, d’appliquer sa réforme rapidement. Il faut dire que les dirigeants syndicaux sont attachés à la « gestion paritaire » qui est pour eux une véritable manne et participe pour une part importante (plus importante que celle des cotisations) à leur financement. Or, la remise en question des cotisations familiales au nom de la « dissymétrie » ouvre tout droit la porte… à la même démarche concernant la santé, pulvérisant ainsi le juteux pillage du budget de la santé mis en place depuis la libération.
Il y a, vous l’aurez compris, du marchandage dans l’air dont la mutuelle employeur obligatoire, stupidité et non-sens tant en termes économiques que d’assurance, est un des paramètres.
Pour baisser les charges, faudrait revoir la Secu et la mettre en concurrence, comme en Allemagne, en autorisant pour ceux qui le choisissent, de s’assurer dans le privé.
Mais ceci semble une tâche trop osée pour notre ENArque entouré d’ENArques…..
Annoncé une baisse des charges sociales alors que les décisions de début de quinquennat contiennent des augmentations progressives de celles-ci, c’est très fort. Je rappelle que des hausses de 0.1% par an des cotisations patronales et salariales sont d’ores et déjà prévues jusqu’en 2017 … Au final, ce sera encore une manière de refaire la TVA sociale de Sarkozy sans le dire. On supprime une charge sur les entreprise pour la mettre dans un autre impôt. On aura juste perdu 2 ou 3 ans pour des raisons politiques alors que el pays est au bord du gouffre.
Le principal problème c’est pas le coût du travail, mais le Code du travail.