Par Thierry Guinhut.
L’obscurantisme se définit comme la sortie de l’Homme hors des Lumières, hors de l’état de majorité, d’où il sort par sa propre faute.
La majorité est la capacité de se servir de son entendement sans être dirigé par un autre, quand la minorité est un état où l’on entre par sa propre faute et résulte d’un manque de courage pour s’en sortir sans être dirigé par l’État et le socialisme. Non sapere aude ! Aie le courage de te servir de ta servilité ! Voilà la devise de l’obscurantisme. On aura reconnu ici la triste parodie de « Qu’est-ce que les Lumières ?1 » d’Emmanuel Kant. Texte aujourd’hui oublié, bâché, condamné par la doxa, la loi et les mœurs d’un socialisme de trois décennies, autant de droite que de gauche, tant cette dernière a aspiré dans sa gueule idéologique la première, sommée de lui faire allégeance, quoiqu’elle eût une circonstance atténuante : son colbertisme natif. Qui donc, pour sortir de l’obscurantisme du socialisme de gauche et de droite, osera se servir de son propre entendement ?
L’obscurantisme socialiste est dans l’incapacité de voir la cavalerie de la dette de l’État et des collectivités locales, qui d’ailleurs est proportionnelle à la pléthore d’emplois d’une utilité douteuse.
Les privilèges des élus et des hauts fonctionnaires, du public contre le privé, des syndicats contre les patrons, attendent une nouvelle Nuit du 4 août où en déclarer l’abolition. Hélas, seule la nuit de l’obscurantisme aveugle notre entendement, tant le conservatisme du privilège est confortable à des cohortes d’affidés du socialisme indéboulonnable, quel que soit le piètre courage des gouvernements successifs.
L’obscurantisme est niché dans une politique économique soviétisée qui chasse et pressure les riches dans la tradition marxiste-léniniste, ligote les velléités d’entreprendre par les barbelés des taxes et des impôts sur les bénéfices les plus punitifs, sans compter un Code du travail qui a triplé son poids en trente ans. Le « nul n’est censé ignorer la loi » devient au mieux une comique antiphrase et doit se lire ainsi : « nul n’est censé ignorer la tyrannie ». À moins de se livrer au travail au noir qui devient un devoir moral de survie, une économique souterraine seule salvatrice, si l’on ne fait pas partie des entreprises à grand succès parmi le marché, ou du capitalisme de connivence avec la pieuvre de l’État.
Pourtant des chiffres effarants devraient alarmer l’entendement du socialisme : en 2013, les investissements étrangers ont décrus de 77 %, quand dans l’Union européenne, ils ont augmenté de 37,7 %. Laissez-nous gagner de l’argent, que nous soyons grands investisseurs ou minuscules entrepreneurs, promoteurs immobiliers ou exploitants de gaz de schiste : nous ferons mieux la prospérité du pays que l’éteignoir du socialisme !
Aldous Huxley, dans son Meilleur des mondes, avait prévenu :
« Mais la vérité est une menace, la science est un danger public2 »
C’est ainsi que la vérité économique menace le socialisme, que la science est un danger public pour le dogme écologiste et passéiste, qu’il s’agisse du gaz de schiste, du principe de précaution, des OGM ou des nouvelles technologies qui menacent de « destruction créatrice » les vieilles industries qui ne veulent pas se réformer, rêvant en luddistes de détruire les nouvelles machines qui menacent leur passéisme et leurs positions acquises.
La chose est autrement dite par Aldous Huxley :
« C’est ce genre d’idées qui pourrait facilement déconditionner les esprits3 ».
Il ne devrait pas manquer d’experts, d’intellectuels, de philosophes politiques, d’économistes, pour dévoiler depuis leur propre entendement ces évidences. Trop rares ils sont, tant la presse est subventionnée en même temps que saignée de ses bénéfices par les charges sociales, tant les journalistes ont la critique édulcorée, tant ces derniers boivent à la mamelle la doxa marxiste et keynésienne de l’antilibéralisme.
Pourtant chacun, au moyen de son propre entendement, voit de ses propres yeux l’étranglement fiscal des ménages et des entreprises. Ce qui vide de tout sens le droit de propriété inscrit au fronton de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. Spoliation d’autant plus indue que l’État, au mépris de la connaissance de la courbe de Laffer, récolte moins en taxant plus, que l’État rend de plus en plus à ses citoyens le corollaire de l’impôt d’une manière indigente. Ce sont des services publics à la dérive : Éducation nationale, qui n’est plus une instruction publique, vomissant des charretées de sans diplômes et d’illettrés, de délinquants et de contestataires djihadisés.
Le tropisme autoritaire est alors autant moral qu’économique.
La répression des libertés individuelles passe par des lois qui veulent faire l’Histoire jusqu’à interdire la négation des faits, sans penser à ranger sous le même boisseau le négationnisme des camps nazis, des goulags et logaïs communistes. Mais aussi des jurisprudences qui s’appuient sur le concept fumeux de la dignité de l’Homme au détriment de la responsabilité. L’État doit dire ce sur quoi et comment nous devons rire, quand notre propre entendement est sommé de ne plus savoir penser ni rire.
La vérité politique a sa Pravda, le droit-de-l’hommisme a son officiel credo que dément la non reconnaissance de la christianophobie, devant la seule reconnaissance de l’antisémitisme et de l’islamophobie, aux dépens de la liberté d’expression, de la liberté féminine. Car les archipels de charia s’étendent comme moisissure sur nos barres d’HLM et nos banlieues pavillonnaires. Tant que l’immigration ne sera pas plus libre pour ceux qui désirent contribuer aux libertés par leur travail et fermée pour ceux qui colportent le djihad moral et physique, tant que le socialisme ne cessera pas d’abreuver d’aides financières les sans-papiers et les défavorisés – auxquels d’ailleurs il ferme l’accès à l’emploi et à la création d’entreprise de peur qu’ils s’enrichissent – afin de récolter à la pelle leurs bulletins de vote, l’obscurantisme socialiste contribuera à faire de nous des dhimmis.
Et quoique le socialisme ne puisse pacifier ses banlieues et ses quartiers gangrénés d’une délinquance exponentielle, il fanfaronne en intervenant militairement en Libye, au Mali, en Centrafrique, en un relent inavoué de colonialisme, faisant fi de la vie de nos soldats, imaginant d’intervenir en Syrie pour contribuer à l’expansionnisme islamiste qu’il ne combat en France qu’à la dernière extrémité terroriste.
De plus, au mépris de l’entendement universel, le socialisme dépasse les frontières, quoiqu’il soit arrêté aux portes de gouvernements aux intellects économiques moins antilibéraux, comme le Royaume Uni, les pays germaniques et scandinaves, sans compter les heureux Suisses et Luxembourgeois, ou ces Néozélandais qui ont jeté à bas l’État-providence qui les étouffait.
En effet, un Obama imagine d’augmenter le salaire minimum des fonctionnaires et des salariés des entreprises en contrats avec l’État fédéral de rien moins que 40 % ! Quelle générosité… Outre qu’il dissuadera ces dernières entreprises d’embaucher, ne manquant pas ainsi de contribuer à la pauvreté, il sait habilement graisser la patte de sa pléthorique clientèle aux bruissants bulletins de vote démocrates…
Se servent-ils de leur entendement kantien ceux qui abandonnent leur jugement aux vaches sacrées des préjugés socialistes et colbertistes ? « Sapere aude ! » Ose savoir la vérité… « Moins d’État ! » devrait-on leur répondre, quand soixante mille dispositifs d’aides économiques sucent l’investissement, l’autonomie, l’innovation des entreprises, au profit des impôts et taxes qu’ils leur prennent pour que subsistent et croissent les servants de la fiscocratie. « Laissez-nous faire », répondirent les marchands et artisans au ministre Colbert qui prétendait les aider…
La Boétie connaissait dès 1547 La Servitude volontaire, examinant « s’il est possible, et comment il se peut faire, que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de nations, endurent un tyran seul qui n’a puissance que celle qu’on lui donne ; qui n’a pouvoir de leur nuire, sinon de tant qu’ils ont vouloir de l’endurer ».
Quoique pire soit le tyran socialisme puisqu’il a ses ministres, ses élus, ses hérauts et ses profiteurs, et que son verbe soit dans la plupart des têtes y compris de ceux qui l’endurent. Car ses assistés, ses récipiendaires d’allocations chômage, de subventions et d’aides diverses croissent par milliers. « Ainsi le tyran asservit les sujets, les uns par les moyens des autres ». Pourtant, ceux qui vivent grassement ou maigrement du socialisme qui a cru bon de rançonner les producteurs de richesse, du plus humble au plus fortuné, devraient relever la tête : « Quelle condition est plus misérable, que de vivre ainsi, qu’on ait rien à soi, tenant d’autrui son aise, sa liberté, son corps et sa vie ?4 ».
Il faut maintenant compter avec l’obscurantisme volontaire…
Et pour sublime divertissement officiel, le ministère de la Culture, non content de nous offrir les services d’un Centre National des Variétés en coinçant ses mains prédatrices dans nos poches et dans nos oreilles, nous amuse avec les parties de scooter en l’air d’un président qui confond les casques et les préservatifs, répudie une concubine qu’il avait placé au sommet de l’État avec l’argent généreusement ratissé dans la poche du contribuable à merci. Sans que son ministère des Droits de la femme s’émeuve de ce modèle d’indignité de la nature humaine. Peuples et bobos, amusez-vous avec vos zizis, mariez-vous et divorcez pour tous, sauf pour les malheureuses de l’Islam, y compris en affirmant qu’on ne nait pas sexué, qu’on le devient, mais ne vous amusez pas à penser avec vos cerveaux.
Là encore, Aldous Huxley avait prévenu :
« À mesure que diminue la liberté économique et politique, la liberté sexuelle a tendance à s’accroître en compensation. […] Conjointement avec la liberté de se livrer aux songes en plein jour sous l’influence des drogues, du cinéma et de la radio, elle contribuera à réconcilier ses sujets avec la servitude qui sera leur sort5 ».
« Nous sommes socialistes, et ennemis du système économique capitaliste actuel, qui exploite les économiquement faibles, avec ses salaires injustes, qui évalue un être humain selon sa richesse et ses biens et non selon la responsabilité et la performance, et nous sommes déterminés à détruire ce système à tout prix ».
Devine, cher lecteur kantien, qui a dit cela ? Rien de moins qu’Adolf Hitler6. Entre le national-socialisme d’une Marine Le Pen et le socialisme international du Front de gauche (deux fronts bien lourds), il n’y a que l’épaisseur d’une page du Manifeste communiste de Marx et d’une autre de Mein Kampf contrecollées. Ils ont en effet le même ennemi obsessionnel : le libéralisme, nos libertés individuelles, économiques et des mœurs, aveuglées par leur goût de la tyrannie et leur obscurantisme.
Le gouvernement est un club de lions repus aux canines sans cesse menaçantes, l’État fiscal est une pieuvre aux tentacules visqueux et infinis, les collectivités locales des sangsues, l’Éducation nationale un mammouth aux graisses syndiquées, le fonctionnariat une fourmilière aux capacités de reproduction inouïes, les collectivités locales des sangsues munies de pompes à subventions, la police des manifestations une meute de loups noirs, les humoristes des hyènes à collier, les prisons sont des nids de vipères qui sifflent face aux têtes des gardiens, les banlieues des ratières de délinquance et de prosélytisme coranique…
Lecteur ne te sers pas de ton propre entendement ! Ne lis plus ni La Fontaine, ni Kant. Écoute, enregistre, apprends, régurgite le muezzin officiel du socialisme autocratique :
« L’État veille sur ses citoyens pour leur bien, l’Éducation nationale est le paradis de l’égalité des chances et des sexes, la police et les juges sont les garants du pacte républicain, la presse est libre de critiquer la droite et le libéralisme, le multiculturalisme est une chance pour la France. Les requins de la Finance mondiale sont seuls responsables de la crise… »
Il est si commode d’être mineur et d’abdiquer son entendement. Si, cher lecteur, tu as un socialisme de gauche ou de droite qui te tient lieu d’entendement, un gouvernement qui te tient lieu de conscience, un médecin qui juge de ton régime à ta place, etc., tu n’as pas besoin de te fatiguer toi-même. Répugne à penser librement les lignes qui précèdent, pourvu que tu puisses payer (ce qui ne saurait durer longtemps), d’autres se chargeront pour toi, et moins librement, de cette besogne fastidieuse7 ! Les cendres des Lumières d’Emmanuel Kant doivent se retourner dans leur tombe…
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Sur le web.
- Emmanuel Kant, « Qu’est-ce que les Lumières ? », Å’uvres philosophiques, Pléiade, t II, p 209. ↩
- Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes, Le Livre club du libraire, 1961, p 270. ↩
- Aldous Huxley, Ibidem p 213. ↩
- La Boétie, La Servitude volontaire, Montaigne : Essais, t IV, Charpentier, 1862, p 397, 434 et 436. ↩
- Aldous Huxley, Préface au Meilleur des mondes, Ibidem, p 19. ↩
- Discours du 1er mai 1927. ↩
- Emmanuel Kant, ibidem (ou presque). ↩
Excellent article ! Bravo!!!
Excellent!
Puisque vous semblez aimer la « libre-pensée », que certains appellent la « libre »-pensée, et d’autres encore plus méchants la libre- « pensée » (attention, dans tous les cas le tiret est plein d’enseignements!), je vous soumets cet enseignement de Pierre Boutang (pour ceux qui ne connaissent pas, v. Google):
« La liberté, ce n’est ni le LIBERAL, ni le libertin, ni le libertaire! ».
Et d’un autre auteur (repris par JP II): la vraie liberté est une liberté POUR, et non une liberté DE ».
– 3 décennies de socialisme non 4
– la phrase de Hitler (6) s’ applique aussi aux socialistes ….
– capitalisme de connivence oui mais l’ auteur omet le communautarisme de connivence ….
– S’ il y a une croissance menée et réussie ces 40 dern années par nos gouvernements c’ est bien le communautarisme on notera que le parti s’ y étant opposé n’ a pas exercé le pouvoir , le principal pouvoir est exercé par un maire dissident d’ une ville importante Orange qui n’ a pas un endettement excessif en tout cas pas d’ emprunt tox mais bon on peut mettre tout le monde dans le meme sac si c’ est correctement libéral !
 » Qu’en termes élégants , ces choses-là sont dites ! »
Magnifique article « inspiré » et oh, combien, bien écrit
L’article est plus proche, par le style boursouflé et la pensée simplificatrice, des « Mémoires de Joseph Prudhomme » d’H. Monnier que d’une véritable réflexion sur le socialisme tel qu’il s’est développé en Europe et, singulièrement, en France. L’éloge de la Suisse et du Luxembourg (quand on connaît la réalité de ces deux pays) manque pour le moins de nuance. Quant à la critique du socialisme qui serait le véritable responsable de la situation économique, morale et culturelle de la France, elle semble faire fi de tous les gouvernements qui l’ont précédé et qui ne pourraient être qualifiés de « socialistes ».
Il est exact que les problèmes vécus par la France aujourd’hui n’ont pas grand-chose à voir avec le parti actuellement au pouvoir. La France a une administration, un patronat d’une rigidité extrême. Et je pèse mes mots. J’ai eu des patrons anglais, hollandais, belges et… français. Pour moi, rien n’est pire qu’un patron français. Ce pays doit accepter l’évolution du monde actuel et cesser de se « crisper » à ce point sur lui-même. Quant au socialisme… La France est un pays, en fait, très inégalitaire, très peu « socialiste ». Mitterrand (l’admirateur de J. Chardonne!!) socialiste? A mourir de rire. Les loyers, dans ce pays, sont hors des moyens de beaucoup de gens (le double de ceux de la Belgique) . Les banlieues – phénomène propre à la France – signent la séparation sociale entre ceux qui sont « acceptés » et ceux qui ne le sont guère. Egalité? Fraternité?… Des mots, beaucoup plus que des réalités. Même si La France, incontestablement, est un pays d’une admirable beauté. Beauté de la langue, beauté des paysages, beauté de la pensée… Mais Montherlant, Claudel, Sartre, Camus… ne sont pas la France. Ce sont des génies français, ce qui n’est pas du tout la même chose.
La politique socialiste consiste, Viviane, à appauvrir un pays. Désolé, nous sommes bien un pays où cette idéologie socialiste est appliquée par le pouvoir en place. J’en conviens le patronat ( celui des grosses entreprises du cac 40), forme une nomenklatura qui compte bien garder ses privilèges. Nous sommes donc, je le répète un pays socialiste. Et c’est bien là notre drame , car je ne vois pas l’issue.