Par Guillaume Nicoulaud.
Ça y est : j’ai reçu, moi aussi, ce mail de Yahoo! qui annonce la réorganisation de ses activités en Europe. Marissa Mayer considère manifestement que le modèle éclaté qu’avait privilégié jusqu’ici la firme de Sunnyvale coûte trop cher et elle a donc décidé que toutes les activités de Yahoo! pour l’Europe, l’Afrique et le Moyen Orient seraient désormais centralisées à un seul endroit. Et cet endroit c’est l’Irlande.
Il y a donc deux choses : d’abord, la volonté de Mme Mayer de rationaliser la structure de l’entreprise qui, s’agissant d’un prestataire de services sur internet, relève à mon humble avis du bon sens. Ensuite, il y a le choix de l’Irlande qui n’a bien sûr rien à voir avec la bière et les moutons.
Quelqu’un se demande-t-il sérieusement pourquoi ils ont choisi Dublin ?
Retournons le couteau dans la plaie : (i) parce que l’environnement fiscal y est nettement plus attractif (la corporation tax irlandaise varie de 10 à 25% des profits), (ii) parce que l’environnement règlementaire y est plus simple, plus stable et beaucoup moins couteux et (iii) parce qu’enfin nos amis irlandais ont compris depuis bien longtemps que pour attirer de l’activité économique sur leur île il fallait déjà commencer par ne pas la faire fuir.
Sur quelle sorte de miracle de la nature comptiez-vous pour espérer qu’une entreprise comme Yahoo! décide de centraliser ses activités en France ? Pensiez-vous qu’ils viendraient pour le plaisir de payer les taxes, impôts, charges et autres prélèvements obligatoires parmi les plus élevés d’Europe ? Est-ce en notre inflation législative ou notre administration tentaculaire que vous placiez vos espoirs ? Avez-vous cru que la présence d’un Arnaud Montebourg en liberté — souvenez-vous de Dailymotion — était de nature à séduire Mme Mayer ?
Et maintenant que c’est fait, qu’allez-vous faire ? Augmenter encore un peu les impôts ? Voter une nouvelle bordée de lois ? Envoyer Montebourg installer des barbelés aux frontières pour empêcher Yahoo! de passer ?
« Dieu, écrivait Bossuet, se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. »
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Sur le web.
Les irlandais parlent anglais et leur position géographique affecte peu une entreprise de l’Internet.
Leur damer le pion n’a rien d’évident.