Une interview de Cécile Philippe.
Un article de l’Institut économique Molinari.
Libérons les labels de la mainmise de l’État ; les labels sont donc bridés ?
Effectivement, en France, le mot même de « label » est public. L’ensemble des labels officiels est géré par l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO), un établissement public sous la tutelle du ministère de l’Agriculture, ce qui lui garantit un monopole de fait sur la certification.
Par exemple, en 2003, l’appellation « Saveurs de l’année » – un palmarès créé par l’entreprise Monadia et décerné annuellement à plus de cent types de produits sur la base uniquement d’évaluations à l’aveugle de consommateurs – a été condamnée par le Tribunal de grande instance de Versailles pour avoir utilisé le mot « label » à des fins publicitaires.
En quoi cela pose-t-il problème ?
L’absence de labels privés est problématique pour plusieurs raisons. La première, c’est qu’elle crée un faux sentiment de sécurité chez les consommateurs. La seconde et c’est lié, c’est qu’elle met toute la responsabilité du maintien de la qualité des labels et de la lutte contre la fraude dans les mains des pouvoirs publics.
Or, il faut des moyens colossaux pour prévenir et lutter efficacement contre la fraude, moyens que les pouvoirs publics n’ont pas et ce n’est pas l’ajout d’une étiquette en plus sur les emballages qui réglera la question. En présence d’un monopole en la matière, une évaluation privée a plus de difficultés à émerger du fait des nombreux obstacles légaux et de leurs prix nécessairement onéreux. Il n’est tout simplement pas évident de concurrencer les labels publics officiels gérés par l’INAO, qui de fait sont entièrement subventionnés et garantis par les autorités publiques.
On a pourtant plutôt l’impression que c’est le manque de réglementation qui est à l’origine de tous ces scandales ?
C’est effectivement ce qu’on a tendance à croire, sauf que le secteur agroalimentaire est probablement l’un des plus réglementés et l’un des plus contrôlés aux niveaux national et européen.
Les contrôles de la qualité des produits que nous mangeons en France sont déjà soumis à une myriade de normes et réglementations. Au niveau mondial, la sécurité alimentaire passe par le Codex Alimentarius coordonné par la FAO et l’OMS.
Au niveau européen, il existe plusieurs directives et en France la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) créée en 1985, ou encore la Direction générale de l’alimentation (DGAL), créée en 1987 sont déjà en charge de contrôler ce secteur.
Et des labels privés pourraient améliorer les choses sans embrouiller les consommateurs ?
Exactement. En l’absence de contrôle ou d’institution infaillible pour empêcher la fraude, il faudrait pour sortir du cercle vicieux (scandale entraîne réglementation = moins de vigilance = nouveau scandale) encourager les clients qui s’estiment trompés à porter plainte, encourager la vigilance des consommateurs et la concurrence entre les labels de qualité. Cela permettrait l’émergence d’un marché dynamique de la certification avec des entreprises qui pourraient justement se spécialiser dans le contrôle de qualité et l’examen des labels dont la réputation serait jaugée à l’aune des scandales évités.
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Chronique de Cécile Philippe, directrice de l’Institut économique Molinari, diffusée sur les ondes de Radio classique le 21 janvier 2014.
Références :
Il y a déjà des tonnes de signes de qualité, le consommateur n’y comprend rien. Concurrence entre les labels de qualité? sans déconner, vous croyez que le client il va réfléchir plus de 10 sec devant quelques références de produits alimentaires?
@Karg: Si votre objection consiste à supposer ce que vont faire “les gens” tout en les prenant pour des abrutis, je ne vois meme pas pourquoi vous voulez débattre.
Par ailleurs s’il y a ne serait-ce qu’une seule personne qui veut profiter de cette possibilité sans enquiquiner qui que ce soit, alors je ne vois pas au nom de quelle tendance majoritaire vous avez le droit de lui nier son droit a profiter eventuellement de telles initiatives privées.
Observez les gens dans un magasin et vous allez comprendre. C’est un truc qu’on apprend quand on fait du marketing ^^
J’ai fait une ESC et je suis parfaitement formé en Marketing merci. C’est mon travail aussi et si j’ai appris une chose c’est que le mépris du client mène rarement à des sommets. J’ai fait du marketing en Angleterre en France en Europe du Nord et dans le Benelux. Concrètement j’attend avec impatience la révolution que vous allez m’apporter en marketing pour compléter mes 10 ans de métier et le savoir faire que mon employeur paye fort cher. Si vous me permettez de gagner encore plus avec votre savoir, je suis preneur.
Vous travaillez sur quels produits des téléphones? des maisons? des vêtements? des produits de beautés ou du blanc de poulet sous vide en barquette? L’agro alimentaire, c’est justement de la dépense alimentaire, le client il ne réfléchit pas du tout comme quand il se fait un achat plaisir ou un achat d’investissement. Il ne s’agit pas de mépriser le client, mais de comprendre comment il décide de son achat et quelle est sa motivation réelle. Quand la ménagère doit acheter des dizaines d’articles différents dans sa GMS, elle n’a pas le temps ni la motivation de scruter chaque étiquette, encore moins de s’informer sur le contenu réel d’un label ou d’un signe de qualité. Dès qu’on sature le client de signaux, il ne comprend rien.
Exemple de certification pourrie: L’ACS
Attestation de Conformité Sanitaire.
Créee par des entreprises privées ce label est devenu une obligation légale: Cette accréditation et l’objet de tractations de la part des principaux acteurs du marché qui s’en servent pour protéger leur marché et garantir leurs rentes de situation. C’est du protectionnisme et du trafic d’influence déguisés en protection du consommateur.
Le “label bio” a dû dégoûter plus de producteurs de produits de qualité à lui seul, que l’épidémie de vache folle en région charolaise. (achetez du bio en grandes surfaces par contre, et vous constaterez… un rapport qualité prix désastreux, l’effet d’une habile tactique de vilification de la part de la grosse distribution sans doute).
Et que dire de la fameuse norme “NF” (subordonnée obligatoirement à la norme CE) ? Encore un label garant de haute taxation et mauvais rapport quallité-prix sur le marché libre, à mon avis.
Je suis partagé face à votre commentaire:
– le label AB n’a jamais était un indicateur de qualité organoleptique, à la différence du label rouge il n’y a aucune obligation de résultat sur ce point.
– tout la communication sur l’AB s’appuie sur la santé et sur le gout, donc le consommateur s’attend légitimement à une plus valus sur ce point. En test avec étiquette il y croit, en aveugle il ne voit (justement) plus la différence (http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0080719)
– il y a effectivement AB et AB. Quand on achète du lait bio issu de grande ferme, UHT, passé à la centrifugeuse, bien malin celui qui arrivera à trouver une différence avec le même lait conventionnel. Par contre le lait vendu cru ou légèrement pasteurisé, entier (jamais centrifugé) aura un gout inimitable et très typique, très recherché par les connaisseurs. Ce lait est de mon point du vue plus “bio” que l’eau blanchâtre écolo-bobo-certifiée vendu en brique dans les GMS.
“En France, le mot même de « label » est public”
Non mais lool on me l’avait jamais faite celle là! Sans blague! mais vive la France……….