Un an de réforme migratoire à Cuba, quels changements ?

Comme en ex-URSS, l’ouverture (relative) des frontières à Cuba se traduit par une fuite massive de la population.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Un an de réforme migratoire à Cuba, quels changements ?

Publié le 19 janvier 2014
- A +

Par Yoani Sanchez, depuis La Havane, Cuba.

Cette fois, elle n’a pas pu entrer dans le terminal pour le voir partir. Un panneau indique que seuls les voyageurs peuvent accéder à l’intérieur de l’aéroport José Marti et pas leurs accompagnants. Elle lui a donc dit adieu à la porte. C’est son second fils qui s’en va depuis qu’il y a un an, a été promulguée la Réforme migratoire. Pour elle, comme pour beaucoup de Cubains ça a été un an de départs.

Au cours des dix premiers mois de 2013, quelques 184 787 personnes ont quitté l’île. Beaucoup d’entre elles le faisaient pour la première fois. Bien que les déclarations officielles essaient de nier que le pays est en train de fuir, plus de la moitié des voyageurs n’étaient pas de retour fin novembre. On n’a pas non plus de chiffres. Mais il suffit que chacun de nous regarde autour de soi pour quantifier les absences.

Vu de la personne ou de la famille, chaque voyage peut transformer une vie. Que ce soit en s’échappant de façon définitive du pays où l’on ne veut plus vivre en sachant ce qui existe de l’autre côté, en retrouvant des parents, ou simplement en s’éloignant un temps de la routine quotidienne. La question est de savoir si la somme de toutes ces métamorphoses individuelles est utile pour transformer une nation. La réponse, comme c’est souvent le cas en ce monde, peut être « oui » et également « non ».

Dans le cas de Cuba, les départs ont servi en partie de soupape d’échappement pour les dissidents. Le secteur le plus en rébellion de la société a fait les valises pour partir un temps plus ou moins long. Le gouvernement en a tiré profit, y compris des bénéfices matériels des voyages qui se sont concrétisés en davantage de mandats reçus de l’étranger, davantage d’articles de consommation importés et plus de taxes d’aéroport recouvrées. L’industrie sans fumées d’usine de l’émigration. Faire entendre leurs voix sur des scènes où l’on n’entendait auparavant que les voix officielles a constitué un bon pas en avant.

Pour les activistes de la société civile qui ont fait des tournées internationales ce fut une opportunité extraordinaire. Ils ont pu approcher des thématiques débattues dans le monde actuel, et ceci les a aidés à moderniser leurs points de vue, à mieux définir leur rôle civique et à s’insérer dans des courants qui transcendent les frontières nationales. Le résultat n’est ni magique, ni immédiat, mais assurément positif.

Pendant toute cette période cependant, on a refusé aux ex prisonniers du Printemps Noir le droit de voyager hors du pays. De même, le nombre des exilés interdits de rentrer à Cuba s’est maintenu avec une tendance à la hausse. Malheureusement, après les gros titres annonçant le Décret-Loi 302, ces drames n’ont pas trouvé suffisamment d’écho dans la presse ou les organismes internationaux.

Une grande partie de a population ne peut pas encore s’offrir un passeport. Pour tous ces cubains, la Réforme Migratoire a seulement concerné la vie des autres, sur les écrans de télévision ou dans les pages des journaux. Comme par hasard ce sont les mêmes qui n’ont pas encore pu se procurer un téléphone portable, dormir à l’hôtel ou même se montrer sur les marchés immobilier ou automobile. Ce sont les cubains qui ne disposent pas de pesos convertibles.

Ainsi 2013 peut se résumer en un mélange de valises, de départs, de retours, de noms rayés des répertoires téléphoniques, de soupirs, de longues files d’attente aux guichets des consulats, de retrouvailles, d’appartements mis en vente pour payer les billets d’avion… Une année pour partir et une année pour rester.

Traduction Jean-Claude Marouby – Sur le web

Voir les commentaires (3)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (3)
  • l’accès à l’aéroport de le havane pour les acconpagnants est provisoirement interdit en raison des travaux importantants d’agrandissement et de transformations,

  • Par contre M. Mélenchon peut rentrer et revenir sans problème du Cuba Castriste.
    La vie est vraiment injuste.

  • Cuba est le seul pays latino-américain qui a vu diminuer son apport calorique diminué pour la population, en passant de 2.700 calories/jour/hab. en 1957 à moins de 2.500 après la fin des subventions soviétiques. De même Cuba doit être le seul pays au monde qui a vu son nombre de voitures par habitant diminuer depuis 1957.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par Juan Diego Rodríguez et Olea Gallardo. Un article de 14ymedio

 

Il y a quelques années, à l'occasion d'une de ces divertissantes conférences TED qui se répandent comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, Barry Schwartz a popularisé l'expression "le paradoxe du choix" qui peut se résumer ainsi : choisir entre trop d'options produit de la paralysie et de l'insatisfaction, ce qui peut provoquer une sorte de stress très négatif dans les sociétés industrielles modernes.

Rien de tout cela n'arrivera aux clie... Poursuivre la lecture

Fidel Castro
1
Sauvegarder cet article

L’époque soviétique est le couteau suisse de Vladimir Poutine. D’un coté, elle lui permet d’idolâtrer l’impérialisme russe à travers la victoire sur le nazisme ; de l’autre, l’idéologie communiste lui sert de repoussoir : il se présente comme l’homme qui ne la laissera jamais reprendre le pouvoir au Kremlin. Enfin, elle lui lègue en sous-main toutes sortes de techniques de gouvernement, de manipulation, de corruption, dont il a besoin pour structurer sa tyrannie. Si bien que selon les moments il utilise le passé soviétique soit comme un totem... Poursuivre la lecture

Nous pensons souvent que le consensus est gage de certitude. On évoque le consensus des experts sur tel ou tel sujet pour avancer avec confiance dans une direction donnée. C’est oublier les leçons de l’histoire qui a régulièrement démenti, parfois brutalement, cette croyance un peu naïve. Un bon exemple est celui de la crise des missiles de Cuba. C’était il y a soixante ans, mais les mêmes mécanismes jouent encore aujourd’hui.

Le 16 octobre 1962, l’Amérique découvrait stupéfaite que les Soviétiques étaient en train d’installer secrètem... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles