Par Alexis, depuis la Nouvelle-Zélande.
À peine quelques années se sont écoulées depuis les mois de septembre 2010 et de juin 2011. La première date correspond à la première « frappe » sismique sur la ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande, un tremblement de terre de magnitude 7.1 à seulement 10 kilomètres de profondeur. La deuxième date correspond au principal « aftershock », de magnitude 6.3, dévastateur en raison des dégâts souvent invisibles précédemment infligées par les secousses de 2010.
Et le bilan de ce dernier fut lourd, avec 186 personnes tuées lors du séisme de juin 2011, principalement dans l’effondrement de l’immeuble de la Canterbury Television (CTV building)
« Seulement quelques années » car on peine aujourd’hui à imaginer que si peu de temps se soit écoulé lorsque l’on se promène dans une des « red zone », zones déclarées « perdues » et inhabitables par la commission en charge de la gestion post-earthquake en Nouvelle-Zélande.
La végétation a envahi les rues, les maisons et les jardins mais l’intérieur des habitations, parfois encore rempli des effets personnels de leurs ex-habitants, donne l’impression paradoxale que le séisme n’a eu lieu que très récemment.
On peut rouler ainsi pendant des heures dans les rues désertes et au milieu des demeures abandonnées, à quelques minutes seulement du centre de la ville, partiellement détruit mais pourtant toujours vivant et habité. Les dégâts ont été principalement infligés par la liquéfaction des sols, qui se sont affaissés par endroit avec la remontée des eaux vers la surface. Il règne dans ces lieux une ambiance post-apocalypse, comme si un virus dévastateur y avait éliminé toute trace de vie. On sent alors la puissance potentielle des éléments et l’insignifiance des constructions humaines par rapport aux forces de la nature.
Christchurch fut le théâtre d’un type de gestion « post-earthquake » par le gouvernement sans précédent dans le monde: au lendemain du tremblement de terre de juin 2011, la ville fut partagée en zones, définies selon le degré de destruction localement subie et le niveau d’instabilité des sols relevé. Plusieurs zones, comme celle décrite un peu plus haut, furent déclarées « red », soit temporairement inaccessibles au public et non-constructibles. L’ensemble des immeubles commerciaux ou des habitations dans ces zones ont été déclarés trop dangereux pour pouvoir être à jamais réoccupés. D’ici fin 2015, tous ces bâtiments et maisons devront être détruits et la nature laissée libre de reprendre tous ses droits. C’est l’État qui prit en charge le rachat de ces maisons, au prix de 2007, le précédent pic pour les prix de l’immobilier local.
Un second type de zone a été défini et classée « orange ». Et ce sont ces zones qui posèrent et posent encore problèmes, car dans celles-ci, les habitations doivent être contrôlées l’une après l’autre par l’Earthquake Commission (EQC), largement incapable en termes de ressources d’achever ce travail dans des temps acceptables. C’est pour cela qu’aujourd’hui encore, des gens attendent dans leurs maisons, parfois sérieusement endommagées, l’inspection et la décision de l’EQC. Bien sûr, impossible de vendre ces maisons et impossible de recevoir quoi que ce soit des assurances avant inspection. Les températures descendant sous zéro en hiver à Christchurch, on imagine le confort dans ces habitations lorsque souffle le vent glacé de l’antarctique…
Le manque de personnel de l’EQC a forcé la commission à embaucher rapidement et via une formation minimaliste, une grande quantité de professionnels parfois sans aucune formation ni expérience valable dans le génie civil. Il s’en est suivi un mécontentement chez un cinquième des propriétaires, insatisfaits des réparations faites par l’EQC. Et pour cause puisque plusieurs experts affirment qu’un bonne partie des inspections, consistant principalement à mesurer les mouvements de sol provoqués par le tremblement de terre, n’ont pas été faites correctement. Certaines maisons, structurellement en bon état ont donc été détruites tandis que d’autres, fortement fragilisées, sont toujours habitées.
Le CTV building, où sont morts 116 personnes en juin 2011, avait aussi été inspecté et déclaré sûr par les inspecteurs de la ville de Christchurch, et ce lors de plusieurs inspections conduites à la suite du séisme de septembre 2010. De quoi rassurer lorsque, de temps à autre, le sol se met à vibrer à nouveau…
Bonjour
Encore une fois même aux antipodes, on marche sur la tête.
Incompétence de l’état qui peut tout et ne fait rien.
Laissons les propriétaires s’assurer (si les assurances veulent) et gérer eux-mêmes leur bien.
Mais gillib, la NZ est très souvant donne en exemple comme étant un des rares pays appliquant le libéralisme !?
Bonjour citoyen
La NZ je m’en fous.
Je ne suis pas comme vous, je n’ai pas besoin d’un modèle.
Je suis libre.
Bonjour gillib,
J’ai pas vraiment besoin d’un modèle, mais quand je vend une solution à un client, ils me demandent tous des références avant d’acheter, or le libéralisme n’a pas de références et donc reste une utopie à part entière.
C’est le probleme de toutes les simplifications simplificatrices dans la tete des socialistes. En gros, ils pensent manicheisme, blanc ou noir sans comprendre la complexite des choses.
Que la NZ soit un exemple de la reussite d’une politique liberale, oui. Mais en rien la maniere dont l’application concrete de ces libertes n’est exempt de critique. On peut citer le « ratage » au niveau des privatisations au debut de l’ere « liberale » du pays.
Et pour les naifs, evidemment qu’il y a un etat en NZ et evidemment que cet etat parvient a immiter les erreurs regulierement faites dans les autres pays bien moins liberaux. Le point central etant que ces erreurs n’impactent pas autant le peuple car le champ d’action etatique est reduit.
Et c’est l’element central a considerer dans l’argumentation liberale: moins d’etat, et ce meme si ce dernier reste un parasite necessaire, c’est TOUJOURS mieux que plus d’etat.
très bon article bien écrit et décrit parfaitement la triste réalité des pays touchés par des catastrophes naturelles
je vis en NZ depuis environ cinq ans, et les deux tremblements de terre qui ont secoue Christchurch (CHCH) une periode difficile pour l’ensemble du pays. Nous sommes que 4.4 million sur ces iles situees aux antipodes; nous avons tous des amis, de la famille et des connaissances directement impactees par ces deux seismes….
la gestion des tremblements de terre par le gouvernment neo-zelandais n’a certes pas ete parfaite, et certes EQC n’a pas ete dotees des ressources necessaires pour responde a la demande importante des habitant de la ville
Mais les progres fait a ce jour vont cependant dans le bon sens. le gouvernment a mis en place un autorite dediee a la reconstruction du pays, CHCH Earthquake Recovery Authority (CERA), qui est en charge des efforts de coordinations pour la reconstruction de CHCH en travaillant de pres avec l’ensemble des ministeres/agences gouvernementales et les autorites locales.
Vous serez peut-etre surpris d’apprendre que la gestion des catastrophes naturelles en NZ est une expertise que le pays export, et il existe de nombreux programmes de cooperation entre la NZ et d’aures pays dans le secteur.
en ce qui concerne les commentaires sur les economies liberales…. et je vais depasser les differences partisanes entre la droite et la gauche, croit a une vitesse bien superieure que d’autres pays de l’OCDE. la confiance des entreprisese est au plus en 20ans, un surplus budgetaire est prevu pour cette annee ( modeste, mais la), et les previsions de croissance pour 2014….. 3.5%….
Perso que la France soit de gauche ou de droite…. je l’aime, je suis parti, et ne prevois pas de rentrer de sit tot….
(desole pour les accents, je suis sur un clavier QWERTY).
L’idéal aurait été de couper arbitrairement la ville en deux. Une partie « gérée par l’État », l’autre laissée aux propriétaires privés.
On aurait pu comparer.
Cela peut donner une piste de réflexion : http://www.contrepoints.org/2012/06/19/87554-joplin-et-tuscaloosa-laissez-faire-contre-planisme-apres-la-tornade
Merci David pour la reaction. Je ne suis sur Christchurch que depuis quelques mois, c’est donc plus un temoignage qu’une charge contre l’action du council ou de l’etat. Et puis c’est une ville que je trouve attachante et ou il fait vraiment bon vivre.
Honnetement, je ne suis pas persuade que le prive, assureurs en tete, eu fait beaucoup mieux. Il faut aussi bien comprendre que si 7.1 de magnitude peut sembler « faible » en comparaison des tremblements de terre en Indonesie ou en Amerique du sud par exemple, le fait que ca se soit passe tres proche de la surface a entraine des accelerations depassant toutes les limites structurelles des codes de construction sismique pourtant drastiques en NZ.
En gros, un tremblement de terre de ce type dans n’importe quelle autre ville dans le monde aurait rase la ville. Dans ces conditions, l’ampleur des degats aurait mis les ressources necessaires aux inspections a rudes epreuves de toutes manieres, prive ou public.
Reste que la gestion par zone est criticable, notamment parcequ’elle ne permet pas de juger a posteriori des variations au niveau des degats d’un point de vue local. On peut imaginer qu’une gestion plus individualisee, via les assureurs directement, aurait permis des estimations plus precises et surtout, aurait rendu ces derniers responsables des resultats de ces inspections.
Aujourd’hui, le seul « responsable » est l’etat et tous les recours des gens ici ont ete soldes par des echecs. C’est la raison principale des mecontentements dont je me fais le temoin.
Je ne comprends pas où veut en venir l’article? Il me semble inachevé, où se trouve la conclusion? Comment vous sentez vous autorisée à porter un jugement sur ce sujet? Je suis citoyen franco neo zélandais et en NZ depuis des lustres, j’ai été frappé personnellement ainsi que ma famille et mes amis par tous les tremblements de terres (parce qu’il n’y en a pas eu que deux!)
J’ai utilisé les services de l’EQC et en suis globalement satisfait (maison repeinte à neuf début 2013 alors que les dommages étaient quasi invisibles mais ca tombait bien les anciennes couleurs ne plaisaient pas à ma femme!) même si j’aurais préférè être en red zone, prendre l’argent et fuir la ville! Par contre mon beau père (red zone) lui a touché 400k du gouvernement pour une maison que j’aurais personnellement acheté pour 250k au maximum!
Ce qui pose problème par contre, c’est la reconstruction de la ville, sans aucune cohérence architecturale et le résultat s’annonce hideux alors que c’était une opportunité unique de construire la ville du futur!