Par Kevan Saab.
Ce billet se veut un contrepoint à l’article de M. Sannat sur l’inflation en Argentine publié mardi dernier. Si les effets néfastes de l’inflation galopante cités dans l’article donnent un bon aperçu des difficultés du quotidien que connaissent les Argentins, la conclusion de l’article se perd quant à elle dans une théorie simpliste du complot à des lieux de la réalité. En effet, contrairement à ce que M. Sannat laisse entendre, l’inflation actuelle que connait l’Argentine n’a strictement rien à voir avec les grandes banques et la finance internationale, et encore moins la Fed.
Pour reprendre la formule désormais célèbre de Milton Friedman : « l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire ». Le cas argentin, comme nous allons le voir, ne fait pas exception à la règle. Ainsi, pour comprendre la source de l’inflation argentine, il est nécessaire de s’intéresser à la politique monétaire du pays.
À la tête de la banque centrale du pays jusqu’en Novembre dernier on retrouve, comme par hasard, une certaine Mercedes Marcó Del Pont, alliée affichée de la présidente Kristina Kirchner, dont l’arrivée à la tête de l’institution n’a rien eu d’un hasard. En effet, l’ancien patron de la Banque Centrale d’Argentine s’était vu remercier début 2010 pour avoir refusé de remettre les réserves de devise de la banque aux mains de la présidence afin d’aider à éponger les dettes du pays, donnant lieu à une véritable passe d’armes politique entre la majorité et l’opposition à cette occasion.
A contrario, entre Kirchner et Marcó Del Pont, la lune de miel a été ininterrompue. Il faut dire que les deux femmes ont la même conception de la politique monétaire. Pour elles, la banque centrale du pays se doit d’être cette planche à billet en charge d’imprimer les pesos qu’aimerait dépenser le gouvernement. Et pendant le mandat de Marcó Del Pont, le moins que l’on puisse dire, c’est que les rotatives ont tourné à plein régime, au point de faire passer ses prédécesseurs pour des Autrichiens, comme le montrent les agrégats monétaires M1, M2 et M3 :
C’est bien simple, la masse monétaire a augmenté à un rythme débridé qui a dépassé de très loin la hausse des richesses produites. Naturellement, il faut donc aujourd’hui bien plus de pesos qu’avant pour acquérir quasiment n’importe quel bien ou service. Cette conclusion rejoint tout à fait les constats d’inflation à deux chiffres partagés par tous les économistes sérieux. Les estimations varient selon les organismes, mais on parle de 20 à 30% en moyenne annuelle depuis 2010. On est bien sûr bien loin des 10% annuel calculé par le gouvernement. Une supercherie statistique d’ailleurs tellement grossière, que le FMI a ouvertement rejeté en 2013 les chiffres gouvernementaux et forcé l’exécutif à revoir sa méthode de calcul de l’inflation sous peine de sanction.
Cependant, le plus scandaleux dans cette histoire reste sûrement les déclarations sidérantes de l’ancienne Présidente de la Banque Centrale d’Argentine qui déclare mot pour mot : « il est totalement faux de dire qu’imprimer de la monnaie génère de l’inflation ». On nage là dans l’incompétence et le déni de réalité le plus total !
Bref, dans un pays où la banque centrale n’est pas indépendante et dont la présidente de l’institution se vante ouvertement de financer tous les budgets gouvernementaux, il n’est en rien surprenant de voir la valeur de la monnaie fondre comme neige au soleil et les prix grimper en flèche chaque semaine. Pour terminer sur une note d’espoir, mentionnons que de plus en plus d’Argentins ne croient désormais plus au contrôle des prix aussi inefficace que draconien et à ses boucs émissaires commodes : banquiers, spéculateurs, hommes d’affaires avides, etc. Gageons que la brutale chute du peso ces dernières semaines, suite à la fin des mesures de soutien de la banque centrale, donnera rapidement du fil à retordre à Mme Kirchner dont les pitreries économiques commencent franchement à agacer.
Enfin un article sérieux, le dernier article de Contrepoints rejetant la faute sur « la finance internationale » était digne d’un torchon communiste.
tout a fait !!
Pour faire bonne mesure, et pour bien comprendre l’état de dégénerescence et de corruption de ce pays… lisez cette incroyable nouvelle.
http://tinyurl.com/mbc8q7m
http://tinyurl.com/k628x9v
Un site sécurisé (Iron Mountain, grande société internationale spécialisée) contenant des archives corporate et bancaires… a été entièrement ravagé par un incendie !
9 morts quand même…
Comment ? Ca vous rappelle quelque chose ?
L’incendie du Crédit Lyonnais à Paris en 1996, bien entendu… Incendie criminel…
😉
http://www.lexpress.fr/informations/l-incendie-etait-volontaire_627165.html
Bref. L’Argentine va payer. Payer pour ses élites corrompues. Payer pour son peuple veule et crédule.
La fête est finie. Tout le monde descend. Les femmes, les enfants et les pays émergents d’abord.
Bref, ne pas mettre de femme à la tête d’une banque centrale.
Et Thatcher ?
« « il est totalement faux de dire qu’imprimer de la monnaie génère de l’inflation ». On nage là dans l’incompétence et le déni de réalité le plus total ! »
Non, elle a raison et c’est actuellement démontré par les US, ce n’est pas si simple que cela.
Si la vélocité de la monnaie s’écroule pas d’inflation.
C’est l’erreur que font tous les pro hyper inflation sur les US.
Vous ne pouvez donc pas crier à l’incompétence en citant simplement cette phrase, le reste de son oeuvre suffit.
Les USA utilisent une astuce qui évite l’inflation tout en permettant d’injecter des liquidités. Attention ce système n’est pas sans limite, c’est une sorte de planche à billet modéré:
http://www.huffingtonpost.fr/2013/09/18/reserve-federale-bernanke-qe3-politique-monetaire_n_3944047.html
Il n’y a pas d’astuce, la vélocité est faible donc pas d’inflation. Tout le problème est que ce que veut la banque centrale, c’est une plus grande vélocité mais si la vélocité augmente avant que l’on ai récupéré les billets la banque perd tout. C’est indépendant du fait que le dollar soit une monnaie internationale.
Il n’y a pas vraiment d’astuce en effet. La volonté de la banque centrale ne suffit pas, la politique actuelle des états US, Europe, la chasse fiscale, le deleveraging, la contraction éco en europe poussent à l’accumulation et à la chute de la vélocité de la monnaie, tout cela est actuellement déflationiste. L’hyper inflation arrive quand il y a perte de confiance dans la monnaie, ce n’est pas encore le cas pour les US. Le fait que le $ soit monnaie de réserve a aussi un gros impact.
La vitesse de circulation de la monnaie s’est effondrée aux USA. Voilà pourquoi l’inflation n’y a pas explosé.
C’est ce que je dis dans mon post.
L’impression de monnaie n’est pas une condition suffisante pour l’inflation.
Les montants que Marco Del Pont a imprimé sont près de 5x supérieurs (de mémoire) à ceux de Bernanke si on compare à échelle constante. Bref, quand on nage dans ces eaux là , même avec une vélocité de la monnaie plus faible, on se retrouve quand même avec une hyperinflation.
http://research.stlouisfed.org/fred2/graph/?s%5B1%5D%5Bid%5D=BASE
« Non, elle a raison et c’est actuellement démontré par les US »
L’inflation est logée dans les comptes de la Fed. Il faudra bien qu’elle en sorte, d’une manière ou d’une autre. A la fin de l’histoire, le diagnostic de Friedman est le bon.
Pour info la phrase complète est « Es totalmente falso decir que la emisión genera inflación. Solamente en Argentina se mantiene esa idea que la expansión de la cantidad de dinero genera inflación. El pánico que se quiere transmitir alrededor de la capacidad de financiar al Estado es muy parecido al debate sobre el uso de reservas para pagar deuda »
Je rejoins Pareto, ce qui génère de l’inflation s’est plus M3, M4 ou MZM que la base monétaire :
Pour le plaisir euro M3 vs Stoxx 50 :
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Euro_Money_Supply.jpg
http://fr.finance.yahoo.com/echarts?s=%5ESTOXX50E#symbol=%5ESTOXX50E;range=my
Définition de M3 :
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Base_et_masse_mon%C3%A9taires-_102009.png
Comparer le dollar US avec le peso argentin….
C’est sur que si tu pars du principes que les deux pays sont exactement dans la même situation, ma foi….
Je ne compare pas les monnaies, je parle de la validité de la citation.
Mais bon vu votre commentaire, je ne sais même pas pourquoi je vous réponds, votre niveau de compréhension me laisse pantois. Ma foi …, bye.
“Cada vez que miro a Argentina, tengo ganas de llorar. » Mario Vargas Lllosa.
Chaque fois que je regardais l’Argentine, j’ai voulu pleurer.
Dire que l’Argentine était devant la France dans les années 50.
Et dire qu’ici nos politiques font tout pour rétablir le bon ordre !
Gold standard now!!! Plus sérieusement il faut réfléchir à un système monétaire garanti par des actifs tangibles…
C’est déjà très largement le cas (dire que un baril de pétrole = 100 $, c’est équivalent à dire que 1 $ = 1/100 de baril. Tout ce passe comme si le dollar était indexé sur les hydrocarbures). Mais ça ne suffit plus. Le monde évolue bien plus vite qu’avant et plus rien n’a de valeur assez stable pour servir de monnaie ; pas même l’or.
Le Gold Standard est un modèle déflationniste qui ne fonctionnerait guère de nos jours. Son seul atout est qu’il permet de s’assurer (s’il est maintenu) de la « bonne conduite » des gouvernements vis a vis des dépenses publique du fait de leur limite de jetons a mettre dans la photocopieuse a billet.
Il me parait bien plus bénéfiques de se placer sur le modèle des canadiens, avec une « targeted inflation » d’environ 2% et l’aménagement des politiques autour(car oui, une inflation limitée est bonne pour inciter a la consommation). Et non la mode argentine ou américaine qui nous explique que le quantitative easing fonctionne due a cette fallacieuse idée que le volume de monnaie est une variable pro-cyclique qui causerait indirectement une reprise de la croissance du PIB.
Enfin, je trouve ahurissant qu’une tête de banque centrale ne connaisse pas des relations majeures et simple comme la « quantitative equation » qui exprime clairement (depuis longtemps) et avec de fortes preuves empiriques que:
Inflation = (Croissance monétaire x Croissance de la vélocité)/Croissance du PIB