Crise des dettes : le FMI envisage une spoliation des épargnants

Le FMI envisage une taxe sur les dépôts et des défauts massifs alors que la dette occidentale atteint un sommet de 200 ans.

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Crise des dettes : le FMI envisage une spoliation des épargnants

Publié le 10 janvier 2014
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Par Ambrose Evans-Pritchard.

La plupart des pays occidentaux auront besoin de faire défaut sur leur dette, d’une taxe sur les dépôts et d’une inflation plus élevée pour déblayer le chemin vers la reprise, alors que la dette occidentale atteint un sommet de 200 ans, selon un nouveau rapport du Fond Monétaire International.

Le document du FMI souligne que les niveaux de dette dans les pays développés sont extrêmes et qu’ils nécessiteront une vague de réduction, soit négociée comme en 1930, ou le mélange standard de mesures contenues dans la « boîte à outils » du FMI pour les explosions des marchés émergents.

« La taille du problème suggère que des restructurations seront nécessaires, par exemple, dans la périphérie de l’Europe, bien au-delà de ce qui a été discuté en public jusqu’à maintenant » dit le document rédigé par les professeurs de Harvard Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff.

Le document dit que les élites politiques de l’Occident s’accrochent encore à l’illusion que les pays riches sont différents des pays pauvres et qu’ils peuvent donc réduire leurs dettes par un mélange d’austérité, de croissance et de « bricolage ».

La présomption est que les économies avancées « n’utilisent pas de tels stratagèmes », comme la restructuration de la dette et la répression, qui « écorcheraient la crédibilité » et créerait un « cercle vicieux » dans l’économie.

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Mais le document suggère que cette mantra démontre une « amnésie collective » de l’histoire de l’Europe et des États-Unis, et qu’elle est basée sur des suppositions « trop optimistes » qui risquent de détruire encore plus la crédibilité, finalement. Cela fait que la crise continue, tout en bloquant une solution durable. « Ce déni a mené à des politiques qui, dans certains cas, risquent d’exacerber le coût final », selon le document.

Bien que la mise en commun de la dette dans la zone euro puisse réduire la nécessité d’une restructuration ou d’un défaut, il n’est possible qu’au coût des charges plus élevées pour les contribuables du Nord. Cela pourrait faire glisser les principaux États de l’Union Monétaire Européenne dans une récession, aggraver leur endettement et accroître la crise. L’implication claire du document du FMI est que l’Allemagne et le noyau de créanciers feraient mieux d’abandonner ces créances immédiatement, plutôt que d’acheter du temps avec une rampante mutualisation de la dette.

Le document dit que le fardeau de la dette occidentale est si élevé que les pays riches auront besoin du même cocktail d’annulation de dette, d’inflation plus élevée et de répression financière – définies comme des « taxes opaques sur les épargnants » – comme cela s’est fait lors des innombrables sauvetages des marchés émergents par le FMI.

« L’ampleur du problème de la dette globale auquel les économies développées sont confrontées est aujourd’hui difficile à ignorer. La dette courante des gouvernements centraux des économies développées approche un sommet de deux siècles » disent-ils.

La plupart des pays développés ont effacé de la dette dans les années 30, mais pas de la même manière. Les prêts des États-Unis pour la Première Guerre furent effacés à l’expiration du Moratoire Hoover, en 1934, permettant un effacement de dette équivalant à 24% du PIB pour la France, 22% pour l’Angleterre et 19% pour l’Italie.

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Cela arriva lors du grand chambardement qui faisait suite à l’effondrement du régime de réparations de guerre imposé à l’Allemagne par le Traité de Versailles. Les États-Unis imposèrent aussi une annulation d’une partie de leur propre dette à ses créanciers à hauteur de 16% de leur PIB en avril 1933, quand ils abandonnèrent le standard-or.

La répression financière peut revêtir plusieurs formes, incluant les contrôles de capitaux, les plafonds de taux d’intérêt ou encore l’obligation pour les fonds de retraite et les compagnies d’assurance, qui sont captifs, de gober de la dette gouvernementale. Quelques-unes de ces méthodes sont déjà à l’œuvre, mais pas encore à l’échelle où elles furent utilisées, fin des années 40, début 50, quand les pays essayaient par tous les moyens de s’attaquer à leurs dettes de guerre.

Cela revient essentiellement à la confiscation des épargnes, partiellement réussie en encourageant l’inflation tout en trafiquant le système, de manière à empêcher les marchés d’entreprendre toute mesure d’évitement. Le Royaume-Uni et les États-Unis ont eu des taux réels d’inflation négatifs pour plusieurs années après la Seconde Guerre. Les taux réels, en Italie et en Autriche, étaient de -5%.

Les deux auteurs du document ont travaillé pour le FMI, le professeur Rogoff à titre d’économiste en chef. Ils ont été reconnus grâce à leur travail sur les crises de dette souveraine à travers les époques, dans un best-seller, This Time is Different : Eight Centuries of Financial Folly.

Ils furent plus tard impliqués dans une controverse à propos d’un essai qu’ils publièrent suggérant que la croissance ralentit fortement quand la dette publique dépasse 90% du PIB. Les critiques soutiennent qu’il n’est pas clair si c’est la dette plus élevée qui cause problème, ou bien si ce ne serait pas le contraire, avec une croissance faible qui ferait augmenter le ratio de la dette plus rapidement.

La question est devenue fortement politisée quand le ministre des finances de l’Allemagne, Wolfgang Schauble, et le Commissaire européen aux affaires économiques, Olli Rehn, commencèrent à citer ce document pour justifier les politiques d’austérité de la Zone euro, laissant de côté les aspects plus litigieux.

Les critiques disent que les mesures extrêmes d’austérité sans contrepartie de stimulus monétaire constituent la principale raison pour laquelle la dette est entrée dans une spirale à la hausse de façon encore plus rapide dans certaines parties de l’Europe du Sud.

Les pays plus faibles de la Zone euro sont particulièrement vulnérables à la faillite, car ils n’ont plus leur propre monnaie souveraine, ce qui les met dans la même position que les pays émergents qui devaient emprunter en dollars dans les années 80 et 90. Toutefois, à travers l’histoire, les pays ont fait faillite, même s’ils empruntaient dans leur propre devise.


«Goldbroker.com tous droits réservés ». Article initial en anglais.

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  • Voila pourquoi les pays européens font de la dette inutilement, car il ne faut nous dire que financer entièrement (logement, énergie, nourriture,santé, école) des centaines de milliers (voir millions) d’immigrés est qq chose de cohérent dans notre situation budgétaire.

    Le but avoué est de mettre la main sur les bas de laine des français et donc le paupériser.

    Ok, maintenant qui a intérêt à tiers-mondiser l’Europe?

    • Je ne pense pas que l’objectif 1er est de tiers-mondiser l’Europe. Je pense que c’est les « elites » font tous ça pour garder leurs pouvoirs, privilèges, et surtout leur clientèle de manière à rester en haut de l’échelle.
      Il y a très peu d’elus dans les haute fonctions qui viennent d’un quartier difficile, modeste ou la « France d’en bas ». Ils se croivent supérieur au reste du peuple qui sont sensé représenté !

      • À mon humble avis, après avoir vu les banques sauvées de la faillite par les états, capables, actuellement de prêter l’argent qu’elles n’ont pas (par la création de monnaie fictive), et les avoir vues recouvrer la santé aussi rapidement sans véritablement être freinées dans une nouvelle participation au « casino » du trading ni même séparées en banque d’affaires et banque de dépôts et crédits, ces banques ayant encore les faveurs de la BCE leur prêtant à 0,25/an, alors que les états n’ont pas droit à de tels taux, j’en conclus que l’Europe de Baroso et Draghi préfèrent, contre toute logique européenne qui interdit de subsidier des entreprises privées, aider les banques privées plutôt que les états. On marche sur la tête! 0,25%, c’est 1/6 de l’inflation, donc clairement , un transfert d’argent! de l’ Europe vers les banques privées! Cherchez l’erreur! Mais la proposition du FMI ne m’étonne pas: les USA sont évidemment en faillite virtuelle et ne rembourseront jamais leur dette mais le système tiendra tant que la monnaie d’échanges internationaux restera le $!

  • C’est évidant que les dettes ne seront pas payés. Les pays émergents mettent en place des états bien plus faible que les pays développés. Ce qui leurs permet de gagner beaucoup sur chaque point de croissance. Les pays développés devraient d’aligné mais ne peuvent pas à cause de la dette.
    Cependant le hair cut doit d’abord faire payer les nationaux. Quand on voit la traque des US jusqu’en Suisse. On voit bien que la fuite en avant est la seul option envisagée. Un hair cut raisonnable des nationaux suivent après les réformes de réduction de l’état d’un hair cut sur les déposant étranger est la meilleurs solution.

  • le fmi envisage…..bien sur qu’il va piocher dans l’épargne des citoyens ; ou voulez vous qu’il prenne le fric dont il a besoin ?

  • A mon avis la décision récente de la belgique d’interdire les transactions en cash de plus de 3000€ est un préembule à cela…

    • Dans tous les pays il y a ce genre de limitation. C’est souvent en dessous de 10 000euros. Au dessus vous êtes en ligne directe avec Tracfin.

      • Oui mais cela veut aussi dire la surveillance de toute transaction, par exemple, un chef d’accusation de plus contre les gros dealers de drogue (bon côté) ou du travail en noir (normal!) mais en ce qui concerne les achats de seconde main à un non-commerçant il faudra payer une taxe à la valeur AJOUTÉE sur un article à valeur diminuée (problème des voitures d’occasion où la t.v.a. a dû être remplacée par la taxe de mise en circulation).

      • Je travaille dans la banque de détail et je peux vous assurer que même des dépôts de 1500e j’ai mon contrôleur des risques qui me demande d’où sa vient, justement pour savoir si il y a affaire à faire une déclaration tracfin. Tracfin ne demande jamais de compte si la banque ne déclare rien.

        • Nous somme d’accord, je ne me souviens plus quel montant légal on a le droit de retirer au total en un jour en cash sans autorisation. Après si la banque est complice…
          Mais pour avoir vu une affaire similaire on vous retrouve assez facilement.

  • Est-ce qu’il faut s’attendre à ce qu’ils créent une taxation pour toute transaction d’objets d’occasion entre particuliers ?

  • Le FMI n’est pas l’auteur de ce texte. Deux économistes qui écrivent pour une conférence du FMI ne sont pas le FMI !!!

    Il ne s’agit donc en rien d’un rapport du FMI : ce n’est pas un rapport, et il n’est pas du FMI !

    Si demain Contrepoints fait une conférence où il invite Mélenchon, pourrais-je citer Mélenchon en disant « Contrepoints dit que les riches sont des méchants spoliateurs ? »

    Article nul !

  • crise de la dette: la solution de la dernière chance

    taxer les quenelles !

  • Faire défaut sur les dettes fiancent le fonctionnement de l’activité publque et séparer les banques dans un premier temps puis revenir par la suite à20-25 % de dépenses publiques au maximum.Pour finir revenir au standard-or…

  • Il y a un énorme contresens dans ce débat : la « spoliation ».

    D’abord, un fait, vérifié -lui : la « spoliation » nous la vivons tous les jours avec les taxes et impôts, collectés par une mafia. Mais on emballe le tout dans des grands mots (l »‘état », la « démocratie », « pas de taxation sans représentation » etc).
    En clair : le servage, pour une grande partie d’entre-nous.

    Ensuite, de quelle « épargne » parle t-on ?

    Parallèlement à la spoliation quotidienne (le détournement, l’accaparement de notre force de travail)… il y a une « inflation », du faux PIB, des fausses « richesses » créées et distribuées (via endettement, debasement de la monnaie, et création monétaire et de crédit : QE, fractional reserve banking system, etc.).

    Une « spoliation » (CF chypre, via une taxe exceptionnelle) de ce pognon non-gagné serait-elle véritable ?

    La réponse est non. Et c’est là où Ambrose (et beaucoup d’autres commentateurs) perdent le fil.

    Le dénouement du bordello ambiant… consistera simplement à effacer ce trop-plein fictif… afin de remettre le curseur à sa position initiale.

    Ce sera vécu comme un « appauvrissement », bien entendu, alors qu’il s’agira simplement d’un retour à la normale, c’est à dire au niveau de notre « production » réelle (seule la production est la vraie richesse).

    Attention ! Il est bien évident que durant un tel processus… et comme pour tout le reste… certains d’entre-nous seront plus égaux que d’autres, pour paraphraser qui vous savez.

    Mais en moyenne, ce sera « tout le monde descend ». Retour à la case départ.

    Finie la p’tite auto, fini le tiercé, finies les vacances au Crotoy.

    -Les retraités seront de nouveau « modestes », et arrêteront de narguer les actifs en voyageant en permanence aux 4 coins du monde.

    -des millions de touristes étrangers traîne savatte arrêteront de nous pourrir la vie à Paris, et d’encombrer nos transports en commun, ils n’auront plus les moyens de voyager sur Easy Jet.

    -on ne changera plus sa voiture tous les 2 ans. Son téléphone tous les 6 mois.

    -le flux d’immigration s’assèchera (il n’y aura plus de CMU, AME et toutes les joyeusetés) : là encore, on gagnera en confort de vie.

    -l’état redeviendra modeste, ce qui réduira d’autant le pouvoir de nuisance de tous les politiciens et leurs cliques.

    etc.

    … Nous vivrons comme au début des années 80 ou 70.

    Or… nous vivions très « bien » à l’époque, non ?

    Bref, cet « appauvrissement » collectif est non seulement inéluctable… mais en plus souhaitable.

    • Je ne suis pas d’accord.
      Les économies des français ne proviennent pas de la spéculation (réel faux argent), c’est de la thésorisation suite à un vrai labeur.

      Et si on veut éponger le trop plein fictif, alors annulons cette dette fictive qui n’a rien de réelle car elle repose sur de l’argent quasi donné par la BCE (0.25%) et revendue très chère sans risque ni justification.

  • Annuler la dette pour faire quoi ? Recommencer aussitôt à s’endetter ?

    Pourquoi annuler la dette alors que, pour atteindre le même résultat, il est tellement plus simple d’interdire à l’Etat et ses excroissances de s’endetter ?

    En France, tant qu’il n’y aura pas eu un plan social concernant au moins 50% des effectifs de fonctionnaires, tant qu’on n’aura pas réduit la charge publique des retraites réparties par une baisse d’au moins un tiers des pensions, tant que le monopole de la SS perdurera, tant qu’il y aura un ministère de la culture, etc., annuler la dette ne servira à rien.

    La dette est consubstantielle de l’Etat obèse : dégraisser l’Obèse est nécessaire et suffisant pour annuler la dette de la meilleure des manières, c’est-à-dire en la remboursant !

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