Accumulation de signaux économiques douteux

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Accumulation de signaux économiques douteux

Publié le 27 janvier 2014
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Il semble que la fin du mois de janvier ne se déroulera pas aussi calmement que ce que pouvaient prévoir les socialistes au gouvernement, concentrés qu’ils étaient sur les réformes sociétales indispensables à une France apaisée. En effet, pendant qu’ils alignent les projets de lois tous plus consternants les uns que les autres, le reste du monde, lui, continue d’afficher une santé délicate et quelques soubresauts récents laissent plus que perplexes.

À l’international, il devient difficile d’ignorer ce qui se passe en Amérique du Sud, en Chine, et en Ukraine dans une moindre mesure.

Si l’on peut arguer que les troubles ukrainiens n’ont pour le moment qu’un impact modéré sur l’économie mondiale, on peut cependant comprendre que toute escalade des violences là-bas se ressentira indirectement à mesure que le grand frère russe pourrait s’agiter et que l’Union Européenne pourrait émettre des inquiétudes.

Cependant, de l’autre côté du globe, la situation de deux pays sud-américains s’est passablement détériorée en quelques semaines.

Il y a tout d’abord l’Argentine, dont la monnaie s’est effondrée à tel point que le gouvernement (socialiste, est-ce nécessaire de le rappeler) argentin a été obligé d’abandonner le contrôle des changes.

inflation argentine

La situation du pays, globalement mauvaise depuis plusieurs années, et particulièrement dégradée depuis le début des années 2000, s’est notoirement effondrée ces dernières semaines avec une inflation indomptable ; la récente décision des autorités argentines de limiter dans des proportions drastiques les importations de biens achetés en ligne montre la nervosité du pouvoir en place ; comme à chaque fois qu’un pays choisit résolument le tournant socialiste ferme et définitif, la faillite complète n’est plus très loin, et cela se sent déjà dans les rues des principales villes de ce pays qui fut pourtant, au début du 20ème siècle, l’un des plus riches du monde.

Au Venezuela, le chavisme joyeux et triomphant, perpétué par un Maduro aussi compétent que son prédécesseur, continue de se traduire concrètement par des petits soucis pour à peu près tout le monde, État compris. Tout comme en Argentine, l’inflation galope gentiment (autour de 300%) et le contrôle des changes — instauré pour faire rendre gorge au méchant capitalisme qui met systématiquement le socialisme en défaut — continue de ne pas porter ses fruits : les dollars américains, qui servent pour les importations, sont cruellement rationnés ce qui entraîne mécaniquement des problèmes d’importations et de pénuries sur à peu près tout sauf le pétrole. Ces pénuries entraînent là encore logiquement des hausses de prix, mises sur le dos de méchants spéculateurs, qu’on combattra « efficacement » avec un contrôle des prix qui aggravera le problème. La révolution bolivarienne suit donc le même chemin que la révolution des Kirchner en Argentine, c’est-à-dire celui de la catastrophe.

communism party is over

Les problèmes de ces pays ne sont évidemment pas sans conséquence pour les pays voisins : la bourse brésilienne s’est un peu pris les pieds dans le tapis jeudi dernier, dérapage provoqué par les craintes que les problèmes argentins pourraient déborder sur l’économie brésilienne.

De façon générale et comme le note un article récent de Bloomberg, difficile de ne pas voir que les signaux d’alertes s’accumulent sur les pays émergents qui semblent tous plus ou moins touchés par les problèmes économiques, et d’inflation notamment. L’impression folle de dollars américains suite à la multiplication des opérations de Quantitative Easing semble finalement aboutir à des effets pervers dans les économies émergentes ; en effet, au peso argentin et au bolivar venezuelien, il faut ajouter le real brésilien, la lire turque, le rand sud-africain ou le rouble russe qui montrent tous des signes de fièvre.

Quant à la Chine, il semble qu’on assiste à un discret bank-run dans certaines mutuelles coopératives : des déposants de ces fonds ont été incapables de récupérer leurs avoirs, pour des montants de « plusieurs centaines de millions ». Manifestement, la Chine, dont on avait noté les sur-investissements dans l’infrastructure, l’immobilier et l’industrie, voit la conjoncture (et le vent) tourner, et pas forcément à son avantage ; la récente contraction de l’industrie chinoise indique un net essoufflement de l’empire communiste.

Ces problèmes (en Chine et en Argentine notamment) ont décidé les autorités sud-coréennes (le ministre des finances, le gouverneur de la banque nationale coréenne et le régulateur local) à tenir une réunion d’urgence le 26 janvier pour étudier les problèmes des marchés émergents et se préparer en cas d’impact sur l’économie sud-coréenne. Les déclarations qui ont suivi cette réunion sont sans ambiguïté : le gouvernement sud-coréen a noté que l’anticipation de la fin des QE américains ainsi que le ralentissement économique chinois entraînaient des instabilités financières dans les marchés émergents comme l’Argentine et la Turquie.

Peut-être les Coréens ont-ils vu, eux aussi, les problèmes qui s’accumulent actuellement dans l’économie mondiale, et peut-être voient-ils dans la récente dégringolade (une trentaine de pourcents !) du Baltic Dry Index (l’indice du prix du fret par cargo) une preuve suffisante d’un arrêt global assez brutal, à l’instar de ce qui fut constaté en début 2008. En effet, si l’on sait que, traditionnellement, cet indice décroit après les fêtes, la chute constatée ces derniers jours est la plus forte depuis 1984.

dbi jan 2014

Pendant ce temps, en Europe, les affaires ne semblent pas brillantes pour le dire gentiment. Il y a bien sûr les situations économiques de l’Espagne et de l’Italie qui ne sont pas aux mieux de leur forme, avec des taux de chômage particulièrement élevés. De son côté, la France montre aussi de belles contre-performances en matière d’emploi (je crois qu’il n’y a pas besoin de revenir sur les records que le pays enregistre actuellement), en matière de gestion de ses déficits (le dérapage continue). Et le petit « ouf » de soulagement, discrètement poussé par Moscovici à Davos alors que Moody’s aura laissé identique la note de la dette française, ne change absolument rien. En pratique, le pays est toujours sous observation négative, et l’état général de ses finances montre surtout qu’on n’a gagné qu’une poignée de semaines ou de mois tout au plus avant la dégradation inévitable.

moscovici construit l'urss

De façon générale, la situation européenne est aussi médiocre que celle qu’on vient d’aborder pour les pays émergents. De surcroît, Christine Lagarde, toujours directrice générale du Fonds Monétaire International, s’est ouvertement inquiétée à Davos des niveaux extrêmement faibles d’inflation constatée en Europe, avec, selon elle, le risque évident que le continent sombre dans la déflation, qui est probablement la pire des choses qui puisse arriver aux élites politiques dont la place dépend ultimement de la création de crédit, très ralentie dans un tel contexte.

imgscan contrepoints 2014616Ajoutons enfin que la banque HSBC vient de réduire les possibilités de retraits de ses clients à un minimum ridicule. Bien évidemment, cette banque s’abrite derrière le prétexte commode d’une lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent pour empêcher ses clients de retirer de larges sommes de leurs comptes, mais le constat reste : les clients de cette banque ne sont plus propriétaires des fonds qu’ils y déposent. Or, cette banque n’est pas à proprement parler en bonne santé financière. Et déjà, certains s’alarment d’une éventuelle faillite…

Tout ceci est, sans aucun doute, parfaitement rassurant. Encore plus rassurant est l’obstination des médias à parler des futilités habituelles : la France reste ainsi bloquée dans l’observation des soubresauts de la cour élyséenne, pendant que les signes économiques catastrophiques s’entassent à la porte des gouvernants qui semblent terriblement absorbés à s’occuper de leur image et de leur compte en banque.

Mais détendez-vous, de toute façon, tout ira bien : comme en Argentine et au Venezuela, ce sont les Gentils qui dirigent.
—-
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  • L’argentine c’est pas vraiment un pays émergent… Mais c’est un détails. Les problèmes argentins remonte à loin c’est pour ça qu’on peut pas dire que la situation c’est dégradé. Cela fait des années qu’il existe un marché noir de l’USD.
    l’Indonésie la Turquie me semble être de mauvais élèves. La Thaïlande est très inquiétante. La Chine peut traiter sont problème bancaire, mais si elle n’y arrive pas ce sera vraiment sanglant parce que la société chinoise est tout sauf apaisé. Malgré le miracle chinois, ils sont toujours nombreux à vouloir quitter le pays, notamment parmi les plus riches. Ne pas oublier que toute baisse de la croissance mondial à une répercussion sur le baril et la Russie ne tiens que grâce à lui.
    Heureusement il reste toujours le Viet Nam, la Colombie, l’Afrique Sub-Saharienne …

    • Et les Philippines et leur quasi 8% de croissance 🙂

      • Oui les Philippines, ils ont fait un beau travail pour récupérer de l’out sourcing de centre d’appel et autres, ils ont aussi un secteur des nouvelles technos très actifs.
        En réalité les histoires de croissances sont de plus en plus nombreuses. Après il y a des cas pathologiques qui ne veulent pas avancer genre Argentine.
        Il y a aussi l’Asie centrale qui va bien, même si la Mongolie intrigue.

  • http://www.contrepoints.org/2014/01/26/154618-les-kronies

    Heureusement que l’on peut choisir son camp !!!
    Perso j’ai beaucoup de mal, j’hésite encore entre

    – Vrai pauvre, mais libre et heureux
    – Escrocs ou ministre (c’est pas donné à tous le monde non plus….)
    – Ajourd’hui, on a une autre solution: pauvre, pas libre et malheureux.

    Vous en avez révé, le socialisme l’a fait pour vous. Elle est pas belle la vie ! (fleurinichon)

    Attention, fumer tue, boire n’est pas bon pour le ventre et les artères, il faut manger 5 fruits et légumes par jour, avoir une activité physique (pas sexuelle, hien) régulière, bien payer ses impôts en temps et en heure, ne pas vouloir retirer son cash de sa banque, et et et puis, merde à la fin, vous faites chier avec vos questions…..paye je te dis.

  • Pour la France, il suffirait que le Japon cesse d’acheter des OAT françaises ( le premier acheteur en 2013 ) compte tenu de son déficit commercial de plus de 85 milliards de dollars sur 9 mois pour que mécaniquement les taux à 10 ans flambent. Ce sera alors le début de la chute de la maison France ! Et ce scénario pourrait arriver lors de la prochaine action de l’AFT. La France emprunte à court terme pour rembourser les échéances mais si les taux à court terme augmentent aussi, ce sera inévitablement le plongeon. De toute façon, comme vous le dites, ce pays est complètement foutu !

    • A priori c’est ce que prépare la Chine, le Japon va suivre….très bonne nouvelle pour la France. Tous pauvre et unis dans le malheur.

      C’est en principe le moment où les hommes politiques prennent les jambes à leur coup (à surveiller de prêt), délocalisent les derniers biens Franco Français. Les copains qui ont des banques vont bien sur délocaliser juste au bon moment (comme ça c’est vu en Grèce, hein baroso tu n’as pas fait de délit d’initié dans cette histoire !).

      C’est le moment d’appeler les super Kronies, un petit passage de drones, une pizza, et on recommence comme avant.

    • Les OAT à 10 ans ne cessent de monter depuis 20 mois, certes ils ne flambent pas, mais ils montent…. et cela dans l’indifférence générale.
      Vous avez déjà entendu nos cranes en peau de fesses, concernés par le sujet, en parler ?
      Moi non, et je ne parle même pas de nos supers pseudo journalistes « experts » sensés expliquer les mécanismes d’une économie mondialisée…. tous sont aux abonnés absents sur le sujet.
      Je suis très inquiet pour les mois à venir, les 3/4 de la population étant tenue dans l’ignorance des conséquences qu’aurait une flambée des taux, manque d’organisation = panique.

  • Ah, ces lendemains qui chantent (mais strictement réservés au peuple), pourquoi tardent-ils toujours à venir dans les calendriers socialistes?
    Parce que, comme toute religion, le socialisme vit de l’espoir que la réalité ne sera jamais une… réalité, c’est-à-dire quelque chose de totalement imprévisible, de flou, un perpétuel devenir: Τα Πάντα ῥεῖ disait avec justesse mon compatriote Héraclite, il y a déjà quelque vingt cinq siècles.
    Mais le socialisme, comme toute religion, croit toujours que la réalité qu’il prévoit est la réalité qui devient…

  • « les clients de cette banque ne sont plus propriétaires des fonds qu’ils y déposent »

    Les clients ne sont JAMAIS propriétaires de leurs dépôts ! dépôt = propriété de la banque contre une dette envers le déposant. Mettre en coffre, pas mieux, toujours à la banque, la seule solution, coffre dans une société non bancaire

  • Il ne faut pas chercher à effrayer et à vouloir faire croire que la France sera mise sous tutelle par des créanciers étrangers aidés de quelques collabos qui se réjouiraient de voir le blocage financier du pays, pretexte à d’importantes réformes visant à démolir notre modèle social.
    Tout ceci c’est du fantasme pour amuser les gogos qui recherchent sur Internet ce à quoi ils rêvent..

  • Dans quelques semaines/mois, la Fed relancera un QE pour permettre à Obama de terminer tranquillement son mandat, tandis que la BCE proposera une nouvelle tranche de LTRO ou quelque chose d’approchant, afin que les banques TBTF de la zone puisse survivre jusqu’en 2016, lorsque les épargnants seront définitivement responsables des pertes de leurs banques.

    Pour être au clair sur le sujet, il n’y a qu’une raison pour imaginer que ces banques puissent faire faillite. En effet, nos banques sont gavées de titres publics, actifs les plus pourris qu’on puisse imaginer puisque les émetteurs publics peuvent décider, à leur convenance et sans conséquence pour eux, de ne plus respecter leur parole. Mais pas d’inquiétude : ces actifs publics super-pourris ne sont jamais inclus dans les stress-tests car ils sont légalement réputés sans risque. Autrement dit, mettre les épargnants en première ligne revient à leur faire supporter la totalité de la charge de remboursement des dettes de l’Etat en cas de défaut public. Et la probabilité de ce défaut augmente au fur et à mesure que le stock de dettes publiques tutoie les cieux. Chaque fois que vous entendez un politicien déclarer « que chacun doit participer à l’effort public », il anticipe l’arnaque du millénaire qui aura lieu avant 2020 en préparant l’opinion à la tonte.

    Il n’y a qu’une solution raisonnable pour sortir de cette impasse et éviter la crise : interdire sans délai les émissions de dettes publiques dans la zone euro. En France, cela signifie dégager un excédent budgétaire de l’ordre de 70 milliards à budget équivalent, négocier un étalement sur 30 ans du stock de dettes dont la maturité actuelle est de 7 ans, puis fermer définitivement l’AFT.

  • Gold standard now!!!Et sans doute que le pire sera évité…

    • C’est comme si « justement » nos gouvernants de nos sociétés démocratiques allaient dans le mur en pleine conscience. Ma théorie est que dans la misère il y a beaucoup à manger pour les charognards.

      Un monde libéral serait beaucoup trop transparent et juste, laissant de côté nos escrocs de ministres.

      Imaginez un monde ou le mérite et l’honnêteté seraient un avantage et une qualité. Imaginez que les gens se respectent et deviennent aimant de la vie, du travail, des autres.

      Non, non, non…..le socialisme nous protège de devenir enfin des gens bons, libres et heureux…..ouf, c’etait moins une.

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