Par Francis Richard, depuis la Suisse.
Les Cassandre de tous bords prédisent une catastrophe économique et politique pour la Suisse après le vote de dimanche contre l’immigration massive. Le oui à l’initiative de l’UDC l’a en effet emporté par 50,3% des voix et par une majorité des cantons (12 5/2 contre 8 1/2). Ce n’est pas seulement parce que je suis d’un naturel optimiste que je pense le contraire.
Récemment encore, jusqu’en 2007, les contingents existaient en Suisse pour les ressortissants de l’Union européenne. Cela n’a pas empêché la Suisse d’être prospère, autant jusque-là que par la suite, et, durant le même laps de temps, de conclure avec l’Union européenne des accords bilatéraux. Peut-être les quotas ont-ils même eu un effet bénéfique sur l’économie, puisque, pendant tout un temps, cela a obligé les entrepreneurs à s’adapter et à être ingénieux, comme ce fut le cas plus tard avec la contrainte du franc fort.
Il n’y aura pas davantage de catastrophe politique. J’ai expliqué sur ce blog, il y a cinq ans déjà, que ladite clause guillotine dont tous les commentateurs européistes parlent en méconnaissance de cause n’a rien d’automatique. Si la Suisse a besoin de l’Union européenne, l’Union européenne a tout autant besoin de la Suisse. C’est la raison pour laquelle personne n’a intérêt à se fâcher. C’est d’ailleurs un des arguments qui milite en faveur du libre-échange que d’obliger ceux qui s’y livrent à s’entendre, sans quoi il n’y aurait évidemment pas d’échanges libres et de satisfactions réciproques.
Cela dit, j’ai voté contre l’initiative UDC. Les quotas ne sont en effet, selon moi, qu’une calamité étatique répondant à des calamités étatiques. Ce qui est tout à fait conforme au principe des calamités énoncé un jour par Michel de Poncins : « Une calamité d’origine publique conduit toujours à une autre calamité publique pour soi-disant corriger la première. » À la différence que, cette fois, la future calamité ne tire pas son origine de l’établissement politico-médiatique, parfaitement hostile à l’initiative, mais d’une faible majorité du peuple, qui a totalement perdu confiance dans ses élites, quel que soit l’opprobre que l’on manifeste à son égard.
Quelles sont ces calamités étatiques qui sont à l’origine de flux migratoires non désirés ?
La Suisse, certes dans une moindre mesure que ses voisins européens, est un État-providence avec tout ce que cela représente d’appel d’air pour des migrants qui ont compris que l’État helvétique était une grande fiction à travers laquelle tout le monde pouvait vivre aux dépens de tout le monde, comme le disait Frédéric Bastiat d’une manière générale.
La Suisse, certes dans une moindre mesure que ses voisins européens, est un pays où l’insécurité publique, due aux immigrés, est grandissante et disproportionnée, l’État assumant de moins en moins la fonction régalienne qui pourrait pourtant justifier son existence.
Dans l’un et l’autre cas, il y a non respect des droits de propriété. Et il n’y aura pas davantage respect des droits de propriété dans l’instauration de quotas…
Les quotas ne peuvent en effet qu’être des mesures générales, sans discernement. Dans un chapitre de son livre Libéralisme, paru en 2000, Pascal Salin écrit qu’elles aboutissaient « à refuser ou à limiter l’entrée de tous les immigrants, quels que soient leurs talents ou leur valeur humaine » : « Ainsi, un grand artiste, un intellectuel renommé ou un entrepreneur performant seront empêchés d’immigrer au nom d’un quelconque quota d’immigration ou d’une quelconque interdiction, même si leur entrée n’aurait pu rencontrer l’hostilité de personne ! »
Comme la mise en place de quotas mettra pas mal de temps, trois ans au plus, il est vraisemblable que le pragmatisme des hommes politiques suisses, profitant de ce délai, aboutira à des solutions de compromis qui ne satisferont personne, mais qui limiteront les conséquences calamiteuses inhérentes à toutes formes de quotas.
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Sur le web.
Lire aussi :
« Ainsi, un grand artiste, un intellectuel renommé ou un entrepreneur performant seront empêchés d’immigrer au nom d’un quelconque quota d’immigration ou d’une quelconque interdiction, même si leur entrée n’aurait pu rencontrer l’hostilité de personne ! »
Je ne crois pas un seul instant que la Suisse refusera des riches et intéressantes personnes. Elle saura faire ce qu’ils faut pour son intérêt comme tout pays qui se respecte, sauf l’UERSS, évidemment.
« Comme la mise en place de quotas mettra pas mal de temps, trois ans au plus, il est vraisemblable que le pragmatisme des hommes politiques suisses, profitant de ce délai, aboutira à des solutions de compromis qui ne satisferont personne, mais qui limiteront les conséquences calamiteuses inhérentes à toutes formes de quotas. »
Ne jamais faire confiance en les politiciens.
article aux propos outranciers, ( calamité, empêché d’immigrer,etc…); rien compris au modèle suisse duquel nous pourrions nous inspirer !
Dire ça à un type qui vit en suisse, c’est cocasse. Surtout depuis la France. Surtout que son opposition aux quotas est parfaitement légitime.
Cher amis suisses et voisins (je suis de Saint Ju) .Ne culpabilisez pas de votre choix comme on essaie de vous le faire. Vous avez décidé en votant et en connaissant les enjeux.Vous aurez , bien sur, tous les politiquement « corrects » de France et d’Europe contre vous mais au moins vous décidez encore et c’est cela qui compte. Et puis vous pourrez, plus tard, si nécessaire, modifier les « quotas » tandis que dans la situation inverse , vous n’auriez rien pu maitriser du tout..donc bravo de votre courage!
Merci pour ce commentaire plein de bon sens!
Après avoir écouté bien des exégètes du résultat et notre ami Francis Richard, j’ai cru comprendre que la motivation profonde des votes « oui » visait à barrer l’autoroute de l’immigration libre d’un péage quantitatif. Si effectivement le péage n’est que cela, il comportera beaucoup d’inconvénients et exigera l’établissement d’un service monstrueux de l’Immigration, appuyé sur un logiciel de machine-à-sous.
Des pays très sollicités comme le Canada ou l’Australie, disposant d’immenses espaces, ont instauré des barrages qualitatifs assortis d’une aisance financière permettant d’augurer que le nouvel entrant saura se prendre en charge sans peser sur les caisses sociales. La quantité y compte moins.
Il est presque sûr que le « cas » suisse préfigure une résistance populaire à l’esprit européen, si les électeurs intègrent dans leurs pensées que c’est le libre marché décidé à Bruxelles qui noircit leurs rues.
Cela ne touchera que l’immigration « bas de gamme » celle qui pose plus de problèmes (aides sociale , criminalité) …Pas l’immigration hautement qualifiée ou fortunée…
Pas d’aides sociales moins de problèmes d’immigration…
Voila. C’est bien plus intelligent que des quotas.
Les Français doivent officiellement médire des Suisses qui, dans la crise, sont les seuls à s’en sortir presque les doigts dans le nez, parce qu’ils sont la plus vielle démocratie du monde à rester démocratiquement gouvernée par le peuple. Ils sont bien modestes de ne pas nous accuser d’avoir laissé accaparer le pouvoir chez nous par une maffia d’énarques assoiffée de pouvoir uniquement pour le fric et pour le cul qu’il porte avec lui ! Quand on pense qu’il suffirait que la France vote comme la Suisse, qui n’a pas les yeux plus gros que le ventre, pour sortir de la merde! Est-ce vraiment interdit le simple bon sens ? Le basching de la Suisse démontre à quel point nous avons quitté la démocratie! Aucun Français travaillant en Suisse n’est choqué par ce vote d’un pays encore libre. ?
ce sont les medias français qui crachent et s’indignent sur les » pauvres » petits suisses, le » peuple » lui, aurait voté bien pire que les suisses…