La droite en haillons

Pour offrir une alternative crédible en 2017, la droite française doit offrir des propositions cohérentes alliant modernisation économique et réforme sociale. Mission : difficile – mais pas impossible.

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Jean-Pierre Raffarin (Crédits UMP Photos, licence Creative Commons)

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La droite en haillons

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 30 janvier 2014
- A +

Par Gaspard Hohenfels.
Un article de Marché Gris.

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Nul besoin d’être un spécialiste de la politique pour faire ce triste constat : malgré une majorité socialiste aux abois et ne sachant plus à quel marronnier du progressisme se vouer, la droite française est aujourd’hui en bien piteux état.

Après la défaite – d’aucuns diraient l’humiliation – de 2012, l’UMP et ses alliés centristes peinent à se présenter comme une alternative crédible. Et la rivalité Copé-Fillon n’a rien fait pour améliorer la réputation du premier parti d’opposition, transformé en une grande cour de récré pour hiérarques capricieux.

Il est bien sûr difficile, après 10 ans de majorité au Parlement et 17 ans de Présidence à l’Élysée, de réapprendre le langage et l’attitude d’un parti d’opposition crédible. En outre, la droite contemporaine s’est souvent construite sur des rivalités parfois très brutales, de la lutte entre giscardiens et chiraquiens jusqu’à la plus récente affaire Clearstream.

Pour autant, la droite est tenue de rafraîchir réellement son discours si elle veut reconquérir le pouvoir ; en particulier compte tenu du potentiel électoral du Front National relooké par Marine Le Pen. Un tel renouvellement s’est déjà produit ailleurs.

Aux États-Unis, dans les années 80, le parti républicain a opéré un retour – certes ambigu – au libéralisme classique, s’appuyant sur le renouveau intellectuel et médiatique du courant conservateur. Aujourd’hui, le vieux 33-tours reaganien ne séduit plus l’électorat, comme l’a montré la défaite de Mitt Romney face à Barack Obama en novembre 2012. Mais ce qui s’est produit une fois peut se produire à nouveau : on voit émerger un mouvement de républicains de tous horizons, conscients des limites du vieux parti de droite et travaillant à une nouvelle forme de conservatisme réformiste.

imgscan  contrepoints 2014628 droiteAu Royaume-Uni, le parti conservateur s’est attaqué de front aux plus gros blocages socio-économiques du pays et s’est maintenu au pouvoir pendant 18 ans, emmené par une fille d’épicier bien connue. Le parti travailliste britannique a lui aussi fait son aggiornamento pour donner naissance au New Labour de Tony Blair, qui reprendrait à son compte certaines réformes thatchériennes… avant de céder sa place en 2010 à des Tories eux aussi « mis à jour ». Le programme de l’actuel Premier ministre David Cameron, basé sur le compassionate conservatism et la Big Society, mêle ainsi aux principes libéraux une sensibilité accrue aux questions sociales.

Plus globalement, le « consensus de Washington » qui a guidé la conception des politiques publiques dans de nombreux pays depuis une vingtaine d’années est aujourd’hui sérieusement remis en cause. Critiquant une approche uniforme des problèmes économiques et sociaux, et rappelant la nécessité de faire vivre les promesses sociales du libéralisme, The Economist appelait de ses vœux un nouveau et véritable progressisme dans un article devenu un morceau d’anthologie du centrisme et du pragmatisme.

Compte tenu de la crise économique et sociale qui traverse notre pays depuis plusieurs années, l’opposition ne peut se contenter de réclamer des réformes sans proposer aussi des réponses spécifiques aux difficultés de la société française (éducation, logement, pauvreté, vieillissement de la population…).

Pour ce faire, elle doit manœuvrer sur l’étroite ligne de crête, prise entre une gauche qui persiste à voir la dépense publique comme une réponse universelle aux problèmes sociaux et une mouvance populiste appelant à un retour massif de l’État dirigiste dans la vie économique et sociale du pays. Ce n’est pas gagné, mais ce n’est pas perdu non plus.


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  • Deux remarques:
    1. il est consternant que ce que vous appelez la droite, mais qui n’est au mieux qu’un centre-gauche, n’a pas compris que les électeurs avaient avancé beaucoup plus vite qu’eux et avaient -enfin- compris que, seules des réformes vigoureuses et libérales pouvaient sauver le pays.
    2. il faut dire et répéter que le FN est devenue une formation d’extrême gauche et que son programme économique n’a rien à envier à celui, tout aussi démagogique,de Mélanchon.

    J’ajouterai qu’en France l’urgence de toutes les urgences est de récréer des richesses avant de songer au « sociaââl ». Virer un million de fonctionnaires, abroger le code du travail, abroger 9/10 des normes et réglementations pour tout rebooster. Ensuite on verra à distribuer -intelligemment- de l’argent qu’on aura réellement gagné (et non emprunté à un taux artificiellement bas).

  • « The right’s instinct is too often to make government smaller, rather than better. »

    Un meilleur Etat plutôt qu’un Etat réduit ? Absurde opposition ! L’exigence d’un meilleur Etat dépend de la taille de l’Etat, donc des missions qui lui sont confiées. La taille de l’Etat réduite au minimum est la condition nécessaire et suffisante pour voir émerger un gouvernement légitime, donc sous contrôle, c’est-à-dire limité aux quelques rares fonctions régaliennes relevant effectivement de sa compétence. Dans cette optique, s’occuper des pauvres peut relever de l’action publique. Encore faut-il que ce ne soit pas l’Etat lui-même qui engendre la pauvreté de masse du fait de ses interventions économiques ubuesques !

    A ce titre, nul n’ignore que la politique de Cameron est soutenue par la manipulation monétaire sans frein de la BoE, avec une réussite plus que douteuse relativement aux montagnes de dettes accumulées. Or, les manipulations des charlatans n’ont qu’un temps et l’heure de vérité, ce foutu moment où il devient impératif de rembourser la dette, ne manque jamais d’arriver.

    Loin d’être pragmatique, la politique d’extrême-centre proposée par The Economist n’est qu’un autre chemin, un peu plus tortueux, vers la servitude socialiste. Il n’y a pas de moyen terme, de troisième voie, de synthèse miraculeuse, de négociation possible entre la vérité et le mensonge idéologique. Sans alternative possible, il convient d’interdire le socialisme.

  • Ce panégyrique oublie NKM qui a réussi l’exploit d’interdire les OGM, les gaz de schiste et même l’étude des réserves de gaz de schiste, à voter le mariage pour tous ainsi que la pénalisation des clients de prostituées….bref NKM c’est une bobo de chez bobo.
    Et ses relations avec Sarkozy n’y changent rien, au contraire !

    • NKM est une socialiste comme tous les autres.

      • Non, c’est pire !
        Un socialiste, bon, il triche pas. Il est con et l’assume. Un droite de gauche, c’est complètement fou !

      • Socialiste? Je dirai plutôt que NKM fait partie de cette catégorie d’élus (que nous sommes assez stupides d’élire) habiles au GRAND ECCART!!!!

        • Compte tenu de l’absence de véritable choix démocratique face à des partis uniformément socialistes (collectivistes), du fait qu’une minorité est suffisante pour être élu et que les votes de refus ne sont pas comptés (abstention, vote blanc, bulletins nuls), sans même évoquer le bourrage des urnes, nous n’élisons pas vraiment ces politiciens. Le dernier exemple en date de la mascarade démocratique est Hollande qui se retrouve président alors qu’il n’a aucune majorité.

          Ce qui reste de la démocratie en France ressemble tout au plus à un système de cooptation pour assurer la survie de la caste socialiste.

        •  » NKM habituée au grand écart  »

          comme disait coluche en parlant de stephanie de monaco:  » elle a un pied à paris et l’autre à monaco, moi, je ne voudrai pas etre à Lyon… « 

  • Je remarque que l’on parle souvent de « politique », et non plus simplement d’économie. Quand un pays devient PVD (pays en voie de disparition), il est urgent de virer la politique et de se concentrer sur l’économie. Une simple calculatrice Casio fait l’affaire (un tableur serait mieux, mais bon, faut y aller doucement au début).

    Pour faire une comparaison entre politique de gauche/droite il faut être très fort en France. On en vient à souhaiter une vraie dictature pour faire enfin comprendre aux gens ce qu’il y a derrière ce système.

    • Vous vous pensez encore en démocratie? L’UE est une technocratie digne du temps de l’URSS, les deux tiers de la dette française est détenue par des étrangers ce qui commence à se voir un peu de trop au niveau de l’inconséquente politique étrangère qu’elle mène et en plus nous n’avons plus de souveraineté monétaire… Vous pouvez inter-changer Hollande avec Sarkozy avec encore un autre, vous aurez toujours la même bouillie. La France est totalement paralysée par ses fonctionnaires trop nombreux à statut, l’avalanche de rentes ça et là et tout un tas de professions réglementées leur assurant une situation de monopole.

      Peu importe l’homme ou le programme, ce château de cartes doit s’écrouler d’abord pour être réformable.

      • C’est exacte.
        Les politiques ne gèrent plus le secteur publique qui est devenu hors de contrôle depuis qu’il a atteint sa taille critique.
        Quand on sait que la méthode globale est interdite, mais qu’elle est toujours enseignée dans les ESPE (IUFM), et personne ne peut les forcer à en changer.

  • quand vous voyez sur cette photo des gens qui seraient prés a voter socialiste plutôt que d’affirmer  » tout sauf socialo  » ,il ne faut pas s’étonner qu’une bonne partie des français les rejettent
    il suffit de regarder l’état du pays
    petit boulot ou chômage en France ou partir a l’étranger
    c’est le quotidien d’une bonne partie de la jeunesse
    mais par contre ,on attire la planète , voire léonarda et son envie de revenir vivre au frais des contribuables fr

  • Lorsque les sondages nous disent que dans les grandes villes des » vieux chevaux » avec des casseroles comme Gaudin à Marseille ou Juppé à Bordeaux risquent fort de repasser, il y a de quoi désespérer du non-renouvellement des générations de politiciens.
    Il ne faut plus aller voter.
    Laissons ces guignols se faire élire avec 35% de participation et alors il sera légitime de les renverser pour sauver le pays de la faillite !

  • La droie en haillons ?

    Et les autres partis alors !

    Tous les politiciens en haillons réduits à mendier dans la rue. Mon rêve !

  • L’essentiel est dit : le mammouth es devenu incontrolable … et ce quelque soit la couleur politique.

    Quel homme providentiel osera porter un programme visant à tuer le role de l’état… et donc sa propre impression de puissance ?

    1- recentrer l’état sur les missions regalienne : sécurité des personnes et des biens + rendre justice + s’assurer de l’accès à tous à l’éducation et à la santé
    2- supprimer le statut de la fonction publique, transformer en CDI pour les moins de 50ans et tous nouveaux entrants , sauf forces de l’ordre, justice et controle des missions regaliennes confiée à des entreprises privées.
    3- recalculer les pensions de retraites sur les bases des personnes qui partent actuellement.
    4- flat tax, salaire complet, liberté d’installation sur tous les secteurs d’activité
    5- réorganisation de l’état : suppression des recouvrement de compétence.
    3-

  • Je pense qu’il faut saluer ce mouvement visible à droite vers + de libéralisme. Oh oui, bien sûr, nous ne sommes pas où nombre de libéraux le souhaiteraient, mais tout de même l’UMP va dans le bon sens de mon point de vue. Soit on va dans le mauvais soit le bon, et je crois que depuis des mois le sens du vent est le bon. La Liberté est le mot qui revient le plus depuis des mois dans les discours des cadres de l’UMP. Ne tapons pas trop dessus ! Accompagnons, voir faisons de l’entrisme, et nous verrons. Je crois beaucoup plus en une mue libérale-conservatrice de l’UMP qu’en une UDI libérale (d’où mon regret d’avoir vue le PLD rejoindre l’UDI alors qu’ils seraient mieux n tant que courant reconnu de l’UMP, à mon avis). Par contre je vois Sarkozy comme un frein à cette mue. Bref, l’espoir est mince mais il existe au vu du cap de ces derniers mois. Je ne suis pas en extase, mais je donne un bon point d’encouragement. Il ne faut pas croire que le libéralisme passera par un nouveau parti, s’il a une maigre chance de percer suffisamment en France ça ne peut qu’être par le grand parti de droite, très dur et incertain, mais seule chance à mon avis. Primaire et courants reconnus aideront a cela, comme les libertariens l’ont fait avec le Parti Republicain. Là est la voie à suivre, pas une autre.

    • En fait :
      – soit un vrai libéral se fait élire en mentant sur son programme car les réformes à opérer son « invendables »
      – soit on va au mur et un vrai libéral parvient à se faire élire avec un chèque en blanc pour rebâtir sur les décombres.

      Le socialisme c’est comme l’entropie : irréversible.

    • Après avoir lu les dernières remarques de Juppé sur cet éventuel recentrage libéral, je doute fort que l’UMP aille tellement plus loin que la droite de la gauche.
      Pas grave, l’argent ne fait pas le bonheur, Bouboulet ayant entamé une politique forte et courageuse d’appauvrissement généralisé, le bonheur ne devrait pas tarder à régner en France.

    • Voilà, c’est exactement mon avis aussi. Je doute tout autant du résultat mais ça me semble aussi la seule solution opérationnelle, hors l’exil à l’étranger (je suis trop vieux pour fuir) ou l’attente de l’écroulement ultime, attitude qui ressemble trop à l’attente du « grand soir » révolutionnaire pour être honnête. Patience, entrisme et petits pas. C’est combien la cotise à l’UMP ? Au moins ils ont l’autre Valérie, qui est fort avenante, elle.

  • « Ce n’est pas gagné, mais ce n’est pas perdu non plus. »

    Faudrait pour ce faire que les mongaulliens arrêtent de passer les plats aux socialo-communistes comme il le font depuis 75 ans.

    Les contes de fées, c’est jusque vers 8-10 ans…

  • Dans ce pays on n’a que des socialistes de gauche ou de droite…Quand au FN il s’agit maintenant d’un parti d’extrême gauche (PCF des années 60-70 ) comme déjà évoqué ici…

  • Comme tout vas bien à Marseille ils représentent Gaudin de 77 ans…

  • L’UMP est simplement en phase d’attentisme, d’où cette impression de léthargie politique.
    Tous savent que le moment de la contre-attaque de Sarkozy n’est pas encore venu . Il leur faut patienter encore entre 18 et 20 mois.
    Car à partir du moment où Sarkozy va revenir sur le devant, ça va aller très vite. Il va faire exploser les sondages en sa faveur, et ses premiers meetings de come-back seront grandioses car il aura des fonds pour ça et quantités de chefs d’entreprises (qui en ont ras le bol du PS) derrière lui.

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