« Poor Numbers » : Les statistiques de développement sur l’Afrique sont fausses

C’est aussi de statistiques dont l’Afrique a besoin !

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« Poor Numbers » : Les statistiques de développement sur l’Afrique sont fausses

Publié le 11 février 2014
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Un article d’Imani Ghana.

Poor Numbers

Poor numbers (« Pauvres chiffres »), c’est le titre d’un ouvrage paru en mai dernier qui a eu un certain impact dans le monde des statistiques et du développement. Son auteur, l’économiste norvégien Morten Jerven, y remet en cause l’exactitude des statistiques économiques sur l’Afrique. Et de pointer du doigt le manque de fiabilité et parfois même, tout simplement, le manque de données statistiques, pourtant indispensables à la conduite de politiques publiques efficaces en Afrique, comme partout ailleurs dans le monde. Le tout sur fond d’interventions parfois intempestives des politiques cherchant à en influencer la production…

Comme le souligne Sandrine Mesplé-Somps, ce livre n’est pas exempt de critiques. On peut lui reprocher d’extrapoler à l’échelle du continent africain la situation ghanéenne, de vouloir faire de cette déficience statistique une spécificité exclusivement africaine, etc.

Néanmoins, Morten Jerven a le mérite de provoquer un débat, de rappeler que la question des statistiques est tout sauf un sujet anodin et qu’il est ô combien nécessaire de disposer de données fiables et sérieuses sur le continent. Comme le soulignait récemment le directeur de cabinet du ministre du Plan, M. Souleymane Diallo dans Le Soleil, elles sont un outil essentiel pour orienter les politiques et assurer le suivi des progrès vers la réalisation des objectifs de développement. Elles constituent en outre « un facteur de promotion de la bonne gouvernance, en ce sens qu’elles assurent la transparence dans la gestion des affaires publiques et privées. »

Dans des pays dans lesquels l’administration est faible et le secteur informel extrêmement développé, le travail de statisticiens est particulièrement difficile. Mais, rappelle Sandrine Mesplé-Somps, il ne s’agit pas d’une cause perdue : « la conjonction d’enquêtes microéconomiques et la confrontation des enseignements tirés de ces enquêtes avec les données macroéconomiques permettent de construire un corpus de connaissances très riches. »

Mais pour faire progresser la connaissance statistique, il est important que les pays africains ne négligent pas leurs outils de production statistiques et, en premier lieu, leurs instituts nationaux de la statistique. Parents pauvres de l’administration, ceux-ci sont trop souvent sous-financés et sous-staffés. Ils ont pourtant un rôle clé à jouer dans l’amélioration des stratégies de développement. Il serait dommage qu’ils en soient les grands oubliés.

Morten Jerven, Poor Numbers, Cornell University Press, janvier 2013, 252 pages.

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